{"id":94141,"date":"2024-07-17T10:38:47","date_gmt":"2024-07-17T01:38:47","guid":{"rendered":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/?p=94141"},"modified":"2024-11-15T22:24:45","modified_gmt":"2024-11-15T13:24:45","slug":"kintsugi-renaitre-la-ceramique-avec-de-lor","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/kintsugi-renaitre-la-ceramique-avec-de-lor\/","title":{"rendered":"Kintsugi ou l’art de faire rena\u00eetre la c\u00e9ramique avec de l’or"},"content":{"rendered":"\n
Vous \u00eates-vous d\u00e9j\u00e0 senti au plus bas apr\u00e8s avoir cass\u00e9 votre tasse pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e ? Apr\u00e8s avoir bris\u00e9 un objet pr\u00e9cieux qu’on vous avait offert en cadeau ? Alors cet article pourrait vous int\u00e9resser ! Lors de mon premier voyage au Japon, j’ai eu l’occasion de d\u00e9couvrir l’art du kintsugi <\/em>dont je suis tomb\u00e9e amoureuse. Il s’agit d’un art japonais qui consiste \u00e0 r\u00e9parer la c\u00e9ramique bris\u00e9e avec de la laque et de l’or. <\/strong>Plut\u00f4t que de dissimuler les fissures, on vient ainsi les mettre en avant en utilisant la mati\u00e8re la plus noble qui soit : l’or. Mais au del\u00e0 d’un processus de r\u00e9paration, c’est avant tout un art \u00e0 part enti\u00e8re qui s’inscrit dans une d\u00e9marche durable. D\u00e9couvrons ce savoir-faire hors du commun et sa philosophie.<\/p>\n\n\n Kintsugi <\/em>(\u91d1\u7d99\u304e) est la contraction de \u00ab or \u00bb (\u91d1 kin<\/em>) et de \u00ab jointure \u00bb (\u7d99\u304e tsugi<\/em>).<\/strong> Aussi connu sous le terme de kintsukuroi<\/em> (\u91d1\u7e55\u3044 \u00ab r\u00e9paration \u00e0 l’or \u00bb), ce savoir-faire ancestral est pratiqu\u00e9 depuis plusieurs si\u00e8cles au Japon et s’est progressivement r\u00e9pandu dans le monde.<\/p>\n\n\n\n Les origines du kintsugi <\/em>remonteraient \u00e0 la fin du 15e si\u00e8cle. Le Japon, alors en pleine \u00e9poque de Muromachi (1333\u20131573), n\u2019a encore jamais eu de contact avec les Occidentaux. A l\u2019\u00e9poque, les Japonais sont davantage sp\u00e9cialis\u00e9s dans la technique de l\u2019urushi<\/em> (la laque japonaise) que dans la confection de c\u00e9ramique. Leur savoir-faire sur le sujet venait \u00e0 manquer, et lorsqu\u2019une c\u00e9ramique \u00e9tait bris\u00e9e, les Japonais \u00e9taient dans l\u2019incapacit\u00e9 de la r\u00e9parer. Il leur fallait donc l\u2019envoyer en Chine ou en Cor\u00e9e pour que la r\u00e9paration soit r\u00e9alis\u00e9e par des sp\u00e9cialistes.<\/strong><\/p>\n\n\n\n Il se murmure qu\u2019\u00e0 cette m\u00eame \u00e9poque, le shogun<\/em> Ashikaga Yoshimasa<\/a> brisa par accident sa tasse de th\u00e9 favorite. Celle-ci fut alors envoy\u00e9e en Chine, et lorsqu\u2019elle fut retourn\u00e9e au shogun, celui-ci fut horrifi\u00e9 par son nouvel aspect : les artisans chinois avaient dispos\u00e9 des agrafes m\u00e9talliques tout le long de la fissure. <\/strong>Si celles-ci avaient pour fonction de maintenir chaque partie entre elles, les agrafes n\u2019en \u00e9taient pas moins disgracieuses, donnant \u00e0 la c\u00e9ramique un aspect grossier.<\/p>\n\n\n\n Il ordonna alors \u00e0 ses artisans de trouver une alternative plus esth\u00e9tique. Apr\u00e8s de nombreuses recherches, les artisans locaux mirent en place une technique novatrice par le biais de l\u2019urushi<\/em>. Lorsque les agrafes furent retir\u00e9es et les fissures remplies de laque saupoudr\u00e9e d\u2019or, la c\u00e9ramique bris\u00e9e fut alors sublim\u00e9e et le shogun<\/em> tr\u00e8s satisfait.<\/strong> Cet \u00e9v\u00e8nement marqua le d\u00e9but d’un art nouveau au Japon : le kintsugi <\/em>\u00e9tait n\u00e9.<\/p>\n\n\n\n La technique du kintsugi <\/em>s\u2019est rapidement r\u00e9pandue en Asie jusqu\u2019\u00e0 finalement atteindre l\u2019Occident. S\u2019il s\u2019agissait \u00e0 l\u2019origine d\u2019une simple technique avec pour but premier de r\u00e9parer la c\u00e9ramique bris\u00e9e, c\u2019est aujourd\u2019hui devenu un art \u00e0 part enti\u00e8re visant \u00e0 r\u00e9parer, mais \u00e9galement \u00e0 sublimer la c\u00e9ramique<\/a>. <\/strong>Le kintsugi<\/em> est aujourd\u2019hui un savoir-faire \u00e0 la fois traditionnel et tendance, si bien qu\u2019il n\u2019est pas rare de trouver des ateliers ou expositions sur le sujet dans diverses langues.<\/p>\n\n\n\n Cependant, un ph\u00e9nom\u00e8ne probl\u00e9matique a fait son apparition : le kintsugi<\/em> a un tel succ\u00e8s en Occident que certaines personnes vont m\u00eame jusqu\u2019\u00e0 casser d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment une c\u00e9ramique en bon \u00e9tat afin d\u2019y ajouter de l\u2019or<\/strong> via la technique du kintsug<\/em>i. Or, cet effet de mode va \u00e0 l\u2019encontre m\u00eame du principe du kintsugi <\/em>: r\u00e9parer en sublimant et non pas casser d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment pour rendre plus esth\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n Comment expliquer un tel succ\u00e8s ? Si, en Occident, la beaut\u00e9 est souvent synonyme de sym\u00e9trie et de perfection, le kintsugi<\/em>, lui, est tout l\u2019inverse, puisqu\u2019il met en avant les d\u00e9fauts et imperfections d\u2019un objet avec de l\u2019or. Ainsi, cette exception vient bouleverser les codes de la soci\u00e9t\u00e9 d\u2019hyperconsommation<\/strong> dans laquelle nous vivons, et vient r\u00e9parer un objet plut\u00f4t que le jeter.<\/p>\n\n\n\n Ce ph\u00e9nom\u00e8ne porte un nom au Japon : mottainai <\/em>(\u00ab le g\u00e2chis \u00bb ). Le pays \u00e9tant habitu\u00e9 aux tremblements de terre et autres catastrophes naturelles, les Japonais se retrouvent souvent avec des objets cass\u00e9s.<\/strong> Par le biais du kintsugi<\/em>, ils peuvent ainsi leur redonner une seconde vie tout en limitant la quantit\u00e9 de d\u00e9chets. Il s’agit donc d’un savoir-faire \u00e9cologique et durable.<\/p>\n\n\n\n En plus de bousculer les codes de l\u2019esth\u00e9tisme, le kintsugi <\/em>vise \u00e0 rejeter la qu\u00eate de la perfection. Il est li\u00e9 au bouddhisme zen ainsi qu\u2019\u00e0 une philosophie japonaise : le wabi-sabi<\/a> <\/em>(\u4f98\u3073\u5bc2\u3073). Ce concept est centr\u00e9 sur l\u2019acceptation de l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re et de l\u2019imparfait, tel qu\u2019on pourrait le voir dans le passage du temps et de la nature.<\/strong> Un tr\u00e8s bon exemple serait avec la saison des cerisiers en fleurs. C’est justement parce que l\u2019on sait que les cerisiers sont \u00e9ph\u00e9m\u00e8res qu\u2019ils n\u2019en deviennent que plus beaux. C\u2019est l\u00e0 toute la philosophie du wabi-sabi<\/em>. <\/p>\n\n\n\n Si on nous a r\u00e9p\u00e9t\u00e9 depuis la naissance que les erreurs et les objets cass\u00e9s avaient une port\u00e9e n\u00e9gative, c\u2019est tout le contraire avec le kintsugi<\/em>, o\u00f9 plus l\u2019objet est bris\u00e9, plus beau il deviendra. On vient ainsi lui apporter l\u2019attention qu\u2019il m\u00e9rite et lui offrir une seconde vie. On retrouve notamment cet esprit durable au c\u0153ur d\u2019une expression po\u00e9tique ancienne : mono no aware<\/em> (\u7269\u306e\u54c0\u308c) qui invite \u00e0 ressentir la nostalgie inspir\u00e9e par les objets qui nous entourent. <\/strong>Plut\u00f4t que de dissimuler les craquelures d\u2019un objet et nier son histoire, on vient les sublimer, telles des cicatrices. <\/p>\n\n\n Enfin, la philosophie du kintsugi <\/em>peut \u00eatre appliqu\u00e9e dans notre vie personnelle. M\u00e9taphore de la vie et de la renaissance, le kintsugi <\/em>invite \u00e0 l\u2019acceptation de soi et des al\u00e9as de la vie. Traumas, accidents, blessures physiques et morales font partie du quotidien et doivent \u00eatre accept\u00e9s afin de pouvoir r\u00e9parer les fissures de son c\u0153ur. Une fois admis le fait que la perfection n\u2019existe pas, on peut alors rena\u00eetre en quelque chose d\u2019unique. C\u2019est l\u00e0 toute la philosophie du kintsugi<\/em>. <\/strong><\/p>\n\n\n\n Afin d’en apprendre plus sur le processus du kintsugi<\/em>, j’ai moi-m\u00eame particip\u00e9 \u00e0 un atelier chez Kuge Crafts. En me rendant dans l’atelier situ\u00e9 dans l’arrondissement de Suginami \u00e0 Tokyo, j’ai tr\u00e8s vite rencontr\u00e9 mes sensei<\/em> Yoshiko et son mari Yoshiichiro. <\/p>\n\n\n Ces deux artisans dot\u00e9s d\u2019un talent incroyable sont sp\u00e9cialis\u00e9s dans la technique du kintsugi<\/em> et le pratiquent depuis une quarantaine d\u2019ann\u00e9es. Tous deux sont d\u2019une grande patience et gentillesse et proposent des ateliers de kintsugi<\/em> accessibles \u00e0 tous les niveaux, m\u00eame en anglais.<\/strong> Ainsi, si vous \u00eates grand d\u00e9butant et que vous ne parlez pas japonais, cet atelier est fait pour vous !<\/p>\n\n\n\n Voici les diff\u00e9rentes \u00e9tapes \u00e0 suivre : <\/p>\n\n\n\nD’o\u00f9 vient le kintsugi ?<\/h2>\n\n\n\n
L’histoire du kintsugi<\/h3>\n\n\n\n
L’art du kintsugi aujourd’hui<\/h3>\n\n\n\n
La philosophie de cette technique ancestrale<\/h3>\n\n\n\n
D\u00e9couvrir son processus en participant \u00e0 un atelier<\/h2>\n\n\n\n
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