Article réalisé en partenariat avec l’Association de tourisme de Kyushu.
L’île de Kyushu, la plus au Sud des quatre îles principales constituant l’archipel japonais, n’est pas souvent choisie comme point de passage lors d’un premier voyage au Japon. JR pass et jours de congés limités obligent, on privilégie plutôt les plus classiques Tokyo, Kyoto, Osaka ou encore Hiroshima. S’il s’agit néanmoins de votre second voyage au Japon ou que vous vous sentez d’humeur aventurière, un petit détour hors des sentiers battus ne devrait pas vous décevoir. Avec sa nature sauvage et omniprésente, son histoire et patrimoine culturel si riches, ses habitants accueillants et ses spécialités culinaires savoureuses, l’île de Kyushu recèle de trésors à découvrir.
Et si visiter la totalité des sept préfectures de l’île n’est sans doute pas envisageable sur quelques jours seulement, il est tout à fait possible de se concentrer dans un premier temps sur la moitié Nord en rayonnant autour de la ville de Fukuoka. Après avoir partagé avec vous quelques unes de nos adresses préférées dans les préfectures d’Oita, de Fukuoka et de Saga, faisons à présent un tour dans la dernière préfecture de ce circuit, du côté de Nagasaki !
Avant de démarrer ce nouvel itinéraire de découvertes, précisons tout de même qu’il est possible de se déplacer en transports en commun sur l’île de Kyushu, mais qu’il ne s’agit sans doute pas du mode de transport le plus pratique ni le plus flexible. Afin de profiter au mieux de votre séjour, et notamment du circuit proposé ci-dessous, l’idéal est de louer une voiture sur plusieurs jours afin d’explorer la région à votre rythme. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet au lien suivant.
Ceci étant dit, la ville de Nagasaki est très facilement navigable en tramway. Vous pourrez acheter un pass à la journée pour un montant de 500 yens (disponible à l’office du tourisme, en gare de Nagasaki), et vous déplacer facilement d’une visite à la suivante. Toutes les infos pratiques sont à retrouver juste ici.
Si en France nous connaissons surtout la ville de Nagasaki sur fond de Seconde Guerre Mondiale, il y a pourtant bien plus à y découvrir. Nous vous emmènerons bien entendu au Musée de la Bombe Atomique, mais nous vous ferons aussi découvrir d’autres pans de l’histoire religieuse atypique de cette préfecture et, comme toujours à Kyushu, de magnifiques paysages naturels.
Note: toutes les informations pratiques concernant les diverses adresses données ci-dessous sont à retrouver en fin d’article, sur la carte.
Nagasaki vue d’en haut
Mais avant de s’enfoncer dans Nagasaki, pourquoi ne pas commencer par l’observer d’en haut? La ville est en effet très vallonnée et entourée de collines offrant des points de vue magnifiques sur le port un peu plus bas. S’il est possible de rejoindre l’observatoire du Mt. Inasa en funiculaire, vous pourrez également rejoindre le Mt. Nabekanmuri en voiture, plus au sud de la ville.
Perché là haut, à une altitude de 169 mètres, vous pourrez avoir une vue panoramique de Nagasaki: son port et chantier naval, son architecture moderne, et surtout cinq de ses sites classés au Patrimoine culturel mondial de l’Unesco, témoins de la révolution industrielle japonaise sous l’ère Meiji.
Parmi eux, l’ancienne résidence de style occidental d’un commerçant écossais ou encore la première grue géante au Japon fonctionnant à l’électricité. M’y rendant de jour et par temps clair, j’ai pu me faire une cartographie mentale de la ville avant d’y descendre. Mais à en juger par quelques photos aperçues sur internet, le panorama nocturne semble encore plus beau !
Musée de la bombe atomique et Parc de la Paix
Une fois plongés au coeur de la ville, commençons par deux incontournables: le Musée de la bombe atomique et le Parc de la Paix de Nagasaki. Ayant ouvert ses portes en hommage à 50 années de commémoration de la tragédie causée par la bombe atomique à Nagasaki, ce musée vous plongera au coeur de l’événement. Et tout commence par un petit voyage dans le temps.
À mesure que l’on descend rejoindre les salles du musée au sous-sol, les années défilent sur les murs jusqu’à revenir au 9 août 1945. Un musée chargé d’émotions et de témoins de ce chapitre noir de l’histoire, où vous pourrez observer les cicatrices laissées à la ville comme à ses habitants. Le lieu est également pensé pour mieux comprendre les événements qui ont mené à ce drame et la situation des armements nucléaires aujourd’hui.
L’expérience peut être très forte, mais loin de ne retenir que les images les plus sombres, elle est complétée par deux lieux de recueillement remplis d’espoir et d’apaisement: le Mémorial des victimes ainsi que le Parc de la Paix.
Je vous recommande d’ailleurs de commencer par le Musée puis de poursuivre avec le Parc et sa magnifique statue de la Paix. Vous verrez même de vives couleurs y jaillir par endroits, parmi les guirlandes aux milliers de petites grues accrochées de part et d’autre du parc; elles aussi symbole de paix.
Promenade au port et découverte de Dejima
Parmi les autres traits caractéristiques de Nagasaki, arrive certainement en seconde position son port. Véritable porte ouverte sur le monde, c’est grâce à lui que la ville commença à se développer et à nouer des relations de commerce internationales dès le 16ème siècle. Bien que très agréable et bordée de charmants petits restaurants et cafés, une balade au port actuel ne vous livrera pas grand chose de son histoire passée.
À quelques minutes de là en revanche se trouve l’ancienne île artificielle de Dejima, autrefois bastion des relations commerciales entre le Japon et le Portugal dans un premier temps, puis avec la Hollande. Dans un contexte politique de fermeture du pays, il s’agissait du seul endroit au Japon où les commerçants étrangers pouvaient venir décharger les marchandises de leur bateau et faire commerce, et ce jusqu’en 1859.
Ayant accueilli pendant plus de deux siècles les marchands hollandais, cette île artificielle fut absorbée par la ville en pleine expansion au 20ème siècle. Désignée depuis les années 20 comme Site historique national, d’importants travaux de rénovation ont été entrepris. Vous pourrez ainsi visiter les maisons des marchands hollandais ainsi que leurs entrepôts, reproduits à l’identique.
Bien plus que le résultat d’un simple accord commercial, ce lieu atypique donna également naissance à divers échanges culturels entre les deux nations. Un petit quartier de Nagasaki bien curieux qui reprend sa forme d’origine au fil des rénovations et qu’il est surprenant de visiter !
Déjeuner sur l’eau
Prolongez votre promenade au port jusqu’au Nagasaki Seaside Park, une étendue de verdure en bord de mer très agréable pour échapper à la ville.
Si vous êtes en manque de nourriture occidentale, vous trouverez à deux pas de là un restaurant italien où vous installer pour le déjeuner, Nagasaki Winery. Rien de bien compliqué au menu, on vient ici pour déguster un plat de pâtes réconfortant ou une bonne pizza.
Le tout avec vue sur sur les canaux de chaque côté du restaurant ou sur le beau four à pizza. Simple, efficace et charmant !
L’église d’Oura et les chrétiens cachés de Nagasaki
Avant de poursuivre avec notre prochaine visite, laissez moi d’abord vous planter le décor. Il y a en effet de fortes chances pour que, tout comme moi, vous n’ayez jamais entendu parler de ce pan de l’histoire de Nagasaki pourtant exceptionnel. Revenons donc au 16ème siècle, à l’époque où le port de Nagasaki commençait à s’ouvrir au monde, aux bateaux de commerçants venus d’Europe ainsi qu’à quelques missionnaires catholiques. Ces derniers furent très actifs dans la région de Nagasaki et y entamèrent très tôt la transmission de leur religion, donnant ainsi naissance à quelques communautés chrétiennes japonaises bien ancrées.
Tandis que le gouvernement japonais entreprit une politique de fermeture du pays dès le siècle suivant, interdisant notamment la pratique de la religion catholique et bannissant les missionnaires européens du Japon, ces communautés continuèrent à pratiquer leur foi clandestinement, en développant un système religieux adapté à ce climat de persécution. Une interdiction qui fut tout de même maintenue pendant deux siècles et durant laquelle ces communautés de chrétiens japonais réussirent malgré tout à cultiver et transmettre leur foi. Une fois cette loi levée, au 19ème siècle, ces communautés se révélèrent petit à petit au grand jour et purent enfin édifier des lieux de culte dans leurs villages. Ne soyez donc pas surpris de croiser autant d’églises dans cette partie du Japon !
Depuis le mois de Juin 2018, l’Unesco a inscrit à son patrimoine mondial 12 de ces sites construits entre les 17 et 19ème siècle. Partons donc à la découverte de quelques uns de ces témoins historiques uniques: les sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki.
Démarrons ce parcours historique à l’Église d’Oura, dont la construction débuta en 1863. Tandis que l’interdiction de pratiquer la foi catholique était encore en vigueur, le Japon entamait à cette époque sa ré-ouverture sur le monde extérieur. Un accord autorisa ainsi 5 pays (les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France et les Pays-Bas) à venir commercer et résider au Japon. C’est dans ce contexte que quelques missionnaires catholiques purent revenir s’installer dans le pays. Parmi eux, deux prêtres français décidés à construire une église en hommage à un groupe de catholiques condamnés à mort par crucifixion à Nagasaki plusieurs siècles plus tôt: les Vingt-Six Martyrs du Japon. Cette église a joué un rôle tout particulier dans l’histoire des chrétiens cachés de Nagasaki, car c’est ici que certains d’entre eux furent découverts, dans les mois qui suivirent l’inauguration de l’église en 1865.
L’Église que l’on a sous les yeux aujourd’hui, majestueuse, n’est pas tout à fait identique à l’original. Ayant connu des travaux d’agrandissement lorsque la religion chrétienne fut à nouveau autorisée en 1873, elle reçu également d’importants travaux de réparation à la suite de la bombe atomique, notamment sur son toit et ses vitraux dont les actuels proviennent d’artisans français.
Une église magnifique et immaculée, toute en simplicité à l’extérieur comme à l’intérieur. Rien n’est tape-à-l’oeil ni trop chargé, à l’image de la statue de la Vierge Marie installée à son entrée.
Le bois, très présent à l’intérieur, apporte de la chaleur, tandis que les vitraux aux dessins minimalistes se chargent de faire entrer de la lumière et de la couleur.
Prenez également le temps de visiter le bâtiment situé sur la droite de l’église, ancien séminaire reconverti en musée sur l’histoire des chrétiens cachés. Et en repartant, n’oubliez pas de vous retournez une dernière fois vers ce bâtiment si singulier, entouré de palmiers et d’une végétation luxuriante. Un lieu chargé de sens et d’histoire qu’il est aussi impressionnant que surprenant de visiter.
Les îles de Goto
Poursuivons notre exploration sur les traces des chrétiens cachés de la région de Nagasaki en prenant le bateau pour un archipel d’îles voisin où bon nombre d’entre eux s’exilèrent: les îles de Goto.
En un peu plus d’une heure de ferry express depuis le port de Nagasaki, vous aurez laissé la ville bien loin derrière vous pour atterrir du côté de la sauvage Kami Goto, la partie nord de ces îles.
Ces petites îles regroupent à elles seules une cinquantaine d’églises au total, avec 29 d’entre elles situées à Kami Goto. Si vous vous déplacez en voiture sur l’île (difficile de faire autrement !), vous pourrez prendre le temps de vous y arrêtez en chemin et d’en pousser les portes. La brume enveloppant l’île lors de ma visite, je découvrais les églises de Kami Goto dans une ambiance mystique. Et néanmoins non sans une pointe d’amusement tandis que j’y retrouvais ici et là quelques petits détails très japonais. Vous devrez par exemple poser vos chaussures avant d’y entrer et vous pourrez, comme dans les temples, conserver une trace de votre passage dans ces églises grace aux petits tampons à leur effigie placés à l’entrée de chacune d’entre elles.
Église de Kashiragashima
Le second site classé au patrimoine mondial de l’Unesco que je découvrais là bas est celui des anciens villages de l’île de Kashiragashima. Celle-ci ayant été utilisée il y a bien longtemps comme terre de mise en quarantaine et délaissée depuis, les chrétiens cachés de Sotome, ancienne ville de la préfecture de Nagasaki, y élire domicile au 19ème siècle. Tandis que l’interdiction de pratiquer cette religion battait encore son plein, ils vivaient sous l’égide d’un homme bouddhiste, afin de bien camoufler leur foi intérieure. Ils commencèrent alors à agrandir leur communauté sur toute l’île, en veillant toujours à bien protéger leur secret. Lorsque ceux-ci reçurent la nouvelle que d’autres chrétiens cachés venaient d’être découverts à l’église d’Oura, ils finirent par révéler leur secret et empressèrent les missionnaires européens de leur rendre visite. Une première église temporaire fut ainsi installée peu de temps après dans l’une des maisons du village avant d’être remplacée par une véritable église en bois construite par les locaux en 1887, marquant véritablement la fin d’une vie de secrets pour cette communauté. En 1905, un cimetière fut installé près de la mer pour les anciens Chrétiens cachés et en 1919, la construction de l’église de Kashiragashima telle qu’on la connaît aujourd’hui démarra.
Notez qu’afin de réguler le flux de visiteurs se rendant sur place, vous ne pourrez vous y rendre par vos propres moyens. Il vous faudra emprunter une navette gratuite (toutes les 30 minutes) au départ du Bureau du Gouvernement Préfectoral Japonais à quelques minutes de l’église. Prenez bien soin d’avertir de votre venue au moins deux jours à l’avance, en précisant la date et l’heure à laquelle vous souhaitez venir (lien du site internet à retrouver sur la carte en fin d’article). Durant le trajet aller en navette, installez-vous du côté gauche du bus afin d’avoir une vue sur l’église au loin en chemin.
Pour ajouter au caractère scénique de cette église isolée sur son île, j’arrivais sur place accompagnée par un ciel chargé de nuages et sous une pluie battante. L’extérieur de l’église construite en briques de grès, ce jour-ci gorgées d’eau de pluie, avait alors pris une couleur bien sombre.
Le contraste avec l’intérieur de l’église n’en fut que plus surprenant ! Après avoir déposé ses chaussures, on pénètre dans un bâtiment aux couleurs très douces, dans des tons pastels.
Enfin à l’abris de la pluie, c’est un intérieur à taille humaine qui m’accueille, avec seulement quelques rangées de bancs. Dans un tout autre style que l’église d’Oura, c’est pourtant ici aussi la simplicité et la chaleur du bois qui attirent mon attention. En levant les yeux, vous remarquerez quelques fleurs de camélia ici et là, emblème des îles de Goto. Une ode à la flore locale comme célébration de cette communauté de Chrétiens enfin autorisée à éclore au grand jour.
En sortant de l’église, vous aurez droit à une vue sur cette paisible petite île aujourd’hui inhabitée, sa côte escarpée et son cimetière de bord de mer.
Un lieu que l’on se sent privilégié d’avoir visité, dégageant surtout l’apaisement que ces communautés de Chrétiens ont pu ressentir à ne plus vivre cachées.
Plage d’Hamagurihama
Changement de lieu et d’ambiance à quelques kilomètres de là seulement sur la plage d’Hamagurihama.
Et oui les îles de Goto ne sont pas seulement connues pour leurs églises mais aussi pour leurs plages de sable blanc à l’eau bleu transparente. Et même par temps pluvieux, le cadre est idyllique ! Entourée d’une végétation dense et avec vue sur les petites îles de l’archipel au loin, c’est à se demander si l’on est toujours ici au Japon. La plage est classée parmi les 100 plus belles plages du Japon et attire un grand nombre de baigneurs chaque été. Des feux d’artifices y sont parfois tirés depuis l’eau, créant sans aucun doute un spectacle inoubliable.
Ayant la plage pour moi toute seule ce jour là, j’ai non seulement du mal à me l’imaginer remplie lors des chaudes journées d’été, mais regrette surtout que le soleil n’ai daigné poindre le bout de son nez pour me laisser goûter à l’eau… Une bonne raison de revenir !
Goûter aux spécialités locales: les udon de Goto
Avant de reprendre le bateau en direction du sud de l’archipel, accordez vous une petite pause pour faire honneur aux spécialités locales de l’île ! Direction le restaurant Yumenzanmai, tout près du port d’Arikawa, pour goûter aux fameuses nouilles udon.
Avec leur texture légèrement élastique et parfaitement moelleuse, les udon de Goto, ou Goto Tenobe udon, sont l’un des plats les plus populaires de la région. Ils font aussi partie des trois types de udon les plus réputés du pays, avec pour particularité d’être étirés à la main en y ajoutant une pointe d’huile de camélia, autre spécialité de la région. Dans cet établissement, vous serez installés aux côtés des locaux et dégusterez pour trois fois rien un bol réconfortant et rassasiant de ces délicieuses nouilles.
Je choisissais comme accompagnement des tempura de crevette, parfaite addition au bouillon.
Grotte chrétienne cachée
Pour continuer notre périple sur les îles de Goto, mettons le cap vers l’île de Fukue. Et pour s’y rendre, grimpons à bord d’un bateau taxi !
C’est parti pour une heure de trajet du nord au sud des îles de Goto en passant par l’un des sites des chrétiens cachés de la région, une grotte située sur l’île Wakamatsu, uniquement accessible par la mer.
Au 19ème siècle, un groupe de chrétiens s’y réfugia pour pratiquer leur foi en secret avant d’être malheureusement découverts et dénoncés, puis torturés. Celle-ci fut renommée la “grotte des Chrétiens” et un crucifix y fut érigé dans les années 60.
Église de Dozaki et pause sucrée
Sur l’île de Fukue, on dénombre au total douze églises chrétiennes. La plus connue d’entre elles, l’église de Dozaki, est aussi la première église de style occidental sur l’île, construite en briques rouges.
Elle symbolise la liberté de culte et l’ère nouvelle qui débutait suite à la levée de la loi interdisant le christianisme après plus de deux siècles de persécution dans tout le Japon, et sur les îles de Goto tout particulièrement. Construite en 1908, plusieurs années après la fin de cette loi, l’église semble pourtant bien cachée et ne se dévoile à la vue qu’une fois sur place. Le cadre est magnifique, dans une petite crique paisible, et ses briques rouges contrastent avec le paysage insulaire l’entourant.
L’intérieur a été en partie reconverti en musée et expose de nombreux objets de culte utilisés par les chrétiens cachés. Parmi eux, on retrouve notamment une statuette fusionnant Kannon, la déesse bouddhiste de la compassion, à la Vierge Marie. On y apprend également que les missionnaires venus construire cette église se sont aussi chargés d’ouvrir un orphelinat ainsi qu’un couvent pour les femmes élevant ces orphelins. Si le lieu est un peu reculé, une messe y est pourtant encore donnée une fois par mois pour la communauté chrétienne locale.
Sur le chemin menant à cette église, vous tomberez sur un petit café/bar un peu bohème, Baby Qoo, dont le mobilier de récup placé face à la mer est plus qu’invitant. Une fois au comptoir, vous y découvrirez une petite dame aux yeux malicieux qui n’est autre que la maîtresse des lieux ! À bientôt 90 ans, elle tient ce café en compagnie de son fils et y accueille des touristes du monde entier venus visiter l’église voisine. Elle me montre un porte clé en forme de koala accroché à son chapeau de paille, offert par des touristes australiens. Commandez lui une petite glace et si vous parlez un peu Japonais (ou bien que vous êtes accompagné d’une personne bilingue comme je l’étais…) elle se fera un plaisir de lancer la conversation.
Elle vous confiera peut être qu’elle est arrivée sur l’île à ses 21 ans, pour se marier à l’église de Dozaki, juste à côté. J’aurai pu rester là des heures à l’écouter parler mais d’autres visites m’attendaient encore. Je repartais donc, non sans lui avoir demandé une petite photo souvenir.
Résidence de seigneur et jardin japonais
Pour ceux qui souhaiteraient varier les visites et découvrir d’autres sites historiques que les églises de Goto, direction les ruines du château Ishida ! Construit dans la deuxième moitié du 19ème siècle, c’est l’un des derniers châteaux à avoir été érigé au Japon. Les travaux débutèrent en 1849, dans l’objectif de se protéger d’un potentiel débarquement de navires étrangers, et nécessitèrent l’intervention de plus de 50,000 ouvriers avant de s’achever 15 ans plus tard en 1863 ! Entouré par la mer sur trois de ses côtés, ce château était connu pour sa position très stratégique. L’arrivée de l’ère Meiji et de la fin du système féodal cinq ans plus tard, mirent néanmoins fin à la courte existence de ce tout jeune château.
Aujourd’hui encore, on peut toujours voir ses douves et visiter la demeure du seigneur à l’origine du château d’Ishida: Moriakira Goto.
Il s’agit d’une élégante résidence conçue dans un style traditionnel japonais, donnant sur un magnifique jardin à la végétation exotique.
Commencez par faire un tour dans ce dernier, inspiré du jardin du temple Kinkakuji à Kyoto, accueillant un arbre de plus de 800 ans !
Ouvrez l’oeil, vous verrez sans doute quelques petits crabes rouges vous observer du coin de l’oeil… La demeure quant à elle est un exemple d’élégance et de finesse.
Prêtez une attention toute particulière aux tapisseries couvertes de motifs uniques ainsi qu’aux shoji, ou parois recouvertes de papier de riz. Les motifs de ces derniers sont en effet très originaux et changent d’une pièce à l’autre.
Vous découvrirez enfin les nombreuses cachettes pour dissimuler des armes ou portes secrètes prévues par le seigneur en cas d’évacuation d’urgence.
Temple Myojoin
Terminons ce circuit par un nouveau lieu religieux et spirituel, cette fois-ci avec le plus vieux temple des îles de Goto: le temple Myojoin. Selon la légende, c’est ici que le grand prêtre bouddhiste Kukai se rendit à son retour de Chine où il était parti étudier. Il y aurait alors fait la prière que tous les enseignements qu’il avait reçu puissent un jour bénéficier au Japon. Le lendemain, il vit une étoile étinceler dans le ciel, myojo ou Vénus, comme un signe que sa prière avait été entendue.
Ce temple présente la particularité d’avoir un plafond entièrement décoré de peintures de fleurs et d’oiseaux, 121 exactement.
Pour accéder à cet élément d’architecture si singulier, n’hésitez pas à poser vos chaussures, pousser la porte du temple et emprunter le couloir sur la gauche qui mène jusqu’au bâtiment du fond. C’est ici que vous découvrirez, avec fascination et curiosité, des peintures toutes plus fines les unes que les autres. Si l’on aimerait grimper en hauteur pour les voir de plus près, elles gardent de loin une part encore plus grande de mystère.
Mais finalement, le clou du spectacle se trouve peut être dehors, juste à l’extérieur du temple qui se trouve au beau milieu des rizières. Une très belle manière de terminer l’exploration de ces îles où la nature est époustouflante et omniprésente, et où il n’est pas rare de se retrouver seul face à elle, en spectateur privilégié.
Passer la nuit sur l’île, à l’hôtel Margherita
Pour passer la nuit sur l’une de ces îles au charme mystique, vous pourrez réserver une chambre au Margherita Resort Hotel, situé sur la partie Nord, à Kami Goto.
Tout comme le nombre d’églises présentes dans cette partie de l’île, l’établissement comprend 29 chambres. Offrant d’un côté comme de l’autre un panorama magnifique sur la mer et les côtes escarpées de l’île, votre chambre donnera soit côté coucher de soleil, soit lever de soleil. Une petite carte sera d’ailleurs laissée dans votre chambre vous indiquant les heures précises auxquelles profiter au mieux de la vue.
Tout y est pensé pour profiter au maximum du cadre naturel qui entoure le bâtiment: immenses fenêtres dans l’accueil et les chambres, terrasse couverte tout près du spa, jardin surplombant la mer…
Si, comme lors de mon séjour, le soleil n’est pas au rendez-vous, vous trouverez aussi de quoi cocooner, dans l’espace bibliothèque arrangé avec goût ou bien dans l’un des onsen de l’hôtel.
Le restaurant de l’hôtel, Sora To Umi No Jujiro (« là où ciel et mer se rencontrent »), est également ouvert aux personnes ne résidant pas à l’hôtel.
Dans une ambiance très animée (salle comble un soir de semaine !), chic et à la fois décontractée, on sert une cuisine d’inspiration italienne: antipasti à partager, pâtes, huile d’olive et focaccia…
Le tout se terminant par un délicieux petit tiramisu au yuzu. Quant au petit-déjeuner, vous pourrez le choisir plutôt occidental ou japonais, l’un comme l’autre bien copieux !
Si les îles de Goto ont été un véritable coup de coeur, notez néanmoins que s’y rendre sans parler un mot de Japonais et sans permis de conduire pourrait être un peu compliqué. L’île est assez peu peuplée et plutôt sauvage, pensez donc à bien vous organiser à l’avance !