{"id":97878,"date":"2024-03-15T15:00:00","date_gmt":"2024-03-15T06:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/?p=97878"},"modified":"2024-08-22T09:26:39","modified_gmt":"2024-08-22T00:26:39","slug":"mont-oyama-randonnee","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/voyapon.com\/fr\/mont-oyama-randonnee\/","title":{"rendered":"Randonn\u00e9e sur les pas des p\u00e8lerins de l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo au mont Oyama"},"content":{"rendered":"\n
La silhouette pyramidale du mont Oyama (\u5927\u5c71), qui s’\u00e9l\u00e8ve \u00e0 1252 m\u00e8tres d’altitude<\/strong>, ne passe pas inaper\u00e7ue dans la r\u00e9gion de Kanagawa. La pr\u00e9sence du c\u00e9l\u00e8bre sanctuaire Oyama Afuri et le fait de n’\u00eatre qu’\u00e0 1h30 de Tokyo<\/strong> lui ont donn\u00e9 une place sur ma liste de randonn\u00e9es<\/a> \u00e0 faire depuis un bon moment. J\u2019avais en revanche moins conscience qu’il s’agissait d’une montagne consid\u00e9r\u00e9e comme sacr\u00e9e depuis la p\u00e9riode J\u014dmon (il y a environ 5000 ans) et d’un lieu de p\u00e8lerinage extr\u00eamement populaire durant l’\u00e9poque d’Edo<\/strong>. En raison de la croyance selon laquelle le mont Oyama pouvait faire cesser la pluie, on venait y prier pour des r\u00e9coltes abondantes ou pour la prosp\u00e9rit\u00e9 des affaires.<\/p>\n\n\n\n Aux XVIIIe et XIXe si\u00e8cles \u00ab jusqu’\u00e0 200 000 fid\u00e8les se rendaient chaque ann\u00e9e<\/strong> sur le mont Oyama \u00bb lors d\u2019un p\u00e9riple de quatre jours le long de l\u2019actuelle route nationale 246, depuis Akasaka, nous explique Meguro-san, pr\u00eatre shinto\u00efste dont la famille est \u00e9tablie au sanctuaire Oyama Afuri depuis 250 ans. \u00ab Cela repr\u00e9sentait tout de m\u00eame 1\/5e de la population de la capitale ! \u00bb Les commer\u00e7ants d\u2019Edo formaient des organisations religieuses appel\u00e9es kou<\/em> (\u8b1b) et mettaient en commun leurs ressources pour envoyer, chaque \u00e9t\u00e9, un repr\u00e9sentant de leur organisation au mont Oyama, tradition qui perdure encore \u00e9tonnamment de nos jours, \u00e0 bien plus petite \u00e9chelle. Accompagn\u00e9s du gonnegi<\/em> (pr\u00eatre shinto\u00efste) Meguro-san, nous avons tent\u00e9 de revivre l’exp\u00e9rience que faisaient les p\u00e8lerins durant l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo, pas \u00e0 pas.<\/p>\n\n\n\n Notre ascension commence par le Koma-sando<\/strong>, un chemin en pierre bord\u00e9 de boutiques de souvenirs. On y trouve notamment des oyama koma<\/em>, des toupies d\u2019artisanat traditionnel qui servent de porte-bonheur, ainsi que de petits restaurants servant des sp\u00e9cialit\u00e9s locales comme le tofu<\/strong> fabriqu\u00e9 avec l’eau pure provenant de la cha\u00eene de montagnes Tanzawa. La rue commer\u00e7ante est si pittoresque que je n\u2019ai vraiment pas vu passer la quinzaine de minutes de marche et les 362 marches \u00e0 gravir, encourag\u00e9e par de sympathiques inscriptions telles que \u00ab vous y \u00eates presque ! \u00bb<\/p>\n\n\n\n Deux sentiers s\u2019offrent ensuite \u00e0 vous pour rejoindre d\u2019abord le temple Oyama-dera<\/strong> <\/a>(\u5927\u5c71\u5bfa), puis la partie inf\u00e9rieure du sanctuaire, Oyama<\/strong> Afuri Jinja Shimosha<\/strong><\/a> (\u5927\u5c71\u963f\u592b\u5229\u795e\u793e \u4e0b\u793e). La nuit commen\u00e7ant \u00e0 approcher, nous avons un peu \u00ab trich\u00e9 \u00bb en prenant le funiculaire<\/strong>, une option \u00e9galement bien pratique pour les randonneurs d\u00e9butants, puisqu\u2019il vous fait gagner 700 m\u00e8tres en six minutes. Et s\u2019il faut encore 120 minutes suppl\u00e9mentaires pour grimper jusqu\u2019\u00e0 la partie sup\u00e9rieure du sanctuaire, le fameux Honsha (\u672c\u793e) situ\u00e9 au sommet, la vue panoramique<\/strong> dont on peut profiter ici est d\u2019ores et d\u00e9j\u00e0 superbe, ce qui lui a d\u2019ailleurs valu deux \u00e9toiles au Guide Vert Michelin. Par temps clair, on peut apercevoir le mont Fuji, l’\u00eele d’Enoshima et m\u00eame Tokyo !<\/p>\n\n\n\n Nous avons pu y revivre la tradition initi\u00e9e par le samoura\u00ef Minamoto no Yoritomo durant l\u2019\u00e9poque de Kamakura, lorsqu\u2019il offrit son \u00e9p\u00e9e au sanctuaire, ce qui a conduit de nombreux p\u00e8lerins de l’\u00e9poque d\u2019Edo \u00e0 faire don \u00e0 leur tour de longues \u00e9p\u00e9es en bois appel\u00e9es osamedachi<\/strong><\/em>. La ferveur pour ce petit rituel \u00e9tait si grande que certains n’h\u00e9sitaient pas \u00e0 porter jusqu\u2019ici des \u00e9p\u00e9es en bois de six ou sept m\u00e8tres de long<\/strong> ! <\/p>\n\n\n\n De telles sc\u00e8nes sont d’ailleurs repr\u00e9sent\u00e9es dans des estampes ukiyo-e<\/em> de l’\u00e9poque.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019int\u00e9rieur du sanctuaire, nous avons ensuite chacun formul\u00e9 une pri\u00e8re en silence et pr\u00e9sent\u00e9 notre osamedachi<\/em>, avant d\u2019assister \u00e0 la danse rituelle sacr\u00e9e kagura<\/em><\/a><\/strong> d\u00e9di\u00e9e aux divinit\u00e9s shinto\u00efstes. Dans une atmosph\u00e8re empreinte de spiritualit\u00e9, au rythme des tambours traditionnels et de la douce m\u00e9lodie d’une fl\u00fbte, la jeune pr\u00eatresse ex\u00e9cutait des gestes d’une gr\u00e2ce exceptionnelle. La beaut\u00e9 des accessoires ornant sa coiffure et la fluidit\u00e9 de son costume rouge et blanc \u00e0 manches amples ajoutaient ind\u00e9niablement \u00e0 l’\u00e9l\u00e9gance de chacun de ses mouvements<\/strong>, captivant ainsi mon attention. Je mesure la chance que j’ai eue d\u2019admirer un tel spectacle dans ce sanctuaire dont les origines remonteraient \u00e0 plus de 2200 ans<\/strong>, un moment r\u00e9ellement privil\u00e9gi\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Autre tradition culturelle dont chaque geste est codifi\u00e9, la c\u00e9r\u00e9monie du th\u00e9<\/strong><\/a>,<\/strong> \u00e0 laquelle nous avions particip\u00e9 plus t\u00f4t dans l\u2019apr\u00e8s-midi, \u00e9tait tout aussi int\u00e9ressante \u00e0 observer. C\u2019est la premi\u00e8re fois que j\u2019y assiste en plein air, dans une configuration donc un peu in\u00e9dite, et \u00e9galement simplifi\u00e9e. Apr\u00e8s l\u2019organisation de l\u2019espace et la purification des instruments par notre h\u00f4tesse v\u00eatue d\u2019un magnifique kimono, vient la pr\u00e9paration du th\u00e9 en lui-m\u00eame\u00a0: mesurer la quantit\u00e9 appropri\u00e9e de poudre matcha, y verser l\u2019eau chaude, et battre vigoureusement ce m\u00e9lange \u00e0 l\u2019aide d\u2019un fouet en bambou jusqu\u2019\u00e0 l\u2019obtention d\u2019une d\u00e9licate mousse d’un vert vif et intense<\/strong>. D\u2019une l\u00e9g\u00e8re inclinaison de la t\u00eate, nous recevons avec gratitude le fruit de ce rituel extr\u00eamement pr\u00e9cis entre nos deux mains, contemplant le bol avec une admiration silencieuse. Bien plus qu’il s’agisse d’une simple d\u00e9gustation de th\u00e9, la c\u00e9r\u00e9monie est une exp\u00e9rience esth\u00e9tique et spirituelle visant l\u2019appr\u00e9ciation de la beaut\u00e9 simple<\/strong> et la paix int\u00e9rieure.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 quelques pas de l\u00e0, dans ce cadre exceptionnel, en pleine nature<\/strong>, une vaste sc\u00e8ne en bois, baign\u00e9e par la douce lumi\u00e8re du soleil, est pr\u00eate \u00e0 accueillir une repr\u00e9sentation mettant en sc\u00e8ne deux genres de th\u00e9\u00e2tre traditionnel japonais : n\u00f4 et ky\u014dgen<\/em><\/strong>. Le premier, un th\u00e9\u00e2tre dramatique li\u00e9 \u00e0 la tradition religieuse, explore des sujets s\u00e9rieux et spirituels avec des personnages tels que des dieux, des fant\u00f4mes et des guerriers. Le second, le ky\u014dgen<\/em>, m’\u00e9tait moins familier, mais je suis agr\u00e9ablement surprise de d\u00e9couvrir un th\u00e9\u00e2tre comique d\u00e9peignant des situations cocasses de la vie quotidienne. Gr\u00e2ce \u00e0 Meguro-san, nous connaissions au pr\u00e9alable le synopsis des deux pi\u00e8ces, et \u00e0 travers les mouvements des acteurs il est en fait ais\u00e9 de saisir l\u2019histoire. Mais pouvoir ensuite passer c\u00f4t\u00e9 coulisses<\/strong> \u00e9tait une exp\u00e9rience plus m\u00e9morable encore. L’occasion d’avoir des explications sur les accessoires et les somptueux costumes <\/strong>utilis\u00e9s durant la repr\u00e9sentation, et surtout de monter sur sc\u00e8ne pour s\u2019essayer \u00e0 la technique d\u00e9licate du d\u00e9placement de base du n\u00f4 : le suriashi, <\/em>qui consiste \u00e0 marcher sans bouger le haut du corps ni soulever compl\u00e8tement les pieds du sol. Ajoutez \u00e0 cela le masque de n\u00f4 qui vous obstrue la vue, et vous comprendrez que ce n\u2019est vraiment pas une chose facile ! L\u2019un des acteurs n\u2019avait que 6 ans. Il nous apprend que son p\u00e8re, son oncle, et m\u00eame son petit fr\u00e8re de 4 ans sont \u00e9galement acteurs de n\u00f4 !<\/p>\n\n\n\n Pour conclure la soir\u00e9e en beaut\u00e9, nous avons eu la chance de pouvoir d\u00e9ambuler dans l\u2019une des rues du village reproduisant, sp\u00e9cialement pour l\u2019occasion, les activit\u00e9s nocturnes de l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo<\/strong>. Au programme : d\u00e9gustation de sak\u00e9<\/strong>, spectacle de geishas<\/strong> \u2013 avec qui nous avons eu l’opportunit\u00e9 d’\u00e9changer, elles \u00e9taient toutes les trois charmantes \u2013 et jeux traditionnels japonais<\/strong>, dont une d\u00e9monstration d\u2019habilet\u00e9 avec diff\u00e9rentes toupies d\u2019Oyama koma<\/em>. De mon c\u00f4t\u00e9, j’ai lamentablement \u00e9chou\u00e9. Heureusement, j’ai pu me rattraper avec le ch\u014d-han<\/em>, un jeu de hasard o\u00f9 il faut parier sur le total des points obtenus lors du lancer des deux d\u00e9s : les joueurs choisissent ch\u014d<\/em> pour pair ou han<\/em> pour impair. La chance du d\u00e9butant, s\u00fbrement ! <\/p>\n\n\n\n Quoiqu\u2019il en soit, cette soir\u00e9e ponctu\u00e9e de rencontres chaleureuses, de d\u00e9monstrations artistiques et de jeux traditionnels fut une merveilleuse immersion pleine de charme dans l’histoire et la culture japonaises<\/strong>.<\/p>\n\n\n\n Un p\u00e8lerinage au Japon n\u2019en serait pas vraiment un sans au moins une nuit pass\u00e9e dans un shukubo<\/em>, l’h\u00e9bergement traditionnel au sein d’un temple<\/strong><\/a>. Nombre de ces petites auberges qui recevaient traditionnellement les p\u00e8lerins \u00e0 Oyama sont encore en activit\u00e9, accueillant d\u00e9sormais \u00e9galement des touristes. Celui dans lequel j\u2019ai s\u00e9journ\u00e9, Tsutao, \u00e9tait assez simple, mais mon h\u00f4tesse m\u2019avait pr\u00e9par\u00e9 un petit-d\u00e9jeuner gargantuesque, et m\u00eame montr\u00e9 comment transformer le lait de soja en tofu chez soi (un indice : la \u00ab formule magique \u00bb repose sur quelques centilitres de nigari<\/em>).<\/p>\n\n\n\n Enfin, si vous souhaitez profiter au maximum de la vue panoramique qu\u2019offre le sanctuaire Oyama Afuri, je ne peux que vous recommander la maison de th\u00e9 Saryo Sekison (\u8336\u5bee \u77f3\u5c0a) et sa terrasse \u00ab dans le ciel \u00bb<\/strong>. Le menu du d\u00eener que j\u2019ai d\u00e9gust\u00e9 n\u2019est pas repr\u00e9sentatif de la carte habituelle, puisque le restaurant \u00e9tait exceptionnellement ouvert en soir\u00e9e ce jour-l\u00e0, mais l\u2019endroit est tr\u00e8s agr\u00e9able et la vue reste la m\u00eame : \u00e0 couper le souffle.<\/p>\n\n\n\n Et pour finir, ne passez pas non plus \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du temple Oyama-dera<\/strong>, accessible via la station interm\u00e9diaire du funiculaire d\u2019Oyama, ou \u00e0 pied. Il est c\u00e9l\u00e8bre pour son magnifique feuillage d’automne<\/strong>, illumin\u00e9 la nuit de mi-novembre \u00e0 fin novembre. J\u2019y ai assist\u00e9 t\u00f4t le matin \u00e0 une c\u00e9r\u00e9monie de gomadaki,<\/em> rite du feu<\/strong> o\u00f9 l\u2019on offre ses pri\u00e8res aux flammes, au rythme des tambours et des sutras r\u00e9cit\u00e9s par les moines. Mais ce temple a bien plus \u00e0 offrir, notamment de rares \u0153uvres (statues et gravures), un stupa dont il faut faire trois fois le tour pour attirer la bonne fortune, ainsi que la coutume assez divertissante du kawarake-nage<\/em>. Il s\u2019agit de lancer une petite assiette en terre en essayant de la faire passer \u00e0 travers le \u00ab cercle de la chance \u00bb situ\u00e9 en contrebas. Pourquoi ne pas tenter pour s\u2019attirer un petit coup de pouce suppl\u00e9mentaire du destin ?<\/p>\n\n\n\n Depuis Tokyo: Le funiculaire ne dessert que 3 gares : \u00ab Oyama-Cable \u00bb \u2192 \u00ab Oyama-dera \u00bb (pour le temple) \u2192 \u00ab Afuri-Jinja \u00bb (pour la partie inf\u00e9rieure du sanctuaire.) Il fonctionne de 9h \u00e0 16h30 en semaine et jusqu\u2019\u00e0 17h le week-end et les jours f\u00e9ri\u00e9s, avec un d\u00e9part toutes les 20 minutes.<\/figure>\n\n\n\n
Revivre une exp\u00e9rience similaire \u00e0 celle des p\u00e8lerins de l\u2019\u00e9poque d\u2019Edo<\/h2>\n\n\n\n
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Des repr\u00e9sentations empreintes de tradition et spiritualit\u00e9<\/h2>\n\n\n\n
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Poursuivre son exp\u00e9rience au mont Oyama<\/h2>\n\n\n\n
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Comment se rendre au mont Oyama?<\/h2>\n\n\n\n
Prendre un train express de la ligne Odakyu depuis la gare de Shinjuku jusqu\u2019\u00e0 la gare d\u2019Isehara \u4f0a \u52e2\u539f\u99c5 (une heure).<\/p>\n\n\n\n
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de l’office de tourisme d’Isehara<\/a>.<\/p>\n\n\n\n