fbpx Skip to main content

Située dans la préfecture de Kumamoto, sur l’ancienne route Buzen kaido, qui reliait le nord et le sud de l’île de Kyushu, Yamaga est une ville chargée d’histoire qui réserve de nombreuses surprises à ses visiteurs.

La réputation des onsen de Yamaga date de l’ère Edo, mais ils sont loin d’être l’unique point d’intérêt de la ville. À tous les coins de rue, sur tous les produits locaux et sur les brochures touristiques, on retrouve un même motif : une lanterne dorée finement ouvragée. J’ai vite compris que mon séjour à Yamaga tournerait autour de ces lanternes (toro en japonais), et j’avais hâte d’en apprendre plus à leur sujet.

Revêtir un kimono ancien avant de partir à la découverte de Yamaga

Mais avant de partir à la découverte de la ville, je me suis d’abord dirigée vers Kimono Otome, une boutique de location de kimonos installée dans une maison traditionnelle. Les jolies rues de Yamaga, bordées de maisons et de boutiques anciennes, se prêtent en effet à merveille à une promenade en kimono, et sont un décor idéal pour prendre des photos souvenir.

On trouve dans cette boutique quantité de beaux kimonos anciens de tous les styles, datant de diverses époques. Le choix est cornélien. Mais Risa a su me guider pour choisir ma tenue d’une journée : un kimono rouge datant de l’ère Taisho (1912-1926), aux motifs d’une modernité surprenante. Pour mettre en valeur son côté « pop » et moderne, nous avons choisi un obi (ceinture) rayé aux teintes pastel — le type de choix audacieux que seul un œil expert peut faire sans faute de goût !

Il s’agissait d’un kimono simple, l’habillage fut donc relativement rapide : une petite demi-heure. Après m’avoir aidée à revêtir un nagajuban (sous-kimono), Risa a ajusté mon kimono et mon obi d’un jour avec une précision et une dextérité expertes.

Restait encore à choisir l’obi-age (sorte de foulard noué sur l’avant, au-dessus de l’obi, lorsque celui-ci est noué dans le stye taiko-musubi). Là encore, nous avons fait un choix saugrenu avec un motif à pois noir et blanc : la formule que j’avais choisie s’intitule « Modern Girl », nous avons respecté le thème !

Mais la spécificité de cette formule « Modern Girl » est en fait toute autre. Lancée dans le cadre du programme Yamaga Asobi (que l’on pourrait traduire par « s’amuser à Yamaga »), elle comporte la location d’un kimono et d’une ombrelle en papier, l’entrée au théâtre Yachiyo-za et au Musée des lanternes de Yamaga et… la possibilité de porter une des fameuses lanternes de Yamaga. Ce couvre-chef peut sembler étrange et peu confortable, mais il est entièrement fait de papier et d’une légèreté étonnante ! Me voici donc prête à arpenter les rues de Yamaga, et à en apprendre plus sur ses lanternes.

Visite du théâtre de kabuki Yachiyo-za et découverte de la danse des lanternes de Yamaga

Je me suis d’abord dirigée vers le théâtre de kabuki Yachiyo-za, construit en 1910 et classé Bien National important en 1988. C’est là que les habitants de Yamaga se réunissaient autrefois pour se divertir devant des pièces de théâtre, puis des projections de cinéma. Mais l’arrivée de la télévision dans les années 1970 entraîné son déclin, et petit à petit le bâtiment s’est dégradé. Cependant, une vaste opération de rénovation, terminée en 2001, a permis de lui redonner son aspect de 1923.

Le Yachiyo-za est de nouveau un théâtre plein de vie, où Tamasaburo Bando — qui est sans doute la plus grande des stars actuelles du kabuki — se produit régulièrement.

D’autres représentations ont pour but de mettre en valeur la culture de Yamaga, et c’est ainsi que j’ai pu découvrir la « danse des lanternes », interprétée par deux danseuses. Il s’agit en fait d’une danse locale, liée au Toro Matsuri ( 灯籠祭り, la fête des lanternes), un festival qui attire chaque année environ 100 000 visiteurs à Yamaga !

Il se tient le 15 et 16 août, pendant la période d’O-bon, et comporte divers événements comme une procession à la lumière des torches et un feu d’artifice. Mais le point d’orgue du festival est l’impressionnante « danse des 1000 lanternes » : 1000 femmes, vêtues d’un yukata identique et portant sur la tête une lanterne en papier illuminée de l’intérieur, dansent en cercle.

Les danseuses revêtent ici le même costume et exécutent les mêmes mouvements, permettant de découvrir cette danse tout au long de l’année. Elles dansent dans un décor rappelant un autre événement qui se tient à Yamaga les vendredis et samedis du mois de février : le Yamaga Toro Roman Hyakka Hyakusai (山鹿灯籠浪漫 百華百彩). La ville est alors décorée d’ombrelles en papier, de bambous et de bougies, qui lui donnent une atmosphère propice à la rêverie.

Si vous souhaitez assister à ce spectacle, appelé « 八千代座物語 » (Yachiyo-za Monogatari), consultez les horaires sur le programme en ligne (uniquement en japonais).

Il est également possible de visiter le Yachiyo-za. C’est une visite guidée que je recommande à tous, même ceux qui ne pourront pas comprendre les explications en japonais. Car au-delà de la salle, avec son grand lustre, ses lanternes rouges et son plafond peint reproduisant des publicités des années 1920, le guide nous permet de pénétrer les espaces habituellement interdits aux spectateurs.

On visite ainsi la scène, les coulisses où des décors peints attendent leur tour, mais aussi les dessous, où l’on peut voir différentes machineries anciennes, permettant de faire apparaître les acteurs depuis les dessous ou de faire pivoter la scène. La visite passe aussi par un couloir souterrain étroit, emprunté par les acteurs pour gagner le hanamichi, ce « chemin » qui rejoint la scène en passant au milieu du public. Il est lui aussi équipé d’une trappe, appelée « suppon », permettant aux acteurs des apparitions ou disparitions spectaculaires.

Visite du musée des lanternes de Yamaga

Après avoir porté une lanterne et papier, et en avoir vu en action sur la tête de danseuses au Yachiyo-za, je me suis enfin dirigée vers le musée des lanternes de Yamaga, où j’allais pouvoir découvrir leur histoire et leurs secrets de fabrication. Ce musée est lui aussi installé dans un bâtiment emblématique : une ancienne banque construite en 1925 dans un style occidental.

Le musée expose de nombreuses lanternes Yamaga Toro, réalisées uniquement avec de la colle et du papier suivant des techniques héritées de l’époque Muromachi (1392-1573). La ville est en fait célèbre pour l’artisanat du papier, notamment pour les ombrelles Yamaga kasa et les éventails plats kutami uchiwa.

Les artisans de Yamaga ont atteint une telle maîtrise technique qu’il peuvent façonner des pièces impressionnantes, comme les nombreuses reproductions de bâtiments que l’on peut observer dans le musée.

Dans le cadre du programme Yamaga Asobi, un coin photo a également été aménagé. Les visiteurs peuvent ainsi immortaliser leur venue au musée aux côtés de bâtiments de papier installés sur fond bleu (pour permettre l’incrustation d’images), ou dans un espace décoré de mobiles en papier, colorés et modernes.

Un atelier pour mieux comprendre comment sont fabriquées les lanternes de Yamaga

En voyant toutes ces réalisations de papier, même s’il est évident que leur façonnage requiert du temps et une technique complexe, il est difficile d’imaginer ce que cela représente réellement. Mais l’annexe du musée permet aux visiteurs d’observer les artisans au travail, et aussi de participer à des ateliers.

J’ai pour ma part choisi de m’essayer à la confection d’une lampe aux lignes modernes et épurées. Cet atelier étant lui aussi proposé dans le cadre du programme Yamaga Asobi.

Si cette lampe en papier blanc semble très différente des lanternes ouvragées de Yamaga, il s’agit en fait de la forme de la partie supérieure de la lanterne et il ne faut pas se fier à sa simplicité apparente. Les premières étapes sont assez amusantes : réaliser un motif en trouant le papier à l’aide d’un emporte-pièce et d’un maillet, puis courber les pièces de papier en les frottant à l’aide d’une baguette. Mais on passe ensuite à la partie sérieuse : coller les pièces de papier ensemble bord à bord. Et là, l’opération est délicate de demande une concentration extrême.

Épuisée par cet effort, j’ai demandé à ma formatrice combien de temps d’apprentissage était nécessaire pour savoir fabriquer une lanterne. Sa réponse m’a stupéfiée : 15 ans ! Mon regard sur les lanternes de Yamaga ne sera plus jamais le même, et c’est avec une grande admiration pour les artisans qui perpétuent cette culture que j’ai quitté le musée, emportant avec moi une petite lampe aux jointures imparfaites, souvenir d’une journée riche en rencontres et en découvertes.

La lampe en papier terminée

Une ville qui appelle à la détente

Ma visite de Yamaga s’est avant tout concentrée sur la découverte de ses fameuses lanternes. Mais c’est aussi une ville où il fait bon se promener, surtout le long de l’ancienne route Buzen kaido, qui semble hors du temps avec tous les bâtiments anciens qui la bordent.

Un autre incontournable est l’onsen Sakura-yu. Le bâtiment construit il y a environ 370 ans a été détruit dans les années 1970, avant d’être reconstruit à l’identique de ce qui était pendant l’ère Edo et réouvert en 2012. On peut y apprécier les eaux thermales de Yamaga dans un cadre irrésistiblement rétro, pour seulement 350 yens.

Pour ceux qui n’ont pas le temps ou l’envie de prendre un bain au Sakura-yu, un ashiyu (bain pour les pieds) gratuit est situé juste à côté.

Enfin, il est agréable de s’offrir une petite pause dans un café, et nous en avons découvert un par hasard, dont l’atmosphère rétro et détendue nous a tout de suite séduits : l’Antique & Café Ide. On peut y déguster du café, du thé et des pâtisseries dans de la porcelaine ancienne, mais aussi chiner quelques antiquités japonaises et occidentales.

Accès et informations pratiques

Si la voiture reste le meilleur moyen de se déplacer dans le nord de la préfecture de Kumamoto, Yamaga est accessible en bus. En train puis en bus, comptez environ 1 heure depuis Kumamoto et 1h30 depuis Hakata (Fukuoka). Vous trouverez des informations d’accès précises sur cette page.

Sachez également qu’une navette de bus gratuite dessert 4 villes de la région nord de Kumamoto : Tamana, Nagomi, Yamaga et Kikuchi. La navette part de l’aéroport de Kumamoto et de la gare JR de Kumamoto. Vous trouverez tous les détails sur leur site internet et dans ce PDF. (Cette navette roule uniquement en novembre 2019 et en janvier et février 2020).

Sur Yamaga et le programme Yamaga Asobi

Plus d’informations sur le site Internet de l’office du tourisme de Yamaga (en anglais). Ainsi que sur cette page pour ce qui concerne les activités proposées dans le cadre du programme Yamaga Asobi.

Vous pourrez trouver d’autres informations sur la région sur le site de Kikuchi River Bassin – World Heritage (disponible en anglais).

Boutique de location de kimono Otome

Si vous aussi vous voulez louer un kimono à Yamaga, consultez le site de la boutique Kimono Otome (en japonais). La réservation pour le plan « Modern Girl »/ »Modern Boy » peut se faire en ligne ici.

Théâtre Yachiyo-za et musée des lanternes de Yamaga

Les informations concernant le théâtre Yachiyo-za sont disponibles sur cette page et celles concernant le musée des lanternes de Yamaga sur celle-ci (en anglais). Vous trouverez le détail des informations concernant l’établissement Sakura-yu sur cette page (en anglais).

Accès à Yamaga en voiture depuis les aéroports les plus proches :

Depuis l’aéroport de Kumamoto : 50 minutes

Depuis l’aéroport de Fukuoka : 1 heure 10 minutes

Depuis l’aéroport d’Oita : 2 heures 30 minutes

Article réalisé en partenariat avec le siège administratif de la région Nord de Kumamoto.

Clémentine Cintré

Clémentine Cintré

En septembre 2017, je quittai la France et mon travail dans un centre de danse contemporaine pour m'installer au Japon. Quelques jours plus tard, je séjournais dans une ferme à Oita pour écrire mon premier article pour Voyapon — dont j'allais devenir rédactrice en chef deux ans plus tard. Si vous visitez Kyoto en août, il est probable que vous me croisiez lors des fêtes de Bon Odori. Deux autres de mes passions sont les îles et les chats, et ça tombe bien : le Japon a de quoi me combler dans ces deux domaines. 

Laisser un commentaire