{"id":90105,"date":"2022-03-15T19:03:02","date_gmt":"2022-03-15T10:03:02","guid":{"rendered":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/?p=90105"},"modified":"2022-03-15T19:03:05","modified_gmt":"2022-03-15T10:03:05","slug":"randonnee-temples-sanctuaires-peninsule-kii","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/randonnee-temples-sanctuaires-peninsule-kii\/","title":{"rendered":"Randonn\u00e9e spirituelle dans la cha\u00eene de montagnes de Kii"},"content":{"rendered":"\n

Durant l’Antiquit\u00e9, la p\u00e9ninsule de Kii, au sud d’Osaka et de Kyoto, \u00e9tait connue comme \u00e9tant la terre des dieux, et elle est \u00e0 ce jour toujours consid\u00e9r\u00e9e comme le foyer spirituel du Japon. Cette r\u00e9gion sauvage est en effet, depuis des temps recul\u00e9s, une terre de p\u00e8lerinages et de culte de la nature aux croyances bouddhistes et syncr\u00e9tiques, et fut inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO<\/strong> en 2004. Les chemins de p\u00e8lerinage du Kumano Kodo<\/a> s’y sont d\u00e9velopp\u00e9s au cours des si\u00e8cles, chacun poss\u00e9dant sa propre raison d’\u00eatre et des niveaux de difficult\u00e9 de marche diff\u00e9rents. Un voyage dans les montagnes du Kii m\u00eale histoire, tradition, et culture, offrant une exp\u00e9rience au grand air incomparable<\/strong>. L’itin\u00e9raire relie entre eux d’importants lieux de culte \u00e0 Koya, Kumano et Yoshino, situ\u00e9s les pr\u00e9fectures de Nara et de Wakayama. La majorit\u00e9 de ces randonn\u00e9es et de ces lieux faisaient \u00e0 l’origine partie d\u2019itin\u00e9raires vou\u00e9s au culte de la nature, on y profite donc du grand air, ce qui conviendra \u00e0 merveille \u00e0 ceux qui souhaiteraient voyager sans prendre le risque de se retrouver dans des lieux bond\u00e9s ou dans des espaces clos sans a\u00e9ration.<\/p>\n\n\n\n

\"carte<\/figure><\/div>\n\n\n\n

Qui est Kukai et pourquoi est-il si important ?<\/h2>\n\n\n\n

Kukai<\/strong> (\u00e9galement connu sous le nom de \u00ab\u00a0Kobo Daishi\u00a0\u00bb) a voyag\u00e9 en Chine au d\u00e9but du IXe si\u00e8cle. Apr\u00e8s y avoir \u00e9tudi\u00e9 pendant deux ans, il est revenu au Japon et a fond\u00e9 le courant bouddhiste \u00e9sot\u00e9rique Shingon<\/strong>, dont le centre spirituel se trouve \u00e0 Koyasan<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

\"Une
Une statue de Kukai dans l’enceinte du temple Jison-in.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Les enseignements de Kukai sur le bouddhisme \u00e9sot\u00e9rique Shingon (qui signifie \u00ab\u00a0v\u00e9rit\u00e9 fondamentale\u00a0\u00bb) furent \u00e0 l’origine de l’expansion du bouddhisme au Japon. Ils diff\u00e9raient en deux points essentiels des enseignements du bouddhisme qui avaient jusqu\u2019alors atteint le pays, depuis la Chine et la p\u00e9ninsule cor\u00e9enne, au cours des quelques 300 ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes. Tout d’abord les enseignements de Kukai affirmaient qu\u2019au lieu d’attendre la vie apr\u00e8s la mort pour devenir Bouddha, nous pouvions atteindre l’\u00e9tat de Bouddha ici-m\u00eame, dans notre corps actuel, au travers de la m\u00e9ditation. Ensuite, il soutenait qu’au lieu d’avoir besoin de traducteurs pour examiner les \u00e9critures afin de d\u00e9chiffrer les paroles de Bouddha, nous pouvions aussi pr\u00eater attention au monde naturel \u2014 les animaux, les arbres et les forces telles que le vent \u2014 des messages de l’univers que nous sommes capables d’entendre en les ressentant simplement avec nos sens. Ces concepts ont transform\u00e9 le bouddhisme. D’une pratique r\u00e9serv\u00e9e \u00e0 l’\u00e9lite fortun\u00e9e et \u00e9duqu\u00e9e, il est devenu un syst\u00e8me de croyance qui trouvait un \u00e9cho aupr\u00e8s du peuple.<\/p>\n\n\n\n

Le Choishi Michi<\/h2>\n\n\n\n

Le Choishi Michi<\/strong> (\u753a\u77f3\u9053) est un p\u00e8lerinage de 20 kilom\u00e8tres entre le temple Jison-in et Koyasan<\/strong>, qui repr\u00e9sente environ sept heures de marche et peut \u00eatre accompli en une journ\u00e9e. Le trajet s\u2019effectue enti\u00e8rement en plein air, il passe devant des temples bien a\u00e9r\u00e9s et \u00e0 travers des vall\u00e9es isol\u00e9es. L’automne ou le printemps sont les saisons id\u00e9ales pour se lancer dans ce p\u00e8lerinage.<\/p>\n\n\n\n

\"Groupe
Randonn\u00e9e le long du Choishi Michi \u00e0 Koyasan.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Le Choishi Michi a beau n’\u00eatre ni \u00e9difice, ni une r\u00e9gion, c\u2019est le sentier lui-m\u00eame qui est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. On consid\u00e8re que ce chemin est une sorte de raccourci vers le paradis, ce qui signifie que n\u2019importe quel p\u00e8lerin faisant la route sur le Choishi Michi jusqu’\u00e0 Koyasan verra tous ses p\u00e9ch\u00e9s effac\u00e9s. Koyasan \u00e9tait \u00e0 l\u2019origine r\u00e9serv\u00e9 aux hommes, mais l’interdiction faite aux femmes a \u00e9t\u00e9 abolie en 1872. Les grandes pierres qui balisent le chemin, appel\u00e9es choishi<\/em>, jalonnent le parcours. Un cho<\/em> repr\u00e9sente 109 m\u00e8tres, et le chemin compte 180 choishi<\/em> jusqu’\u00e0 Koyasan, et 36 de plus jusqu’au mausol\u00e9e de Kukai.<\/p>\n\n\n\n

\"Les
Les rochers de Kesakake peuvent offrir la long\u00e9vit\u00e9 aux p\u00e8lerins.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Les rochers de Kesakake<\/strong> (litt\u00e9ralement \u201crochers porte-robe\u201d) sont l’un des temps forts de la randonn\u00e9e. On dit qu’ils indiquent la fronti\u00e8re exacte entre le monde ordinaire et la r\u00e9gion sacr\u00e9e de la montagne. Alors que Kukai gravissait la colline, il s’est repos\u00e9 et a suspendu sa robe au-dessus d’une ouverture en forme de V entre les rochers. On dit que si vous arrivez \u00e0 passer par la petite fente dans les rochers, la long\u00e9vit\u00e9 vous sera garantie \u2014 si vous voulez essayer, enroulez une couverture de pique-nique autour de votre corps et vous pourrez tenter de vous y glisser sans rester coinc\u00e9 ni vous salir.<\/p>\n\n\n\n

Le temple Jison-in<\/h2>\n\n\n\n

En partant de la gare de Kudoyama, le premier arr\u00eat le long du Choishi Michi est le temple Jison-in<\/a> (\u6148\u5c0a\u9662). Puisque, historiquement, seuls les hommes \u00e9taient autoris\u00e9s \u00e0 se rendre \u00e0 Koyasan, le temple Jison-in, situ\u00e9 au d\u00e9but du Choishi Michi, est surnomm\u00e9 \u00ab\u00a0le Koyasan des femmes\u00a0\u00bb<\/strong>. On s’en rend compte imm\u00e9diatement lorsque l’on franchit l’entr\u00e9e du temple et que l’on d\u00e9couvre des centaines d’ema<\/em>, ou tablettes votives de bois, orn\u00e9es d’images stylis\u00e9es de poitrines f\u00e9minines. Aujourd’hui encore, les femmes se rendent dans ce temple afin de prier pour des raisons qui peuvent \u00eatre li\u00e9es \u00e0 l’accouchement ou au cancer du sein. Apr\u00e8s avoir pass\u00e9 l’impressionnante salle de culte, vous tomberez sur un escalier qui monte vers un sanctuaire, et vers le d\u00e9but du Choishi Michi. N’oubliez pas de prendre un carnet de tampons ici, dans lequel vous pourrez faire tamponner dans chacun des temples qui m\u00e8nent \u00e0 Koyasan.<\/p>\n\n\n\n

\"Tablettes
Le temple Jison-in est connu sous le nom de \u00ab\u00a0Nionin-Koya\u00a0\u00bb, le Koyasan des femmes.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Le grand hall sert de lieu de culte, et le hall plus petit abrite une statue de Bouddha r\u00e9alis\u00e9e au IXe si\u00e8cle. Ce Bouddha, un tr\u00e9sor national, n’est montr\u00e9 au public qu’une fois tous les 21 ans<\/strong>, lorsqu’on remplace le toit du b\u00e2timent, ce qui s’est produit pour la derni\u00e8re fois en 2015. Plus loin, vers l’arri\u00e8re du temple, se trouvent deux statues\u00a0: une statue de Kukai dans sa tenue de voyage, le repr\u00e9sentant lors de son p\u00e8lerinage, et la statue d’un chien, Gon, qui, jusqu’\u00e0 son r\u00e9cent d\u00e9c\u00e8s, guidait les gens vers Koyasan le long du sentier.<\/p>\n\n\n\n

Le sanctuaire Niutsuhime-Jinja<\/h2>\n\n\n\n

Le sanctuaire Niutsuhime-Jinja<\/strong> (\u4e39\u751f\u90fd\u6bd4\u58f2\u795e\u793e) se trouve \u00e0 deux heures de marche du temple Jison-in. Ce sanctuaire fait faire un d\u00e9tour par rapport au chemin menant Koyasan, il est situ\u00e9 assez loin, en bas de la colline. Le sanctuaire poss\u00e8de donc un portail au sommet, afin qu’il ne soit pas forc\u00e9ment n\u00e9cessaire de descendre jusqu\u2019\u00e0 lui. Selon la l\u00e9gende, alors que Kukai comptait commencer ses enseignements Shingon, il rencontra un chasseur qui lib\u00e9ra deux de ses chiens, et ceux-ci guid\u00e8rent Kukai jusqu’\u00e0 Koyasan. Le chasseur \u00e9tait l’enfant de Niutsuhime, que Kukai rencontra lorsqu’il arriva au sommet, et qui lui conc\u00e9da la terre pour y \u00e9tablir le centre du bouddhisme \u00e9sot\u00e9rique Shingon. Ce grand complexe de sanctuaires a vu le jour il y a 1700 ans, et consiste en quatre sanctuaires principaux, dont l’un d\u00e9di\u00e9 \u00e0 Niutsuhime, la protectrice de Koyasan.<\/p>\n\n\n\n

\"Un
Le sanctuaire Niutsuhime est la deuxi\u00e8me \u00e9tape du p\u00e8lerinage menant \u00e0 Koyasan.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

On trouve notamment \u00e0 Niutsuhime un pont en forme de demi-cercle. G\u00e9n\u00e9ralement, les ponts ayant cette forme ne sont pas destin\u00e9s \u00e0 \u00eatre travers\u00e9s par les humains, mais seulement par les kami-sama<\/em>, les divinit\u00e9s. Mais dans ce sanctuaire, il est possible de le traverser \u00e0 pied.<\/p>\n\n\n\n

L’arriv\u00e9e \u00e0 Koyasan<\/h2>\n\n\n\n

Autrefois, la porte de Koyasan (\u9ad8\u91ce\u5c71) se dressait quelques centaines de m\u00e8tres plus bas dans la montagne, il s’agissait d’une porte torii de style traditionnel. L’actuel daimon<\/em><\/strong> (\u5927\u9580), reconstruit en 1705, abrite deux magnifiques statues de divinit\u00e9s gardiennes<\/strong>. Quand l’influence du bouddhisme prit de l’importance, la simple porte torii fut transform\u00e9e pour devenir la magnifique structure que l’on peut d\u00e9couvrir de nos jours, mais son but \u00e9tait alors bien diff\u00e9rent \u2014 elle servait \u00e0 entreposer des armes pour prot\u00e9ger les terres contre les envahisseurs.<\/p>\n\n\n\n

\"Porte
Cette porte impressionnante marque l’entr\u00e9e de Koyasan.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Kadohama Gomatofu Sohonpo<\/h2>\n\n\n\n

Les moines n’ayant pas le droit de manger des produits d’origine animale ou des aliments aux saveurs trop prononc\u00e9s, ils mangent quotidiennement une cuisine appel\u00e9e shojin ryori<\/strong>.<\/em> Ce r\u00e9gime \u00e9tant constitu\u00e9 principalement de l\u00e9gumes et de c\u00e9r\u00e9ales comme le riz, les moines manquent de prot\u00e9ines, c\u2019est pourquoi le s\u00e9same est l’un des \u00e9l\u00e9ment de base de leur alimentation. Comme il peut \u00eatre difficile de manger et de dig\u00e9rer une poign\u00e9e de graines de s\u00e9same \u00e0 chaque repas, le tofu au s\u00e9same, fait \u00e0 partir de graines de s\u00e9same moulues, leur permet un apport de prot\u00e9ines suffisant, sans toutefois compromettre leurs id\u00e9aux. Le tofu au s\u00e9same en vente au Kadohama Gomatofu Sohonpo<\/a> (\u89d2\u6ff1\u3054\u307e\u3068\u3046\u3075\u7dcf\u672c\u8217) fait partie des souvenirs que les p\u00e8lerins ram\u00e8nent chez eux depuis l’\u00e8re Meiji.<\/p>\n\n\n\n

\"Assortiment
On dit que le Taizo-Kaiseki en forme de mandala est une repr\u00e9sentation du monde de la mis\u00e9ricorde.<\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n\n

Deux menus kaiseki<\/em> sont particuli\u00e8rement appr\u00e9ci\u00e9s. Le kongo-kaiseki<\/em>, ou mandala de diamant, et le taizo-kaiseki<\/em>, le mandala de la matrice. On dit que le kongo-kaiseki<\/em> repr\u00e9sente le monde de la sagesse, et le taizo-kaiseki<\/em> celui de la mis\u00e9ricorde. Vous pouvez choisir duquel de ces mondes vous pr\u00e9f\u00e9rez b\u00e9n\u00e9ficier (j’ai choisi le taizo-kaiseki<\/em> et c’\u00e9tait d\u00e9licieux !). Bien que le gomatofu<\/em> ne contienne en r\u00e9alit\u00e9 aucun produit \u00e0 base de germe de soja, il a la consistance du tofu habituel \u00e0 base de soja, mais avec un l\u00e9ger go\u00fbt de s\u00e9same.<\/p>\n\n\n\n

Le Danjo Garan<\/h2>\n\n\n\n

L’immense complexe bouddhiste du Danjo Garan<\/strong> (\u58c7\u4e0a\u4f3d\u85cd) est un lieu central o\u00f9 la vision et l’enseignement de Kukai sont encore tr\u00e8s ancr\u00e9s de nos jours \u2014 c\u2019est pourquoi la majorit\u00e9 des c\u00e9r\u00e9monies et rituels bouddhistes y ont lieu. Comme pour la porte d’entr\u00e9e daimon<\/em>, ses b\u00e2timents ont \u00e9t\u00e9 ravag\u00e9s par le feu au fil des si\u00e8cles, principalement en raison de la foudre, et ils furent reconstruits \u00e0 maintes reprises. On trouve une grande porte centrale, reconstruite en 2015, o\u00f9 quatre divinit\u00e9s gardiennes sont ench\u00e2ss\u00e9es, afin de la prot\u00e9ger de garantir sa protection dans les quatre directions. L\u2019endroit en lui-m\u00eame est impressionnant : chaque b\u00e2timent que l’on y d\u00e9couvre est plus grandiose que le pr\u00e9c\u00e9dent.<\/p>\n\n\n\n