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Pour saisir l’essence de la culture japonaise, il est nécessaire de s’intéresser à son artisanat. Depuis le forgeage des lames de katana jusqu’à l’exécution de la cérémonie du thé, une précision — que certains pourraient taxer de perfectionnisme — est requise dans la pratique de tous les arts japonais. La richesse esthétique que l’on peut admirer au Japon de nos jours résulte de la recherche permanente de perfectionnement de leur technique, et de l’apprentissage permanent auxquels s’attèlent les artisans de l’archipel.

Higo Minkamura est un village pittoresque situé à Nagomi, dans la préfecture de Kumamoto. C’est là que se trouve l’atelier d’Hans Koga, un artisan qui préserve avec talent la tradition et les techniques ancestrales de la fabrication de tsuka, ces poignées de katana magnifiquement ouvragées. On trouve également d’autres ateliers d’artisans à Higo Minkamura, ainsi que des cafés et des boutiques installées dans des maisons japonaises historiques. Higo Minkamura est un véritable paradis pour les amoureux de la culture japonaise, où l’on peut découvrir de nombreux types d’artisanat, dans un lieu aussi commode que fascinant.

 

Ballade dans le village d’Higo Minkamura

En passant le portail historique, au toit de chaume, d’Higo Minkamura, nous nous sommes retrouvés plongés dans l’atmosphère paisible d’un village traditionnel japonais. Le long du chemin qui serpente à travers le village, des maisons anciennes, pour certaines vieilles de plus de 300 ans, abritent des opportunités d’expériences culturelles extraordinaires.

Portail d'entrée d'Higo Minkamura, recouvert d'un toit de chaume

Céramiques représentant une grenouille et un kappa, ainsi que des pots plus classiques, devant un atelier à Higo Minkamura

En nous promenant dans le village-musée, nous nous sommes arrêtés pour explorer un atelier de céramique devant lequel étaient disposées des pièces amusantes, aux côtés d’autres plus élégantes. Nous avons ensuite fait une pause dans un café qui propose du jus d’ume (prune japonaise) maison, un plaisir rafraîchissant lors des chaudes journées d’été. On pouvait entendre depuis la rue des airs anciens, provenant de Yama Biko, un atelier de musique ; c’est le propriétaire qui jouait. Avide de partager sa passion pour les instruments de musique traditionnels japonais avec les visiteurs, il les invite à jouer avec lui sur des instruments de sa propre fabrication.

Le propriétaire de Yama Biko jouant de l'une de ses flûtes

Le meilleur moyen de profiter pleinement d’Higo Minkamura est de baisser la garde et vous laisser aller à l’appréciation de la culture artistique que les habitants aiment à partager. Avec une grande variété d’ateliers et de cafés ainsi que le Musée de l’Histoire et du Folklore, vous pouvez y passer une journée mémorable à vivre de nouvelles expériences.

 

Koga Bijutsu : l’art du tsuka, la poignée de katana

Hans Koga a découvert sa passion pour l’art japonais de la fabrication de tsuka alors qu’il vivant encore dans sa Suède natale. Comme c’est au Japon que se trouvent l’environnement et les matériaux nécessaires à cet artisanat, il y a déménagé pour vivre sa passion en ouvrant un atelier à Higo Minkamura. Il le dirige depuis maintenant plus de 8 ans. Alors qu’il nous présentait ses pièces, réalisées avec art et méticulosité, sa passion pour son travail pouvait se ressentir avec force. Hans nous a offert l’expérience rare de pouvoir découvrir le tsukashitaji, l’art de façonner les poignées de katana, et nous a aussi raconté son histoire personnelle, celle de l’un des seuls artisans d’origine européenne installés au Japon.

Hans Koga montrant un katana dans son atelier à Higo Minkamura

Hans Koga travaillant le bois dans son atelier à Higo Minkamura

 

Façonner un tsuka

La maîtrise du tsukashitaji nécessite un effort permanent et une dévotion totale de la part de l’artisan. Beaucoup d’étapes complexes sont nécessaires pour transformer un simple bloc de bois en une poignée de katana minutieusement façonnée. Chacune requiert un ensemble de compétences que le maître acquiert par des décennies de pratique. Hans Hoga se fait un plaisir d’expliquer ce processus complexe à ses visiteurs.

Les états successifs de la fabrication d'une poignée de katana

Tout d’abord, il nous a expliqué les différentes étapes de la fabrication en montrant les états successifs d’un tsuka, à chaque étape du processus. Comme vous pouvez le voir, tout commence avec un morceau de bois, qui se transforme finalement en une poignée de katana admirablement façonnée.

La table de travail, dans laquelle une lame de katana est maintenue

Le processus commence à cette table de travail. Le bloc de bois est taillé autour du nakago, la partie la plus étroite du manche du katana, qui s’emboîte dans la poignée. Cette taille se fait à l’aide d’outils appelés sayanoomi.

Lames d'outils appelés sayanoomi, utilisés pour le façonnage des tsuka

Ces outils sont également utilisés pour tailler le nakago, afin de lui donner sa forme légèrement incurvée. Les dimensions exactes de cette esquisse de poignée sont définies par le longueur de l’ito (le corde qui orne la poignée) et par des mesures établies régionalement.

Table de mesure, éclairée par des lampes dans l'obscurité de l'atelier d'Hans Koga

Comme beaucoup de couches sont ensuite ajoutées au tsuka, on peut se rendre compte d’un point intéressant : la solidité de la poignée ne réside pas dans le bois, qui devient fin et fragile pendant la taille. Pour donner au tsuka la résistance nécessaire, des couches de cuir — comme de la peau de serpent ou de raie — sont utilisées.

Hans Koga manipulant une peau de raie

Une poignée de katana inachevée, recouverte de peau de requin

On utilise même une couche de feuilles de papier washi, datant de l’air Edo et provenant de livres centenaires ; elle se trouve entre l’ito et le samegawa (ici, fait en peau de requin). L’encre de ces pages sert de répulsif contre les insectes, protégeant le tsuka contre les insectes mangeurs de bois.

Feuille de papier washi ancienne, recouverte de caractères tracés à l'encre

L’ensemble se tient grâce à de la colle de riz naturelle, qui facilite également le potentiel désassemblage de la poignée dans l’avenir, puisqu’elle peut se dissoudre dans l’eau en un court laps de temps.

 

Un atelier traditionnel plein de nostalgie

L’atelier Koga Bijutsu est aussi rempli d’une atmosphère nostalgique. Entre l’odeur chaleureuse des copeaux de bois et les nombreux outils d’artisanat japonais, l’atelier d’Hans Koga vous offre bien plus qu’une lesson d’artisanat. Vous vous sentirez comme si vous étiez entrés dans une machine à remonter le temps, où la dévotion d’un artisan à son travail permet à un art japonais ancien de rester bien vivant, même au 21e siècle.

Copeaux de bois dans l'atelier d'Hans Koga à Higo Minkamura

Les mains d'Hans Koga au travail, derrière un premier plan de copeaux de bois

 

Le site Internet d’Higo Minkamura (en japonais) : https://www.town.nagomi.lg.jp/kankou/hpkiji/pub/List.aspx?c_id=3&class_set_id=6&class_id=584

 

Se rendre à Higo Minkamura

Higo Minkamura est facile d’accès, grâce à la proximité de la gare de Shin-Tamana, située sur la ligne du Kyushu Shinkansen. Il est aisé de s’y rendre depuis les principales villes de Kyushu, comme Kumamoto et Fukuoka.

Depuis la gare de Shin-Tamana, vous pouvez prendre un bus pour vous rendre à Higo Minkamura. Prenez le bus en direction de Yamaga Bus Center (山鹿バスセンター) et descendez à l’arrêt Kikusui Roman Kanmae. Ensuite, marchez le long de la route dans le sens inverse jusqu’à ce que vous voyiez le parking d’Higo Minkamura sur votre droite. Comptez environ 20 minutes pour ce trajet en bus et à pied, qui vous coûtera 320 yens. 

 

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Accès à Higo Minkamura en voiture depuis les aéroports les plus proches : 

Depuis l’aéroport de Fukuoka : 1 heure

Depuis l’aéroport d’Oita : 2 heures 20 minutes

Depuis l’aéroport de Kumamoto : 40 minutes

 

Article original écrit par Luca Desner
Traduction par Clémentine Cintré

Article réalisé en partenariat avec le siège administratif de la région Nord de Kumamoto

 

Luca Denser

Luca Denser

Hi! My name is Luca. I'm originally from Germany, but I've called Japan my home since March 2019. I live in the Kansai Region and get the most out of it by exploring cities like Osaka and Kyoto as often as I can. This of course also includes taking pictures, my most active hobby.

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