{"id":76796,"date":"2021-09-08T17:27:40","date_gmt":"2021-09-08T08:27:40","guid":{"rendered":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/?p=76796"},"modified":"2024-02-27T15:06:01","modified_gmt":"2024-02-27T06:06:01","slug":"culture-kawaii-harajuku","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/culture-kawaii-harajuku\/","title":{"rendered":"R\u00e9bellion urbaine\u00a0: Sebastian Masuda et la mouvance kawaii de Harajuku, ou le punk japonais"},"content":{"rendered":"\n
Quel lien peut exister entre Hello Kitty et le trait\u00e9 bilat\u00e9ral de coop\u00e9ration et de s\u00e9curit\u00e9 entre les \u00c9tats-Unis et le Japon, ou avec les manifestations de mai 68 en France ? Comment est-il possible que l’esth\u00e9tisme baroque fran\u00e7ais surann\u00e9 des XVIIe et XVIIIe si\u00e8cles ait inspir\u00e9 une contre-culture rebelle au Japon dans la seconde moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle ?<\/p>\n\n\n\n
Retournons rapidement en 2004. Le nom de Harajuku (\u539f\u5bbf) <\/strong>est sur toutes les l\u00e8vres suite au premier album solo de Gwen Stefani qui surprend le monde de la pop commerciale occidentale. L’ancienne chanteuse de No Doubt<\/em> a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 avec enthousiasme \u00eatre tomb\u00e9e sous le charme du c\u00e9l\u00e8bre quartier de Harajuku et de son style excentrique. Elle a non seulement int\u00e9gr\u00e9 un groupe de danseurs japonais \u00e0 toutes ses performances, mais elle a \u00e9galement rendu plusieurs hommages \u00e0 cet amalgame esth\u00e9tique dans plusieurs de ses clips musicaux. Voil\u00e0 ce que l’on appelle sa phase \u00ab\u00a0Harajuku Girls\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n La sous-culture bouillonnant autour de Takeshita Dori depuis les ann\u00e9es 1980 a soudain quitt\u00e9 sa niche esth\u00e9tique pour rejoindre le mainstream<\/em> de la culture occidentale. Durant cette m\u00eame vague, le concept du kawaii a pu s’\u00e9tendre au del\u00e0 des admirateurs de la culture japonaise et est devenu une cat\u00e9gorie esth\u00e9tique japonaise \u00e0 part enti\u00e8re, \u00e0 la fois cool et mignonne. Harajuku et tout son attirail kawaii \u00e9taient bien partis pour s’ancrer dans l’imaginaire collectif mondial.<\/strong><\/p>\n\n\n\n Mais un tel bond vers la culture de masse et la renomm\u00e9e mondiale a un prix : la perte de sens et de contexte. \u00ab\u00a0Kawaii\u00a0\u00bb a beau \u00eatre l’un des mots japonais les plus connus, sa signification complexe est pourtant difficile \u00e0 transcrire. Souvent traduit par \u00ab\u00a0mignon\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0joli\u00a0\u00bb, ce terme fait en fait \u00e9galement r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l’\u00e9tat psychologique, l’atmosph\u00e8re, l’environnement dans lequel on est lorsque l’on assiste \u00e0 quelque chose de kawaii. L’\u00e9volution de ce terme en tant que concept esth\u00e9tique aux multiples facettes s’explique donc par sa forte charge \u00e9motionnelle.<\/p>\n\n\n\n Sebastian Masuda <\/strong>a \u00e9t\u00e9 l’un des plus grands pionniers \u00e0 promouvoir la culture kawaii qui s’est d\u00e9velopp\u00e9e \u00e0 Harajuku durant de nombreuses ann\u00e9es. Le travail qu’il a r\u00e9alis\u00e9 pour expliquer ce mouvement au reste du monde lui a notamment valu le titre d’ambassadeur culturel <\/a>du Japon<\/strong> en 2017. En 2011, il est devenu c\u00e9l\u00e8bre gr\u00e2ce aux clips de Kyary Pamyu Pamyu <\/strong>dont il \u00e9tait le directeur artistique. Avant cela, il \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 impliqu\u00e9 dans des groupes aux tendances avant-gardistes dans les domaines du th\u00e9\u00e2tre et de l’art contemporain depuis les ann\u00e9es 90.<\/p>\n\n\n\n C’est en 1995 que son influence culturelle a commenc\u00e9 \u00e0 se concr\u00e9tiser. Cette ann\u00e9e-l\u00e0, il d\u00e9cide d’ouvrir 6% DOKIDOKI<\/a> \u00e0 Harajuku<\/strong>. Il s’agit d’une boutique de v\u00eatements et d’accessoires fantaisistes, o\u00f9 il partage ses propres cr\u00e9ations avec d’autres articles de marques ind\u00e9pendantes provenant d’autres pays.<\/p>\n\n\n\n De quoi faire concurrence \u00e0 Hello Kitty, ou plut\u00f4t \u00e0 ses cr\u00e9ateurs, Sanrio, et \u00e0 une autre de leurs productions. En 1979, Sanrio produisit Nutcracker Fantasy<\/a>, un film d’animation en stop motion <\/em>qualifi\u00e9<\/a> par Masuda lui-m\u00eame comme l’une de ses plus importantes sources d’inspiration.<\/strong> Il suffit de voir les images promotionnelles ou certaines bandes annonces sur YouTube pour voir l’influence du film sur l’\u0153uvre ult\u00e9rieure de l’artiste.<\/p>\n\n\n\n La relation avec le public et la mise en place d’une communaut\u00e9 ont \u00e9t\u00e9 ses principales motivations lors de l’ouverture de sa boutique. Voici comment il l’explique<\/a>:<\/p>\n\n\n\n J’ai choisi la boutique comme lieu d’exposition car c’est un lieu permanent dans lequel de parfaits inconnus peuvent directement \u00e9valuer mon travail et mes produits gr\u00e2ce \u00e0 l’achat et la vente, contrairement \u00e0 une mise en sc\u00e8ne ou une exposition, offrant un cadre plus intime mais de courte dur\u00e9e.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n Le commercial en opposition \u00e0 l’art comme forme de lien direct avec le public \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 une id\u00e9e qui flottait dans le cercle des artistes japonais depuis les ann\u00e9es 1960<\/strong>. La critique postmoderne a amen\u00e9 des changements de points de vue \u00e0 travers toute la culture visuelle, en faisant dispara\u00eetre la fronti\u00e8re entre l’art et le design. La production artistique a commenc\u00e9 \u00e0 quitter les mus\u00e9es et les galeries pour se frayer un chemin au sein des espaces publics et commerciaux. Le design cesse ainsi de servir uniquement \u00e0 un but purement fonctionnel et devient un autre outil de communication.<\/strong><\/p>\n\n\n\n T\u00e9moin de cette philosophie, 6%DOKIDOKI devint un miroir refl\u00e9tant l’\u00e2me du quartier de Harajuku et les propres tendances esth\u00e9tiques de l’artiste<\/strong>. Cette boutique contribue \u00e9galement \u00e0 r\u00e9pandre la culture locale. \u00c0 plusieurs reprises, le personnel de la boutique<\/a> (lien vers l’interview en japonais) et des groupes de jeunes du quartier se sont retrouv\u00e9s autour d’\u00e9v\u00e9nements organis\u00e9s par Sebastian Masuda, au Japon ou \u00e0 l’\u00e9tranger. L’art en tant qu’expression personnelle a toujours \u00e9t\u00e9 l’un des leitmotivs de son travail.<\/p>\n\n\n\n Cependant, le succ\u00e8s commercial de sa boutique est fortement li\u00e9 \u00e0 une s\u00e9rie de circonstances exceptionnelles qui ont fait du Japon des ann\u00e9es 80 le cadre id\u00e9al pour allier d’importants mouvements artistiques aux habitudes de consommation extr\u00eames<\/strong>. Les profondes convulsions de 1968 ont non seulement secou\u00e9 l’Europe, mais leurs vibrations ont \u00e9t\u00e9 fortement ressenties jusqu’au Japon<\/a>. Ces ann\u00e9es d’effervescence culturelle et artistique, dues \u00e0 l’influence des mouvements de contre-culture dans le reste du monde, firent na\u00eetre un sentiment de r\u00e9bellion<\/a> aupr\u00e8s de la jeunesse japonaise. Les accords de d\u00e9fense bilat\u00e9raux avec les \u00c9tats-Unis avaient g\u00e9n\u00e9r\u00e9 des vagues de mouvements \u00e9tudiants depuis le d\u00e9but de la d\u00e9cennie, \u00e9galement accompagn\u00e9s par une vision pacifiste et la sensation d’une perte d’autonomie progressive en faveur d’un soutien unilat\u00e9ral \u00e0 l’arm\u00e9e am\u00e9ricaine.<\/p>\n\n\n\n Les mouvements de r\u00e9forme sociale comme le f\u00e9minisme entraient \u00e9galement en r\u00e9sonnance avec les pr\u00e9occupations de cette p\u00e9riode<\/strong>. Riyoko Ikeda, autrice du manga La Rose de Versailles<\/a>, l’un des titres les plus embl\u00e9matiques du genre shojo<\/em>, a d\u00e9clar\u00e9 s’\u00eatre inspir\u00e9e<\/a> du f\u00e9minisme de la seconde vague pour la cr\u00e9ation de ses personnages, en particulier le personnage de Lady Oscar et sa subversion des r\u00f4les de genres traditionnels. D\u00e8s le d\u00e9but de la publication du manga en 1972, il n’a pas fallu longtemps pour qu’il fasse sensation aupr\u00e8s de ses lecteurs. Sa repr\u00e9sentation de valeurs r\u00e9volutionnaires au milieu de l’esth\u00e9tique baroque et surann\u00e9e de la Cour de Marie-Antoinette a transform\u00e9 l’\u0153uvre en une v\u00e9ritable ic\u00f4ne incarnant le ressenti de toute une g\u00e9n\u00e9ration.<\/strong><\/p>\n\n\n\n L’impact culturel de l’\u0153uvre s’est \u00e9galement fait ressentir chez certains cr\u00e9ateurs de mode, dont les travaux se sont rapidement adress\u00e9s au public f\u00e9minin, offrant une plateforme (parmi tant d’autres) utilisant la mode comme forme de protestation. C’est l\u00e0 toute la gen\u00e8se de l’image de la lolita de Harajuku <\/strong>et son appropriation esth\u00e9tique du baroque fran\u00e7ais : une manifestation du kawaii dans un contexte de revendication f\u00e9ministe.<\/p>\n\n\n\n Le kitsch, le ridicule et l’exc\u00e8s incarnent alors une r\u00e9bellion retentissante et \u00e9loquente face \u00e0 la pression sociale dominante. Alors que le punk occidental cherchait \u00e0 g\u00e9n\u00e9rer un choc visuel \u00e0 travers le cuir, les piercings et une apparence n\u00e9glig\u00e9e, les lolitas se sont arm\u00e9es de dentelle en exc\u00e8s pour en faire des armes de guerre. Deux concepts au premier abord oppos\u00e9s, qui poursuivaient toutefois le m\u00eame but : le rejet des valeurs traditionnelles.<\/strong> La particularit\u00e9 du cas japonais reposait dans le consum\u00e9risme h\u00e9doniste, devenu un acte r\u00e9volutionnaire dans la mesure o\u00f9 il allait diam\u00e9tralement \u00e0 l’encontre des valeurs exigeant qu’une femme adulte doive traditionnellement \u00eatre un pilier familial et un mod\u00e8le de responsabilit\u00e9 et de rigueur morale. Il s’agit alors de ne plus incarner la figure attendue d’\u00e9pouse et de m\u00e8re d\u00e9vou\u00e9e. Pour elles, trouver refuge dans un comportement enfantin devient une strat\u00e9gie de survie pour repousser une maturit\u00e9 morne et sacrificielle, qui serait celle d’une morte-vivante. <\/p>\n\n\n\n Paradoxalement, le m\u00e9contentement politique et social fit son apparition au Japon au milieu d’une p\u00e9riode de forte croissance \u00e9conomique. Dans ce contexte, des entreprises comme Sanrio ont eu l’intelligence de r\u00e9agir et de tirer profit des nouvelles tendances de consommation issues de ce m\u00e9contentement. Autrement dit, le jeune Masuda n’aurait jamais eu une telle source d’inspiration esth\u00e9tique si Sanrio n’avait pas profit\u00e9 de ce climat pour offrir une r\u00e9ponse commerciale<\/strong> \u00e0 une demande croissante d’articles mignons et pour enfants, en fait destin\u00e9s \u00e0 un public adulte.<\/p>\n\n\n\n Par cons\u00e9quent, le d\u00e9veloppement de cette culture kawaii (et de ses d\u00e9riv\u00e9s) n’a pu se produire que dans un contexte tr\u00e8s sp\u00e9cifique. C’est un type de culture de consommation qui ne peut se d\u00e9velopper qu’au moment propice<\/strong>. Une v\u00e9ritable aubaine n\u00e9e d’un \u00ab\u00a0miracle\u00a0\u00bb \u00e9conomique qui avait un prix : des sacrifices personnels, de tr\u00e8s longues heures de travail et une main-d’\u0153uvre condamn\u00e9e \u00e0 souffrir sous le poids d’une hi\u00e9rarchie stricte. L’infamie de la culture du travail japonaise qui persiste encore \u00e0 ce jour.<\/p>\n\n\n\n Dans ce contexte, la mode agit \u00e9galement comme m\u00e9canisme de gestion des \u00e9motions et des probl\u00e8mes psychologiques. Nous, les \u00eatres humains, agissons en fonction du contexte dans lequel nous nous trouvons, ce qui affecte notre processus cognitif. Nous ne nous comportons pas de la m\u00eame mani\u00e8re dans un temple, lors d’une f\u00eate ou dans un bureau. Nous n’agissons pas de la m\u00eame mani\u00e8re assis, debout ou couch\u00e9s sur un canap\u00e9. De m\u00eame, les effets psychologiques <\/a><\/strong>des tenues que nous portons sont un ph\u00e9nom\u00e8ne largement \u00e9tudi\u00e9. Les v\u00eatements ne sont pas neutres. La mode et le design exercent donc une influence sociale. Dans un pays o\u00f9 l’instabilit\u00e9 \u00e9motionnelle est per\u00e7ue comme une faiblesse, ces manifestations sont aussi un acte de r\u00e9bellion<\/strong>. C’est exactement l’une des id\u00e9es que Sebastian Masuda a exprim\u00e9es lors de sa premi\u00e8re exposition<\/a><\/strong> \u00e0 New York :<\/p>\n\n\n\n \u00ab Il faut comprendre qu’au Japon, les d\u00e9bouch\u00e9s th\u00e9rapeutiques et psychologiques ne sont pas aussi acceptables qu’aux \u00c9tats-Unis \u00bb, explique Masuda. \u00ab La plupart du temps, ces filles ne correspondent pas \u00e0 leurs camarades de classe ni \u00e0 leur communaut\u00e9. Harajuku n’est pas seulement un endroit o\u00f9 elles peuvent \u00eatre diff\u00e9rentes sans cons\u00e9quences. C’est aussi un endroit qui offre des alternatives vestimentaires aux filles afin de leur permettre d’exprimer leurs \u00e9motions les plus sombres \u00e0 travers des styles originaux et diff\u00e9rents. \u00bb<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n De cette mani\u00e8re, l’obscurit\u00e9, l’ironie et le grotesque ont \u00e9galement leur place dans une esth\u00e9tique aspirant \u00e0 exprimer des \u00e9motions profondes et complexes<\/a><\/strong>. Le kawaii de Harajuku est le point culminant de l’incorporation de mouvements artistiques d’avant-garde dans le postmodernisme, tout en utilisant des concepts enracin\u00e9s dans la culture japonaise.<\/p>\n\n\n\n Ujitaka Ito, professeur \u00e0 l’\u00c9cole des arts et des lettres de l’Universit\u00e9 Meiji, soutient que<\/a> :<\/p>\n\n\n\n Le \u00ab\u00a0kawaii\u00a0\u00bb incarne une forme de grotesque. Ce qui est consid\u00e9r\u00e9 comme \u00ab\u00a0kawaii\u00a0\u00bb n’incarne g\u00e9n\u00e9ralement pas une forme d\u00e9finie. Par exemple, la plupart des gens consid\u00e8rent un b\u00e9b\u00e9 \u00ab\u00a0kawaii\u00a0\u00bb car c’est l’une des choses que la plupart des gens consid\u00e8rent comme typiquement \u00ab\u00a0kawaii\u00a0\u00bb. Cependant, si un adulte gardait un corps proportionnel \u00e0 celui d’un b\u00e9b\u00e9, on se repr\u00e9senterait alors cette personne comme grotesque, attribuant cette sensation \u00e0 sa forme corporelle extr\u00eamement disproportionn\u00e9e. C’est la m\u00eame chose que les personnages \u00ab\u00a0kawaii\u00a0\u00bb dans les mangas (bandes dessin\u00e9es japonaises) ou les anim\u00e9s (un style d’animation originaire du Japon). Ils ont des yeux extr\u00eamement grands ou leur t\u00eate est trop grande, et sont consid\u00e9rablement d\u00e9form\u00e9s.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n En 2015, Masuda a pouss\u00e9 encore plus loin toutes les id\u00e9es qu’il avait pr\u00e9sent\u00e9es l’ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente \u00e0 New York. L’ouverture du Kawaii Monster Caf\u00e9<\/a> a \u00e9t\u00e9 pour lui l’occasion d’avoir une installation artistique permanente repr\u00e9sentant la philosophie <\/strong>de son travail<\/a>, jusqu’\u00e0 sa fermeture fin janvier 2021. D’une mani\u00e8re symbolique, il incarnait la cr\u00e9ation d’un monde parall\u00e8le autonome dans l’estomac d’un monstre. Un microcosme lib\u00e9r\u00e9 des attentes habituelles de s\u00e9rieux, d’harmonie et d’hypocrisie, o\u00f9 les participants pouvaient s’exprimer de mani\u00e8re ouverte et directe. L’interaction avec le public \u00e0 travers les spectacles \u00e9tait un aspect fondamental de l’id\u00e9e qui se cachait derri\u00e8re tout ce concept.<\/p>\n\n\n D’ailleurs, le choix des th\u00e8mes de leurs spectacles nocturnes \u00e9tait loin d’\u00eatre fortuit<\/strong>. Oiran<\/em>, danseuses burlesques ou encore drag-queens<\/strong>, toute les figures en marge de la soci\u00e9t\u00e9 faisaient partie du spectacle. En particulier les drag-queens, si l’on prend en compte le contexte de la soci\u00e9t\u00e9 conservatrice japonaise. Bien que des hommes jouent traditionnellement des r\u00f4les f\u00e9minins dans le kabuki, les tendances actuelles de la culture des drag-queens ont des connotations tr\u00e8s diff\u00e9rentes.<\/p>\n\n\n\n Il peut sembler peu pertinent que des spectacles li\u00e9s aux cultures LGBT aient lieu dans un quartier r\u00e9put\u00e9 pour son ind\u00e9pendance et son originalit\u00e9. Mais, \u00e0 Tokyo, les divertissements ouvertement LGBT sont souvent limit\u00e9s au quartier de Nishi Shinjuku, et sont toujours trait\u00e9s comme underground<\/em>. Leur pr\u00e9sence dans un lieu aussi c\u00e9l\u00e8bre que le Kawaii Monster Caf\u00e9 a \u00e9t\u00e9 une \u00e9tape importante en mati\u00e8re de visibilit\u00e9.<\/strong><\/p>\n\n\n\n \u00c0 ce jour, il serait na\u00eff de supposer que toutes les personnes portant des v\u00eatements originaux tentent de communiquer leur m\u00e9contentement social. La vulgarisation de tout mouvement esth\u00e9tique entra\u00eene toujours sa simplification ou sa d\u00e9valuation. Il est normal qu’une fois ancr\u00e9 dans le courant dominant, un mouvement esth\u00e9tique perde une partie de son sens originel. Il y a \u00e9galement ceux qui rejoignent la mode par affinit\u00e9 esth\u00e9tique sans n\u00e9cessairement partager ses valeurs. Nous ne cherchons pas ici \u00e0 d\u00e9fendre le purisme, mais \u00e0 souligner qu’il n’est pas n\u00e9cessaire de partager les go\u00fbts esth\u00e9tiques du kawaii de Harajuku pour en reconna\u00eetre le sens. Au-del\u00e0 du fait qu’il puisse para\u00eetre \u00e9trange, tapageur, ou sembler t\u00e9moigner d’un simple d\u00e9sir d’attirer l’attention, le kawaii cache en r\u00e9alit\u00e9 tout un mouvement artistique et culturel qui m\u00e9rite d’\u00eatre r\u00e9v\u00e9l\u00e9 au grand jour.<\/p>\n\n\n\n Traduit par Manon<\/em><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Quel lien peut exister entre Hello Kitty et le trait\u00e9 bilat\u00e9ral de coop\u00e9ration et de s\u00e9curit\u00e9 entre les \u00c9tats-Unis et…<\/p>\n","protected":false},"author":163,"featured_media":77104,"comment_status":"open","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"footnotes":""},"categories":[473,6,560],"tags":[20,73,501,176,192,22,503],"class_list":{"0":"post-76796","1":"post","2":"type-post","3":"status-publish","4":"format-standard","5":"has-post-thumbnail","7":"category-a-savoir","8":"category-culture","9":"category-culture-pop","10":"tag-animes","11":"tag-art","12":"tag-culture-pop","13":"tag-manga","14":"tag-mode","15":"tag-tokyo","16":"tag-societe-japonaise"},"acf":[],"yoast_head":"\n<\/figure>\n\n\n\n
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Le kawaii de Harajuku : tout commen\u00e7a avec une boutique<\/h2>\n\n\n\n
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L’orage parfait<\/h2>\n\n\n\n
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La mode et l’art en tant qu’expression personnelle<\/h2>\n\n\n\n
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Kawaii Monster Caf\u00e9, le paroxysme du kawaii de Harajuku<\/h2>\n\n\n\n
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