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Joge (上下町, Joge-cho) est une petite ville de la préfecture d’Hiroshima (広島県). À l’époque féodale, elle se trouvait sur la « Ginzan Kaido » (銀山街道), la route de l’argent. Celle-ci servait de chemin pour le transport de l’argent entre les mines d’Iwami Ginzan, dans la préfecture de Shimane (島根県), et le port de Kasaoka dans la préfecture d’Okayama (岡山県).

Aujourd’hui encore, il reste de nombreux vestiges de ce passé glorieux à Joge. La rue principale, bordée de maisons aux murs blancs, semble préparer les visiteurs à un voyage dans le temps.

Rizière au coucher de soleil dans les environs de Joge, dans la préfecture d'Hiroshima
Autour de Joge, les paysages sont magnifiques

Les alentours de la ville sont également magnifiques et se prêtent à une balade en voiture. Vous pourrez y traverser champs et rizières puis déjeuner au milieu des montagnes avec pour seule distraction le bruit d’un ruisseau en contrebas. En séjournant à Joge, on peut se reconnecter et profiter de la tranquillité de la campagne japonaise.

Joge, une petite ville sur la route de l’argent

Dans le cadre d’un voyage pour préparer notre prochaine Peko Peko Box, je me suis rendue à Joge pour y sélectionner les meilleurs souvenirs à mettre dans la boîte. Généralement, les touristes qui visitent la préfecture d’Hiroshima se rendent uniquement dans la ville d’Hiroshima et l’île de Miyajima, voire dans la petite ville portuaire d’Onomichi pour les plus aventureux. Ils sont peu nombreux à se rendre dans les terres, au cœur de la préfecture.

Maisons traditionnelles japonaises aux murs blancs à Joge
Les rues de Joge sont bordées de maisons traditionnelles aux murs blancs

Aujourd’hui, Joge n’est qu’un petit point sur la carte. Mais la ville a pourtant connu son moment de gloire. On raconte qu’au XVIe siècle, les mines d’Iwami Ginzan (石見銀山), dans la préfecture de Shimane (島根県), produisaient près d’un tiers de l’argent du monde entier. L’argent était transporté par la Ginzan Kaido en direction du port de Kasaoka (笠岡), dans la préfecture d’Okayama, ainsi que vers Kyoto (京都) et Osaka (大阪). Du XVIIe au XIXe siècle, un bureau administratif de la mine Iwami Ginzan, ouvert dans la ville de Joge, rendit la ville prospère en en faisant l’une des villes d’étape de la route de l’argent, et ce jusqu’au début de l’ère Meiji.

Une escapade au cœur du Japon, aux portes d’Hiroshima et de Kyoto

Après un court trajet en Shinkansen jusqu’à Fukuyama, je choisis de parcourir le chemin restant en voiture, pour profiter au mieux des magnifiques paysages de la campagne japonaise.

Une plantation de riz dans la préfecture d'Hiroshima, au Japon

Après avoir traversé champs et rizières, j’arrive dans la rue principale de la ville. Celle-ci ne manque pas de charme avec ses maisons aux murs blancs.

Rue principale de Joge

Devant ce décor très photogénique, je décide de louer un kimono pour l’après-midi. Et pas n’importe lequel. Les kimonos et yukata (kimonos d’été) proposés ici sont « vintage ». Je suis surprise de voir de la dentelle au niveau du col, chose peu courante. Je dois aussi enfiler des manchettes blanches, en dentelle également, pour cacher mes longs bras. En effet, je n’ai pas une taille japonaise et le kimono parait un peu court sur ma silhouette. Ces manchons servent ainsi de prolongement des manches du kimono. Une ajout original que je n’avais encore jamais vu. Après avoir passé mes geta en bois et attrapé mon ombrelle en papier, je pars en balade dans la ville.

Location de kimono dans la préfecture d'Hiroshima

Un bâtiment attire mon attention. C’est l’Okinaza (翁座), le vieux théâtre en bois. C’est l’un des derniers théâtres de ce type encore debout, beaucoup ayant été détruits. En tant que ville étape sur la route de l’argent, Joge se devait de proposer des divertissements à ses visiteurs. En plus d’accueillir des représentations théâtrales, un projecteur y fut installé à l’arrivée du cinéma ! Avec un peu de chance, vous pourrez peut-être assister à un spectacle de kagura. « Kagura » (神楽) signifie littéralement “le divertissement des dieux”. On raconte qu’Amaterasu (天照大神), la déesse du soleil, alla se cacher dans une grotte après une dispute avec son frère, plongeant la terre dans le noir complet. Pour l’en faire sortir, les dieux organisèrent une représentation. Attirée par les danses et la musique, Amaterasu finit par sortir de sa cachette, rendant au monde sa lumière. Il est dit que les danses du kagura découlent des représentation menées par les dieux durant cet épisode de la mythologie japonaise.

Représentation de kagura, théâtre traditionnel japonais
Représentation de kagura dans la vieux théâtre de Joge, Okinaza

Je continue ma balade et m’arrête ensuite dans une boutique d’antiquités. Des montagnes d’assiettes, de bols et autres récipients s’y étalent. Dans la pièce adjacente, je découvre une reconstitution d’un stade Olympique. Et pas une reconstitution ordinaire. Toutes les figurines que l’on retrouve dans le stade sont des poupées traditionnelles japonaises qui jouent au tennis, lancent des poids, se défient à la course ou se battent sur le ring. Tout autour, les tribunes sont également pleines de poupées de toutes tailles qui observent les jeux de leur air stoïque.

Maquette d'un stade olympique avec poupées traditionnelles japonaises

La propriétaire m’explique avoir créée ces minis jeux pour le hina matsuri (雛祭り). Cette célébration, aussi appelée la journée des filles, se déroule le 3 mars. Durant ces festivités, on expose des poupées représentant l’empereur, sa femme et ses courtisans.

La propriétaire de la boutique d'antiquités de Joge
Shigemori-san, la propriétaire de la boutique d’antiquités de Joge

Après l’annulation des Jeux Olympiques, due à la crise sanitaire, elle décida de laisser cette reconstitution telle quelle dans l’espoir que les jeux se déroulent sans encombre en 2021. Les poupées datent de toutes les époques et certaines sont de vrais objets de collection vieux de plus d’un siècle.

Machiya, une maison traditionnelle japonaise

Après ma balade, je délaisse mon kimono pour me diriger vers mon logement. C’est une machiya (町家), maison traditionnelle japonaise, située en plein milieu de la rue principale.

L'intérieur de ma chambre dans une machiya à Joge

Cette belle maison en bois est chaleureuse et fonctionnelle. La nuit que j’y ai passée, dans un futon posé sur un sol de tatamis, s’est révélée plus que confortable. Une cuisine me permet de me préparer un petit-déjeuner le matin, que j’ai dégusté tranquillement en admirant le jardin intérieur.

Les spécialités locales de Joge

Le deuxième jour, je me dirige vers la gare de Bingo Yano (備後矢野駅), à une dizaine de minutes en voiture de Joge. Ici, le train ne passe que 6 fois par jour. Cette petite gare bucolique semble être sortie tout droit d’un film d’animation des studios Ghibli. On y trouve une petite cantine, tenue par la femme du chef de gare. Leur spécialité sont les fukuensen udon (福縁阡うどん).

Ce bol de udon a la particularité d’être surmonté de trois mochi, gâteaux de riz gluant, parfumés à l’ume (prune japonaise), au millet, et à l’armoise. Les mochi, ronds, sont un symbole de chance. Clin d’œil au nom de la ligne de train, « fukuen », dont les kanjis (idéogrammes) signifient “bonne fortune”.

Le chef de gare de Joge et ses délicieux senbei
Le chef de gare est fier de nous faire goûter à ses délicieux senbei

En plus de ces udon, le chef de gare vous proposera peut-être aussi de goûter à ses délicieux senbei. Ces biscuits à base de riz sont eux aussi de forme ronde, pour rester sur la même thématique. La gare regorge de bibelots en tout genre, et sur le quai un petit sanctuaire accueille une statue de Hotei-sama, la divinité du contentement et de la joie.

Avant de quitter la ville, je décide de choisir quelques spécialités locales à ramener chez moi. Deux des spécialités retiennent mon attention. D’abord le yoshu cake (洋酒ケーキ), ou “gâteau à la liqueur occidentale”. Lors de son apparition, en 1961, les pâtisseries occidentales n’étaient pas choses courantes au Japon. Le goût de ce gâteau fut une véritable surprise pour les habitants de la région. Le yoshu cake est un gâteau de Savoie trempé dans un sirop à base de rhum et de brandy. Aujourd’hui, le yoshu cake a gagné une place toute spéciale dans le cœur de la population locale et j’ai vite compris les raisons de cet engouement après avoir goûtée à ce dessert moi même.

Le yoshu cake de Joge et le chef qui les prépare
Le yoshu cake, une délicieuse spécialité de Joge

La deuxième spécialité qu’il faut absolument goûter lors d’un séjour à Joge est le tsuchinoko manju (つちのこ饅頭). Le manju est une pâtisserie traditionnelle japonaise consistant en une sorte de petite brioche, cuite à la vapeur et fourrée de pâte de haricots rouges sucrée ou de pâte de fruits. Une fois encore, je fus surprise par la créativité de cette spécialité locale. En effet, la brioche habituelle est remplacée par une délicieuse pâte brisée, renfermant en son cœur de la pâte de haricots blancs sucrée et un demi marron. Un véritable délice se mariant parfaitement avec une tasse de thé.

C’est sur cette note sucrée que je terminais ma visite de Joge, un séjour relaxant en pleine campagne japonaise.

coucher de soleil sur des champs au Japon

Comment se rendre à Joge ?

Joge est une destination parfaite pour un week-end nature depuis Hiroshima ou Kyoto.

Depuis Hiroshima :

  • En voiture : comptez environ 1h45
  • En train : prenez le shinkansen jusqu’à Fukuyama 福山 (20 minutes) avant de louer une voiture. Il vous faudra environ 45 minutes pour aller à Joge depuis Fukuyama

Depuis Kyoto ou Osaka :

  • Prenez le shinkansen jusqu’à Fukuyama (1h15 depuis la gare de Shin-Osaka 新大阪駅 et 1h25 depuis la gare de Kyoto 京都駅) avant de louer une voiture. Comptez environ 45 minutes de route pour aller de Fukuyama à Joge.

Il est possible de se rendre jusqu’à Joge en transports en commun, mais notez qu’il vous faudra compter environ 2 heures en train, puis en bus, depuis la gare de Fukuyama, contre 45 minutes en voiture.

Photographies: ©Peko Peko Box

Joge est une merveilleuse destination pour découvrir la vie quotidienne des japonais vivant à la campagne. Une excursion d’une ou deux journées depuis Hiroshima, Kyoto, ou Osaka, qui vous permettra de vous relaxer dans une petite ville à l’histoire riche en plein cœur de la préfecture d’Hiroshima.

Aline

Aline

Arrivée au Japon en 2017, c'est à Osaka que je décidais de poser mes valises. Que ce soit en ville ou à la campagne, j'adore partir explorer des endroits peu connus du Japon, rencontrer les habitants, goûter aux spécialités régionales. Travaillant dans le tourisme et en réponse à la crise du COVID-19, je lançais avec mon équipe le projet Peko Peko Box début août 2020. L'idée est simple: partir dans tout le Japon à la rencontre d'artisans et de producteurs locaux, filmer nos découvertes et mettre les souvenirs trouvés sur notre chemin dans une boîte à envoyer à tous les amoureux du Japon qui nous suivent. 

https://pekopekobox.com/

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