Lors de mes premiers voyages au Japon, il y a plus de 15 ans maintenant, j’arpentais régulièrement le quartier d’Akihabara pour satisfaire mes envies d’emplettes liées à la pop culture nippone… tout en ignorant complètement l’autre temple de la culture otaku tokyoïte : Nakano Broadway. En repensant à ces années de voyages, je regrette amèrement d’avoir fait fi de ce quartier de l’ouest de Tokyo. Surtout que Nakano Broadway était alors beaucoup plus abordable que son voisin de l’est. Qu’à cela ne tienne, je me suis depuis bien rattrapé. Bienvenue à Nakano Broadway !
Le quartier de Nakano et sa fameuse galerie marchande Nakano Broadway sont sans cesse comparés à l’indétrônable Akihabara, le plus populaire des quartiers otaku de l’Archipel. Mais les comparer inlassablement est une erreur. A mon sens, ces deux quartiers sont complémentaires. Ils méritent d’être placés sur un pied d’égalité. Alors, à la question classique « plutôt Akihabara ou Nakano ? », j’aime répondre : « les deux ! ». Faites-vous plaisir, Nakano Broadway a également beaucoup à offrir.
La curieuse métamorphose du quartier de Nakano
Le visage actuel de Nakano ne reflète en rien le passé du quartier. Cela est même surprenant, car le développement initial de Nakano Broadway s’inscrit dans le contexte du miracle économique japonais. Cette période faste d’après guerre a ainsi vu le pays devenir la deuxième puissance économique mondiale, dans les années 1960. De nombreuses mégastructures poussent alors comme des champignons à travers la capitale… dont le projet Nakano Broadway. A son ouverture en 1966, ce complexe abrite notamment des boutiques de luxe, des restaurants et des appartements. Mais à peine quelques années plus tard, c’est la douche froide. L’arrivée des nouveaux quartiers « luxe » en vogue (Shibuya, Shinjuku et Roppongi en tête) sonne le glas de Nakano. Le déclin de sa popularité est inéluctable.
Par conséquent, le quartier doit se métamorphoser pour survivre. Les détaillants individuels bradent leur fonds de commerce et les jeunes entrepreneurs en profitent pour acquérir un espace commercial. Mandarake, enseigne aujourd’hui cultissime, ouvre alors sa première boutique de mangas d’occasion au sein de Nakano Broadway. Nous sommes en 1980. Grâce au succès de Mandarake, le centre commercial entame sa mutation. D’autres magasins s’adressant à la clientèle otaku en profitent et ouvrent également leurs portes. Nakano devient alors l’autre antre d’avant-garde de la culture populaire du pays, après Akihabara. Encore aujourd’hui, Nakano Broadway demeure toujours l’un des sanctuaires clés de la culture otaku nippone. Et partir à sa découverte, c’est aussi se plonger dans un centre commercial typique, qui nous rappelle l’atmosphère d’une ère Showa, aujourd’hui révolue.
Nakano Broadway, le royaume des emplettes
Finalement, je vais peut-être me permettre une petite comparaison. Nakano Broadway abrite de nombreuses boutiques en enfilade, idéales pour une session shopping effrénée à la recherche de la figurine de ses rêves. Mais, contrairement à Akihabara, difficile de conseiller Nakano Broadway pour une simple balade. C’est un temple du matérialisme, niché dans un complexe commercial sans fenêtre sur l’extérieur, qui vous happera et vous fera perdre la notion du temps. Ici, pas de néons colorés qui percent l’obscurité de la nuit, mais des boutiques qui sentent bon le vieux jouet, le livre d’occasion et la figurine plastique. Un programme des plus alléchants, en somme.
On se rend ainsi à Nakano Broadway en connaissance de cause : alléger son porte-monnaie ! L’offre otaku est, ici, colossale. Les dizaines de magasins de pop culture qui bordent les allées éclairées au néon blanc attendent patiemment le chaland. Figurines, cartes à collectionner, DVD, livres, mangas, figurines, jouets ou encore posters vintage figurent parmi la longue liste des potentielles trouvailles. Il faudra ici fouiller, littéralement. Il n’est pas rare de croiser des collectionneurs à genoux, la tête plongée dans un bac, fouillant frénétiquement des sachets de figurines. Bien entendu, toutes les franchises (ou presque) de la pop culture nippone y sont représentées. Vous serez même surpris par certaines boutiques aux spécialités… de niche ! Bref, il y en a pour tous les goûts… et toutes les bourses.
Nakano Broadway et ses bonnes adresses
Pour profiter de Nakano Broadway, rien de mieux que de se « perdre » dans ses petites allées. Il y aura toujours un magasin pour vous attirer dans ses rayons. Mais difficile de ne pas conseiller la fameuse enseigne Mandarake, qui, de façon tentaculaire, a envahi les lieux. Des dizaines de boutiques estampillées Mandarake sont dispatchées dans les différents étages. Et elles ont leur propre spécialité : manga pour la boutique Honten 1 & 2, jeux vidéo pour Galaxy, CD et DVD pour UFO, ou encore Gundam pour la Special 2. Notons aussi le sublime Henya (変や), le magasin Mandarake du 4ème étage au décor des plus « instagrammables ».
J’aime flâner dans les étages de Nakano Broadway, sans but, mais je dois aussi avouer que j’ai quelques adresses incontournables, outre Mandarake. Pour les petites figurines, Robot Robot et Cube Style offrent un joli terrain de chasse pour les collectionneurs. J’opte également toujours pour une petite visite chez Antique Nakano Broadway (objets anciens du Japon) ou Alf (petites voitures) pour satisfaire mon besoin de nostalgie liée à l’enfance. Et si je ressens l’envie d’ajouter un disque obscur ou un poster japonais d’un film culte à ma collection, je me rends respectivement chez Shop Mecano ou chez 観覧舎 (une mine d’or au 4ème étage). La variété des magasins et la qualité de leur offre (neuf ou occasion) est véritablement le point fort de Nakano Broadway.
Comment se rendre à Nakano Broadway
L’accessibilité de Nakano est tout bonnement idéale. Depuis Shinjuku, avec la ligne directe JR Chuo Rapid, comptez trois ou quatre minutes seulement de trajet… sept avec la ligne locale. Si l’envie vous prend de dédier une journée au shopping otaku, la ligne JR Chuo Sobu Local vous emmènera directement à Nakano, depuis Akihabara, en 25 minutes. De plus, la gare de Nakano comprend le terminus de la ligne de métro Tozai. Six minutes séparent Nakano de la gare de Takadanobaba (ligne Yamanote). Dernier petit conseil, les alentours de Nakano Broadway sont bordés de petits restaurants et de bars, très agréables, parfaits pour clôturer une belle session shopping.
Depuis ma découverte (honteusement tardive) de Nakano Broadway, je prends plaisir à m’y rendre régulièrement afin de compléter mes différentes collections, toujours orphelines d’une nouvelle trouvaille excitante. A mes yeux, le fait de se rendre à Akihabara ne doit pas éclipser son envie de découvrir aussi Nakano. Finalement, la complémentarité de ces deux temples de la culture otaku tokyoïte est un atout indéniable au service de notre insatiable besoin de pop culture nippone.