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Je me souviens avoir regardé, il y a quelques années, le making-of d’un documentaire sur la nature, dans lequel des plongeurs s’aventuraient dans des eaux glacées vêtus de combinaisons étanches — des combinaisons conçues pour se préserver non seulement de l’eau mais aussi de la température. Je sentis le froid m’envahir devant ces images et je me suis juré de ne jamais faire de plongée durant l’hiver.

Vous pouvez donc vous imaginer ma consternation lorsque je me suis retrouvé au Nanki Seamans Club, sur la côte sud de la préfecture de Wakayama, cinq jours avant Noël, à devoir me préparer pour une heure de plongée. Ne vous méprenez pas, j’adore la plongée, et si je n’ai pas encore acquis ma licence ce n’est que par paresse, il ne s’agissait pas là de ma première excursion dans les fonds marins. J’ai en revanche une solide aversion envers les eaux glaciales et je craignais d’y être confronté lors de ma plongée à Kushimoto (串本町).

Mais j’avais aussi conscience que la préfecture de Wakayama fait partie des plus belles régions du Japon où pratiquer la plongée sous-marine. Et si vous désirez faire de la plongée à Wakayama, Kushimoto sera sans doute votre destination idéale.

Le cap Shionomisaki à Kushimoto au Japon, au bord de l'océan Pacifique
La côte accidentée de Kushimoto est l’un des plus beaux sites où faire de la plongée au Japon.

Nous avons débarqué en voiture par une matinée fraîche, mon ventre gonflé par un petit déjeuner copieux. L’eau qui s’agitait le long des côtes rocheuses était d’un bleu brillant, étincelant sous les rayons du soleil. Un spectacle engageant, mais je savais que les apparences peuvent être trompeuses lorsqu’il s’agit de températures.

Initiation à la plongée au Nanki Seamans Club

Je fus accueilli par Hirotaka, un aimable instructeur de plongée bilingue qui m’a tout de suite rassuré en me certifiant que les combinaisons de plongée étanches fournies par le Nanki Seamans Club étaient plus que suffisantes pour faire face aux eaux de la péninsule de Kii en cette période de l’année. En fait, selon lui la température de l’eau devait être d’environ 21°C. J’y croirai quand j’y serai, ai-je pensé.

Lorsque nous nous sommes dirigés vers la plage (où notre session de plongée devait commencer), équipés de tant de matériel de plongée qu’on aurait pu nous prendre pour des astronautes se préparant à affronter une planète dotée d’une force gravitationnelle quatre fois plus forte que celle de la terre, je me suis senti préparé mentalement à toutes les épreuves que je pourrais rencontrer en pénétrant dans l’eau.

J’eus droit à une brève initiation concernant les signaux à utiliser sous l’eau, le pouce levé signifiant « j’ai besoin de remonter à la surface, tout de suite », plutôt contre-intuitif car ce geste ne signifie pas « tout va bien ». Puis Hirotaka m’a rapidement rappelé comment utiliser mon équipement de plongée, et que faire en fonction des créatures que nous pourrions rencontrer sous l’eau. Fini les formalités, il est temps de plonger dans l’océan.

Plonger à Kushimoto : à la découvertes des profondeurs sous-marines

Fin du suspense : l’eau n’était pas froide du tout ; ma combinaison étanche faisait d’ailleurs efficacement barrière à tous les stimuli extérieurs. Voilà qui met un point final à mon mélodrame. Ce fut en revanche une excellente initiation à la plongée dans cette région du Japon.

Un homme faisant de la plongée au Japon
Les eaux de Kushimoto étaient douces, tout à fait à mon goût !

Nous avons glissé sans effort dans des eaux dépourvues de présence humaine mais grouillantes de poissons, chose étonnante si près du rivage. Nous avons nagé au-dessus de coraux abritant des limaces de mer bleue vives, des crabes aux airs grognons, et des oursins épineux. Des poissons-papillons aux nageoires ostentatoires se cachaient dans des masures sous-marines. Des poissons-clowns et des poissons-demoiselles se détachaient au dessus des fonds marins grâce à leurs couleurs vives. Un monde marin vibrant, vivant, caché à la vue de tous. Et dire que j’appréhendais cette session de plongée.

Hirotaka était également équipé d’un bloc de dessin fonctionnant sous l’eau un peu à la manière d’un écran magique. Grâce à ce bloc note, il m’indiquait le nom de chaque poisson devant lequel je pointais sauvagement mon appareil photo, et d’autres informations utiles comme « cet oursin n’est pas délicieux ». Mince, moi qui avais apporté mes baguettes…

Il est rare qu’il y ait aussi peu de monde sous l’eau lorsqu’on fait de la plongée à Wakayama. C’était en partie dû à cette époque étrange et sans précédent qui réduit considérablement le tourisme, m’a-t-on expliqué, combiné à cette période de l’année qui est la moins prisée pour la plongée au Japon. Mais s’il faut faire face à des températures légèrement plus froides pour pouvoir profiter de l’océan pour moi tout seul, je referai ce choix sans hésiter.

Les plus belles vues le long de la côte de Kushimoto

Notre session de plongée fut suivie d’un délicieux déjeuner composé d’un katsuo ochazuke (riz surmonté de bonite crue délicieusement assaisonnée et sur lequel on verse du thé) à Mankou — un restaurant particulièrement populaire auprès des habitants de Kushimoto. Puis nous nous sommes dirigés vers notre hôtel en cheminant le long de la côte.

Sur la route, nous avons pu découvrir certaines de plus belles formations rocheuses et des plus beaux sites historiques de la préfecture de Wakayama. Nous nous sommes garés sur une aire de stationnement en bord de route d’où l’on a pu admirer le cap de Shionomisaki, un paysage côtier accidenté qui rappelle le nord de l’Europe, au milieu duquel trône le phare de Shionomisaki, un phare blanc qui fut allumé pour la première fois en 1873. Après avoir fait un petit détour via un chemin abrupt pour passer voir la plage, nous sommes montés en haut du phare de 50 mètres de haut et avons pu profiter d’une vue merveilleuse sur la mer et la côte de Kushimoto parsemée de collines encore vertes.

Nous nous sommes ensuite arrêté à Hashigui-iwa, un pont de roche dont le nom signifie littéralement « piliers de pont en pierre ». Je dois dire qu’à mes yeux, ces formations rocheuses ressemblent plus à des dents de dragon ébréchées dépassant de l’eau (ou du sable selon le niveau de la marée), mais ce nom a des origines mythologiques. On raconte que la moine Kobo Daishi, qui a fondé le courant bouddhiste Shingon au XIe siècle, était en train de construire un pont lorsqu’un démon l’empêcha de terminer son œuvre. Il n’en serait resté que les piliers de roche de Hashigui-iwa.

Les rochers de hashigui-iwa, sur la côte de Wakayama, au Japon
Les formations rocheuses de Hashigui-iwa, littéralement « piliers de pont en pierre »

Se loger à Nachikatsuura

Il faut compter entre 30 et 40 minutes de route en voiture pour se à Nachikatsuura et à Katsuura Onsen depuis Kushimoto. C’est ici, à l’hôtel Urashima, que je terminais ma soirée. Profitant d’un généreux buffet pour le dîner dans lequel on trouvait entre autre des sushis frais et un ragoût aux saveurs typiquement irlandaises, je pus ensuite me détendre dans un onsen creusé dans la roche depuis lequel je profitais d’une vue merveilleuse sur la côte.

Tout en me relaxant dans ce bain d’eaux fumantes niché dans une grotte, je repensais à ma journée et je me dis que la côte de Kushimoto est effectivement un excellent spot de plongée pour découvrir les profondeurs marines du Japon, même en hiver. Mais si vous ne voulez pas vous mouiller, vous pourrez également pleinement profiter de la région au sec, depuis la côte.

Comment se rendre à Kushimoto ?

La gare de Kushimoto (串本駅) est accessible via la JR Kisei Line. Il faut compter environ 3h30 de trajet depuis la gare de Shin-Osaka (新大阪駅) (une durée qui peut varier selon que vous montiez à bord d’un train express ou local).

Article écrit en partenariat avec Chubu District Transport Bureau, Wakayama Tourism Federation, et la préfecture de Mie.
Traduit de l’anglais par Joachim Ducos

David McElhinney

David McElhinney

I’m a Northern Irish freelance travel and culture writer who’s spent the last three years battering the keyboard in Tokyo. I like to travel, eat good food, drink good drink, play rugby, and butcher the Japanese language.

https://www.davidmcelhinney.com/

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