Article réalisé en partenariat avec la ville de Niigata
Niigata, ville phare de la Préfecture du même nom, a été rendue prospère à l’ère d’Edo (1603-1868) grâce à sa position stratégique de ville portuaire, au carrefour entre Hokkaido au nord et Osaka plus au sud. Mais pas seulement ! Niigata est également réputée comme ville rurale au terroir riche et aux sols fertiles. C’est ainsi à cette époque que les demeures de riches familles d’agriculteurs et de marchands commencèrent à pousser dans la région. Et c’est l’une d’entre elles pouvant se visiter aujourd’hui que je vous propose de découvrir : le musée des cultures du Nord.
L’histoire d’une riche famille agricole de Niigata
C’est au sud de la ville de Niigata, bien à l’écart du centre urbain, que se trouve le musée des cultures du Nord. Et si l’endroit est aujourd’hui connu sous le nom de musée, il s’agit à l’origine d’une résidence familiale. Celle de la famille Ito, ayant construit leur fortune à partir de terres agricoles dès 1756 et devenue toujours plus prospère de génération en génération. À tel point d’ailleurs qu’ils devinrent les plus grands propriétaires de sols agricoles de la région d’Echigo. Notez que la famille Ito vit toujours sur le domaine, ce qui rend le musée particulièrement unique en son genre.
En 1882, les membres de la cinquième génération de la famille Ito entamèrent la construction d’une nouvelle résidence pour la famille. Cette dernière ne fut totalement terminée qu’en 1889. Durant et après ces années de construction de la résidence, la famille ne cessa d’acquérir de nouvelles terres pour toujours plus agrandir la surface de leur domaine. Dès 1908, la propriété couvrait une surface de presque 1400 hectares permettant d’accueillir, en plus de la famille Ito, une soixantaine de domestiques.
La fin de la Seconde Guerre Mondiale n’offrant pas un contexte propice à la poursuite de l’activité en tant que propriétaire terrien, le chef de famille de la septième génération de Ito décida en 1946 de faire de cette résidence un musée dédié à la conservation du patrimoine de sa famille, dans lequel il investit toute sa fortune.
Au coeur de la visite, la résidence principale de la famille Ito
Difficile de ne pas ressentir la richesse culturelle des lieux tandis que l’on flâne dans ce domaine chargé de plus de 250 ans d’histoire. En témoigne principalement la grandiose résidence principale, composée de 65 pièces ! Construit dans un style japonais traditionnel, l’architecture de ce bâtiment principal est représentative du type de maison que possédaient les riches propriétaires agricoles de l’époque.
Une fois les chaussures déposées à l’entrée, tatamis au sol obligent, on pénètre dans une bâtisse impressionnante et majestueuse. Pour une maison de style japonais, cela signifie donc avant tout un ensemble harmonieux, soigné et relativement minimaliste.
La lumière inonde les lieux de toutes parts, tantôt directement, tantôt à travers les nombreux shoji, ces parois coulissantes recouvertes de papier de riz. Le bois, présent du sol au plafond, confère robustesse et chaleur au bâtiment.
Et aux quatre coins des différentes pièces, où que l’on pose son regard, les témoins d’une époque passée : ancien foyer de la cuisine, pots en céramiques, théières, services à saké, anciennes pièces de monnaie, photographies de famille… Tout est impeccablement conservé et aide à s’imaginer les scènes de vie qui se déroulaient juste ici, pas plus de deux siècles auparavant.
La demeure est très ouverte sur l’extérieur, avec chacune des fenêtres offrant une vue sur l’écrin de verdure l’entourant. Et si l’on découvre depuis le salon ou les pièces de l’étage de jolies vues sur le jardin, le clou du spectacle reste la salle de réception révélant un panorama sur un jardin japonais magnifique (elle était malheureusement fermée à la visite ce jour là pour cause de réception justement). Un jardin imaginé par le paysagiste Taiami Tanaka dont la création s’étala sur cinq ans. J’ai déjà envie d’y retourner au mois de Novembre pour y contempler les feuilles flamboyantes des érables…
Jardin japonais et annexes
Si je me serais bien vue passer des heures dans cette grande bâtisse à me laisser aller à la contemplation, l’envie de découvrir le jardin et les différentes annexes m’encourageaient finalement à rechausser mes baskets pour continuer la visite.
À commencer par l’incroyable glycine centenaire dont les branches se déploient sur une surface de 146 m2 ! Sa pleine floraison au mois de Mai attire d’ailleurs de nombreux visiteurs, venus se réfugier sous un dôme de fleurs mauves.
C’est ensuite par l’étang recouvert de lotus que je me laissais séduire. D’abord dissimulée aux regards, cette partie du musée fait faire à ses visiteurs un véritable saut dans le temps. Au bord de l’étang, on trouve en effet deux maisons traditionnelles aux toits de chaume, à l’origine érigées dans de petits villages de la Préfecture de Niigata avant d’être déplacées jusqu’au musée. Elles sont aujourd’hui visibles telles qu’elles étaient à l’époque d’Edo et offrent ainsi un aperçu de la vie des agriculteurs de la région il y a plus de 400 ans.
Et la visite ne se termine pas là ! Sur le chemin pour me rendre à la galerie d’art, je fais un saut par la maison de thé à la forme bien particulière. Celle-ci est en effet triangulaire et les tatamis qui recouvrent son sol ne sont donc pas rectangulaires mais en forme de triangle ou de diamant. Une originalité unique en son genre !
Et me voilà face à l’ancien bâtiment où était stocké le riz de la famille aujourd’hui reconverti en galerie d’art spacieuse. Des gravures ou encore de très fines sculptures en bois y sont précieusement conservées derrière des vitrines.
La visite du musée pouvant prendre un bon moment de votre journée, on trouve sur place de quoi se restaurer. L’un des restaurants propose d’ailleurs aux visiteurs de s’initier à la cuisson du riz dans des pots traditionnels en fonte, appelés hagama. Il est aussi possible de faire le plein de souvenirs de la région dans la boutique du musée et pourquoi pas de passer la nuit sur place dans l’auberge Dairo-an.
Sur le chemin du retour, je ne manque pas de contempler une dernière fois la sculpture du Boudha Mahavairocana lovée dans le creux d’un pin. À vrai dire, je me joindrais bien à lui pour profiter de cette bulle temporelle un peu plus longtemps.
Se rendre à Niigata
Depuis Tokyo : le trajet Tokyo-Niigata se fait très facilement en train via la ligne de Shinkansen Joetsu. Compter environ 2 heures.
Depuis Kanazawa : il vous faudra un peut plus de 3h30 pour rejoindre Niigata depuis la gare de Kanazawa via la ligne de Shinkansen Hokuriku avec un changement à Takasaki.
Informations pratiques
Le musée des cultures du Nord est un peu excentré du centre ville de Niigata. Pour le rejoindre, vous pouvez emprunter un bus depuis la gare (ligne n°95) qui vous mènera au musée en 45min environ. En taxi, il vous faudra une vingtaine de minutes.
Pour plus d’information, consultez le site internet du musée (disponible en anglais).
Besoin de plus d’informations ? Vous pouvez retrouver toutes les informations à jour sur l’histoire de Niigata, les sites touristiques, les hébergements, la gastronomie et les transports ici.
[cft format=0]