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Rares sont les touristes étrangers à connaître la préfecture de Shimane. Lorsque c’est le cas, ils ont généralement entendu parler du célèbre sanctuaire d’Izumo Taisha, ou de la ville de Matsue et son château, qui se trouvent dans l’est de la préfecture. Cette fois, nous allons partir à la découverte de l’ouest de Shimane : la région d’Iwami (石見国, Iwami-no kuni), qui regorge de merveilles à découvrir, hors des sentiers battus.

Quelles sont les destinations les plus connues de la région d’Iwami ?

Dans la région d’Iwami, aux abords de la frontière avec la préfecture de Yamaguchi, se trouve Tsuwano (津和野), une petite ville surnommée « la petite Kyoto du Sanin ». Vous pourrez vous y plonger dans l’histoire du Japon en parcourant un quartier historique de samouraïs, passer sous les mille toriis rouges du sanctuaire Taikodani Inari, et profiter d’une vue panoramique depuis les ruines du château. En explorant la richesse culturelle de Tsuwano, vous partirez à la découverte d’un Japon authentique, loin des foules de touristes.

Un peu plus à l’est, Iwami Ginzan (石見銀山) est tout aussi digne d’intérêt. Il s’agit d’une ancienne mine d’argent, classée au patrimoine de l’UNESCO, que vous pourrez visiter avant de vous balader entre les maisons traditionnelle du quartier historique des alentours. Non loin de là, vous pourrez vous rendre à Yunotsu Onsen (温泉津温泉), des sources thermales millénaires. D’anciennes mines et des rues historiques à parcourir le jour, et un onsen pour se détendre la nuit — que demander de plus ?

Pour voyager entre ces deux destinations, vous pourrez emprunter une route côtière qui vous donnera l’occasion d’admirer des paysages spectaculaires. Laissez-moi à présent vous parler de quelques destinations moins connues que vous pourrez visiter en cours de route.

Partir à l’aventure en vélo autour du mont Sanbe

Le mont Sanbe (三瓶山) se trouve au centre de la préfecture de Shimane, dans l’enceinte du parc national Daisen-Oki. Mon expédition autour de ce volcan actif a débuté par un trajet de 40 minutes de bus entre la gare d’Odashi et Sanbesou (さんべ荘), une auberge traditionnelle japonaise disposant de bains onsen en plein air. Une fois arrivée, j’ai loué un vélo électrique afin de partir à la découverte des environs.

On trouve de nombreuses plaines aux alentours du mont Sanbe, l’environnement idéal pour faire du vélo et profiter du paysage. De petites villes et villages sont disséminées parmi les forêts et collines verdoyantes de la région. Ma sortie à vélo m’a conduite à Kiyohara et Ikeda, qui m’ont fait découvrir le Japon rural, entre champs, anciennes maisons, et rues étroites. Je me suis arrêtée dans quelques petits temples et sanctuaires le long du chemin, magnifiés par les feuillages de ginkgos devenus jaunes à l’automne.

L’un des temples que j’ai visité, Jozenji (浄善寺), est d’ailleurs célèbre pour son immense ginkgo. Haut d’environ 30 mètres et d’un âge estimé aux alentours de 600 ans, il s’agit du deuxième plus grand ginkgo de la préfecture de Shimane. Les feuilles de cet arbre prennent des teintes dorées entre la mi-novembre et début décembre, et lorsque les feuilles tombent au sol, à la fin de la saison, les jardins du temple se transforment en une magnifique mer jaune vif. On a l’impression de se promener dans un paradis doré, tout particulièrement le soir, lorsque des illumination viennent sublimer le lieu à la tombée de la nuit.

La dernière étape de mon périple à vélo fut le lac Ukinunoike (浮布池) et sa plateforme d’observation. La vue sur le lac et le mont Sanbe y est si magnifique que des personnalités comme l’empereur Hiroito et l’impératrice Nagako y ont fait le déplacement en avril 1971. On y trouve quelques bancs pour se détendre et profiter de la vue. Un petit sanctuaire a été construit sur les rives du lac. La porte torii de ce sanctuaire est placée dans les eaux du lac, ce qui le rend particulièrement photogénique.

J’ai fait une balade à vélo d’environ trois heures. Il y a bien plus à voir et à faire aux alentours du mont Sanbe, on y trouve, entre autre, des sentiers de randonnées, des terrains de campings, et d’autres lieux à explorer. Malheureusement, je n’avais pas assez de temps pour profiter pleinement de la richesse de la région, mais je vous conseille de passer une nuit sur place pour pouvoir explorer les environs.

Initiation aux techniques de fabrication du papier washi à Iwami

Le Sekishu Washi est une forme d’artisanat traditionnel vieux de plus de 1300 ans. Inscrit au patrimoine culturel immatériel du Japon, ce papier est encore utilisé de nos jours dans la fabrication de certains objets d’artisanat. Il est par exemple nécessaire à la conception des costumes de l’Iwami Kagura, une danse rituelle sacrée de la région. En vous rendant au Sekishu Washi Center (石州和紙会館), qui a ouvert ses portes en 2008, vous pourrez découvrir l’histoire de cet artisanat et les techniques de fabrication de ce papier japonais au travers de vidéos, d’expositions, et même d’un atelier d’initiation. Vous pourrez, en outre, découvrir différents objets fabriqués à partir de papier washi, exposés dans le hall principal.

Le papier washi est fabriqué à partir de plantes : le kozo (楮), le mitsumata (三椏), et le gampi sauvage (雁皮). Le processus de fabrication du papier commence par la coupe des branches que l’on fait cuire à la vapeur. On retire ensuite l’écorce. L’écorce est plongée dans l’eau pour la rendre plus souple, et l’on vient gratter la surface sombre de l’écorce à l’aide d’un couteau. On obtient alors une écorce blanche, qui est battue à l’aide d’un bâton de chêne pour permettre aux fibres de se détacher.

Mélangées à de l’eau et une substance collante obtenue à partir de la racine de tororo aoi (トロロアオイ), les fibres forment une pâte qui est utilisée pour la fabrication du papier washi.

Une fois qu’on a découvert le processus de fabrication, il est possible d’essayer de faire son propre papier washi ! La pâte à papier a été préparée à l’avance et on vous fournit un moule muni d’un tamis. Pour faire du papier washi, vous devrez recueillir de la pâte dans le moule et l’étaler de manière uniforme en faisant des mouvements réguliers. On vide ensuite l’eau, puis on recommence plusieurs fois jusqu’à obtenir l’épaisseur souhaitée. Le papier washi est retiré du tamis et pressé pour retirer l’eau restante. On laisse habituellement le papier sous des poids toute une nuit, avant d’être mis à sécher au soleil. Mais lors de cette initiation, un procédé plus simple et plus rapide est utilisé pour finaliser le papier, afin que vous puissiez repartir avec votre création.

L’entrée au Sekishi Washi Center est gratuit, mais l’initiation coûte 550 yens et nécessite une réservation au préalable.

*L’heure et les jours d’ouverture peuvent varier en fonction de l’évolution de l’épidémie de COVID-19. Veuillez consulter le site officiel du Sekishu Washi Center pour plus de précision.

Que voir à Masuda, dans la région d’Iwami

Masuda (益田市, Masuda-shi), est une ville de la région d’Iwami qui ne manque pas de sites intéressants. Située sur le littoral de la mer du Japon, Masuda était la capitale de l’ancienne province d’Iwami, si bien qu’on en retrouve même la mention dans des livres vieux de 2000 ans. La région était dirigée par le puissant clan Masuda, et certains poètes célèbres viennent également de cette ville. Voici certains des joyaux à découvrir à Masuda.

Le sanctuaire Kushishiro Kahime

Le sanctuaire Kushishiro Kahime (櫛代賀姫神社) fut édifié en 737 en l’honneur de Kushishiro Kahime no Mikoto, la divinité ancestrale de la tribu Kushishiro qui s’installa dans cette région. On trouve plusieurs bâtiments dans l’enceinte du sanctuaire. Le bâtiment face au hall principal possède des tuiles rouges, et le hall principal un toit en cuivre. La structure actuelle fut construite en 1765, mais on y retrouve une partie de l’ancienne structure de bois de 1548. Certains rituels shintoïstes y ont lieu au cours de l’année, comme la cérémonie des aiguilles (針拾神事), la danse du lion (獅子舞神事), ou des combats de sumo (角力神事).

Les magnifiques jardins des temples de Masuda

On trouve de nombreux temples et sanctuaires à Masuda, mais deux d’entre eux se distinguent par leurs magnifiques jardins.

Le temple Ikoji (医光寺), fondé en 1363, servait de temple familial au clan Masuda, alors au pouvoir. Entre 1469 et 1487, le prêtre en charge de ce temple était Sesshu Toyo, l’un des plus grands prêtres de l’histoire japonaise. C’est lui qui a conçu le jardin du temple, dans lequel se trouve un étang en forme de grue, doté d’une île en forme de tortue. Le jardin change d’apparence en fonction des saisons. En mai, les fleurs d’azalées apportent des touches de couleur au jardin. L’été, le jardin se pare de feuillages verts, tandis que les feuilles des érables deviennent rouges quand vient l’automne. En hiver, un manteau de neige éclatante recouvre le jardin.

Un autre jardin fut conçu par Sesshu Toyo, celui du temple Manpukuji (萬福寺). Ce temple fut construit durant l’époque de Heian (794-1185) et fut déplacé sur son emplacement actuel en 1374. Il s’agit également d’un temple familial du clan Masuda. Sesshu y conçut ce jardin de pierre en 1479, lui donnant une apparence plus minimaliste que le jardin du temple Ikoji. L’étang forme ici le kanji signifiant « cœur » (心, kokoro). Les visiteurs peuvent profiter de la vue depuis la véranda, et y déguster une tasse de thé matcha (à condition d’en avoir fait la réservation au préalable).

Art et architecture au Shimane Arts Center Grand Toit

Pour finir, intéressons nous à l’architecture singulière du Shimane Arts Center Grand Toit (島根県芸術文化センター グラントワ). Le nom de ce centre est à prendre au sens littéral, car on peut effectivement considérer l’ensemble de ce complexe comme un « grand toit ». Des tuiles Sekishu recouvrent à la fois les toits et les murs, donnant au bâtiment une atmosphère originale, tout en mettant en avant les traditions et la culture de la région d’Iwami. À l’intérieur, l’espace est partagé entre un musée d’art, qui permet de découvrir des expositions, une grande salle, et un auditorium plus intimiste. On trouve également un bassin peu profond dans la cour.

Comment se rendre à Iwami

Il est possible de se rendre à Iwami en train depuis la gare Shinkansen de Shin-Yamaguchi, également desservie par des trains locaux. Depuis Hiroshima, des bus JR, couverts par le Japan Rail Pass, permettent de rejoindre Hamada en deux heures environ.

La ligne JR San-in longe le littoral. Masuda, Hamada, Odashi, et Twumano font partie des gares principales qui se trouvent le long de cette ligne de train. Une fois arrivé à la gare, vous pourrez vous rendre à votre destination en empruntant les bus locaux ou en louant une voiture. Gardez en tête que la fréquence de passage des transports en commun peut être espacée dans cette région rurale, il faudra donc bien vérifier les horaires à l’avance.

Il est également possible de monter à bord d’un avion à Tokyo pour rejoindre l’aéroport de Hagi-Iwami en environ 80 minutes, et d’y faire débuter votre voyage.

*Une offre spéciale permet aux voyageurs ne résidant pas au Japon de prendre un bus express entre Hiroshima et Hamada pour 500 yens. (tarif applicable en mars 2022)

La région d’Iwami, dans la préfecture de Shimane, est une destination qui reste encore méconnue des voyageurs étrangers, une très belle occasion de découvrir un Japon authentique, d’admirer une grande variété de paysages, et de se plonger au cœur de la nature. Alors n’hésitez pas à prévoir quelques jours à Iwami lors de votre prochain voyage au Japon

Article écrit en partenariat avec l’Iwami Tourism Promotion Committee
Traduit de l’anglais par Joachim Ducos

Claudia Mitsubori

Claudia Mitsubori

Grown up in the middle of Germany, I made several trips to Japan since 2010, did one year Working Holiday and started living in Western Tokyo since October 2016 with my Japanese husband and our cute cat. I love traveling, food (especially sweets), learning more about Japanese traditions, Japanese music and everything related to cats. I am looking forward to share my experiences with you!

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