Depuis plus d’un mill\u00e9naire, les Japonais font des p\u00e8lerinages le long des chemins de montagne du Kumano Kodo<\/strong> (\u718a\u91ce\u53e4\u9053)<\/strong>. Faire une randonn\u00e9e sur le Kumano Kodo, c’est s\u2019embarquer dans l’un des plus anciens p\u00e9riples spirituels du Japon, \u00e0 travers des \u00e9tendues de nature vierge baign\u00e9e de brume et de myst\u00e8res, de folklore et de l\u00e9gendes ; c\u2019est marcher sur les terres des dieux.<\/p>\n\n\n
Le nom de ce p\u00e8lerinage fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la r\u00e9gion de Kumano dans la pr\u00e9fecture de Wakayama<\/strong>, qui recouvre la partie sud de la p\u00e9ninsule de Kii, au centre du Japon. Le mot japonais kodo<\/em>, signifie quant \u00e0 lui \u00ab vieux chemins \u00bb. Kumano Kodo est aussi le seul sentier de randonn\u00e9e, avec le p\u00e8lerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, \u00e0 \u00eatre class\u00e9 au Patrimoine Mondial de L’UNESCO en tant que paysage culturel. Le long du Kumano Kodo, on retrouve un ensemble de trois sanctuaires et d’un temple appel\u00e9 Kumano Sanzan, <\/strong>(compos\u00e9 du sanctuaire de Kumano Hongu Taisha, du sanctuaire de Kumano Nachi Taisha et son temple voisin Nachisan Seiganto-ji, ainsi que du sanctuaire de Kumano Hayatama Taisha) habit\u00e9s, dit-on, de kami<\/em>, les divinit\u00e9s de la religion Shinto.<\/p>\n\n\n\n
Ayant moi-m\u00eame un penchant pour la randonn\u00e9e, pour l\u2019histoire et pour les anciennes croyances polyth\u00e9istes (d’o\u00f9 est issu le shinto\u00efsme), j\u2019\u00e9tais impatient \u00e0 l\u2019id\u00e9e d\u2019arpenter le Kumano Kodo. Et voil\u00e0 que fin d\u00e9cembre, je me retrouvais dans une voiture serpentant le long de la rivi\u00e8re de Kumano-gawa, en route pour le chemin de p\u00e8lerinage. <\/p>\n\n\n\n
Apr\u00e8s avoir d\u00e9charg\u00e9 mes affaires de la voiture dans le complexe d\u2019un petit sanctuaire \u2014 j’apprendrai plus tard qu\u2019il s\u2019agit de Takijiri-Oji, l\u2019entr\u00e9e du col de montagne du Kumano Kodo <\/strong>\u2014 j\u2019ai retrouv\u00e9 mon guide n\u00e9 dans le Colorado, Mike, qui vit depuis 20 ans dans la ville de Tanabe \u00e0 Wakayama. La r\u00e9gion \u00e9tant devenue sa terre d’adoption, son savoir sur le chemin de p\u00e8lerinage est encyclop\u00e9dique. De plus, il marchait avec un b\u00e2ton et j\u2019ai tendance \u00e0 faire confiance aux gens qui marchent r\u00e9solument avec un b\u00e2ton dans les mains.<\/p>\n\n\n\n
J\u2019esp\u00e9rais pouvoir parcourir une bonne partie du chemin en une journ\u00e9e de marche avant que Mike ne m\u2019informe que celui-ci faisait plusieurs centaines de kilom\u00e8tres et se s\u00e9parait sur plusieurs embranchements aux dans les montagnes de Kii. J\u2019ai donc renonc\u00e9 \u00e0 mes r\u00eaves un peu trop ambitieux et accept\u00e9 de me contenter de la portion du chemin qu’il serait possible de parcourir en une journ\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n
Il existe six chemins principaux<\/strong> (Kiiji, Kohechi, Nakahechi, Ohechi, Iseji, et Omine Okugake-michi) qui forment ensemble le p\u00e8lerinage du Kumano Kodo, reliant entre eux les trois grands sanctuaires et le temple, et qui permet \u00e9galement de se rendre \u00e0 Koyasan (une montagne o\u00f9 naquit le bouddhisme Shingon), Yoshino (une montagne de la pr\u00e9fecture de Nara elle aussi v\u00e9n\u00e9r\u00e9e), et Ise Jingu dans le d\u00e9partement de Mie (le sanctuaire Shinto le plus important du Japon).<\/p>\n\n\n\n
Les chemins du Kodo sont de difficult\u00e9 variable et certains furent mieux pr\u00e9serv\u00e9s que d\u2019autres. La Route de Nakahechi<\/strong><\/a> est la plus populaire<\/strong>, un chemin de 30 km relativement facile \u00e0 parcourir entre la p\u00e9riph\u00e9rie de Tanabe et le grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha. Kohechi et Omine Okugake-michi sont des randonn\u00e9es complexes et sinueuses \u00e0 travers des for\u00eats montagneuses, bord\u00e9es de quelques auberges et aires de repos ; il n\u2019est pas recommand\u00e9 de s\u2019y aventurer sans guide exp\u00e9riment\u00e9 et sans une pr\u00e9paration minutieuse. Les deux chemins c\u00f4tiers, Ohechi et Iseji, respectivement vers le sud de Wakayama et en direction du Ise Jingu, ont en grande partie succomb\u00e9 aux constructions \u00e0 cause de la pr\u00e9sence de villes \u00e0 proximit\u00e9, mais ont conserv\u00e9 des vestiges de leur gloire pass\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n
La route Nakahechi fut notre point d\u2019entr\u00e9e dans le Kumano Kodo. Nous avons d\u00e9but\u00e9 notre randonn\u00e9e depuis centre d\u2019information Kumano Kodokan, une cabane en bois dod\u00e9cagonale nich\u00e9e sur la berge d\u2019une petite rivi\u00e8re entour\u00e9e d\u2019une for\u00eat d\u2019arbres aux feuillages persistants. C’est ici que j\u2019ai d\u00e9couvert l’histoire de ces sentiers de randonn\u00e9e, qui avait commenc\u00e9 \u00e0 les parcourir, et pourquoi.<\/p>\n\n\n\n
Historiquement, les montagnes au Japon \u00e9taient vues \u00e0 la fois comme la demeure des dieux et un point de rassemblement pour les esprits des d\u00e9funts<\/strong>. Pour cette raison, la r\u00e9gion montagneuse de Kumano a toujours \u00e9t\u00e9 v\u00e9n\u00e9r\u00e9e par les adeptes des croyances polyth\u00e9istes du Japon (qui seront plus tard collectivement connues sous le nom de shinto\u00efsme<\/a>).<\/p>\n\n\n\n
J\u2019ai fait mes premiers pas sur le Kumano Kodo juste \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur du Kodokan, o\u00f9 nous avons rejoint la route Nakahechi. Une grande pierre grav\u00e9e nous indiquait que nous entrions dans une zone class\u00e9e au patrimoine mondial de l’UNESCO. Derri\u00e8re la pierre, une porte torii marquait solennellement l’entr\u00e9e du Takijiri-Oji, l\u2019entr\u00e9e sacr\u00e9e du chemin<\/strong>. Un peu plus loin, un poteau en bois \u00e9rig\u00e9 \u00e0 c\u00f4t\u00e9 d\u2019un arbre arborait fi\u00e8rement deux mots : \u00ab Kumano Kodo \u00bb.<\/p>\n\n\n\n
Notre randonn\u00e9e sur cette section du Kumano Kodo fut un aper\u00e7u de ce que ces sentiers de p\u00e8lerinage ont \u00e0 offrir. Nous avons p\u00e9niblement gravi un chemin plut\u00f4t raide, bien que tr\u00e8s emprunt\u00e9, qui montait sur environ 500 m\u00e8tres. Nous \u00e9tions seuls ce jour-l\u00e0, mais Mike m\u2019a indiqu\u00e9 qu\u2019il \u00e9tait g\u00e9n\u00e9ralement tr\u00e8s emprunt\u00e9 dans des p\u00e9riodes plus propices, tout particuli\u00e8rement pendant les saisons des sakura<\/em> au printemps (cerisiers en fleurs) et du koyo<\/em> (feuillages d\u2019automne). Alors que nous nous enfoncions plus profond\u00e9ment dans la for\u00eat, l’atmosph\u00e8re se faisait plus calme et le bruit des voitures sur la route la plus proche s\u2019estompait, remplac\u00e9 par les craquements des brindilles sous nos pas et le chant des oiseaux en haut des arbres.<\/p>\n\n\n\n
Durant notre br\u00e8ve ascension, nous nous sommes retrouv\u00e9s devant une petite statue jizo<\/em> v\u00eatue d’un bavoir rouge, un bodhisattva qui veille sur les voyageurs et les \u00e2mes des enfants d\u00e9funts, prot\u00e9g\u00e9 par un rocher sacr\u00e9. Ce \u00ab rocher-m\u00e8re \u00bb est devenu un mythe il y a de cela plusieurs si\u00e8cles, quand la l\u00e9gende de ce personnage mythique prot\u00e9geant un b\u00e9b\u00e9 qu\u2019on lui avait confi\u00e9 pour plusieurs jours devint populaire. Non loin de cette statuette, un tunnel naturel creus\u00e9 dans la terre menait \u00e0 un espace entre deux rochers, juste assez large pour qu\u2019une personne de taille moyenne puisse s\u2019y faufiler. Le passage \u00e0 travers ce tunnel, appel\u00e9 \u00ab le ventre de la m\u00e8re \u00bb, symbolise la purification de l\u2019\u00e2me, et faisait partie d\u2019un vieux rituel bouddhiste de re-naissance.<\/p>\n\n\n\n
N\u2019\u00e9tant pas un homme particuli\u00e8rement grand, j\u2019ai eu envie de tenter ma chance et de m\u2019aventurer dans le \u00ab\u00a0ventre de la m\u00e8re\u00a0\u00bb. Apr\u00e8s quelques grognements \u00e9touff\u00e9s et quelques efforts maladroits, j\u2019ai r\u00e9ussi \u00e0 passer de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 et \u00e0 rena\u00eetre. Je ne peux pas vraiment dire que je me suis senti compl\u00e8tement purifi\u00e9. C\u2019\u00e9tait cependant un tr\u00e8s bon exemple de ces symboles dont regorge l’environnement naturel du Kumano Kodo et qui, combin\u00e9s aux croyances religieuses, prennent un sens qui attire depuis longtemps les p\u00e8lerins dans la r\u00e9gion.<\/p>\n\n\n\n
Nous sommes descendus le long du chemin et nous sommes remont\u00e9s en voiture pour rejoindre une autre portion de la route de Nakahechi un peu plus loin. Nous avons rejoint le chemin au niveau d\u2019un point de d\u00e9part populaire \u00e0 Hosshinmon-oji,<\/strong> l’un des petits sanctuaires parmi les centaines qui se trouvent le long du Kumano Kodo. Hosshinmon-oji est l\u2019entr\u00e9e la plus \u00e9loign\u00e9e de l\u2019enceinte divine du grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha, \u00e0 environ huit kilom\u00e8tres.<\/p>\n\n\n\n
Ici, la Nakahechi nous a fait passer devant des fermes, des plantations de l\u00e9gumes et la maison d\u2019un vieux sculpteur sur bois qui fabrique des \u00e9pouvantails pour les fermiers voisins, avant d\u2019entrer dans une for\u00eat de c\u00e8dres du Japon, cypr\u00e8s, pins, marronniers, conif\u00e8res, foug\u00e8res d\u2019apparence exotique et d\u2019une infinit\u00e9 d\u2019autres esp\u00e8ces botaniques. <\/p>\n\n\n\n
Plus profond\u00e9ment dans la for\u00eat, nous sommes pass\u00e9s devant une \u00e9cole abandonn\u00e9e, m\u00e9langeant beaut\u00e9 et m\u00e9lancolie. Les salles de classe d\u00e9pourvues de vie et recouvertes de d\u00e9bris surplombaient une vieille piscine, jonch\u00e9e de feuilles dor\u00e9es tomb\u00e9es en cette fin d’automne. Le soleil se refl\u00e9tait, comme dans un miroir, sur la surface immobile de la piscine dans un silence de mort, alors que la mousse grimpait sur les c\u00f4t\u00e9s. J\u2019aurais pu rester assis ici des heures \u00e0 m’impr\u00e9gner de cette ambiance. Malheureusement, le temps me faisait d\u00e9faut, j\u2019ai alors fait une offrande rapide au Jizo<\/em> de l\u2019\u00e9cole \u2014 pouvant soi-disant gu\u00e9rir le genre de douleur au dos que je me trouvais avoir \u2014 et j’ai continu\u00e9 mon chemin.<\/p>\n\n\n\n
\u00ab Nous sommes d\u00e9sormais de retour dans la zone class\u00e9e au patrimoine mondial de l’UNESCO<\/strong> \u00bb, me dit Mike alors que nous arrivions au niveau d\u2019une chemin en pierres anciennes. Une grande partie de la section que nous nous appr\u00eations \u00e0 fouler \u00e9tait pr\u00e9serv\u00e9e depuis l\u2019\u00e9poque Heian, un des vestiges du vieux sentier de p\u00e8lerinage de Kumano Kodo, pr\u00e9serv\u00e9 des temps modernes. <\/p>\n\n\n\n
L\u2019ancienne route accident\u00e9e serpentait \u00e0 travers une for\u00eat d\u2019arbres imposants et commen\u00e7ait \u00e0 ressembler aux terres l\u00e9gendaires des dieux Shinto. La r\u00e9alit\u00e9, ou du moins celle du monde moderne, me semblait \u00e0 des ann\u00e9es-lumi\u00e8re alors que nous avancions au rythme de nos pas, au rythme de notre environnement, envelopp\u00e9 dans une atmosph\u00e8re que seules quelques bribes de conversation ici et l\u00e0 brisaient le temps d’un instant.<\/p>\n\n\n\n
Un certain nombre de petits sanctuaires longeaient la route, beaucoup d\u2019entre eux honoraient ceux qui avaient arpent\u00e9 le Kodo mais n\u2019avaient pas pu en revenir vivant. Cela permettait de se rendre compte de ce que repr\u00e9sentait un p\u00e8lerinage sur ces sentiers il y a un millier d\u2019ann\u00e9es, sans sac \u00e0 dos rempli de nourriture et d\u2019eau, ni de GPS dans sa poche si on s\u2019\u00e9garait, pas m\u00eame de guide qui connaissait ces bois comme le fond de sa poche pour nous montrer le chemin.<\/p>\n\n\n\n
Nous avons continu\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 mi-chemin entre Hosshinmon-oji et le grand sanctuaire Kumano Hongu Taisha. Une petite cabane surplombant une plantation de th\u00e9 offrait une aire de repos et servait du caf\u00e9 onsen<\/em><\/strong> (fait avec l’eau des sources thermales). Nous avons entam\u00e9 notre bento Kumano Kodo<\/a> (panier-repas) achet\u00e9 au pr\u00e9alable \u00e0 Omuraya et avons profit\u00e9 de la chaleur et de l\u2019\u00e9nergie bienvenues de cette infusion bouillante charg\u00e9e en caf\u00e9ine. (Veuillez noter qu\u2019il n\u2019y a aucun endroit pour se ravitailler sur cette portion de la route, veuillez donc pr\u00e9voir une bo\u00eete repas ou un casse-cro\u00fbte en cons\u00e9quence). Assis \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de l\u2019aire de repos, on peut profiter d’une vue d\u00e9gag\u00e9e sur les montagnes de Kii qui s’\u00e9tendent \u00e0 l\u2019horizon. Lors d’une journ\u00e9e ensoleill\u00e9 de d\u00e9cembre comme la notre, la vue s’\u00e9tend sur une distance de plus de 30 kilom\u00e8tres ; plusieurs journ\u00e9es de marche le long du Kumano Kodo.<\/p>\n\n\n\n
Nous avons march\u00e9 encore quelques kilom\u00e8tres \u00e0 travers les for\u00eats pour atteindre le premier grand sanctuaire du Kodo, le grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha<\/strong> (\u718a\u91ce\u672c\u5bae\u5927\u793e).<\/strong> De la m\u00eame mani\u00e8re que toutes les routes m\u00e8nent \u00e0 Rome, tous les chemins du Kumano Kodo m\u00e8nent \u00e0 ce grand sanctuaire, situ\u00e9 au c\u0153ur de la r\u00e9gion.<\/p>\n\n\n\n
Le grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha renferme nombre de divinit\u00e9s, incluant Amaterasu, et fait partie des trois sanctuaires \u00e0 la t\u00eate de plus de 3000 sanctuaires de Kumano \u00e9parpill\u00e9s dans tout l\u2019archipel du Japon. Le sanctuaire Hongu existe depuis bien plus de deux mille ans. Cependant, le b\u00e2timent actuel, une structure aust\u00e8re au milieu d’un bosquet, a \u00e9t\u00e9 construit il y a au moins 900 ans \u2014 selon le journal intime d\u2019un voyageur p\u00e8lerin \u2014 bien qu\u2019il ait \u00e9t\u00e9 d\u00e9plac\u00e9 et reconstruit de nombreuses fois \u00e0 cause d\u2019incendies, d’inondations et de d\u00e9sastres r\u00e9currents. <\/p>\n\n\n\n
En arrivant dans le sanctuaire, deux choses m\u2019ont frapp\u00e9. Premi\u00e8rement, le fait que ce sanctuaire soit cach\u00e9 au milieu des bois lui donnait une aura mystique, accentu\u00e9e par son style relativement simpliste. De grands ornements architecturaux, comme les lames crois\u00e9es sur son toit en pente et l\u2019immense porte d\u2019entr\u00e9e du sanctuaire, sugg\u00e9raient malgr\u00e9 tout que que le grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha avait plus d\u2019importance qu\u2019un banal sanctuaire.<\/p>\n\n\n\n
Ensuite, je fus intrigu\u00e9 par la repr\u00e9sentation d\u2019un corbeau \u00e0 trois pattes qui se retrouvait partout, quel que soit l’endroit o\u00f9 je tournais mon regard. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait de l\u2019embl\u00e8me de l\u2019\u00e9quipe de football du Japon mais je n\u2019avais jamais r\u00e9fl\u00e9chi \u00e0 sa signification. Lors du p\u00e9riple du premier empereur Jimmu mentionn\u00e9 plus haut, qui devait le conduire \u00e0 fonder le Japon, un yatagarasu <\/em>(corbeau \u00e0 trois pattes) a \u00e9t\u00e9 envoy\u00e9 comme messager du paradis pour guider la l\u00e9gion imp\u00e9riale \u00e0 travers la r\u00e9gion de Kumano potentiellement dangereuse. Selon la l\u00e9gende, c\u2019est donc \u00e0 cette improbable cr\u00e9ature mystique que le Japon doit son existence.<\/p>\n\n\n\n
Nous avons travers\u00e9 le sanctuaire principal et rendu nos hommages aux divinit\u00e9s. Bien que le sanctuaire fut en partie envahi par des barri\u00e8res pour se pr\u00e9parer au flux de visiteurs attendus pour le shougatsu<\/em> ou Nouvel an<\/a>, cela ne portait que peu atteinte au charme mystique du sanctuaire.<\/p>\n\n\n\n
Avant que la journ\u00e9e ne se termine, nous avions un dernier arr\u00eat \u00e0 faire, le torii de pierre \u00e0 Oyunohara<\/strong>, qui \u00e9tait juste \u00e0 deux pas de l\u00e0. Haut de 33 m\u00e8tres, il s’agit de la plus grande porte torii au monde<\/strong>, j\u2019ai presque eu des vertiges en regardant b\u00eatement en haut lorsque je me trouvais \u00e0 ses pieds. La porte indique l\u2019endroit originel du grand sanctuaire de Kumano Hongu Taisha, qui a \u00e9t\u00e9 d\u00e9plac\u00e9 vers sa position actuelle au XIXe si\u00e8cle \u00e0 cause de risques d\u2019inondations.<\/p>\n\n\n\n
J\u2019ai fait mes adieux \u00e0 Mike et jur\u00e9 de revenir sur le Kumano Kodo d\u00e8s que l\u2019opportunit\u00e9 se pr\u00e9senterait. J\u2019avais beau avoir admir\u00e9 quelques-unes de ses plus belles vues ce jour-l\u00e0, je n\u2019en avais, en r\u00e9alit\u00e9, qu\u2019effleur\u00e9 la surface.<\/p>\n\n\n\n
Contraint par le temps, je ne pouvais malheureusement pas continuer \u00e0 m’aventurer sur les chemins de p\u00e8lerinage de jour-l\u00e0, ni les jours suivants \u00e0 cause mon emploi du temps charg\u00e9 dans la pr\u00e9fecture de Wakayama. J\u2019ai cependant pu visiter les deux autres grands sanctuaires et le temple constituant ensemble le Kumano Sanzan, ainsi que plusieurs autres sites historiques de la r\u00e9gion. Je vais d\u00e9tailler ici les plus beaux moments de ces visites :<\/p>\n\n\n\n
Le grand sanctuaire de Kumano Nachi Taisha est perch\u00e9 sur une colline offrant une vue magnifique sur la cascade de Nachi, la plus grande cascade sans paliers du Japon gr\u00e2ce \u00e0 ses 133 m\u00e8tres de haut. Lors ma visite, la pagode du temple de Nachisan Seiganto-ji rayonnait de ses couleurs vermillons dans le soleil brillant de l\u2019hiver, alors que des tra\u00een\u00e9es kal\u00e9idoscopiques teintaient la cascade quand la lumi\u00e8re du soleil se r\u00e9fractait \u00e0 travers les gouttelettes d\u2019eau \u2014 un ph\u00e9nom\u00e8ne courant dans les jours les plus ensoleill\u00e9s d\u2019hiver. On peut \u00e9galement acc\u00e9der au grand sanctuaire de Kumano Nachi Taisha et au temple de Nachisan Seiganto-ji via la pente de Daimon-zaka, un chemin en pente serpentant entre d’imposants c\u00e8dres qui filtrent la lumi\u00e8re du soleil telle une fen\u00eatre de citadelle ; on se croirait dans une for\u00eat mystique ramen\u00e9e \u00e0 la vie.<\/p>\n\n\n\n
Situ\u00e9 \u00e0 l\u2019embouchure de la rivi\u00e8re Kumano-gawa, d\u2019o\u00f9 s\u2019\u00e9coulent les eaux sacr\u00e9es du mont Kii, le grand sanctuaire de Kumano Hayatama Taisha est le sanctuaire le plus facile d\u2019acc\u00e8s du Kumano Sanzan<\/strong>. Dans son enceinte, on peut trouver un arbre podocarpus de plus de 1000 ans respirant la sagesse, qui incarne le lien spirituel entre la nature de la r\u00e9gion de Kumano et ses habitants.<\/p>\n\n\n
Situ\u00e9 \u00e0 mi-chemin du mont Kamikura, pas tr\u00e8s loin du grand sanctuaire de Kumano Hayatama Taisha, le sanctuaire de Kamikura-jinja<\/strong> est l\u2019un des sites spirituels les plus importants du Japon et pourtant l\u2019un des moins connus. Le sanctuaire de Kamikura-jinja, une humble structure de bois laqu\u00e9 de rouge gard\u00e9 par un rocher sacr\u00e9 (appel\u00e9 \u00ab Gotobiki-iwa \u00bb), est consid\u00e9r\u00e9 \u00eatre l\u2019endroit o\u00f9 les divinit\u00e9s de Kumano sont descendues sur terre pour la premi\u00e8re fois. Il faudra gravir des marches on ne peut plus raides pour y acc\u00e9der, mais il faut bien faire quelques efforts pour d\u00e9couvrir l’origine des dieux.<\/p>\n\n\n
Yunomine Onsen, mentionn\u00e9 pr\u00e9c\u00e9demment, est une petite ville thermale pittoresque qui poss\u00e8derait la plus ancienne source thermale du Japon (encore en activit\u00e9). On peut faire cuire un \u0153uf ou des l\u00e9gumes frais dans ses eaux glougloutantes. Kawayu Onsen<\/strong>, une autre petite ville de la r\u00e9gion de Kumano, poss\u00e8de quantit\u00e9 de sources thermales, toutes reli\u00e9es \u00e0 la rivi\u00e8re centrale affluente. En hiver, il n\u2019y a rien de mieux qu\u2019un plongeon dans ces eaux fumantes pour \u00e9chapper au froid.<\/p>\n\n\n\n
La pr\u00e9fecture de Mie, qui se trouve aux portes de Wakayama, abrite certains des plus anciens et des plus importants sanctuaires du pays (y compris le Ise Jingu mentionn\u00e9 plus haut), ainsi que d\u2019impressionnantes structures rocheuses naturelles.<\/p>\n\n\n\n
Le sanctuaire de Hana-no-Iwaya serait le plus vieux sanctuaire Shinto du Japon<\/strong>, ayant probablement plus de 2000 ans. La construction m\u00eame du sanctuaire est tr\u00e8s rudimentaire : un simple ornement m\u00e9tallique encercl\u00e9 par une barri\u00e8re en bois. Il se trouve cependant au pied d\u2019un imposant rocher haut de 45 m\u00e8tres qui symbolise la m\u00e8re des dieux japonais, Izanami-no-mikoto.<\/p>\n\n\n\n
Tirant leur appellation du mot japonais oni<\/em> (une sorte de d\u00e9mon mythologique), les rochers d\u2019Oniga-jo s’\u00e9tendent sur plus d\u2019un kilom\u00e8tre le long de la mer de Kumano-nada. On peut marcher sur un sentier encastr\u00e9 dans le flanc de la falaise passant devant de larges fissures et des rocs \u00e9dent\u00e9s ressemblant aux d\u00e9mons mythologiques.<\/p>\n\n\n
Le Shishi-iwa, du mot shishi <\/em>(protecteur de temples et de sanctuaires ressemblant \u00e0 un lion de pierre venant g\u00e9n\u00e9ralement par paire et qui chasse les esprits mal\u00e9fiques), domine la plage de Shichiri-mihama dans la pr\u00e9fecture de Mie. Pour moi, le rocher ressemblait plus \u00e0 un aigle poussant un hurlement mais quoi qu\u2019il en soit, il \u00e9tait ind\u00e9niablement impressionnant.<\/p>\n\n\n
Takijiri-Oji<\/strong> est le point de d\u00e9part id\u00e9al pour commencer votre randonn\u00e9e le long du sentier de Nakahechi sur le Kumano Kodo. La gare la plus proche de Takijiri-Oji est la gare de Kii-Tanabe<\/strong>. En venant d\u2019Osaka<\/strong>, prenez le train Kuroshio Limited Express \u00e0 la gare de Tennoji (\u5929\u738b\u5bfa\u99c5) en direction de Shingu, et descendez \u00e0 la gare de Kii-Tanabe, prenez ensuite un bus local <\/strong>pour vous rendre \u00e0 Takijiri-Oji (trajet d’environ 40 minutes).<\/p>\n\n\n\n