Okuno-in est un cimetière impressionnant qui regroupe près de 200 000 pierres tombales de samouraïs, de seigneurs, de moines, mais aussi de gens ordinaires, sous une forêt de cyprès centenaires.
C’est un des lieux les plus sacrés du Japon et une destination de pèlerinage très populaire. Lorsque l’on pénètre dans son enceinte, le calme du cimetière appelle à sa contemplation. Les tombes, plus ou moins bien préservées, shintô (on les reconnait aux petits Torii qui se dressent devant elles) ou bouddhistes, sont toutes recouvertes d’une fine mousse d’un vert presque fluo.
Le cimetière a été construit à partir du mausolée de Kobo Daishi, le fondateur du bouddhisme Shingon et l’une des personnes les plus vénérées de l’histoire religieuse du Japon. On dit d’ailleurs que Kobo Daishi ne serait pas mort mais qu’il se reposerait dans une méditation éternelle attendant Miroku Nyorai, le Bouddha du futur (tout en continuant à soulager les âmes en peine). Pas étonnant donc qu’un grand nombre de personnes aient voulu être enterrées à ses côtés !
L’entrée se fait traditionnellement par le pont Ichinohashi (littéralement « le premier pont ») que les visiteurs sont invités à saluer en hommage à Kobo Daishi, avant de le traverser. Il faut compter une vingtaine de minutes à pied sur un chemin de près de 2 kilomètres pour rejoindre le mausolée de Kobo Daishi.
Mais, de nos jours, l’entrée se fait plutôt du côté de la station de bus Okunoin-mae et coupe par une partie du cimetière plus récente. On y croise certaines tombes de salariés émérites sponsorisées par leur entreprise : ainsi, ne soyez pas surpris de voir une pierre tombale affichant le logo de Mitsubishi. Plus surprenant encore : le mémorial d’une compagnie de pesticide pour toutes les termites exterminées par leurs produits.
Quelle que soit la route que vous prenez (j’ai choisi d’entrer par la voie traditionnelle et de ressortir par la partie moderne), elles finissent par se croiser au niveau de Gokusho, une salle se trouvant près d’une rangée de statues de Jizo, une émanation de Bouddha connue pour protéger les enfants, les voyageurs et les âmes des défunts. Les visiteurs jettent de l’eau sur les statues, font des offrandes et prient leurs disparus.
Un peu plus loin, après le pont Gobyonohashi, se trouve enfin le mausolée de Kobo Daishi (ou Gobyo) qui fait face au Tōrō-dō ou « Temple des lanternes ». Deux flammes y brûleraient sans interruption depuis plus de 1000 ans ! Jetez un œil à l’intérieur de la salle, vous verrez les 10000 lanternes offertes par des fidèles. Un peu plus bas, au sous-sol du bâtiment, regardez les 50 000 minuscules statues de lanternes qui ont été offertes au temple en 1984 à l’occasion du 1150e anniversaire de l’entrée de Kobo Daishi dans la méditation éternelle !
Je n’ai pas de photos pour illustrer cette dernière partie, car elles sont interdites au delà du pont Gobyonohashi. On n’a pas non plus le droit de manger, ni de boire, il s’agit d’un lieu extrêmement sacré et on ne plaisante pas avec ça ! Tendez plutôt l’oreille, avec un peu de chance vous entendrez peut-être des pèlerins chanter des sutras !
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