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Article réalisé en partenariat avec la ville de Niigata

Avant de passer par la ville de Niigata, ma seule expérience avec une Geisha était d’en croiser une dans le célèbre quartier de Gion à Kyoto, très furtivement. Une créature à la beauté raffinée, mais presque irréelle, inatteignable et disparue aussi vite qu’elle était apparue. J’ignorais alors que l’on pouvait compter parmi les quartiers réputés pour leurs Geishas celui de Furumachi à Niigata et que celui-ci m’offrirait une expérience toute autre. Suivez-moi, je vous emmène à la rencontre des Geishas de Niigata !

Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Une ville au patrimoine riche

La ville de Niigata, située dans la Préfecture du même nom, dispose d’une histoire et d’un patrimoine culturel extrêmement riches. Faisant face à la mer du Japon, Niigata se trouve être un point de passage clé sur la route maritime Kitamaebune depuis près de 300 ans. Devenue ainsi aussi prospère que Tokyo et Osaka durant l’ère d’Edo (1603-1868), la ville commença à se parer de restaurants et bars haut de gamme pour y accueillir les riches marchands de passage. C’est dans ce contexte que les Geishas de Niigata, ou Geigis dans le dialecte local, firent leur apparition.

La culture Geigi de Niigata

Elles étaient alors plus de 300 Geigis à divertir des invités de choix de leurs chants et danses nécessitant des années d’apprentissage et de pratique pour être parfaitement maîtrisés. Ces artistes aussi fascinantes que délicates excellaient également dans la pratique d’instruments de musique traditionnels tels que le luth shamisen et le tambour taiko. Pour accueillir leurs performances, de grands restaurants traditionnels à la cuisine raffinée nommés ryotei fleurirent alors un peu partout dans le quartier historique de Furumachi.

Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Et aujourd’hui encore, Geigis et ryotei continuent d’animer le quartier, pour le plus grand plaisir des visiteurs venus du Japon entier et de plus loin encore. Une vingtaine de Geigis sont encore en activité à Niigata en compagnie desquelles il est possible de passer un peu de temps. Si traditionnellement la rencontre d’une Geisha est un événement plutôt exclusif et réservé à une certaine catégorie de la population, plusieurs options sont disponibles à Niigata pour offrir cette opportunité au plus grand nombre. Il est bien entendu possible de faire une réservation dans un établissement de type salon de thé traditionnel ou ryotei. Mais cette option restant la plus coûteuse, il est également possible de rencontrer les Geigis de Niigata lors de festivals organisés par la ville ou bien via le programme Niigata Hanamachi Chaya, permettant à des groupes de visiteurs de passer une heure avec un Geisha dans une villa du quartier.

Dîner d’exception au ryotei Ikinariya

J’ai pour ma part eu l’incroyable opportunité de me rendre dans l’un des ryotei les plus réputés de la ville, Ikinariya, une institution fondée il y a plus de 300 ans. Le lieu a d’ailleurs été désigné comme Bien Culturel Matériel du Japon, rien que ça ! Pour la petite histoire, l’établissement était à l’époque seulement séparé par une allée d’une prison. Le contraste saisissant entre ces deux univers se retrouve dans la manière dont l’allée fut alors surnommée, celle du paradis et de l’enfer.

Entrée du ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Et lorsque je pénètre dans l’enceinte du ryotei Ikinariya, je comprends vite d’où lui vient sa réputation de paradis. De l’extérieur, je ne distingue que peu d’indices si ce n’est trois membres du personnel déjà en place pour m’accueillir. Mais une fois à l’intérieur de l’enceinte, un jardin de style japonais magnifique s’offre à ma vue. Tandis que je commence à l’immortaliser, on me promet qu’il sera encore plus beau la nuit tombée. Hormis le bâtiment principal de l’établissement, les treize salles de réception disposées sur le domaine sont dissimulées derrière la végétation.

Jardin du ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Alors que je m’attends à être menée à l’une de ces salles, on me propose pour commencer une activité toute autre et totalement inattendue ! Du mois de Mai à Septembre, le ryotei propose en effet à ses invités une mise-en-bouche nommée taki soumen. Après avoir traversé le pont surplombant l’étang et les quelques carpes koi, je découvre un morceau de bambou fendu en deux dans le sens de la longueur créant ainsi un petit canal dans lequel de l’eau s’écoule. On m’équipe alors d’un petit bol de sauce et d’une paire de baguettes avant de m’expliquer que des nouilles vont bientôt y apparaître, portées par le courant de l’eau, pour que je les attrape au passage ! En plus d’être amusant, l’exercice s’avère finalement moins difficile qu’il n’y parait et je parviens à déguster quelques nouilles fraîches sans aucun incident.

Déguster des taki soumen dans le jardin du ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Je suis ensuite guidée jusqu’à la pièce où se dérouleront dîner et performance de la Geigi. Une pièce spacieuse donnant sur une partie du jardin, avec en son centre une table basse prête à m’accueillir. Avant de passer au dîner, la Geigi qui m’accompagnera pour une partie de la soirée vient se présenter. Un peu préoccupée par la manière dont je dois me comporter, je ne manque pas pour autant de contempler avec attention son magnifique kimono, son impressionnante coiffure ainsi que son maquillage si distinctif. Mais plus encore que cette apparence soignée, ce sont surtout sa prestance et la délicatesse de ses gestes qui me fascinent. Ses mouvements sont précis et légers et elle semble flotter lorsqu’elle se déplace dans la pièce.

Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Le programme de la soirée débute alors par une session de jeu (ce qui est traditionnellement réservé à la fin du repas). Au rythme d’une mélodie jouée au luth shamisen, la Geigi me guide dans une partie de pierre/papier/ciseaux musicale. Tandis qu’une main frappe la cadence sur un petit tambour en bois, l’autre est utilisée pour le duel. D’après ce que je comprends, si je perds une première fois, je dois faire un tour sur moi-même, et ce suffisamment vite pour ne pas perdre le rythme. Si je perds une deuxième fois, la partie en cours s’arrête et la Geisha me sers un verre de saké. Je ne vous cache pas que ce jeu enfantin devient tout de suite plus intimidant lorsque votre adversaire n’est autre qu’une véritable Geisha japonaise !

Session de jeu avec une Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Démonstration de tambour par une Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Après une démonstration de tambour, la Geisha s’éclipse le temps que le dîner soit apporté à table. Mais pas avant d’avoir déplié ma serviette de table et pris soin de la fixer à l’aide d’une petite pince sur ma chemise. C’est alors une farandole de petits plats tous plus alléchants les uns que les autres qui atterrissent face à moi. Un menu traditionnel kaiseki mettant en valeur les spécialités locales, comme le poisson frais ou l’edamame. Un véritable délice aux saveurs riches et subtiles.

Dîner kaiseki servi au ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Dîner kaiseki servi dans le ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Tandis que je savoure chaque bouchée, la Geigi et la joueuse de luth refont leur entrée, cette fois-ci pour la représentation de deux danses. La première avec un éventail et la seconde munie de sortes de castagnettes de bambou.

Joueuse de luth shimasen dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Geigi du quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Elle viendra ensuite s’installer près de moi un moment pour me montrer cet instrument traditionnel, faire la conversation et me donner sa carte. La musicienne et la Geigi accepteront enfin volontiers de prendre la pause avec moi avant de quitter la pièce pour de bon. Plusieurs membres du personnel se succéderont par la suite, profitant de m’apporter un plat ou de remplir ma tasse de thé pour prendre le temps de discuter.

Dessert au ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

La soirée se terminera sur une touche sucrée avec une boule de glace au soja servie sur une serviette pliée en forme de grue, l’emblème de l’établissement. Et tandis que je ressors charmée de cette expérience rare et incroyable, le jardin japonais illuminé dans la nuit m’attend paisiblement pour parfaire le tout.

Jardin du ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Jardin du ryotei Ikinariya dans le quartier de Furumachi à Niigata, Japon

Se rendre à Niigata

Depuis Tokyo : le trajet Tokyo-Niigata se fait très facilement en train via la ligne de Shinkansen Joetsu. Compter environ 2 heures.

Depuis Kanazawa : il vous faudra un peut plus de 3h30 pour rejoindre Niigata depuis la gare de Kanazawa via la ligne de Shinkansen Hokuriku avec un changement à Takasaki.

Informations pratiques

Si traditionnellement tout le monde ne peut avoir un accès aussi privilégié aux Geishas, les ryotei de Furumachi mettent un point d’honneur à ouvrir leurs portes à tous types de visiteurs afin de faire connaître la culture Geigi au plus grand nombre. Pas d’inquiétude à avoir sur les attitudes ou formules de politesse à adopter, le personnel saura vous guider et vous mettre à l’aise. Y allant pour ma part accompagnée d’une personne parlant le japonais je n’ai pas eu de problème de communication mais n’hésitez pas à informer le personnel au moment de la réservation (par téléphone) que vous ne parlez pas japonais, certaines Geigis étant sans doute plus à l’aise que d’autres dans la langue de Shakespeare.

Pour plus d’informations sur le ryotei Ikinariya, rendez-vous ici.

Et pour avoir un aperçu des Geigis du quartier de Furumachi, voici leur site internet (en japonais).

Besoin de plus d’informations ? Vous pouvez retrouver toutes les informations à jour sur l’histoire de Niigata, les sites touristiques, les hébergements, la gastronomie et les transports ici

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Marion Pont

Marion Pont

Si mes racines sont françaises, mon esprit est plutôt enclin à l'évasion. Aux fourneaux ou les mains dans le terreau, absorbée par un livre ou une posture de yoga ; c'est d'être en plein coeur d'un voyage, mon appareil photo autour du cou, que j'aime par dessus tout. Après avoir goûté aux délices du voyage et à l'excitation d'une première expatriation (Pays-Bas), j'embarquais ainsi en Mars 2018 pour une année au Japon. Des recoins méconnus de Tokyo — où je posais mes valises — aux majestueuses dunes de sable de Tottori, en passant par la mystérieuse vallée d'Iya et l'envoûtante île de Sado, je partage ici mes plus belles découvertes de cette année inoubliable.

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