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Mystérieuse, apaisante, impressionnante, voire déroutante. En débarquant sur cette île presque abandonnée (une seule personne vit encore sur l’île) qu’est Nozaki, ce sont tous ces qualificatifs qui nous viennent en tête. Et on peut dire qu’on va effectivement de surprise en surprise en partant à la découverte de cette île inhabitée. Venez, on vous emmène découvrir cette époustouflante île qui se niche au cœur des îles Gotô, dans le parc National de Saikai, préfecture de Nagasaki.

Si je vous dis que dans ce Japon bouillonnant qui se résume souvent aux yeux des visiteurs aux sites touristiques, Tokyo, Osaka, Kyoto, Nara et j’en passe, il y a une alternative qui saura combler vos envies de nature et d’authenticité. À quelques heures de Tokyo, il vous faudra prendre un vol de moins de 2 heures jusqu’à Fukuoka puis vous installer confortablement pour une traversée en bateau de 5 heures, et l’archipel de Gotô qui offre à vous.

À 30 minutes en bateau de l’île principale d’Ojika, Nozaki vous propose de faire l’expérience d’un pur moment de tranquillité en communion avec la nature… en compagnie de quelques daims sauvages curieux. Avant de partir à l’assaut de cette île, faisons un bref retour sur l’histoire de ce lieu aujourd’hui abandonné et qui vit au rythme des quelques visiteurs qui foulent son sol.

Les « chrétiens cachés » de Nozakijima

L’archipel de Gotô, constitué entre autre d’îles volcaniques, fait partie de la préfecture de Nagasaki. Cet archipel renferme entre autres l’île d’Ojika et sa voisine désertée, Nozaki, au milieu de la mer de Chine, dans le sud du Japon. Site protégé, Nozaki semble au premier abord ne pas vouloir s’offrir aux visiteurs. L’arrivée en bateau est marquée par la vision d’une île volcanique, boisée et toute en altitude. Un temple apparaît au sommet de l’île, mais, perchée sur l’autre flanc de l’île, on découvre une église. La présence humaine est attestée sur cette île dès le VIIIe siècle. Une communauté de croyants bouddhistes et shintos s’est soudée autour du du terminal de ferry de Nozaki, par lequel on accède à l’île.

Entre le XVIIe et le XIXe siècle, ce sont des chrétiens japonais fuyant les persécutions dont les chrétiens font alors l’objet partout au Japon qui viennent s’installer sur cette île reculée. Ces « chrétiens cachés » de Sotome, région de Nagasaki, viennent s’installer à Nozaki, il y trouvent un refuge où il leur est possible de vivre leur foi en toute confidentialité.

En 1873, c’est la fin des lois anti-chrétiens en terre nippone. C’est donc le début d’une nouvelle vie pour les chrétiens de l’île de Nozaki qui n’ont plus besoin de se cacher et qui se mettent à bâtir des églises. Celle que l’on peut voir encore aujourd’hui, est l’ancienne église de Nokubi, à l’ouest de l’île . Depuis 2018, cette église, tout comme l’île elle même, est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, aux côtés de 11 autres sites chrétiens cachés de la préfecture de Nagasaki.

Une vie quotidienne rythmée par la pêche mais aussi la culture en terrasse dont il reste encore des traces dans le paysage ; les habitants bâtissent également une école. Mais les difficultés économiques que traverse le Japon au lendemain de la seconde guerre mondiale n’épargnent pas cette petite île paisible. Les habitants quittent progressivement Nozaki en quête de meilleurs lendemains… La communauté de Funamori, au sud, se vide définitivement de ses habitants en 1966. C’est au tour de Nokubi en 1971, ce qui met fin par la même occasion à plus de 150 ans de présence chrétienne sur l’île de Nozaki. Rendue à la nature, l’île est littéralement abandonnée. Incroyable sensation lorsqu’on parcourt les 7km carrés (environs) de celle-ci.

Une escapade sauvage et mystérieuse sur une île abandonnée

La préservation de ce patrimoine unique est l’un des chevaux de bataille des autorités locales. D’ailleurs, on peut dire qu’il y a des lieux patrimoniaux qui se méritent. L’accès au temple d’Okino-Kojima tout en haut de l’île fait partie de ces sites qui se méritent et qui lorsqu’on y accède, offrent même une double récompense.

Pour ça, on chausse ses meilleures chaussures de randonnée, on vérifie le planter de notre bâton de marche et c’est parti pour un trekking exceptionnel au cours duquel le soleil est de la partie en ce mois de janvier. Sous les conseils avisés de notre guide Victoria, on prend d’assaut les chemins de traverse de l’île de Nozaki, baignée de lumière.

On a véritablement le sentiment d’être un Robinson parcourant une île déserte en ayant sous les yeux une flore exceptionnelle et une faune touchante : les daims. On apprécie la compagnie, à bonne distance, de ces compagnons de route qui crapahutent en toute tranquillité sur leur île. On s’excuserait presque de venir fouler le sol de leur paisible demeure.

Au vu de ce qui nous attend au terme de l’ascension, celle-ci parait finalement moins contraignante que ce qu’elle pouvait laisser paraitre avant de s’élancer. Le temple semble totalement hors du temps. On ne peut pas s’empêcher de penser à la foi qui animait les habitants faisant régulièrement l’ascension pour accéder à leur temple. Le plus, c’est la présence d’une immense pierre en forme de torii, Oe-Ishi, dont on ne saurait dire si elle est l’œuvre de la nature ou de la main de l’homme. Impressionnant ! Toujours est-il qu’au sommet de cette pierre des danses traditionnelles avaient lieu. Ces gens ont mon respect éternel. Tout comme le repos éternel dans lequel semble s’être drapé ce temple ancestral.

L’ancienne église de Nokubi : de la spiritualité teintée de mystère

La visite de cette île pleine de mystères se poursuit avec la découverte de l’iconique église de Nokubi. Et on se rend compte par la même occasion que l’unique école de l’île fermée en 1985 a trouvé une seconde vie. Baptisé « village nature de Nozaki », le lieu offre la possibilité de faire une halte avec toutes les commodités nécessaires (douche, cuisine…) et un hébergement dans des espaces communs (anciennement les salles de classe). Un lieu avec un charme fou en contrebas de l’église qui surplombe la mer.

Une église à l’atmosphère d’autant plus mystérieuse qu’aucune vie humaine n’est présente aux alentours. L’expérience est unique, voire émouvante, et la superbe vue ajoute au sentiment d’une expérience accomplie au-delà de nos espérances. Sérénité, émotion et nature : le combo parfait.

Sur le chemin du retour, les nombreuses maisons abandonnées et ouvertes aux quatre vents renforcent ce sentiment de mystère et feront le bonheur de tous les amateurs d’haikyo ou d’urbex. Il est tout de même possible de se rendre compte de ce qu’était la vie quotidienne en visitant la maison rénovée du dernier prêtre de l’île. Une visite très instructive, toujours teintée de cette atmosphère si particulière propre à la nature de cette île inhabitée.

Le centre pour les visiteurs de Nozaki qui est le point d’entrée et de sortie de l’île, est composé d’un personnel très avenant et non avare de conseils pour explorer l’île abandonnée dans les meilleures conditions.

Le centre est ouvert de 9h à 15h, heure à laquelle le bateau vient récupérer toutes les personnes présentes sur l’île. On laisse alors Nozaki à sa paisible torpeur, hors du temps. On repense alors à cette expérience unique, particulière et enrichissante, avec une petite envie néanmoins… Pousser l’expérience de Robinson un peu plus loin en passant une nuit sur l’île. À bon entendeur !

Comment se rendre à Nozaki ?

À la lecture de mon article vous pourriez penser qu’il est très difficile de se rendre sur cette île abandonnée. Mais détrompez-vous. Depuis Tokyo, Osaka, Nagoya ou encore Hokkaido, rejoindre l’île de Nozaki est loin d’être insurmontable. L’accès à l’île principale d’Ojika se fait par une arrivée en bateau (la traversée, uniquement de nuit, dure 5 heures ) depuis le port de Hakata, facilement accessible en bus à une vingtaine de minutes de la gare de Hakata à Fukuoka. Si vous arrivez par avion de Tokyo, Osaka, Nagoya et Sapporo à Hokkaido, cette gare JR est à deux stations de métro de l’aéroport de Fukuoka.

Article réalisé en partenariat avec l’île d’Ojika

rachida

rachida

Lilloise à Tokyo férue de voyages, mon moteur c'est la curiosité. Et rien de tel que ce passionnant métier de rédactrice pour combler mes envies de connaissances et partager mes découvertes avec les lecteurs.

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