« Les danseurs sont des idiots, les spectateurs sont des idiots, tous idiots que nous sommes, pourquoi ne pas danser ? » La traduction de la fameuse chanson pleine de gaité « Yoshikono » de l’Awa Odori résonnera dans vos oreilles bien longtemps après que vous ayez assisté au festival. Alors pourquoi ne pas danser ? Baigné dans tant de bonheur au cœur de cette célébration culturelle, il est difficile de dire non.
De nombreux festivals d’Awa Odori ont lieu dans tout le Japon pendant les mois chauds de l’été. Si vous êtes en quête d’expériences pittoresques au Japon, le festival d’Awa Odori de la ville de Yamato ne vous décevra pas. Situé dans la préfecture de Kanagawa, le festival d’Awa Odori de Yamato se déroule sur deux jours en juillet. Entouré par des milliers de participants et de spectateurs, vous vivrez l’expérience de ce festival régional en immersion totale.
On dit que le festival d’Awa Odori tire ses origines du Bon Odori, une célébration bouddhiste japonaise où les âmes des personnes défuntes de la famille reviennent rendre visite à leurs proches. La danse qui est pratiquée pendant ce festival prend ses racines dans le Nenbutsu Odori qui remonte à l’ère de Kamakura (1185-1333). On pense que cette danse particulière a par la suite été influencée par le Kumi Odori, une danse pleine de vie pratiquée pendant la saison des moissons. Une danse énergique et enjoué à laquelle les spectateurs sont vivement encouragés à prendre part durant les jours du festival.
Je me suis retrouvé par hasard au festival d’Awa Odori de la ville de Yamato. Un soir, dans un bar du coin, le gérant m’a demandé si j’irais au festival le lendemain. N’en ayant jamais entendu parler, il m’a décrit l’évènement avec passion et m’a fortement encouragé à y prendre part. N’ayant rien prévu de précis pour le week-end et étant avide d’en apprendre plus sur la culture japonaise, je me suis rendu au festival d’Awa Odori de Yamato pour la première fois.
Bien choisir sa place
Le festival de danse commençait à 13h, mais je suis arrivé à la gare de Yamato un peu en avance. Il y avait de l’électricité dans l’air. Des habitants du coin de tous âges étaient en train d’arpenter avec grand intérêt les allées de stands de nourriture du festival qui s’étaient installées sur la place principale à l’extérieur de la gare. On y retrouvait les grands classiques que l’on peut déguster dans les festivals au Japon : des yakitori (brochettes de viande), des yakisoba (nouilles de sarrasin grillées), des bananes recouvertes de chocolat, du poisson grillé, et mes préférés, des takoyaki (boulettes au poulpe). C’est également ici que j’ai pu découvrir les délicieuses jagabata. Ces pommes de terre grillées ou frites, agrémentées de beurre, sont depuis devenues pour moi incontournables dès que je me rends à un festival japonais.
Le festival de danse défile le long des rues de la ville de Yamato tandis que les spectateurs s’assoient sur le bord de la route, qui est fermée à la circulation. Il existait une carte et un programme du festival, mais ceux-ci étaient uniquement en japonais. Il n’a cependant pas été compliqué de trouver le chemin : il suffisait de suivre la foule. En arrivant sur place, j’ai pu constater que de nombreuses familles avaient déjà aménagé leur coin pour piqueniquer, à l’aide de chaises et de tables installées sur la chaussée. Malgré la foule, j’ai facilement pu trouver un endroit où m’asseoir sur le bord du trottoir. Une fois installé, j’étais impatient que la danse commence, mais peu après 13h, j’ai commencé à entendre le son des instruments et des chants au bas de la rue. La musique, les chants et le bruit des geta (sandales de bois japonaises) frappant le bitume s’intensifiaient, et j’ai enfin pu apercevoir la première série de danseurs.
La danse de l’Awa Odori
La danse de jour, qui est plutôt raffinée et bien coordonnée, est appelée le Nagashi. Le premier groupe de danse qui est arrivé (connu sous le nom de Ren) était un groupe de femmes en rang serré habillées de magnifiques kimono assortis et de chapeaux caractéristiques en forme de demi-lune appelés Amigasa. Leurs voix chantaient en parfaite harmonie, leurs geta frappaient le sol à l’unisson et leurs mouvements glissaient en ne faisant qu’un. Elles étaient suivies de près par un groupe d’hommes, qui eux aussi dansaient et chantaient à l’unisson mais leur style de danse et leurs postures étaient clairement différents. Observer le rythme avec lequel ils formaient des triangles avec leurs mains et leurs petits coups de poignet devenait hypnotique. L’espace qui séparait les danseurs hommes entre eux faisait contraste avec la danse en formation serrée des femmes qui les précédaient mais chaque style complétait l’autre à la perfection.
Vint ensuite ce qui me parut être un défilé sans fin de couleurs et de sons lorsque que des groupes Ren, mixtes ou non, enchaînaient les danses. Chaque style de kimono qui passait était aussi beau que le précédent. L’énergie de la foule circulait en vagues alors que divers groupes de musique jouaient d’instruments japonais traditionnels tels que le shamisen, les percussions taiko, la flûte shinbone et la cloche kane. Il était touchant de voir de jeunes participants apprendre à perfectionner leurs danses sur le moment et de regarder les adultes faire la démonstration de tout leur talent et de leur art perfectionnés, c’était tout simplement spectaculaire.
Alors que le jour laissait peu à peu place à la nuit, une danse appelée Zomeki a pris le relai et changea l’ambiance du festival. Les danses bien coordonnées qui défilaient plus tôt firent place à une danse bien plus exubérante et l’énergie des participants faisait jeu égal avec les acclamations et l’excitation de la foule. J’ai pu voir quelques Ren pratiquer le Yakko Odori ou la danse du cerf-volant. Ces grandes troupes de participants étaient dotées d’une personne habillée d’un costume doré qui allait et venait en courant dans la rue pour applaudir avec frénésie les sauts périlleux, roues et autres poiriers.
Alors que les prestations de la soirée atteignaient leur apogée, la foule a commencé à se joindre à la danse dans la rue. Mon ami et moi n’avons pas pu résister à la tentation de rejoindre la danse. Le spectacle s’est terminé aux alentours de 21:00 mais le festival était loin d’être fini.
Danser dans la nuit
Après que les danses se soient terminées, l’ambiance du festival ne s’est pas estompée dans la ville. De joyeux groupes de personnes s’étaient rassemblés sur la place principale de Yamato et profitaient des stands de boisson et de nourriture du festival. C’était là une opportunité parfaite pour rencontrer des gens du coin et se joindre à eux dans cet esprit de fête. Préférant garder des forces pour le lendemain, j’ai quitté le festival un peu avant minuit mais je ne doute pas que les festivités se soient poursuivies jusqu’au petit matin.
Le deuxième jour du festival était tout aussi agréable que le premier. Ce jour-là, nous avons préféré regarder les danses depuis une rue adjacente plus petite, à quelques pas de là où nous nous étions assis la veille. Nous trouvant dans un espace plus confiné, la musique résonnait dans les rues, nous offrant là une toute nouvelle expérience du festival. Revoir ces groupes de danseurs m’a rempli de la même excitation et jubilation que la veille et il n’a pas fallu attendre longtemps pour que je me joigne à la foule.
Le festival de l’Awa Odori de Yamato restera pour moi l’un des moments les plus forts de mon été au Japon. Le fait que ce festival prenne place dans une petite ville m’a permis d’être en immersion totale dans les festivités. Si vous êtes à la recherche d’une expérience culturelle japonaise unique, vous ne regretterez pas de participer à ce festival.
Vous trouverez les informations les plus récentes concernant le festival sur ce site Internet.
Se rendre à l’Awa Odori de Yamato
La ville de Yamato est accessible via la ligne Odakyu de la gare de Shinjuku, à Tokyo. Le trajet prend environ 50 minutes en train express.
Ou bien, si vous voyagez depuis Yokohama, vous pouvez prendre la ligne Sotetsu qui se rend directement à Yamato en environ 20 minutes (en train express rapide).