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Un pont entre l’Orient et l’Occident à Akita : l’œuvre de Léonard Foujita

Akita Article partenaire Culture En vedette Musées et galeries

La préfecture d’Akita, dans le nord de l’île principale du Japon, est bien connue pour ses paysages enneigés, ses sources thermales et son saké cristallin, grâce à ses abondantes ressources en eau pure. Akita est également un haut lieu de la gastronomie, avec des plats comme le kiritanpo, considéré comme un classique régional. L’art occupe une place centrale dans cette préfecture, qui abrite plusieurs musées et galeries d’envergure. On y retrouve notamment Léonard Foujita (né Fujita Tsuguharu), un des artistes japonais les plus importants du XXe siècle, dont plusieurs œuvres sont conservées dans la collection de Masakichi Hirano au Musée d’Art d’Akita.

Le musée d'art d'Akita

La vie de Foujita ne manque pas d’aventures. Né à Tokyo en 1886, il rejoint Paris en 1913 pour vivre les Années Folles en compagnie des artistes Picasso, Modigliani et Diego Rivera. Avec son apparence insolite, caractérisée par une moustache rigide et pointue, des lunettes rondes et un style vestimentaire à la fois flamboyant et soigné, il devient mondain, artiste, bon vivant et séducteur (il s’est marié cinq fois). S’il a séjourné longtemps en France, il a passé aussi une bonne partie de sa vie à voyager à travers le monde, notamment au Mexique, aux États-Unis, en Amérique du Sud et à Londres.

L'artiste japonais Foujita

Vers la fin de sa vie, il se convertit au catholicisme, et ses tableaux prennent des nuances plus religieuses. Tout comme son compatriote, le romancier Shusaku Endo, Foujita s’engage pour la foi catholique et finit même par décorer la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims, dont les fresques seront ses dernières œuvres avant sa mort, en 1968.

Grâce à sa fusion de styles de peinture occidentale et japonaise, Foujita fait effectivement le pont artistique et esthétique entre deux cultures. C’est au Japon qu’il crée un de ses tableaux les plus ambitieux, la fresque monumentale Les Événements d’Akita (Akita no Gyōji), en 1937. Le Musée d’Art d’Akita, une structure de béton imposante, conçue par l’architecte renommé Tadao Ando, met en valeur cette fresque comme son chef-d’œuvre emblématique, tant elle représente l’identité culturelle de la région.

La grandeur même du tableau attire d’emblée l’attention des spectateurs. Avec 3,65 mètres de haut et 20,5 mètres de long, il figure parmi les tableaux les plus importants de Foujita. Sa vaste surface lui permet de construire un généreux panorama de la vie à Akita, traversant les saisons en toute fluidité, capturant le rythme de la nature au cours d’une année dans la préfecture japonaise.

En été, le récit visuel commence avec une explosion d’énergie animant les festivals d’Akita, en particulier le festival Kanto. Les hommes tiennent en équilibre sur leur corps de magnifiques assemblages de lanternes, dans une tradition de prouesses et de spectacles propres à la ville d’Akita. Le cycle s’achève avec les paysages enneigés de l’hiver, où l’on voit des enfants jouant dans la neige, des paysans se couvrant pour se protéger du froid, des scènes de mœurs hivernales qui évoquent à la fois la rudesse et la joie de vivre.

Du point de vue stylistique, Les Événements d’Akita illustre parfaitement la fusion entre l’Occident et l’Orient, propre à Foujita. La puissance de son trait, son attention aux motifs saisonniers et son attachement aux détails locaux témoignent d’une sensibilité japonaise inhérente. Parallèlement, la composition révèle sa formation européenne : structure inspirée de la Renaissance, construction de la perspective et échelle monumentale. L’utilisation de teintes terreuses et de blancs lumineux, caractéristiques de son style, ajoute une harmonie solennelle, qui crée un équilibre entre l’intimité du sujet et une certaine majesté occidentale.

Plus qu’une réussite technique, cette œuvre porte une signification culturelle et personnelle. Après avoir passé une grande partie de sa carrière à Paris, Foujita souhaitait, dans les années 1930, renouer avec le Japon. En célébrant les traditions d’Akita, il rendait non seulement hommage à la vie régionale, mais répondait également à l’intérêt croissant pour la culture locale, très en vogue à cette époque. Aujourd’hui, cette fresque est considérée comme un chef-d’œuvre de l’art japonais contemporain, un mariage subtil entre la technique occidentale et les thèmes japonais, ainsi qu’un hommage passionné à l’âme intemporelle d’Akita.

Le musée d'art d'Akita qui met en valeur Foujita

Foujita est devenu une icône au Japon et à l’étranger, où ses œuvres font l’objet d’expositions majeures dans le monde entier. Le film Foujita, sorti en 2015 avec en vedette la star japonaise Joe Odagiri, a connu un succès national et international qui perpétue encore aujourd’hui l’influence de l’artiste. Le lien intrinsèque entre Foujita et Akita se prolonge jusqu’au 21e siècle, ses œuvres étant imprégnées d’une vigueur et d’une vitalité contemporaines.

Les activités saisonnières représentées sur la fresque légendaire de Foujita perdurent dans la préfecture d’Akita, une région du Japon qui accorde beaucoup d’importance aux traditions et à la mémoire. On peut admirer et apprécier le peuple, l’histoire et la fierté d’Akita dans Les Événements d’Akita, mais aussi dans les rues et les villages de cette préfecture parmi les plus méconnues du Japon.

  • Akita Museum of Art


    tourist attraction
  • 1 Chome-4-2 Nakadori, Akita, 010-0001, Japan
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Article sponsorisé par Akita.

Traduit de l’anglais par Cherise Fong.