En partenariat avec la ville de Murakami
La ville de Murakami dans la préfecture de Niigata était une cité prospère sous l’ère Edo (1603-1868). Elle possédait alors son propre château, qui n’a pas survécu jusqu’à nos jours, et est toujours la ville d’une culture raffinée et de quartiers préservés. Si elle n’est plus une ville majeure de l’archipel, Murakami reste donc une ville au fort héritage artistique et culturel, qui s’apprécie tranquillement.
À ce titre, Murakami est vraiment une destination hors des sentiers battus, où peu de touristes étrangers s’aventurent. La meilleure saison pour la découvrir reste l’automne, notamment au moment du festival annuel des paravents, de mi-octobre à mi-novembre, quand ces reliques des temps glorieux de Murakami sont exposés à travers les boutiques du centre historique.
Plongée dans le passé samouraï
Les samouraïs, la classe supérieure du Japon féodal, vivaient en général près du château de leur seigneur. Plusieurs des anciennes résidences samouraï de Murakami sont désormais ouvertes au public et permettent de se projeter dans ce passé. Les armures et les paravents de Murakami exposés pendant le festival vaillent en eux-même le détour.
Nous avons été suffisamment chanceux le jour de notre visite pour avoir une visite guidée de la part d’un jardinier, qui a partagé avec nous l’histoire de Murakami. Il nous a expliqué que l’une des maisons du quartier avait appartenu à Masako, la femme de l’actuel Prince héritier Naruhito, de la maison impériale.
Nous étions presque gêné de déranger le jardinier si longtemps, mais celui-ci a encore insisté pour nous raconter d’autres épisodes de l’histoire locale. Et il nous a même reconduit ensuite au centre-ville ! Incomparable hospitalité japonaise.
Murs noirs et portes brillantes
La zone encore plus éloignée de l’ancien château était celle des chonin, des citoyens ordinaires travaillant pour les samouraïs. Les chonin s’occupaient souvent de commerce et d’artisanat. Ce qui explique que le quartier était plutôt un secteur commercial. Il garde encore cette fonction aujourd’hui.
La partie la plus élevée de la ville abrite un ensemble de bâtiments religieux, qui sont reliés par un dense réseau de petites rues et d’allées.
Bien que le bâtiment du restaurant Shintaku, que nous décrivions ici, soit plutôt récent, le reste du quartier date bien de l’ère Edo. Et des objets témoignant de cette époque sont exposés dans l’établissement, notamment des paravents de Murakami pendant le festival automnal qui leur est dédié.
Les paravents, notamment, servaient de cloisons pour aménager des espaces privés au sein d’une même salle du restaurant. Leurs dimensions étaient alors uniformes pour tenir parfaitement dans les pièces au sol couvert de tatami, eux-aussi standardisés.
Les paravents dans les boutiques
Le quartier commerçant est situé le long d’une grande rue d’Omachi, qui traverse la ville du nord au sud. Nous nous sommes arrêtés à Kikkawa pour découvrir l’artisanat traditionnel en vente dans la boutique.
Kosugi Shikki est une autre boutique à ne pas manquer. Ce lieu unique, autrefois une boutique de meubles fréquentée par les seigneurs locaux, est spécialisé dans les luxueux objets de laque. Pendant le festival des paravents de Murakami, plusieurs sont à découvrir dans la boutique.
Cela fait 14 générations que la boutique est tenu par la même famille ! Les propriétaires actuels nous ont gentiment présenté leurs production, en même temps que les matières premières et les paravents exposés. Ceux-ci étaient souvent utilisés comme support pour montrer et protéger les peintures et d’autres œuvres d’art.
Les plus grands paravents y étaient utilisés pour séparer les pièces, là où les plus petits servaient à offrir un peu d’intimité aux propriétaires. Ceux de taille moyenne étaient souvent à l’extérieur de la maison pour empêcher les passants d’observer ce qui se passait à l’intérieur, et pour d’autres usages purement décoratifs.
Après toutes ces découvertes, un goûter se faisait attendre ! Nous nous sommes donc arrêtés à Fujimien pour prendre le thé.
Le thé au milieu des paravents de Murakami
Fujimien est l’endroit où déguster les nombreuses sortes de thés produits localement. Et la glace au thé est la signature du commerce, étant leur produit le plus populaire – sincèrement aussi bon que le nom le laisse entendre ! La boutique possède une ambiance traditionnel avec une pièce réservé au thé, où se trouve un foyer pour chauffer l’eau dans une bouilloire suspendue et de nombreux paravents de Murakami. La pièce donne sur un beau jardin.
Après cette pause, nous nous sommes dirigés vers une autre rue commerçante, nommée Ogunimachi, et où se trouve Kokonoe-en. Une boutique sans prétention vu de l’extérieur, mais où se cache un véritable trésor !
Le propriétaire nous a accueilli d’un fier sourire, avant de résumer la longue histoire de son enseigne, qui a notamment servie d’auberge dans le passé. Elle possède aujourd’hui une impressionnante collection de poteries, d’objets tsuishi, de calligraphies, et bien plus encore.
Et bien sûr, de très nombreux paravents de Murakami, tous magnifiques !
Une série de douze peintures représentants des tigres fait aussi partie de l’exposition. Un trésor reçu comme cadeau de la part d’un peintre célèbre qui s’était arrêté pour la nuit. Le tigre étant un animal exotique et longtemps inconnu des japonais, ceux des peintures ne sont pas si ressemblants, représentés comme de grands chatons joueurs ! L’ensemble avait les bonnes dimensions pour également être intégré à des paravents de Murakami.
Toutes les bonnes choses ont une fin, c’est invariable, mais nous avons quand même pris le temps de nous arrêter à Kikkawa une fois de plus avant d’attraper le train du retour. La boutique de saumon vieille de 200 ans expose également une collection importante de paravent de Murakami pendant le festival !
Traduit par : Julien