Article réalisé en partenariat avec la ville de Semboku.
J’ai un petit secret à vous confier. Lorsque mon fils était petit, nous lui avons acheté un ensemble de petits trains Tomy Plarail en provenance du Japon. Il était trop petit pour le construire tout seul, alors j’ai assemblé la piste pour lui et je l’ai laissé faire rouler les trains dessus. Mon secret c’est que j’ai probablement apprécié son cadeau plus que lui, et à chaque fois que nous voyagions au Japon j’en profitais pour ramener quelques pièces supplémentaires et concevoir des circuits plus élaborés.
Les trains passionnent des gens du monde entier, ce n’est un secret pour personne, et le Japon est une sorte de paradis pour tous les amoureux de trains. Il y existe tellement de variations autour de ce mode de transport : rapide ou lent, ancien ou moderne. On trouve même ce qu’on appelle des ekiben, un type de bento spécifiquement conçu pour les trains et qui se décline sous de nombreuses formes.
Lors de mon récent voyage dans la ville de Semboku, dans la préfecture d’Akita, j’ai eu la chance de monter à bord de deux trains emblématiques, tous deux très différents et uniques en leur genre.
Komachi Shinkansen, plus rapide que la vitesse… du riz ?
Avec son décor rouge vif et son profil élégant, on aurait pu appeler ce train « Crimson Lightning », mais il fut nommé Komachi, d’après le nom d’une célèbre poétesse d’Akita ; un nom que partage également une célèbre marque de riz de la préfecture. Bien que ni la poésie ni le riz n’évoquent une sensation de vitesse, le Komachi peut atteindre 320 km/h, ce qui ramène le trajet de Tokyo à un voyage d’à peine 3 heures.
Cela dit, la ligne de Shinkansen d’Akita a été construite à partir de voies standard qui traversent parfois les routes et comprennent quelques passages piétons, comme toutes les lignes classiques. Pour des raisons de sécurité, la vitesse du train, entre la gare de Morioka à Iwate et la ville d’Akita, est limitée à 130 km/h. Mais c’est un mal pour un bien car ces vitesses légèrement inférieures permettent de profiter davantage des paysages à couper le souffle de la préfecture d’Akita.
Entre Tokyo et Morioka, beaucoup des trains Komachi sont couplés à des trains Hayabusa, tout aussi modernes et élégants. A partir de Morioka, les trains sont dissociés, les sept wagons du Komachi se dirigeant vers Akita et les dix wagons turquoise du Hayabusa partent vers Hokkaïdo.
Beaucoup d’espace pour étendre les jambes, des sièges inclinables et une prise électrique personnelle… Les trois heures de voyages pour Semboku à bord du Komachi sont confortables pour les voyageurs.
Akita Nairiku, un train nostalgique au cœur de paysages magnifiques
Si vous voyagez à bord du Komachi Shinkansen et que vous descendez à la gare de Kakunodate dans la préfecture d’Akita, vous pourrez monter à bord d’un train de la ligne Akita Nairiku où vous pourriez vivre un choc culturel ferroviaire. Les trains de la ligne de Nairiku sont composés d’un ou deux wagons, qui circulent généralement sur une seule voie serpentant dans le satoyama d’Akita, une zone située entre les contreforts des montagnes et les abondantes terres agricoles où l’on cultive le riz. Sur la route vers son terminus, Takanosu, le train traverse, selon les saisons, des rivières sauvages, des rizières sans fin et des forêts qui prennent des couleurs spectaculaires durant l’automne.
Photo pourvue par le conseil de promotion de la ruralité de la ville de Semboku
Photo pourvue par le conseil de promotion de la ruralité de la ville de Semboku
Photo pourvue par le conseil de promotion de la ruralité de la ville de Semboku
J’ai pris le train en hiver. Le Nairiku traversait d’immenses plaines enneigées parsemées de montagnes couvertes de neige. Le ciel était dégagé et le contraste entre le bleu du ciel et le blanc de la neige nous a captivé, moi et les touristes taïwanais avec qui je partageais le train.
Le train dans lequel je me trouvais s’appelait le « train des chiens », en référence aux chiens de la race Akita qui avaient été choisis comme thème principal de décoration. Des images de chiots Akita recouvrent les murs du train et même le revêtement en tissu des sièges était orné de motifs de chiens (accompagnés parfois d’un ours, ne me demandez pas pourquoi).
La compagnie de train surnomme la ligne Nairiku le « rail du sourire » et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. L’expérience prise dans son ensemble, de l’ambiance vintage et nostalgique du train aux adorables décorations de chiots, en passant par les vues à couper le souffle sur l’extérieur, fait naître inévitablement un sourire sur le visage des passagers.
La majorité de la ligne fonctionne sur une seule voie ferrée, ce qui force parfois le train à s’arrêter dans une gare pour laisser un autre train passer dans la direction opposée. Cette attente fait tout simplement partie du charme du voyage, où le trajet en soi est la destination.
Bien que la ligne Nairiku parcoure plus de 90 kilomètres, je suis descendu après quelques stations pour aller faire le tour du lac Tazawa. A l’arrêt où je suis descendu, quelqu’un avait sculpté une version locale de la statue de Hachiko dans la neige fraiche. Une raison de plus de sourire sur le « rail du sourire ».
Se rendre à la ligne de Nairiku
Si vous vous rendez à la ligne de Nairiku en Shinkansen, vous aurez l’opportunité de vivre deux expériences en une en montant à bord de ces deux trains uniques. Le trajet à bord du Komachi Shinkansen de Tokyo à Kakunodate dure un peu plus de trois heures. Si vous avez un JR pass vous pourrez l’utiliser sur cette partie du voyage qui est la plus onéreuse.
A la gare de Kakunodate vous pourrez tout simplement transiter sur la ligne Nairiku qui compte un nombre limité de trains, il n’y en a parfois qu’un par heure. Le trajet entre Kakunodate et le terminus Takanosu comporte de nombreux arrêts. Selon les saisons vous aurez peut-être envie de descendre du train pour faire un peu de tourisme. Outre les magnifiques paysages couverts de neige en hiver, il est possible d’admirer les célèbres cerisiers en fleur de Kakunodate au printemps, les rizières en été et les montagnes arborant des couleurs de feu durant l’automne.
Article original écrit par Todd Fong
Traduction par Joachim Ducos