{"id":73357,"date":"2021-02-08T15:00:00","date_gmt":"2021-02-08T06:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/?p=73357"},"modified":"2021-02-12T10:54:11","modified_gmt":"2021-02-12T01:54:11","slug":"gifu-nakasendo-japon-traditionnel","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/gifu-nakasendo-japon-traditionnel\/","title":{"rendered":"Le Japon traditionnel au fil des villages de Gifu"},"content":{"rendered":"\n
La pr\u00e9fecture de Gifu<\/a> au Japon est travers\u00e9e par l\u2019ancienne route de Nakasendo<\/a>, l\u2019une des routes commerciales du Japon f\u00e9odal. Des villages de montagne traditionnels t\u00e9moignent d\u2019une \u00e9poque au cours de laquelle ils servaient d\u2019\u00e9tape aux voyageurs. Les \u00ab paysages urbains d\u2019udatsu<\/em> \u00bb sont des r\u00e9manences de l\u2019\u00e8re Meiji et de l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo, et les machiya<\/em>, maisons traditionnelles de marchands, racontent le Japon d\u2019antan. Au c\u0153ur de cette r\u00e9gion charmante et raisonnablement fr\u00e9quent\u00e9e, on forge des katana<\/em>, les sabres de samoura\u00ef que l\u2019on fixe \u00e0 la ceinture du kimono, tandis que la shojin-ry\u014dri<\/em>, cuisine v\u00e9g\u00e9tarienne des bonzes, mijote au fond des machiya<\/em>. Voyage dans le temps et plong\u00e9e dans le Japon traditionnel.<\/p>\n\n\n\n Le jardin japonais du parc de Gifu<\/strong> (Gifu koen<\/em>) s\u2019\u00e9tire en longueur au pied du mont Kinka (329 m). Le ch\u00e2teau de Gifu <\/strong>(\u5c90\u961c\u57ce, Gifu-j\u014d<\/em>) s\u2019\u00e9l\u00e8ve au sommet du mont Kinka, auquel on acc\u00e8de en t\u00e9l\u00e9ph\u00e9rique.<\/strong> La forteresse m\u00e9di\u00e9vale du XIIIe<\/sup> si\u00e8cle fut reconstruite en 1956. Vestige du Japon f\u00e9odal, le ch\u00e2teau de Gifu a tout du ch\u00e2teau japonais traditionnel. Depuis les balcons, on peut admirer Gifu, install\u00e9e autour de le fleuve Nagara (\u9577\u826f\u5ddd), et apercevoir, au loin, les Alpes japonaises.<\/p>\n\n\n\n Au pied du mont Kinka, on retrouve de nombreuses maisons en bois dans le quartier historique de Kawaramachi<\/strong>.<\/p>\n\n\n\n Depuis pr\u00e8s de 1300 ans, Gifu est aussi le berceau de l\u2019ukai<\/em>, la p\u00eache au cormoran<\/strong>, qui se pratique dans le fleuve Nagara. Cette m\u00e9thode de p\u00eache remonte \u00e0 l\u2019\u00e9poque de Nara. Elle consiste \u00e0 attacher des cormorans \u00e0 une corde reli\u00e9e \u00e0 la barque. Les oiseaux survolent les rivi\u00e8res \u00e0 la recherche de truites, mais une ligature autour de leur cou les emp\u00eache d\u2019avaler leurs proies qui sont ensuite r\u00e9cup\u00e9r\u00e9es par les p\u00eacheurs. De nos jours, la pratique de l\u2019ukai<\/em> tend \u00e0 dispara\u00eetre, mais Gifu perp\u00e9tue cette tradition en la transformant en attraction touristique.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo (1603-1868), la route du Nakasendo traversait les Alpes japonaises pour relier Edo, la capitale du shogunat qui devint plus tard Tokyo, \u00e0 Kyoto, la capitale imp\u00e9riale. Le long de cette route, de pittoresques villages d\u2019\u00e9tape fourmillent de machiya<\/em>, litt\u00e9ralement \u00ab maisons de bourg \u00bb, des maisons traditionnelles en bois. Ces villages se caract\u00e9risent par un \u00ab paysage urbain d\u2019udatsu<\/em> \u00bb<\/strong> : les fa\u00eetages des machiya<\/em>, sur des toits de tuiles, sont coiff\u00e9s d\u2019udatsu<\/em>, des avant-toits d\u00e9cor\u00e9s<\/strong>. Cette sp\u00e9cificit\u00e9 architecturale locale date de la p\u00e9riode Edo. Mais les udatsu<\/em> n\u2019\u00e9taient pas seulement esth\u00e9tiques, ils emp\u00eachaient la propagation des flammes et servaient ainsi de syst\u00e8me de pr\u00e9vention des incendies et de pare-feu<\/strong>. Souvent d\u00e9cor\u00e9, l\u2019udatsu<\/em> \u00e9tait aussi un signe ext\u00e9rieur de richesse<\/strong>. C\u2019est le bourg de Mino qui en rec\u00e8le l\u2019une des plus fortes concentrations.<\/p>\n\n\n\n Les machiya<\/em> servaient de boutique, d\u2019atelier et de lieu d\u2019habitation pour les marchands et artisans. Elles ont souvent des fa\u00e7ades en treillis de bois.<\/p>\n\n\n\n Si l\u2019architecture des machiya<\/em> a pris sa forme durant l\u2019\u00e9poque Edo (1603-1868), les plus anciennes machiya<\/em> que l\u2019on peut encore voir ici remontent \u00e0 l\u2019\u00e8re Meiji (1868-1912). Il faut dire que leur construction en bois les rend particuli\u00e8rement vuln\u00e9rables aux incendies, et bien peu ont surv\u00e9cu. Mais elles furent longtemps d\u00e9truites au lieu d’\u00eatre r\u00e9nov\u00e9es. Leur valeur patrimoniale est d\u00e9sormais reconnue, et des initiatives priv\u00e9es ont permis leur reconversion en boutiques, en caf\u00e9s ou en auberges.<\/p>\n\n\n\n Derri\u00e8re des fa\u00e7ades \u00e9troites, les machiya<\/em> s\u2019\u00e9tendent tout en longueur en raison de l\u2019ancien syst\u00e8me de taxe d\u2019habitation.<\/strong> Il prenait en effet en compte non pas la superficie de la maison, mais la largeur de sa fa\u00e7ade, ce qui a donn\u00e9 cette architecture particuli\u00e8re qui rappelle un peu les \u00ab maisons-tubes \u00bb du Vietnam.<\/p>\n\n\n\n La partie d\u00e9volue au commerce se trouve c\u00f4t\u00e9 rue ; juste derri\u00e8re, on trouve la partie r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 l\u2019habitation. Vers l\u2019arri\u00e8re du b\u00e2timent, dans un couloir, installait la cuisine et les entrep\u00f4ts, qui donnaient sur un jardinet int\u00e9rieur.<\/p>\n\n\n\n En raison de leur architecture allong\u00e9e, ces b\u00e2timents tout en longueur sont parfois appel\u00e9s unagi no nedoko<\/em>, \u00ab chambre \u00e0 coucher de l\u2019anguille \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Voir plus d\u2019articles sur les machiya<\/em> :<\/p>\n\n\n\n Mino au Japon (\u7f8e\u6fc3) est r\u00e9put\u00e9 depuis 1300 ans pour sa production de papier washi<\/strong>, un papier artisanal fait en fibres de m\u00fbrier, et pour ses rues bord\u00e9es de maisons du d\u00e9but de l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo.<\/p>\n\n\n\n Caract\u00e9ristique du \u00ab paysage urbain d\u2019udatsu<\/em> \u00bb, l\u2019ancienne r\u00e9sidence de la famille Imai est une maison de marchands<\/strong> au charme surann\u00e9. Elle appartenait \u00e0 un grossiste en papier washi. La toiture est bien s\u00fbr coiff\u00e9e d\u2019un udatsu<\/em>.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019int\u00e9rieur, les pi\u00e8ces recouvertes de tatami se succ\u00e8dent en enfilade jusqu\u2019au jardin, au fond duquel se trouve un petit sanctuaire. Le suikinkutsu<\/em><\/strong> (\u00ab caverne du koto<\/em> d\u2019eau \u00bb), un ornement d\u00e9coratif et musical<\/strong>, est une agr\u00e9able curiosit\u00e9 qui se trouve dans ce jardin. Quand on verse de l\u2019eau sur la fontaine \u00e0 l\u2019aide d\u2019une louche (hishaku<\/em>), elle passe \u00e0 travers une jarre perc\u00e9e, et tombe dans un petit bassin enterr\u00e9. Elle produit alors une musique aquatique comparable au son du koto<\/em>, l\u2019instrument \u00e0 cordes japonais comparable \u00e0 la harpe. <\/p>\n\n\n\n Magome (\u99ac\u7c60) est la 43e<\/sup> des 69 stations de la <\/a>Nakasendo<\/strong>. C\u2019est l\u2019une des villes-\u00e9tape (juku<\/em>) o\u00f9 les marchands faisaient halte. Sur le versant de la colline, un sentier pav\u00e9 de pierres est bord\u00e9 de maisons joliment fleuries et datant de l\u2019\u00e9poque Edo. Cet adorable bourg de campagne fut immortalis\u00e9 dans les estampes du peintre japonais Hiroshige<\/a>. Aujourd\u2019hui restaur\u00e9e, Magome a retrouv\u00e9 son lustre d\u2019autrefois.<\/p>\n\n\n\n Le mus\u00e9e-m\u00e9morial Toson se trouve dans la maison natale du romancier et po\u00e8te naturaliste Toson<\/strong> (1872-1943). Nous sommes dans un honjin<\/em> (\u672c\u9663), une auberge destin\u00e9e aux fonctionnaires de haut rang. Apr\u00e8s la visite du cabinet de travail de l\u2019\u00e9crivain, vous aurez acc\u00e8s \u00e0 une biblioth\u00e8que qui regroupe son \u0153uvre compl\u00e8te.<\/p>\n\n\n\n Dans les hauteurs de Magome, le panorama sur les montagnes rappelle l\u2019origine du nom Nakasendo (\u4e2d\u5c71\u9053, \u00ab route qui traverse les montagnes \u00bb)<\/strong>, et combien le parcours \u00e9tait rude. \u00c0 l\u2019inverse, le Tokaido, \u00ab route de la mer de l\u2019Est \u00bb, reliait Tokyo \u00e0 Kyoto en longeant le littoral pacifique.<\/p>\n\n\n\n Okute (\u5927\u6e6b) est la 47e<\/sup> station du Nakasendo. Un v\u00e9n\u00e9rable c\u00e8dre du Japon vieux de 1300 ans<\/strong>, gardien du sanctuaire shinto\u00efste Okute Shinmei, y fut d\u00e9racin\u00e9 l\u2019\u00e9t\u00e9 dernier par les pluies diluviennes du tsuyu<\/em>, la saison des pluies.<\/p>\n\n\n\n Le bourg de Mitake (\u5fa1\u5d69) se situe lui aussi sur l\u2019ancienne route du Nakasendo. La maison du marchand Takeya (\u5546\u5bb6\u7af9\u5c4b)<\/strong>, construite dans les ann\u00e9es 1870, conserve le style architectural de la p\u00e9riode Edo.<\/p>\n\n\n\n Depuis pr\u00e8s de 8 si\u00e8cles, la pr\u00e9fecture de Gifu est la troisi\u00e8me plus grande r\u00e9gion de coutellerie du monde<\/strong>, apr\u00e8s Solingen en Allemagne et Sheffield en Angleterre. La tradition de forge de sabres katana<\/em> et la culture hamono<\/em> (de la coutellerie)<\/strong> dans la r\u00e9gion remontent \u00e0 la p\u00e9riode Muromachi (XIVe<\/sup> – XVIe<\/sup> si\u00e8cles). Les sols riches en charbon et la pr\u00e9sence de rivi\u00e8res (dont la rivi\u00e8re Nagawa) aux eaux pures et argileuses furent propices \u00e0 l\u2019implantation de la coutellerie \u00e0 Seki.<\/p>\n\n\n\n Capitale de la coutellerie du Japon<\/strong>, Seki est surnomm\u00e9e \u00ab cit\u00e9 des lames \u00bb. La fabrication des couteaux y suit un processus de fabrication similaire \u00e0 celui des katana<\/em>.<\/p>\n\n\n\n Le mus\u00e9e de la Coutellerie Seki Hamono<\/strong> <\/a>abrite une forge japonaise traditionnelle et un petit mus\u00e9e. Le ma\u00eetre artisan forgeron Kazuhiro Yoshida y explique le processus de fabrication des katana<\/em> et des couteaux de cuisine. Les proc\u00e9d\u00e9s de fabrication allient aujourd\u2019hui tradition et technologie. La maison produit aussi des rasoirs, des ciseaux, du mat\u00e9riel de bricolage (burins), et de jardinage (s\u00e9cateurs, faux et faucilles), pr\u00e9sent\u00e9s dans le magasin attenant \u00e0 la forge<\/strong>. La maison exporte dans le monde entier.<\/p>\n\n\n\n Apr\u00e8s la visite, des s\u00e9ances d\u2019essayage de kimonos et des ateliers de confection de mini-ciseaux<\/strong> au mus\u00e9e de la Coutellerie Seki Hamono sont propos\u00e9s sur r\u00e9servation.<\/p>\n\n\n\n Poussons la porte d\u2019une machiya<\/em> de Mino. Furuta Kyoko nous ouvre les portes de son magasin Yamamotoya<\/em> (\u5c71\u672c\u5c4b) et de sa maison, datant de l\u2019\u00e8re Meiji.<\/p>\n\n\n\n Les meubles ont l\u2019\u00e2ge de la maison : pr\u00e8s d\u2019un si\u00e8cle. Tout est pens\u00e9 pour l\u2019harmonie et le bien-\u00eatre, selon les principes de d\u00e9coration zen du fusui<\/em>, inspir\u00e9s du feng-shui<\/em> chinois. <\/strong>La position et l\u2019orientation du mobilier doivent ainsi garantir la circulation d\u2019ondes positives. C\u00f4t\u00e9 d\u00e9coration, les pi\u00e8ces mettent en valeur quelques objets ayant appartenus aux anc\u00eatres, comme un coffre laqu\u00e9 (nagamochi<\/em>), qui servait au transport de la dot au moment du mariage. Dans ce temple du savoir-vivre, \u00e9crin de la culture japonaise dans toute sa splendeur, on s\u2019adonne au sado <\/em>(\u8336\u9053), la c\u00e9r\u00e9monie du th\u00e9<\/a><\/strong>, et \u00e0 l\u2019ikebana <\/em>(\u751f\u3051\u82b1), l\u2019art de l\u2019arrangement floral<\/strong>. Les figurines (poup\u00e9es ou samoura\u00efs) et les compositions d\u2019ikebana<\/em> se d\u00e9clinent au fil des saisons.<\/p>\n\n\n\nGifu et son ch\u00e2teau<\/h2>\n\n\n\n
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Un paysage urbain domin\u00e9 par des machiya aux avant-toits d\u00e9cor\u00e9s<\/h2>\n\n\n\n
L\u2019ancienne r\u00e9sidence de la famille Imai de Mino<\/h2>\n\n\n\n
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Magome, le charme d\u2019antan du Japon traditionnel<\/h2>\n\n\n\n
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Okute<\/h2>\n\n\n\n
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Mitake<\/h2>\n\n\n\n
Sabres de samoura\u00ef katana et coutellerie \u00e0 Seki<\/h2>\n\n\n\n
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Cours de shojin-ryori<\/strong>, la cuisine japonaise v\u00e9g\u00e9tarienne, dans une machiya<\/h2>\n\n\n\n