Si vous vous apprêtez à voyager dans les campagnes japonaises, il serait dommage de vous limiter aux trains et aux bus car vous passeriez à côté d’une grande partie de ce que ces régions ont à offrir.
Pour visiter les parties rurales du Japon, je recommande chaleureusement de partir en explorer les petites routes à vélo. Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi en prenant l’exemple de mon récent voyage dans la région rurale de Sekikawa qui se trouve dans les montagnes près de la ville de Niigata.
Le village de Sekikawa est accolé aux montagnes côtières qui se trouvent aux abords de la ville de Murakami, au nord de la préfecture de Niigata. Depuis Tokyo, on peut y accéder à l’aide du Joetsu Shinkansen puis d’un bus local, un trajet qui prend un peu moins de 4 heures.
C’est certainement un trajet plus long que ce que la plupart des voyageurs ont l’habitude de faire, mais vos efforts ne seront pas vains. Vous serez récompensés par la découverte d’un Japon à peu près vierge de la récente vague de touristes étrangers qui ont afflué dans la pays durant la dernière décennie.
Le village de Sekikawa est tout particulièrement représentatif de ces destinations loin des sentiers battus. Le recensement de juillet 2019 y a établit une population de 5 291 habitants. Mais malgré cette faible population, le village est accessible via les grandes lignes de train de la région et on y trouve d’innombrables trésors cachés à explorer.
Pour découvrir Sekikawa à vélo, vous pouvez en louer un dans une boutique proche de la gare Echigo Shimoseki ou utiliser un vélo prêté par votre hôtel ou ryokan si vous séjournez dans un des hôtels qui en possède.
Par chance, l’hôtel Shikinosato Kikuya dans lequel je passais la nuit mettait des vélos électrique à disposition de ses clients. J’ai donc décidé de partir explorer Sekikawa à vélo en partant directement de mon hôtel.
Sur la carte à la fin de l’article, j’ai indiqué un lieu de location de vélo près de la gare au cas où votre hôtel n’en ait pas.
Avant de me rendre au village, j’ai tranquillement exploré les forêts qui se trouvaient autour de mon hôtel pour aller voir le terrain de camping du Takanosu. Je passais par de belles routes serpentant à travers les forêts et les collines.
En tant que cycliste, j’aime les chemins difficiles qui demandent quelques efforts, mais je dois admettre que j’étais heureux d’avoir un vélo électrique ce jour-là. Ces vélos vous donnent une accélération à chaque coup de pédale. Une aide fort appréciable qui me permit de parcourir ces routes pentues sans effort.
Après avoir consciencieusement exploré les sentiers de ce parc naturel, j’ai suivi la rivière Arakawa jusqu’au centre-ville. J’aurais pu choisir de m’y rendre en taxi ou en bus, mais pour moi une journée relaxante passe aussi par le fait de ne pas avoir à se soucier de l’heure, et en continuant à pédaler en pleine campagne je savais que je jouissais de la liberté totale d’utiliser mon temps comme je le souhaitais.
La route que je choisis de prendre n’était pas la route principale pour se rendre au village, mais elle était bien plus pittoresque. Je pus à la fois pédaler sans croiser une voiture et profiter de ces espaces ouverts et silencieux de la campagne de Niigata. Choisissant de ne pas suivre les recommandation de l’application GPS de mon smartphone, j’ai parcouru ces petites routes en toute liberté, en me dirigeant vers la ville que je pouvais apercevoir au loin. Sur mon chemin, je me suis arrêté au pont Maruyama Ohashi pour m’imprégner des magnifiques couleurs de l’automne qui recouvraient les montagnes. Les sommets de ces montagnes s’étaient teintées d’orange et de jaune, des couleurs vibrantes qui m’accompagnaient dans mon escapade.
Le pont Maruyama Ohashi
Balade à vélo dans le centre-ville de Sekikawa
Quand je suis arrivé en face de la gare, j’ai garé mon vélo et je suis allé visiter la résidence Watanabe qui se trouve au centre de la ville. Cette ancienne résidence de la famille Watanabe fut construite il y a plus de 350 ans mais a dû être reconstruite il y a 200 ans après avoir été dévastée par un incendie. Cette résidence historique est ouvert au public et permet de découvrir ce à quoi ressemblait le Japon féodal qui était autrefois gouverné par le clan Yonezawa de la préfecture de Yamagata.
À l’intérieur, vous pourrez explorer de nombreuses pièces en compagnie d’un guide qui vous dira tout de la riche histoire de cette résidence et de la famille qui y a habité.
La résidence comprend une importante brasserie de saké, et abrite même le plus vieux saké du Japon qui date de 1756. Malheureusement, les visiteurs ne peuvent pas voir cette bouteille de saké car elle est préservée avec soin à la fois pour sa valeur culturelle et scientifique, faisant l’objet de recherches par plusieurs instituts japonais.
L’ensemble de la propriété de la résidence Watanabe fait plus de 10 000 m² et comprend un magnifique jardin japonais dont je pus profiter depuis les nombreuses pièces de la maison. Lors de ma visite, il n’y avait que quatre autres visiteurs, je pu donc déambuler dans la résidence et son jardin dans un parfait silence. Une ambiance agréable et bienvenue lorsqu’on a l’habitude de devoir se frayer un passage dans les foules qui viennent généralement visiter les musée et les sites historiques de Tokyo. Bien qu’elle fut récemment entièrement rénovée, l’architecture traditionnelle de la résidence a été préservée et on a véritablement l’impression de faire un voyage dans le temps.
L’après-midi étant déjà bien entamée, il me fallait me rendre à ma dernière destination : le dôme Furei du village Sekikawa. Sur le chemin je découvris un autre des trésors cachés de ce village. Dans les petites douves qui encerclent la résidence Watanabe se trouvent les plus belle carpes koï qu’il m’ait été donné de voir ! J’avais lu et vu des documentaires sur les élevages légendaires des carpes koï de la préfecture de Niigata et j’étais heureux de découvrir les couleurs éclatantes et les motifs spectaculaires de ces poissons.
Le grand serpent de Sekikawa
Le grand serpent de Sekikawa est fait de bambou et de paille de riz. Il est promené dans les rues de Sekikawa chaque année lors du festival du grand serpent d’Echigosekikawa qui a lieu en août. Ce serpent est si grand que j’ai d’abord cru qu’il faisait parti du toit du bâtiment ! La tête fait à elle seule la taille d’une petite voiture. Il m’était tout simplement impossible d’imaginer comment des personnes pouvaient porter ce serpent qui fait presque la taille d’un train. Grand fan des festivals japonais, j’ai immédiatement rajouté cette destination sur ma liste des festivals d’été auxquels me rendre l’année prochaine.
Le lieu où se trouve ce serpent ressemble à un centre sportif, mais en tant que visiteur, vous êtes parfaitement libre d’y entrer.
Partir à vélo était une magnifique manière de découvrir cette petite ville. J’eus toute la liberté de l’explorer à mon rythme sans avoir à me soucier des heures des trains ou des bus. Le village se compose d’une multitude de rues étroites, si bien que même si j’avais eu une voiture de location j’aurais tout de même choisi de prendre un vélo. Il est toujours beaucoup plus simple de conduire sur ces petites routes de campagnes à vélo, en pouvant tourner ou faire une pause n’importe quand.
Accès et informations pratiques
Pour venir de Tokyo à la gare Echigo Shimoseki en train, le voyage vous prendra environ 4 heures. Il faut d’abord prendre le Joetsu Shinkansen de Tokyo à Niigata. A Niigata, prenez un train de la JR Uetsu Line jusqu’à Sakamachi. Changez de train pour la Yonesaka Line qui vous mènera jusqu’à la gare Echigo Shimoseki.
Vous pouvez aussi prendre le Yamagata Shinkansen jusqu’à la gare de Yonezawa puis un trail de JR Yonezawa line jusqu’à la gare Echigo Shimoseki. Ce trajet prend également environ 4 heures. Dans un cas comme dans l’autre vous pouvez utiliser le JR Pass.
Vous trouverez des informations sur la région sur le site de l’association du tourisme du village de Sekikawa (en japonais).
Vous pouvez visiter ce site internet (en japonais) pour en savoir plus sur la location de vélo de Yu-chari.
Tarif : 500 yen / jusqu’à 3h ; 1000 yen / la journée. Réservation uniquement par téléphone.
Article original : Derek Yamashita
Traduit de l’anglais par Joachim Ducos
Article écrit en partenariat avec le village de Sekikawa