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Au large de la ville de Niigata (新潟市), l’île de Sado (佐渡) s’étire en forme de papillon sur mer du Japon. Longtemps terre d’exil d’intellectuels, Sado est aujourd’hui réputée pour la vivacité de ses arts traditionnels, tant en matière d’artisanat que de spectacle vivant. Tirant tous les bénéfices de l’eau de sa mer, de ses lacs et de ses rivières, les activités agricoles de l’île de Sado prospèrent dans le respect de l’environnement : riziculture, maraîchage, pêche et ostréiculture. Son organisation sociale, mélange de cultures artisanales et agricoles, fait de Sado une reproduction miniature du Japon. Cap sur Sado, le Japon traditionnel à l’état brut.

Challenged Tateno, la communauté agricole de Tateno (立野)

Sur Sado, l’eau est une bénédiction. Les lacs sont connectés par un réseau de rivières qui les relie à la mer du Japon. 

Organisation à but non-lucratif, la ferme agricole Challenged Tateno (チャレンジド立野) participe à la revitalisation de la communauté locale. Ce centre de formation est engagé pour l’emploi et la réinsertion des personnes en situation de handicap et des personnes âgées. La ferme travaille sans pesticides ni produits chimiques, et fournit des produits en grande partie bio.

Daikon, radis blancs, séchant dans une ferme japonaise de Sado
Daikon, radis blancs, séchant à la ferme agricole Challenged Tateno

Les vergers, potagers, rizières et plantations de thé font de Tateno un eldorado de l’agriculture. Les toki (ibis nippon) ne s’y sont pas trompés, nombreux à survoler le secteur. À l’horizon s’élève le mont Kinpoku (金北山), sommet le plus élevé de Sado (1172 m).

Alors que les vergers et potagers abondent en fruits et légumes, les rizières produisent le riz Koshihikari (コシヒカリ米), plusieurs fois récompensé par la Japan Grain Inspection Association, une certification attestant de sa grande qualité. La ferme fabrique aussi les biscotti, des biscuits craquants à base de farine de riz Koshihikari. Aromatisés au chocolat, à la fraise, au soja ou à la patate douce, ils se dégustent avec du thé, du café ou du yaourt. La visite de la plantation de thé permet de découvrir des arbres à thé alignés et taillés bas, qui poussent en 40 à 70 ans. Récoltés 2 fois par an à raison de 600 kg chaque année, ces plants donnent le Sado bancha, un thé vert populaire au Japon, légèrement acidulé.

Biscotti de Challenged Tateno à Sado
Biscotti de la ferme agricole Challenged Tateno

La ferme présente ses produits dans des emballages « eco-friendly », parfois dans de jolis sachets faits à la main à partir de papier journal recyclé.

Les huîtres de la ferme ostréicole Akitsu Maru (あきつ丸) à Akitsu

La ferme ostréicole Akitsu Maru se situe à Akitsu 秋津 (Non loin du terminal des bateaux à vapeur de Ryotsu Sado Kisen), au bord du lac Kamo, riche en nutriments et relié à la mer. Le mélange d’eau douce et d’eau salée donne aux huîtres qui y sont produites toutes leurs saveurs.

Cageot d'huîtres Akitsu-Maru
Cageot d’huîtres Akitsu-Maru
Installations ostréicoles sur un lac de l'île de Sado
Installations ostréicoles sur le lac Kamo

Les huîtres sont accrochées le long de cordes installées sur des radeaux de bois au milieu du lac. Les ostréiculteurs y accèdent en barge pour les récolter de novembre à mai. Les cordes sont alors hissées à bord à l’aide de filets et d’une machine qui sépare les huîtres du cordage. Une corde permet de remplir un cageot d’huîtres.

Cageots d'huîtres japonaises à Sado
Cageots d’huîtres sur le ponton de la ferme ostréicole Akitsu Maru

Ces huîtres sont réputées pour leur taille, surtout en janvier, et pour leur teneur élevée en nutriments, qui leur vaut l’appellation de « lait de la mer ». La cabane ostréicole propose la dégustation d’huîtres fraîches sur place. Elles sont cuisinées en soupe miso, en onigiri ou en marinade de gingembre.

Repas aux huîtres de Sado
Soupe miso aux huîtres, onigiri aux huîtres et huîtres marinées au gingembre
à la ferme ostréicole Akitsu Maru

Les waraji (わらじ), sandales japonaises en paille de riz

Rien ne se perd, tout se transforme. Après la récolte du riz, on fait sécher la paille. Cette paille est utilisée pour nourrir le bétail, et pour la fabrication des waraji, des sandales japonaises traditionnelles faites de cordes de paille de riz tressées. Une fois séchée, la paille est assouplie, et peut être tressée par frottement entre les paumes.

Les waraji se lacent autour de la cheville à l’aide d’une lanière. Appréciées pour leur souplesse et leur adhérence, elles étaient utilisées pour marcher dans les rizières et les montagnes. C’était à l’origine les chaussures des classes populaires, aussi portées par les moines bouddhistes et les samouraïs en chemin. Elles sont aujourd’hui essentiellement portées par les danseurs lors des matsuri.

Botte de paille de riz
Botte de paille de riz

Le nombre de fabricants a décliné, et la fabrication de waraji est devenue une activité confidentielle. Mais l’entreprise Sadoya Nippon (さどやニッポン) perpétue encore la tradition de nos jours.

chaussures traditionnelles japonaises en paille de riz
Chaussures traditionnelles Waraji

Parmi les autres artisanats d’art traditionnels de Sado, citons le mumyoiyaki (céramique à base d’argile rouge), le moulage à la cire perdue, et l’artisanat de bambou.

Ondeko ou oni-daiko, le tambour du démon et la danse du dragon

L’ondeko, appellation locale de l’oni-daiko, la danse du tambour et du diable, est un spectacle traditionnel typiquement local, quintessence des arts du spectacle de l’île de Sado et de la région de Niigata. Le tambour, taiko (太鼓), est joué lors des matsuri et cérémonies. Son rythme régulier, les chorégraphies et danses du dragon qui l’accompagnent font office de prières pour les moissons et pour tenir à distance les démons.

Ondeko avec danse du lion sur l'île de Sado
Ondeko avec danse du lion

On distingue 5 types de danses ondeko (鬼太鼓) : le Katagami (潟上, un démon homme et un démon femme dansant à tour de rôle, certains villages y incorporant également la danse du lion), le Hanagasa (花笠, qui met en scène des arrangements floraux), le Issoku (一足, danse sur un pied), le Maehama (前浜, deux démons dansant au son du tambour), et le Mamemaki (豆まき, des hommes dispersant des haricots). Chaque troupe villageoise choisit un style de chorégraphie, et y apporte ses arrangements spécifiques. Le Hanagasa odori, danse Hanagasa (花笠踊り), qui sert de prière pour les récoltes, a été désigné « patrimoine culturel populaire immatériel ».

Chacun des quelque 120 villages de Sado a sa propre troupe de danse. La tradition se transmet de génération en génération depuis près de 5 siècles. Les performances sont très expressives : le démon se déplace au rythme du tambour, donnant de brusques coups de tête, tandis que le dragon ondule et fait claquer ses mâchoires. Fascinant !

Au cours de l’année, l’ondeko est pratiqué au Niibo Budōkan (新穂武道館), initialement dévolu à la pratique des arts martiaux.

Salle de spectacle sur l'île de Sado
Niibo Budōkan

Les nômen, masques de marionnettes du théâtre nô

Parmi les traditions ancestrales de Sado, les habitants s’adonnent au théâtre de marionnettes, joué avec des nômen (能面). Ces masques de poupées représentant des personnages s’animent autour de récits épiques, historiques ou fantastiques. Leurs expressions portent toute la dramaturgie des personnages. Le théâtre de marionnettes est joué depuis le 17e siècle, lors des festivals et des foires de temples. L’île pratique trois types de théâtre de marionnettes : Bunya, Noroma et Sekkyo.

Les nômen sont peints à la main. Trois couleurs sont utilisées : le blanc, le noir et le rouge. On compose d’abord la couleur de la peau par mélanges successifs, et l’on peint ensuite l’intégralité du masque ; deux couches sont nécessaires. Puis on passe aux détails : maquillage (bouche, sourcils et cils), et chevelure. Le masque est finalement recouvert d’une couche de laque qui va fixer les couleurs et lui donner sa brillance.

Atelier de peinture de nōmen
Atelier de peinture de nōmen
Peinture de nômen sur l'île de Sado
Peinture de nōmen

Quant au théâtre nô, reconnu « patrimoine culturel immatériel », il est lui aussi enraciné sur l’île de Sado depuis l’exil du dramaturge Zeami (世阿弥). D’abord dédié aux divinités locales, il est devenu un divertissement villageois à forte dimension communautaire, rattaché aux sanctuaires. On peut en voir des représentations de juin à août.

Carnet pratique

Se rendre sur l’île de Sado

L’île de Sado se trouve à 32 km au large de la côte de la préfecture de Niigata depuis son point le plus proche (67,2 km séparent le port de Niigata et le port de Ryotsu). Le ferry ou l’hydroptère JetFoil relient Niigata à Sado. Tous deux se prennent au départ du terminal de ferries Sado Kisen à Niigata. On débarque sur l’île de Sado au terminal de ferries de Ryotsu, au centre nord de l’île. Compter 2h30 de trajet en ferry, ou 1h35 en JetFoil. Service de restauration rapide à bord du ferry.

Le Sado-Niigata Pass couvre l’aller-retour en ferry entre Niigata et Sado, l’aller-retour en bus entre la gare de Niigata et le port de Niigata, l’utilisation des bus de la Niigata City Loop pendant une journée, et l’accès aux bus de Sado (Niigata Kotsu Sado) durant trois jours. Vous aurez même droit à deux heures gratuites pour la location de vélos. Vendu au prix de 5000 yens pour les adultes et 2500 yens pour les enfants, c’est un pass très utile pour se déplacer sur l’île de Sado à moindre coût !

Ferry de Sado Kisen reliant Niigata à Ryotsu, sur l'île de Sado
Ferry de Sado Kisen reliant Niigata à Ryotsu, sur l’île de Sado

Sadoya Nippon (さどやニッポン)

L’atelier de confection de waraji de Sadoya Nippon se trouve à Niibo, au cœur de l’île de Sado, à 7 km à l’est de la ville de Sado.

Fureai Shiozu no Sato

Entre autres activités, Fureai Shizo no Sato, à Senago, propose des ateliers de peinture de nômen. Un atelier dure 1h30 et coûte 1250 yen par personne (hors taxe). Retrouver plus d’informations sur leur site internet (en japonais).

L’office du tourisme de l’île de Sado

L’office du tourisme de Sado, situé à 5 minutes à pied du port du Ryotsu, s’agence autour d’un hall polyvalent, avec vue sur la mer du Japon. Dans les environs on retrouve de nombreuses possibilités d’hébergement et de restauration. On peut louer des vélos pour partir en excursion autour du lac Kamo. Compter 500 yens jusqu’à 2h, puis 200 yens par heure écoulée, ou 2000 yens la journée. Le centre se situe aussi à 10-20 minutes de voiture d’un village abritant l’ibis nippon, et à 40 minutes en voiture du site historique de Sado Kinzan (佐渡金山), la mine d’or de Sado.

Vous trouverez plus d’informations sur Sado en parcourant le site internet de la Sado Tourism Association.

Mesures de prévention de la COVID-19

La plupart des sites touristiques et restaurants veillent au respect des mesures barrière : espacement des tables et/ou parois en plexiglas, gel hydroalcoolique à disposition (et parfois obligatoire pour entrer), caméras thermiques pour la prise de température, marquages au sol pour garantir la distanciation physique… Tous les professionnels accueillant du public portent le masque, à l’instar de la quasi-totalité des Japonais.

Plus d’informations sur l’île de Sado :
L’île de Sado : une destination culturelle et historique
les activités et choses à faire dans la préfecture de Niigata

Avec son folklore typiquement japonais, l’île de Sado a tout du Japon traditionnel et rural. En dehors de l’agriculture, artisanat (sandales waraji, masques nōmen) et spectacles traditionnels (ondeko) sont encore bien vivants sur l’île.

Organisé par TOKIMEKI SADO NIIGATA TOURISM ZONE
Article écrit en partenariat avec EDGE OF NIIGATA, Niigata Visitors & Convention Bureau

Marie Borgers

Marie Borgers

Après une préparation intense, la lecture de dizaines de livres et des centaines d'heures d'étude du japonais, j'ai tout quitté pour venir m'installer au Japon, à Nagoya. En tant qu'éditrice et rédactrice, j'aime partager les émotions suscitées par l’évasion, et transmettre la connaissance d'autres cultures, berceau de la tolérance.

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