Le parc national d’Ise-Shima (伊勢志摩国立公園) est situé dans la préfecture de Mie (三重県), à l’est du Kansai. Ise-Shima (伊勢志摩) est avant tout un archipel de plus de 60 îles, et regorge de richesses naturelles et culturelles. Facilement accessible depuis les grandes villes du Kansai, à environ 2 heures de Kyoto (京都) et Osaka (大阪), voilà une destination idéale pour les voyageurs avides de périples hors des sentiers battus. Principalement connu pour abriter le sanctuaire d’Ise, site le plus important du shintoïsme au Japon, il cache également bien d’autres trésors, tels que l’iconique rocher des mariés à Meoto Iwa, ou encore les célèbres pêcheuses de perles à Toba (鳥羽).
- Le sanctuaire d’Ise
- Okage Yokocho et Oharai Machi
- Les pêcheuses de perles Ama sur l’île de Mikimoto
- Meoto Iwa, le rôcher des mariés
Le sanctuaire d’Ise, sanctuaire le plus sacré du Shintoïsme
On dit que le sanctuaire d’Ise est un lieu que tout japonais se doit de visiter au moins une fois dans sa vie. Encore quelque peu méconnu du public occidental, il est toutefois très célèbre chez les Japonais puisqu’il représente le berceau du shintoïsme au Japon. De nombreux élèves japonais s’y rendent chaque année lors de voyages scolaires, mais le lieu est également très connu auprès des familles et des couples ; vous croiserez probablement des femmes enceintes ou des familles avec un nouveau-né venant prier pour la protection de leurs proches, ou même de leur animal de compagnie !
Le sanctuaire d’Ise comprend le sanctuaire extérieur, Geku (外宮), et le sanctuaire intérieur, Naiku (内宮). Bien qu’ils fassent tous deux partie du sanctuaire d’Ise, les deux sanctuaires sont situés à 5 kilomètres de distance l’un de l’autre, et sont construits en l’honneur de divinités différentes. Chaque sanctuaire a ses particularités et différences, et je vous recommande de prendre le temps de visiter les deux. Tout comme moi, vous aurez surement une préférence pour l’un des deux sanctuaires, mais on peut clairement dire que les deux valent le détour.
Le sanctuaire extérieur « Geku »
Le sanctuaire de Geku, qui s’étend sur 89 hectares, fut fondé il y a plus de 1500 ans en l’honneur de la déesse Toyouke No Okami, la déesse de la nourriture et du foyer. Une divinité particulièrement importante pour les agriculteurs qui, chaque année, viennent lui adresser leurs prières pour connaître une année clémente et riche en récoltes. Les rayons de soleil qui se fraient un chemin parmi des cyprès hauts de plusieurs dizaines de mètres et vieux de plusieurs siècles donnent au lieu une atmosphère magique, si bien que vous aurez l’impression d’être dans une forêt qui recèle de nombreux secrets. Sur votre chemin vous croiserez d’ailleurs des habitants de la région en train d’enlacer et de toucher les arbres, pour ne faire plus qu’un avec leur esprit.
Comme il est plus proche de la gare, je vous recommande de commencer par le sanctuaire Geku, avant de vous diriger vers le sanctuaire Naiku, à 6 kilomètres de là. Des navettes mises à disposition vous permettront de circuler facilement entre les sanctuaires, moyennant quelques centaines de yens pour un trajet d’environ 15 minutes.
Le sanctuaire intérieur « Naiku »
Le sanctuaire Naiku a été fondé il y a plus de 2000 ans. Il est construit en l’honneur de la déesse Amaterasu, déesse du soleil, divinité ancestrale de la famille impériale et protectrice de la nation. Considéré comme le sanctuaire le plus important du Japon, environ 1500 rituels y sont effectués chaque année pour la prospérité de la famille impériale. Une fois passé le torii en cyprès et le pont Uji-bashi qui traverse la rivière Isuzugawa, on dit que l’on entre directement dans la résidence des dieux ! J’ai personnellement préféré le sanctuaire Naiku car il m’a semblé bien plus vaste que le sanctuaire Geku, et le pont Uji-bashi est un site incontournable pour prendre de belles photos.
J’ai été des plus émerveillée par l’extérieur du bâtiment et son toit orné de feuille d’or d’où se dégage une atmosphère folklorique. Lorsque l’on en ressort après avoir prié, on se sent alors comme béni d’une mystérieuse force spirituelle.
Sachez malheureusement que les photos sont interdites près des autels principaux des sanctuaires Geku et Naiku, et des gardes se tiennent à l’entrée afin de dissuader quiconque viendrait enfreindre la règle. L’accès à l’intérieur des sanctuaires est uniquement réservé à l’Empereur et quelques émérites chanceux. C’est dire à quel point le sanctuaire d’Ise est sacré aux yeux des Japonais !
Les rues commerçantes Okage Yokocho et Oharai Machi, à la découverte de la richesse culinaire d’Ise
Voilà une autre raison de visiter le sanctuaire Naiku après celui de Geku : les rues commerçantes Okage Yokocho et Oharai Machi se trouvent juste à côté du sanctuaire Naiku, l’endroit idéal pour déjeuner après une visite matinale des deux sanctuaires.
Les bâtiments du quartier commerçant et leur style architectural d’antan vous donneront l’impression de vous promener en pleine époque d’Edo. Mais ne vous y trompez pas, ces bâtiments ne datent que de 1993 et ont été bâtis uniquement dans un but touristique. Restaurants, boutiques de souvenirs, artisans locaux… vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin dans ce quartier (presque) d’autrefois.
Les stands de street food y sont d’ailleurs nombreux, alors pourquoi ne pas vous laisser tenter par quelques spécialités locales ? La région est particulièrement connue pour ses Ise-udon, des nouilles épaisses mijotées dans un bouillon de sauce soja, bonite, et sardines. D’ordinaire, je ne suis pas vraiment une grand fan des udon, trop épaisses à mon goût, mais cette fois-ci, le bouillon était tellement riche que c’était un délice ! Si vous préférez les saveurs sucrées, je vous recommande les Akafuku mochi, une délicieuse pâtisserie à base de riz gluant et de pâte de haricot rouge dont la recette remonte à pas moins de 300 ans. Tendre en bouche, son goût légèrement sucré sera très bien accompagné d’un Isecha, thé vert d’Ise. Vous trouverez d’ailleurs plusieurs échoppes et restaurants vous proposant d’en déguster pour quelques centaines de yens. Certaines boutiques vous permettront même d’en acheter à emporter, de quoi rapporter un délicieux omiyage (souvenir) local à vos proches !
Enfin, de par sa proximité avec la mer, Ise-Shima est également réputé pour ses poissons et fruits de mer. Crabe, sashimi, sushi, coquillages, frais ou grillés, en plat ou en brochette, il y en a pour tous les goûts !
Si vous aimez les fruits de mer, et plus particulièrement les ormeaux et coquillages, laissez-moi vous emmener à Toba à la rencontre des pêcheuses d’huîtres perlières les plus inspirantes qui soient.
Les pêcheuses de perles Ama sur l’île de Mikimoto : lorsque les grand-mères se transforment en sirènes !
À une quinzaine de kilomètres de là se trouve un lieu magique mais encore méconnu : Toba (鳥羽), ville côtière principalement réputée pour ses délices de la mer, mais aussi et surtout pour sa culture des perles.
Perles locales dans une boutique près de la gare deToba Sculpture en perles dans une boutique près de la gare de Toba
Non loin de la gare se trouve l’île aux perles de Mikimoto, qui fait honneur à Kokichi Mikimoto, un homme d’affaire ayant grandement contribué au développement de la culture perlière de Toba. Vous pourrez en apprendre plus sur son histoire au musée de l’île, qui retrace l’évolution de l’aquaculture à Toba, et tout ce qu’il y a à savoir sur les perles. Sur cette même île ont lieu plusieurs fois par jour des représentations de plongée effectuées par les Ama.
Les Ama (« femmes de la mer ») sont des pêcheuses japonaises spécialisées dans la plongée sous-marine en apnée. Âgées en moyenne d’une soixantaine d’années, certaines d’entre elles continuent d’exercer au-delà de leurs 80 ans. Elles pêchent généralement depuis l’adolescence, selon un savoir-faire transmis de génération en génération, principalement dans la préfectures de Mie. Cette pratique daterait de l’époque Heian, vers les années 927. Elles exerçaient autrefois nues, et furent longtemps considérées comme source de désir et fantasmes. Elles ont notamment inspiré de grands artistes tels que Hokusai ou encore Kitagawa Utamaro.
Mise en mer Début de la pêche
Ces sirènes du Japon peuvent retenir leur respiration pendant environ 1 à 2 minutes et plonger jusqu’à 20 mètres de profondeur dans les eaux maritimes pour récolter des fruits de mer, coquillages, algues, pieuvres, oursins, ormeaux, mais surtout des huîtres perlières. Cette pratique était courante dans les années 1930 où près de 70 000 Ama exerçaient à travers l’archipel. Mais avec l’apparition des bateaux à vapeur et des bouteilles de plongée, cette pratique peu rentable et des plus physiques vient aujourd’hui à disparaître. Ces petites grand-mères sont la preuve vivante que l’âge ne doit en aucun cas être un obstacle à nos passions. Leur rencontre est des plus inspirantes, et je suis complètement tombée sous leur charme. J’espère avoir la même énergie à leur âge !
Moyennant un supplément et une réservation au préalable, il vous sera même possible de déjeuner en leur compagnie afin de déguster leurs prises du jour. L’occasion d’en apprendre plus sur leur mode de vie atypique.
Meoto Iwa, l’iconique rocher des mariés sous l’œil protecteur des grenouilles
À environ 20 minutes de là se trouve un lieu que les plus romantiques sauront apprécier. Meoto Iwa est un lieu sacré constitué de deux rochers reliés par une corde tressée, censés représenter les liens du mariage. Le plus haut rocher mesure par moins de 9 mètres, et représente Izanagi, la divinité masculine. Quant au plus petit, mesurant tout de même 4 mètres de haut, il représente Izanami, la divinité féminine. Ensemble, ils incarnent la figure maritale mais aussi les dieux créateurs du Japon dans le shintoïsme. Il est dit qu’autrefois, les habitants venaient en ce lieu sacré afin de s’y baigner, pour se purifier avant une visite au sanctuaire d’Ise. Vous croiserez d’ailleurs de nombreuses statues de grenouilles en pierre sur votre chemin, créatures porte bonheur et gardiennes du lieu.
Statues de grenouilles Les gardiennes du Meoto-Iwa
Lieu très populaire auprès des couples et jeunes mariés, il est aussi très prisé des photographes. Au lever et coucher du soleil, lorsque le ciel est bordé de rose, il y règne une atmosphère magique. Pour les plus chanceux (et lorsque le ciel est très dégagé), il vous sera même possible d’entrevoir le mont Fuji entre les deux rochers ! Mais cela reste malgré tout très rare.
J’attendais beaucoup de cette visite, et on peut dire que je fus loin d’être déçue ! Nous avons eu un temps magnifique, et avons eu droit à un coucher de soleil rosé. J’ai eu la chance de visiter le lieu avec mon époux, et aujourd’hui encore, nous gardons en mémoire cet instant des plus romantiques.
Informations pratiques
Voici quelques sites en français où vous pourrez trouver de plus amples informations sur les visites :
Comment se rendre à Ise-Shima ?
- Ise : en train depuis les stations Osaka-Namba, Kyoto, et Nagoya, prendre la ligne Kintetsu jusqu’à la gare d’Iseshi.
- Sanctuaire d’Ise (Geku) : accessible à environ 5 minutes de marche depuis la gare Iseshi.
- Sanctuaire d’Ise (Naiku) : accessible en 15 minutes de bus environ depuis le sanctuaire Geku.
- Toba : accessible depuis la gare d’Iseshi en environ 15 minutes de train. Prendre la ligne Kintetsu jusqu’à la gare de Toba.
- Meoto-Iwa : accessible depuis la gare de Toba en environ 15 minutes de train. Prendre la ligne JR jusqu’à la gare de Futamino-Ura, puis marcher pendant environ 15 minutes.
Voici la fin de ce périple à Ise-Shima. Les plus courageux pourront peut-être tout visiter en une seule journée, mais il s’agirait d’un véritable marathon. Le lieu étant dédié au shintoïsme, au calme et à la contemplation, je vous recommande d’y passer deux ou trois jours afin de pouvoir pleinement tout savourer à votre rythme. Les 60 îles d’Ise-Shima regorgent de trésors et autres lieux cultes à explorer, alors pourquoi ne pas venir y faire un tour ?