Article réalisé en partenariat avec la ville de Murakami.
Si l’ancienne ville fortifiée de Murakami a connu un passé glorieux, elle est aussi renommée pour ses spécialités actuelles : de son célèbre saumon séché à ses maisons de thé, en passant par ses laques élégantes et son délicieux bœuf wagyu. Mais chaque année, de mi-septembre à mi-octobre, le focus est mis sur la riche histoire de la région de Niigata avec le Festival Machiya Byobu.
Organisé pas la ville, ce festival local associe deux anciennes traditions japonaises : les machiya (maisons de ville traditionnelles construites en bois) et les byobu (paravents). Pendant un mois, les boutiques et maisons particulières installées dans les nombreuses machiya de Murakami ouvrent exceptionnellement leurs portes aux visiteurs, exposant avec fierté leurs collections de byobu, dont certains datent de l’ère Edo (1603 – 1868).
À la découverte des maisons traditionnelles de Murakami : les machiya
Pendant mon voyage à Murakami fin septembre, j’ai eu la chance de visiter différentes boutiques participant au Festival Machiya Byobu. Tous les participants sont des bénévoles, qui accueillent chaleureusement les visiteurs dans leurs magasins et leurs maisons, offrant souvent une tasse de thé et une conversation amicale. À Murakami, il est de coutume de toujours rester prendre une seconde tasse de thé avant de reprendre son chemin et ce n’est pas une tradition difficile à respecter, car tous les endroits que j’ai eu la chance de visiter offraient un délicieux thé vert.
Je faisais une première étape à Kosugi Shikki (小杉漆器店), un magasin de laque datant de l’ère Edo. Mme Kosugi m’a accueilli à l’entrée et m’a montré les pièces exposées pendant le festival. La principale pièce était un superbe byobu doré, placé derrière la statue d’une grue, elle-même posée sur une de leurs célèbres tables laquées. Nous nous sommes installés pour prendre un thé dans la pièce sombre où les byobu côtoient horloges anciennes et autres objects historiques.
Murakami est célèbre pour ses artisans laqueurs, et Mme Kosugi m’a renseigné à propos de cette histoire. Alors que le Japon est surtout reconnu pour ses laques noires brillantes, Murakami est célèbre pour ses tsuishu : des bois finement gravés recouverts d’une laque d’un rouge éclatant.
La boutique était pleine de ces pièces d’artisanat, allant de la petite vaisselle et des baguettes, à un buffet et des tables basses. De nombreuses pièces ont été peintes par Mme Kosugi elle-même. Parmi les gravures sur bois finement ouvragées, on peut distinguer un petit cercle avec un motif original. Il semble être une sorte de signature qui permet de distinguer les différents graveurs renommés de Murakami.
Après avoir quitté Kosugi Shikki, je marchais jusqu’à l’une des rues principales de Murakami, pour rejoindre Masusen Chaho (益仙茶舗). On pouvait voir devant ce magasin de thé traditionnel de nombreuses théières et tasses, côtoyant une collection de feuilles de thé séchées, exposées dans des contenants variés. C’était un après-midi de semaine, très calme, et j’étais le seul client dans la boutique.
La propriétaire m’a accueilli et m’a invité dans le fond de la boutique, où des rouleaux peints étaient suspendus aux côtés de belles estampes représentant des marins et des bateaux amarrés. J’ai demandé à la propriétaire si ces vues étaient de Niigata (la ville voisine, qui a été un port historique). Elle m’a expliqué qu’il s’agissait en fait de Nagasaki, sur l’île de Kyushu, qui était pendant l’ère Edo un port international par lequel arrivaient des marchants portugais et hollandais. S’agissant d’un magasin de thé, cela va de soi que j’y ai dégusté le meilleur des thés : un thé vert glacé parfaitement préparé. J’y acceptais avec grand plaisir une seconde tasse.
Le Festival Machiya Byobu : l’alliance de l’histoire et de l’hospitalité
Ma prochaine étape, de nouveau accessible à pied, était Kokonoen (九重園). Cet autre magasin de thé était celui qui exposait la plus grande collection de byobu anciens.
Disposés sur un sol traditionnel en tatami, se trouvaient cinq paravents distincts. Sur l’un, des contes folkloriques étaient calligraphiés, sur un autre on pouvait voir un tigre peint dans le style traditionnel chinois. Chacun était remarquable et tout à fait différent des autres. Les propriétaires de cette boutique avaient beaucoup de connaissances historiques à propos de leur machiya, dont ils utilisent l’espace comme celui d’un musée, offrant aux visiteurs une visite guidée de leur maison et de l’exposition de paravents.
Ma dernière étape du jour se fit dans la galerie d’art Yamakichi (町屋のギャラリーやまきち), près de la gare de Murakami. J’ai été chaleureusement accueilli par le couple de propriétaires en entrant dans la maison ancienne, remarquable par ses poutres de bois sombre et ses hauts plafonds. Le foyer traditionnel, au centre de la maison, a été reconverti en espace d’exposition de byobu, où l’on pouvait voir un paravent doré sur lequel était peint un paysage de montagne.
La machiya est utilisée toute l’année pour exposer les œuvres d’artisans et de peintres locaux, notamment des aquarelles représentant les paysages de Murakami et de Niigata, ainsi que des jouets de bois finement ciselés et des sculptures.
Comme cadeau de départ, les propriétaires de la galerie m’ont donné un petit porte-clef de bois à accrocher au sac de mon appareil photo. Il a la forme de la belle fleur écarlate appelée hozuki (ou physalis) qui ressemble à une lanterne de papier. Un geste qui illustre bien l’hospitalité que vous trouverez dans les machiya de Murakami pendant le Festival annuel de Machiya Byobu.
Article original d’Andrew, traduit par Clémentine