Article réalisé en partenariat avec le Shikoku District Transport Bureau.
Un séjour à Shikoku, la plus petite des quatre îles principales de l’archipel japonais, est une opportunité unique de découvrir quelques unes des régions les plus préservées du Japon. À l’Est de l’île, dans les préfectures de Tokushima et de Kagawa, vous découvrirez des paysages naturels sauvages et indomptés, rencontrerez des communautés rurales vivant à flanc de montagne, foulerez le sol de quartiers historiques et vous initierez à l’artisanat traditionnel local. Un séjour qui ne vous laissera pas indifférent et vous fera découvrir de nouvelles facettes du Japon…
Astuce #1 : Qui dit région du Japon préservée et reculée, dit manque de transports en commun… Avant d’entamer votre lecture, notez bien que le circuit suggéré ci-dessous s’effectue idéalement en ayant loué une voiture, mode de transport à privilégier dans la région.
Astuce #2 : Vous pourrez retrouver toutes les informations pratiques (horaires, tarifs…) des lieux mentionnés ci-dessous dans la carte en fin d’article.
La vallée d’Iya et sa beauté sauvage
Démarrons donc tout de suite ce petit itinéraire à la découverte de l’Est de Shikoku avec la magnifique et mystérieuse vallée d’Iya située dans la préfecture de Tokushima. Me rendant sur place à la toute fin du mois d’Octobre, le timing était idéal pour découvrir ce lieu, vibrant aux couleurs naissantes de l’automne.
Faire un tour du côté de la vallée d’Iya, c’est découvrir une partie du Japon à la beauté sauvage et préservée, où l’on serpente de petites routes de montagnes pour s’enfoncer dans une végétation dense. Une partie du Japon qui plaira tout particulièrement à ceux d’entre vous en qui une âme d’aventurier sommeille, prêts à traverser des ponts en liane suspendus, s’initier au rafting ou encore à la tyrolienne !
À commencer par l’attraction la plus connue de la vallée, attirant chaque année bon nombre de visiteurs venus du Japon et d’ailleurs : les ponts en plante grimpante, ou Kazurabashi, d’Oku Iya.
Si l’on n’en trouve plus que trois aujourd’hui (deux à Oku Iya et le troisième, plus connu, à Nishi Iya), on pouvait compter à une époque pas moins de treize ponts permettant de traverser la vallée. Laissant apparaître le vide sous vos pieds, légèrement grinçants et ballotés par chacun de vos pas, ces ponts tout droit sortis d’un film d’Indiana Jones vous offriront une traversée mémorable !
Rassurez vous tout de même, des câbles en acier sont aujourd’hui dissimulés sous la végétation pour plus de sécurité, et les ponts sont rénovés tous les trois ans.
Autre option pour passer de l’autre côté de la rivière, une sorte de petit habitacle en bois pouvant être déplacé à l’aide d’un système de cordes et de poulies, surnommé le pont du singe sauvage…
Après avoir pris place à son bord, il vous suffira de tirez sur l’une des cordes pour avancer à votre rythme. Perché tout là haut, arrêtez vous à mi parcours pour admirer la vue sur la vallée en contrebas.
Pour les moins téméraires ou les personnes souffrant de vertige, vous pourrez descendre jusqu’à la rivière pour observer les ponts depuis le bas. Entouré de cascades et de rochers, la vue y est tout aussi magnifique !
Pour un boost d’adrénaline encore plus fort, direction le tout proche centre d’accrobranche Forest Adventure.
Vous serez reçu ici par une équipe très professionnelle et rassurante avant de vous lancer dans une traversée de la vallée en tyrolienne !
Un parcours de 360 mètres durant lequel vous verrez défiler à toute vitesse le paysage boisé et l’eau claire de la rivière juste en dessous de vos pieds. Une vue imprenable et des sensations uniques ! On en redemanderait presque…
À quelques kilomètres de là, un autre panorama sur la vallée vous attend dans un cadre pour le moins atypique, avec la statue d’un petit garçon semblable à celle du Manneken-Pis à Bruxelles, perchée à 200 mètres de hauteur. De quoi donner le vertige !
Et en parlant de cadre atypique, profitez d’un passage dans la région pour aller faire un tour dans le village de Nagoro, surnommé Kakashi no Sato, littéralement le village des épouvantails.
À mesure que la population continue de décroître ici – une vingtaine d’habitants seulement – le nombre d’épouvantails quant à lui ne cesse d’augmenter (autour de 270 aujourd’hui !).
Bien loin de simples bouts de bois coiffés d’un chapeau, ces épouvantails là ont tous une apparence bien à eux, où tout est pensé jusqu’au moindre détail : couleur des cheveux, placement des doigts, vêtements…
Inspirés d’habitants actuels ou passés du village, ils apportent une présence discrète et silencieuse à chaque coin de rue et jusque dans l’école abandonnée.
Peut être y croiserez vous d’ailleurs leur créatrice, Mme Tsukimi Ayano, en train de donner vie au prochain résident de Nagoro d’une main de maître.
Elle se fera sans doute un plaisir de vous montrer les différentes étapes de fabrication, à base de papier journal et fils de fer.
Côté spécialités locales, vous pourrez non seulement goûter aux nouilles soba de la région mais aussi vous essayer à leur confection ! Rendez vous dans la cuisine de Mme Tsuzuki pour un atelier guidé avec patience, bienveillance et précision.
Vous commencerez par apprendre à moudre le sarrasin à l’aide d’une meule en pierre ancienne pour en faire de la farine, avant de vous lancer dans le vif du sujet.
Mélanger la pâte, la malaxer, l’étirer puis la découper en fines lamelles, le tout se terminant bien sûr par une dégustation !
Une fois votre tablier déposé, rendez-vous dans le bâtiment attenant pour goûter au fruit de votre travail, servi accompagné de tempura de légumes de saison et d’un réconfortant bol de thé, tout en discutant avec la charmante Mme Tsuzuki, véritable personnalité locale !
Afin de poursuivre votre immersion en pleine nature dans cette région si reculée et préservée du Japon, nous ne pouvons que vous recommander de passer au moins une nuit sur place. Vous pourrez ainsi choisir de poser vos valises au coeur de la vallée, au sein du Iya Onsen Hotel. Trônant seul face à la végétation, l’établissement offre depuis 1972 à ceux qui y séjournent un panorama incroyable depuis chacune de ses chambres.
Un lieu calme et chaleureux dédié à la détente et à la contemplation. Et comme son nom l’indique, l’hôtel dispose de onsen, ces bains à l’eau thermale naturellement chaude, ici en extérieur. Le seul moyen de s’y rendre ? Un mini funiculaire qui descend de l’hôtel pour rejoindre le bord de la rivière 170 mètres plus bas, en seulement 5 minutes.
Juste ici, en plein coeur de la vallée d’Iya, vous pourrez laisser s’évaporer tensions et tracas en plongeant dans un bain avec vue sur la nature environnante.
L’hôtel comprend également un restaurant entouré d’immenses baies vitrées, vous permettant là aussi, de profiter pleinement du panorama.
Plutôt que de s’enfoncer dans la vallée d’Iya, vous pourrez également poursuivre votre chemin sur les étroites routes en lacet de Miyoshi et prendre un peu de hauteur pour rejoindre le hameau d’Ochiai. Là bas, de grandes maisons traditionnelles japonaises au toit de chaume ont été rénovées pour accueillir aujourd’hui les visiteurs de passage.
Une opportunité unique de découvrir le mode de vie des communautés locales, cultivant ces terres abruptes et vivant à flanc de montagne. Ces maisons disponibles à la location mêlent le charme et l’esthétique des maisons traditionnelles japonaises au confort d’intérieurs plus modernes, avec par exemple des cuisines toute équipées ou encore des sols chauffants.
Vous pourrez ainsi choisir d’amener quelques provisions afin de concocter vous-même votre repas du soir, ou bien goûter à un dîner préparé par une cuisinière locale qui se déplacera jusqu’à vous.
Tandis que l’on s’endort sous cet épais toit de chaume et dans le silence le plus total, on ne peut s’empêcher de songer à ceux qui ont vécu ici il y a bien des années. Sans doute vous ferez vous tirer de votre sommeil le lendemain à l’aube par le son d’un clocher lointain et les aboiements d’un chien lui répondant, mais nul doute que la vue qui vous attendra alors saura vous donner l’envie de sauter du lit.
De la vallée d’Iya aux gorges d’Oboke
Afin de poursuivre votre découverte des paysages naturels préservés de Shikoku, reprenez à présent la route en direction des toutes proches gorges d’Oboke.
Si vous pourrez apercevoir les formes mystérieuses des roches blanches encadrant l’eau claire de la rivière Yoshino depuis votre voiture, s’y arrêtez pour continuez votre exploration en bateau vaut vraiment le détour.
Classées comme Trésor national naturel en 2014, puis comme Site pittoresque national l’année suivante, les gorges d’Oboke offrent un paysage pour le moins rare et intrigant. Les formations rocheuses en schiste cristallin bordant la rivière sont en effet les témoins de mouvements de plaques tectoniques il y a plus de 100 millions d’années !
En grimpant à bord de l’un des bateaux de plaisance proposant une petite croisière dans les gorges, vous pourrez ainsi voir de plus près ces sculptures naturelles fascinantes. Selon la météo et la lumière du soleil, l’eau transparente de la rivière Yoshino arbore des teintes allant du vert au bleu turquoise, venant ainsi parfaire ce paysage de carte postale.
Vous serez également escorté tout au long de cette balade au fil de l’eau par un ou deux rapaces gourmands rasant de près le bateau (le capitaine ne manquera pas de les attirer avec quelques morceaux de pain) et bon nombre de carpes curieuses.
Un circuit d’une trentaine de minutes au total à ne pas manquer. Selon la saison et votre motivation, il est aussi possible d’opter pour la version rafting de la découverte des gorges ; la rivière Yoshino étant l’une des plus réputées du pays auprès des amateurs de la discipline.
En revenant de la croisière, ne manquez pas de vous arrêtez au restaurant Obokekyo Mannaka pour goûter à de délicieux plats préparés à partir de produits locaux.
Au menu : poisson grillé, nouilles soba, nabe, fruits de saison… Et vous ferez surtout ici l’expérience d’un accueil pas comme les autres, avec un personnel aux petits soins et aux attentions délicates (je ne vous en dis pas plus mais pensez à précisez votre nationalité au moment de la réservation…).
Le restaurant surplombant les gorges, vos yeux continueront à se régaler tout autant que vos papilles.
Et parce qu’il n’y a rien de mieux que de passer du temps avec les locaux lorsque l’on visite la campagne japonaise, reprenez le volant en direction des hauteurs de Mima pour un séjour chez l’habitant au minshuku Yuzu No Sato. Après avoir arpenté une fois de plus les routes sinueuses de la région, vous serez accueilli par Shizuko-San, une ancienne hôtesse de caisse aux yeux rieurs et au grand coeur, qui a préféré délaissé un quotidien plus urbain pour se rapprocher de la nature et en faire découvrir toutes les richesses. Elle vous ouvrira les portes de sa maison chaleureuse et vous y fera vous sentir comme chez vous. Lors de mon séjour sur place à la fin du mois d’Octobre, je tombais en pleine période de récolte du yuzu, cet agrume japonais au goût divin.
Et cela tombait plutôt bien, car comme son nom l’indique, on trouve dans le jardin de ce minshuku un véritable verger d’arbres garnis du fameux agrume !
Après vous avoir fourni une paire de gants, un sécateur et un petit sac, Shizuko-San vous mènera jusqu’au verger pour une session cueillette.
Et une fois votre sac bien rempli, direction la cuisine pour aider à la préparation de pâte miso au yuzu. Une cuisine aux placards remplis de jolie vaisselle et de saladier débordants de légumes du jardin, où un délicieux parfum de yuzu flotte dans l’air tandis que vous en épluchez l’écorce.
À des milliers de kilomètres de chez vous et malgré la barrière de la langue, on se sent ici comme à la maison. Le soir venu, tous les invités du minshuku pourront s’installer autour du foyer de la salle à manger pour partager un dîner préparé avec soin par la maîtresse des lieux à partir d’ingrédients locaux : edamame du potager, brochettes de tofu et pommes de terre recouvertes de la fameuse pâte miso au yuzu, bol de riz fumant…
Quelques minutes passées dans un bain chaud (lui aussi au yuzu !) finiront de vous détendre complètement avant de vous glisser sous l’épaisse couette recouvrant votre futon pour une nuit reposante.
Sur les conseils de Shizuko-San, je me levais le lendemain suffisamment tôt pour voir le soleil se lever derrière les montagnes de Mima et inonder le jardin du minshuku d’une lumière chaude et dorée.
Attablé au petit-déjeuner – lui aussi préparé maison – il y a fort à parier que vous n’aurez nullement envie de laisser ce petit coin de paradis derrière vous…
Et pourtant, à quelques minutes de voiture de là se trouve le charmant quartier historique de Mima, Udatsu, qu’il serait dommage de manquer.
Ayant prospéré à l’époque d’Edo en tant que berceau de la teinture à l’indigo, on peut aujourd’hui encore se balader dans l’artère principale de ce quartier très bien préservé pour se faire une idée de ce à quoi ressemblait le Japon d’autrefois.
De maisons traditionnelles en ateliers d’artisans locaux, vous trouverez ici de quoi vous promener un bon moment. Tandis que vous déambulez dans le quartier, prenez le temps d’observer l’architecture particulière des bâtiments aux ingénieux dispositifs coupe feu, ou udatsu, desquels la rue tire son surnom. Chaque maison est ainsi séparée de sa voisine par une sorte d’avancée faite d’argile et le plus souvent décorée d’une petite gargouille en forme de poisson.
Si vous êtes curieux de découvrir ce qui se cache derrière ces belles façades, filez visiter l’ancienne résidence des Yoshida, une riche famille de marchands.
Vous y découvrirez une immense bâtisse aux nombreuses pièces de vie, à la cuisine typique de l’époque, au jardin japonais et à l’impressionnante structure en bois.
Udatsu est également le lieu idéal pour en découvrir davantage sur l’artisanat local. Vous pourrez par exemple découvrir la fascinante petite boutique d’un créateur de petits personnages en bambou.
Ou bien pousser la porte du Centre d’artisanat traditionnel de Mima et en apprendre plus sur les secrets de fabrication des ombrelles japonaises, de la sélection du bois à sa découpe, en passant par le choix des outils nécessaires.
À moins que ça ne soit leur décoration qui vous fascine, auquel cas vous pourrez rencontrer l’un des rares dessinateurs sur ombrelle de la région.
Sans oublier bien sûr de vous essayer à ce qui a fait la réputation de cette ville : la teinture à l’indigo.
Relevant finalement presque de la chimie, on vous expliquera tout d’abord les différents composants nécessaire à la création de ce fameux bleu avant de mettre la main à la pâte.
À commencer par le nouage du tissu afin de créer les motifs qui resteront blancs, avant de le tremper dans de grandes cuves remplies de la célèbre teinture.
Selon la teinte finale souhaitée, plus ou moins foncée, il faudra répéter le trempage à plusieurs reprises avant de passer le tissu sous l’eau pour révéler la nuance d’indigo finale.
Un atelier aussi pédagogique que ludique dont vous garderez un souvenir indélébile si vous ne portez pas de gants !
Si vous êtes sur place à l’heure du déjeuner, faites un saut au restaurant bio Sabo à deux pas de l’atelier d’indigo, où l’on vous servira une assiette colorée de poulet à la sauce sucrée/salée accompagné de petits légumes, le tout dans une maisonnette ancienne au toit de chaume et accueilli par un personnel attentionné. Un régal !
Retour à la vie urbaine du côté de Takamatsu
Après plusieurs jours passés dans l’une des régions les plus reculées du Japon en pleine immersion dans une nature dense et préservée, vous pourrez changer d’ambiance et de décor en mettant le cap sur Takamatsu, dans la petite préfecture de Kagawa. Vous laisserez derrière vous les étroites routes de montagnes et les conditions naturelles parfois difficiles pour retrouver un cadre citadin et un climat bien plus doux dans cette ville installée au bord de la Mer Intérieure de Seto. Et si l’on se rend à Takamatsu, c’est avant tout pour découvrir ses richesses culturelles !
Si la nature vous manque déjà, démarrez votre séjour par une visite du somptueux jardin de Ritsurin, le plus grand jardin japonais du pays à être classé en tant que « paysage exceptionnel ».
Si vous avez sans doute déjà visité d’autres jardins japonais par le passé, il y a fort à parier que vous n’en ayez jamais vu d’aussi étendu. Avec ses six bassins et ses treize collines étendus sur 16 hectares, il vous faudra donc un peu plus qu’une petite heure pour le visiter dans son ensemble.
Un plan du parc ainsi que plusieurs guides bénévoles sont à votre disposition à l’entrée du parc, afin de vous repérez au mieux dans cet immense écrin de verdure. Mais également de mieux l’apprécier, grâce à de précieux éclairages et conseils.
Avec une histoire qui remonte au début de l’ère Edo, il y a plus de 400 ans, il aura fallu plus de cent ans à ce jardin pour être finalisé. Pour la petite anecdote, onze générations de seigneurs de Takamatsu y vécurent avant que le parc ne soit finalement ouvert au public en 1875 avec l’arrivée de l’ère Meiji. Votre visite pourra démarrer dans le Shokoshoreikan, une impressionnante bâtisse à l’architecture traditionnelle pensée comme un musée.
Vous y trouverez au premier étage quelques meubles du designer George Nakashima ainsi qu’une belle vue sur le jardin depuis le balcon. Depuis ce point de vue, vous pourrez commencez à distinguer les savants jeux de perspectives du jardin avec le Mt Shiunzan en toile de fond avant d’y descendre.
Parmi les attractions principales de Ritsurin, ne manquez pas de prêter une attention toute particulière aux pins du jardin (plus de mille au total !).
S’il est difficile de manquer le « Tsuru Kame Matsu », le plus beau pin du jardin se dressant majestueusement sur un amas de pierres en forme de tortue, il vous faudra un oeil plus averti pour percevoir les subtilités et la fine manucure des hakomatsu (pins taillés dans une forme cubique) et des byobumatsu (pins au tronc noir et aux branches intriquées).
Au fil de la visite, je découvrais un jardin dans lequel rien n’était laissé au hasard et où le moindre élément pouvait être chargé de sens, dépassant bien souvent le simple fonctionnel ou l’esthétique.
Des petits pas de pierre menant à une maison de thé pensés comme une transition en douceur vers un espace où l’on peut laisser ses soucis de côté, aux différentes significations derrière l’agencement des rambardes de bambou, plus souples lorsque la forme est arrondie, et plus ferme lorsque la forme est plus carrée.
Ne manquez pas de vous accorder une petite pause dans l’une des maisons de thé du parc, notamment celle de Kikugetsu-tei, où vous pourrez passer un moment de calme en dégustant un thé matcha tout en profitant de somptueux panoramas sur le jardin, quelque soit la saison.
Mon guide me confiait en début de visite que la beauté du Ritsurin n’était pas simplement quelque chose qui se voyait, mais surtout quelque chose qui se ressentait. Plus que de vous partager des mots ou des images, je ne peux donc que vous recommander d’aller en faire l’expérience par vous même…
Un jardin absolument magnifique en toute saison, dans lequel on pourrait se perdre pendant des heures.
Poursuivez votre parcours culturel à Takamatsu en découvrant la vie et les oeuvres de deux artistes ayant marqué leur époque et leurs deux nations, États-Unis et Japon, chacun dans un domaine qui leur est propre : George Nakashima dans le design de mobilier et Isamu Noguchi dans la sculpture.
Le George Nakashima Memorial Hall retrace le parcours de cet ancien architecte, préférant à l’étiquette de designer celle d’artisan du bois.
En plus de son studio installé en Pennsylvanie, c’est à Takamatsu que George Nakashima avait établi son second atelier, où il collaborait avec un collectif local pour la modernisation de techniques ancestrales de fabrication de mobilier.
Vous pourrez découvrir ici une large collection de ses créations, des plus emblématiques, comme ses chaises à deux pieds, aux plus uniques. Des oeuvres modernes et ergonomiques mettant à l’honneur toute la noblesse du bois.
Quant au Musée-Jardin dédié au sculpteur Isamu Noguchi, vous découvrirez ici le studio dans lequel l’artiste venait travailler plusieurs mois par an, à mille lieues de son pays natal, les États-Unis.
Sur réservation, vous pourrez ainsi découvrir sa résidence, son espace de travail, ainsi qu’une collection de 150 sculptures, dont certaines restent inachevées.
Parmi la plus impressionnante de ses oeuvres, ne manquez pas de contempler la fascinante sculpture en granit noir « Energy Void », mesurant plus de trois mètres de haut.
Les amateurs d’artisanat traditionnel pourront également s’initier à Takamatsu aux techniques de broderie propres au Temari, de petites boules faites de fil de coton jadis fabriquées comme jouets pour les enfants.
Direction les locaux de l’Association de préservation du Sanuki Kagari Temari (des techniques de création de Temari spécifiquement de la région) pour apprendre les secrets de fabrication et les gestes ancestraux derrière cet artisanat délicat.
Vous serez accueillis et guidés par une équipe de passionnés, ayant à coeur de transmettre leur savoir-faire. Je m’essayais pour ma part à la broderie d’un motif dit en forme de feuille de chanvre, pas trop compliqué pour un débutant.
Une fois ce petit atelier terminé, n’hésitez pas à passer une tête dans la salle d’à côté pour observer les procédés de teinture naturelle des fils à broder.
Pour rassasier votre estomac tout autant que votre curiosité, offrez vous un copieux bol de udon à l’heure du déjeuner au sein du restaurant Yamadaya.
Un grand classique de la cuisine japonaise à déguster ici dans un établissement à l’architecture traditionnelle s’ouvrant sur un charmant petit jardin japonais.
Quant au dîner, pourquoi ne pas vous laissez tenter par une cuisine de style izakaya au restaurant Renge Ryouriten ?
Au menu : sashimi, toasts au saumon et à l’avocat, tofu cheese ou encore gyoza, le tout accompagné d’une bière fraîche ou d’une ginger ale fait maison.
Nul doute qu’une nuit au Royal Park Hotel, situé en plein centre ville, saura vous offrir un moment de repos bien mérité après une journée remplie de visites.
Établissement de haut standing, vous y retrouverez des chambres à la décoration soignée et aux équipements modernes.
Côté petit-déjeuner, vous pourrez choisir entre un menu occidental ou japonais, à compléter par quelques fruits ou viennoiseries disponibles en buffet.
Quitter Shikoku en passant par Kurashiki
Sur la route du retour pour rejoindre Honshu, l’île principale de l’archipel japonais, à la fin de votre périple à l’Est de Shikoku, ne manquez pas de passer par la ville de Kurashiki dans la préfecture d’Okayama !
Après avoir emprunté l’impressionnant pont de Ohashi pour traverser la Mer Intérieure de Seto, vous ne vous trouverez plus qu’à quelques kilomètres du pittoresque quartier historique du Bikan, attraction touristique phare de la ville de Kurashiki.
Traversé par un canal connecté à la rivière Takahashi, le quartier du Bikan à Kurashiki se développa sous l’ère d’Edo en tant que centre important de commerce, pour le coton tout particulièrement, où maisons de marchands et entrepôts fleurirent de toutes parts.
Classé depuis la fin des années 1970 en tant que zone de préservation de bâtiments traditionnels, le quartier est impeccablement entretenu et conserve une atmosphère paisible et authentique.
Saules pleureurs dont les feuilles caressent le canal, bateaux traditionnels glissant sur l’eau, petites maisons aux façades d’un blanc immaculé…
Ce petit quartier historique a beau avoir été touché par les intempéries de l’été 2018, il n’en reste pas une trace et l’on se croirait ici dans un décor de carte postale. Le charme est d’ailleurs préservé à tel point que les câbles électriques du quartier ont récemment été enterrés pour ne pas entacher le paysage.
Musée d’art occidental, d’archéologie ou d’artisanat folklorique, visites d’anciennes demeures de riches marchands, tour en bateau traditionnel… Vous trouverez ici largement de quoi vous plonger dans le passé de cette ville à l’histoire riche.
Si vous ne disposez néanmoins que de peu de temps pour visiter ce quartier, promenez vous tout simplement dans ses charmantes petites rues typiques qui vous transporteront dans un Japon d’antan.
Bon nombre de petites boutiques et cafés vous y attendent d’ailleurs, dans lesquels vous pourrez parfois passer un agréable moment.
Dans l’une des boutiques du Craftwork Village de Kurashiki, vous pourrez ainsi customiser votre propre tenugui, petit torchon à main, à l’aide de tampons et d’une encre spéciale textile.
De quoi ramener un souvenir unique de la ville, avec un tenuigui décoré des façades typiques du quartier du Bikan, agrémentées de votre petite touche personnelle.
S’il y a des amateurs de papeterie parmi vous, je ne peux que vous conseiller de filer à la boutique Nyochikudo située un peu plus loin dans la même rue.
Vous entrerez ici au paradis du masking tape, ces petits rouleaux de papier de riz adhésif aux motifs plus kawaii les uns que les autres. La bonne excuse pour traîner un peu plus longtemps dans cette boutique débordante de petits rouleaux colorés ? Un stand de personnalisation mis à disposition des clients gratuitement !
Après avoir choisi un éventail ou un sac en papier, vous pourrez piocher parmi une sélection de masking tape pour customiser le tout selon votre imagination.
Pour une pause sucrée mémorable, allez goûter à l’adorable Happiness Pudding du Yuurin-An Café ! Bien plus qu’un simple pudding, vous aurez droit ici à toute une expérience.
Présenté dans un petit pot de verre et agrémenté d’un smiley, vous pourrez tout d’abord choisir votre pudding selon le dessin qui vous plait le plus. Vous serez ensuite invité à le prendre en photo, le savourez puis à y repensez deux semaines plus tard, en y associant votre souvenir de son goût ainsi que vos impressions de Kurashiki.
Une formule magique qui vous procura un petit instant de bonheur (d’où le nom de ce dessert) et déposera un sourire sur vos lèvres. Formule magique mise à part, le pudding est un délice, d’autant plus si vous l’accompagnez d’un épais jus de pêche bien frais.
Le ventre bien rempli et la tête emplie de souvenirs heureux, vous pourrez ainsi reprendre votre promenade dans le Bikan, ou choisir de vous en éloigner un peu à la découverte du tout proche quartier de Kojima, véritable berceau du jean japonais.
S’il est plutôt curieux de découvrir cette spécialisation dans le jeans made in Japan, il n’est pas surprenant de le découvrir à Kurashiki, ayant prospéré très tôt dans le secteur du textile grâce à ses plants de coton. En visitant les deux antennes du musée du jeans et en poussant les portes de la fabrique de la marque locale Betty Smith, le jeans n’aura plus aucun secret pour vous.
Ce qui différencie une paire de jeans de Kojima de n’importe quel autre jeans ? Sans doute leur offre unique de création sur mesure, à personnaliser de A à Z, disponible à la commande depuis 2003 (ce qui bien sûr a un coût…). Et pour repartir avec un souvenir unique de ce quartier de Kurashiki, un petit atelier de création de porte-clés réalisé à partir de chutes de jeans de l’usine est proposé aux visiteurs.
À moins que vous ne soyez plutôt intéressé par un petit tour du côté de l’outlet Betty Smith…
Une visite plutôt atypique qui devrait sans doute plaire aux amateurs de mode et aux passionnés de textile.
Côté gastronomie, vous pourrez déguster de savoureux tempura à Tempuran Kappou Mimatsu, un restaurant aux petites salles délimitées par des portes coulissantes dans lesquelles on s’installe au sol, sur des tables basses.
De quoi déjeuner rapidement dans un cadre authentique.
Si vous vous trouvez toujours dans le quartier du Bikan à la nuit tombée, foncez les yeux fermés déguster la cuisine en plusieurs plats de l’izakaya 民芸茶屋 新粋 .
Installé au comptoir autour de la cuisine ouverte, le chef vous préparera une farandole de petits plats tous plus appétissants que les autres.
J’ai personnellement eu un faible pour l’une des entrées composée de tofu au sésame recouvert d’une sauce crémeuse. Un régal !
Pour passer la nuit au coeur du Bikan au sein d’un établissement peu commun, réservez vous une chambre au Kurashiki Ivy Square.
Vous reconnaîtrez immédiatement cet ancien bâtiment industriel reconverti en hôtel aux murs de briques rouges recouverts de vigne vierge grimpante.
Si les chambres Standard y sont un brin désuètes (optez plutôt pour la version Deluxe ou Economy), le bâtiment tout comme son jardin vous offriront un cadre charmant.
Se rendre à Shikoku
Si la petite île de Shikoku ne semble pas forcément facile d’accès au premier abord, sa partie Est est pourtant toute proche de grandes villes telles que Kyoto ou Osaka. Si vous venez de plus loin, n’hésitez pas à consulter les vols pour vous rendre sur place, les villes de Takamatsu et Tokushima disposant toutes deux d’aéroports proche du centre ville. Voici à titre indicatif les temps moyens de transport jusqu’aux différentes attractions présentées plus haut depuis les principales villes touristiques du Japon.
Rejoindre Miyoshi et la vallée d’Iya
Depuis Tokyo : Environ 5h en train jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda ou 1h20 d’avion depuis Haneda jusqu’à l’aéroport de Takamatsu complété par 1h15 de route jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda
Depuis Osaka : 2h30 de train depuis la gare de Shin-Osaka jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda ou 3h50 en bus
Depuis Kobe : 2h30 en voiture, 3h en bus
Une fois arrivé en gare d’Awa-Ikeda, il vous faudra compter encore plusieurs minutes de route pour rejoindre les différentes attractions de la vallée d’Iya. Comptez par exemple plus de deux heures pour rejoindre les deux ponts en liane d’Oku Iya ou 40 minutes jusqu’aux gorges d’Oboke.
Si le plus simple est de se déplacer sur place en voiture (mieux vaut être habitué aux routes de montagne !), une ligne de bus locale telle que la Kotobus Iya Valley propose des trajets de Takamatsu jusqu’aux attractions phares de la vallée.
Rejoindre Mima et le quartier historique d’Udatsu
Depuis Tokyo : Environ 1h20 de vol depuis Haneda jusqu’à l’aéroport de Takamatsu, puis 40 minutes de route depuis pour rejoindre la gare de Wakimachi.
Depuis Osaka : Environ 3h50 jusqu’à la gare d’Anabuki (la plus proche du quartier historique d’Udatsu), 3h de bus jusqu’à la gare de Mima ou 2h30 en voiture.
Depuis Kyoto : Environ 4h en train jusqu’à la gare d’Anabuki ou 3h30 de bus.
Vous pourrez vous déplacer en train sans problème du centre de Mima jusqu’au quartier d’Udatsu. En revanche, si vous souhaitez tenter une expérience en minshuku dans la campagne de Mima, pensez à réserver un taxi ou une voiture.
Rejoindre Takamatsu, capitale de Shikoku
Depuis Tokyo : Environ 4h15 en train, 1h20 en avion depuis Haneda et 9h45 en bus
Depuis Osaka : Environ 1h45 en train depuis la gare de Shin-Osaka ou 3h30 en bus
Depuis Kobe : 2h50 en bus ou 4h en ferry
Rejoindre Kurashiki, de l’autre côté de la Mer Intérieure de Seto
Depuis Tokyo : 1h10 en avion jusqu’à l’aéroport d’Okayama puis environ 45min de transport en commun pour rejoindre la gare de Kurashiki ou 11h en bus
Depuis Osaka : Environ 45min en shinkansen depuis la gare de Shin-Osaka ou 3h45 en bus
Depuis Kyoto : 3h50 de bus