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Dans la préfecture de Gifu, le district de Gero Onsen (下呂温泉) figure dans le top trois des plus célèbres destinations thermales du Japon. Les eaux alcalines des sources chaudes de Gero sont notamment réputées pour leurs vertus dermatologiques, ce qui leur vaut une réputation d’« onsen de la beauté » (美人の湯, bijin no yu). Rassérénés au sortir des onsen, on s’attarde à Gero pour goûter à la douceur d’un mode de vie montagnard et un brin écolo : bain de nature, cascades, pêche en rivière, dégustation de produits du terroir… Faisons une pause dans cette charmante station thermale, inspirons à pleins poumons l’air pur des Alpes japonaises, et prenons le temps d’apprécier pleinement le rythme de vie des montagnes, version écotourisme et slow tourisme.

Écologie et développement durable dans la région de Gero

Depuis quelques années, Gero s’est engagée sur la voie de l’écologie et du développement durable. La ville figure ainsi parmi les précurseurs de l’écologie et de l’écotourisme au Japon. Les politiques publiques œuvrent au développement de la fréquentation touristique dans le respect et la préservation des ressources naturelles.

Il convient tout d’abord de préserver la nature, et plus particulièrement les écosystèmes de la rivière Hida (飛騨川) et du mont Ondake (御岳山). Les autorités du parc Gandate (がんだて公園) sensibilisent les visiteurs au respect de l’environnement, de la faune et la flore. Elles invitent les randonneurs à rester sur les sentiers, et ont mis en place des zones de pêche contrôlées.

Il s’agit aussi de protéger les sanctuaires et les temples, ainsi que les arts du spectacle traditionnels transmis de génération en génération. Des « éco-circuits » ou « éco-tours » permettent de découvrir la culture et les coutumes ancestrales de Gero. Des initiatives sont également prises en matière de politiques urbaines, avec par exemple la gestion centralisée des sources thermales pour en maîtriser la consommation. Des efforts sont enfin déployés pour s’assurer que la consommation des produits locaux bénéficie aux populations de Gero.

Toutes ces initiatives ont pour but de faire de Gero une destination touristique durable, riche en biodiversité, et qui implique les populations.

Gero Onsen, la ville thermale japonaise de la beauté

Gero Onsen est une cité thermale depuis le Xe siècle. Ses eaux alcalines, au pH de 9,2, sont réputées pour donner à la peau un aspect velouté. Gero s’est ainsi construite une réputation de ville thermale de la beauté. Mais ses eaux thermales ont bien d’autres vertus curatives et bienfaitrices : contre les rhumatismes, pour soulager les muscles et les articulations, pour dissiper la fatigue…

Vue de nuit de Gero Onsen au Japon
Vue de Gero Onsen la nuit | Photographie : ville de Gero

Au cœur de Gero Onsen, on trouve des bains publics ouverts en plein air, et une dizaine de ashiyu (足湯, bains de pieds) sont dispersés le long des rues. Ces derniers sont réputés pour réchauffer le corps, améliorer la circulation et relaxer. C’est l’occasion idéale de s’immerger dans une atmosphère détendue, et de buller paisiblement dans des eaux régénératrices.

Les puddings de Gero

Spécialité de Gero, les onctueux puddings de Gero (下呂プリン) ou honwaka puddings sont préparés à base d’œufs et de lait de Gero Onsen, et parfumés à la vanille. Dans la maison Yuamiya, on fait cuire ces puddings au bain-marie dans les eaux thermales. Nappés de caramel, ils se dégustent les pieds dans le ashiyu (足湯). Un régal pour tous les sens !

Outre les puddings, on se régale de biscuits au beurre, de crêpes, de smoothies… Tant de douceurs que l’on peut déguster dans les villages qui répartis tout autour de Gero Onsen.

Les boutiques de Gero Onsen proposent aussi quelques produits cosmétiques à base de lait de Gero, notamment des savons et des laits de bain, pour avoir une peau satinée.

Activités en plein air près de Gero Onsen

Au milieu des montagnes de la préfecture de Gifu, les alentours de Gero Onsen offrent de multiples possibilités d’activités au grand air, à l’abri des forêts et au bord de rivières poissonneuses.

Randonner autour des cascades de Hida Osaka

Le mont Ondake est un volcan encore actif. Ses éruptions ont façonné les paysages de la région il y a près de 54 000 ans. La vallée de Hida est émaillée de plus de 200 chutes d’eau alimentées par le mont Ondake, comme les cascades de Hida Osaka (飛騨小坂200滝). À l’abri des forêts, elles se jettent depuis des falaises de roche volcanique pour plonger dans des rivières aux reflets émeraude.

Il existe plusieurs sentiers de randonnée qui mènent à diverses cascades. On y accède après avoir pris soin de brosser ses chaussures, afin d’éviter d’importer dans cet espace naturel des graines venus d’autres écosystèmes. Certains sentiers nécessitent de faire appel à un guide, dont on peut faire la réservation auprès de l’office du tourisme de Hida-Osaka.

Randonneurs près d'une cascade dans la vallée de Hida au Japon
Les cascades de Hida Osaka, dans la vallée de Hida | Photographie : ville de Gero

Le parc de Gandate est particulièrement intéressant pour qui recherche la fraîcheur des cascades. Les eaux de ses trois cascades (Akaganetoyo, Karatanidaki et Mitsudaki) arborent de magnifiques nuances émeraude. Si l’on aperçoit un arc-en-ciel au-dessus de la chute de Mitsudaki, c’est un signe de chance !

Pour les marcheurs expérimentés qui souhaitent partir à l’assaut du mont Ondake, compter 4h de montée. Le casque est fortement recommandé pour le franchissement de certains tronçons.

Pêcher la truite en rivière

On s’adonne aux joies paisibles de la pêche à la truite en rivière, une activité en communion avec la nature, au rythme de l’eau et du vent. Sur la base de loisirs Osakana River Base (小坂なリバーベース), les truites d’élevage sont relâchées dans les eaux émeraude de la rivière Obora, qui coule tranquillement jusqu’à Nagoya. Près de 200 000 poissons sont produits chaque année dans les eaux claires des bassins d’élevage afin de couvrir les besoins des restaurants et des établissements scolaires de la région.

La base de loisir accueille aussi bien des pêcheurs expérimentés équipés de leur matériel, que des novices qui pourront louer le matériel nécessaire sur place, y compris des cannes à pêche en bambou. La pêche se pratique dans l’étang ou en rivière. Trois espèces de truites mordent à l’hameçon : amago, iwana, et nijimasu. La zone de pêche s’étend sur près de 300 mètres.

Si la pêche est possible tout au long de l’année, elle s’avère plus délicate en hiver, car les poissons sont moins actifs en eaux froides. La saison de pêche s’étend principalement de mars à septembre. Le mois de mai est sans doute la période la plus propice pour les débutants.

Après une séance de pêche, la préparation des poissons dure 20 minutes. On en profite pour explorer la base de loisirs et la forêt alentour. Survolés par des piverts et des martins-pêcheurs, les lieux font office de spot d’observation des oiseaux. Les poissons pêchés peuvent être dégustés sur place, en plein air ou bien dans l’un des salons au sol de tatamis. Ils sont cuits sur grill et servis en brochettes, ou préparés en tempura. Les plus gros poissons sont ouverts pour être cuisinés, tandis que les plus petits sont cuits ou frits tels quels. Les prises peuvent aussi être emportées pour être cuisinées à la maison.

La base de loisirs propose des formules pour passer une journée à l’orée du bois, entre les berges de la rivière et une tente, à vivre au rythme de l’eau et du vent. On se régale de truites pêchées dans la rivière, et de marshmallows grillés au-dessus d’un poêle à bois.

Une fois rassasiés, on s’enfonce dans la forêt et l’on tente de distinguer le sugi (cèdre du Japon) de l’hinoki (cyprès du Japon) et du sawara (faux cyprès), tout en traquant des noisetiers en cherchant des indices au sol.

Plus d’informations en fin d’article.

Autres sites à découvrir près de Gero Onsen

Les alentours de Gero réservent deux autres belles surprises, côté nature et côté ville, à découvrir et apprécier en mode « slow tourisme ».

Les mégalithes de Kanayama

À 30 minutes de route au sud de Gero Onsen, les mégalithes de Kanayama (金山巨石群) sont le « Stonehenge du Japon », un trésor d’archéoastronomie. Trois formations rocheuses qui faisaient office de calendrier solaire durant la période Jomon (13 000 à 400 avant notre ère). L’emplacement des rayons du soleil sur les pierres et le sol indiquaient la date et les changements de saison. On suppose que les mégalithes servaient à déterminer la période de chasse. Ces calendriers solaires sont comparables en ingéniosité à ceux des pyramides de Gizeh ou d’Abu Simbel en Égypte, ou encore de Chichén Itzá au Mexique.

Au moment des équinoxes, les rais de lumière pénètrent dans les cavernes. Pour mieux les apercevoir, la guide qui von accompagne fait brûler des bâtons d’encens : mystique !

Réservation nécessaire, plus d’informations en fin d’article.

Le charme suranné de Hida Kanayama

Kanayama est l’endroit idéal pour plonger dans le Japon d’autrefois. À la croisée de quatre anciens fiefs féodaux, cette bourgade commerçante servait de poste-frontière et de relais de poste. Durant l’époque Sengoku (1477-1573), alors que les guerres de clans faisaient rage, apportant leur lot de troubles sociaux et d’intrigues politiques, le dédale de ruelles sombres (kinkotsu) du quartier de Kinkotsu Meguri (筋骨めぐり) était destiné à perdre les ennemis. Ses ruelles inextricables et ses maisons biscornues à l’architecture improbable en font l’un des coins les plus charmants à visiter aux alentours de Gero Onsen.

Les ruelles se faufilent entre des maisons suspendues au-dessus des passages, entre des murs de pierres sèches et des potagers. Elles se prolongent en petits ponts sur le cours d’eau, en volées d’escaliers ou en passages secrets si étroits qu’on les franchit en file indienne. Elles desservent des maisons de bois et de taule, des lavoirs et des fontaines, et même un authentique onsen datant de l’ère Showa (1926-1989). Près de la rivière, la brasserie Okuhida Shuzo (奥飛騨酒造) produit un saké faiblement alcoolisé.

Maisons japonaises d'un quartier historique de Kanayama près de Gero Onsen

Perdus dans ce labyrinthe hors du temps, comme immergé dans un anime grandeur nature, on tombe immanquablement sous le charme rétro de ce petit coin de Japon rural, qui semble ne pas avoir changé depuis l’ère Showa.

Informations pratiques

Pour plus d’informations visitez le site officiel de la ville de Gero.

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Se rendre à Gero Onsen

  • Se rendre à Gero en train : depuis Tokyo, par le Shinkansen Tokaido, puis la ligne JR Takayama et le train Limited Express Wide View Hida (2h) ; depuis Nagoya, par le Hida Limited Express via Gifu (2h à 2h30).
  • Se rendre à Gero en voiture : depuis Tokyo, par la Chuo Expressway, puis la route nationale 158 via la route nationale 41 (5h30) ; depuis Nagoya, par la route nationale 41 (3h).

Se loger à Gero Onsen, le ryokan Suimeikan

Au bord de la rivière Hida, le Ryokan Suimeikan (水明館) est le plus grand et le plus ancien des ryokan de Gero Onsen, fort d’une histoire de près d’un siècle. On y retrouve plusieurs restaurants, une piscine, une salle de sport et une boutique de souvenirs régionaux.

Il est possible de dormir sur un futon, dans de belles chambres au sol de tatamis, avec tables basses et chaises zaisu, ou des chambres occidentales avec lits.

Chacun des trois bâtiments du ryokan comporte un onsen ayant son caractère propre : bain intérieur en bois de cyprès, extérieur en pierre, avec vue panoramique sur la rivière Hida… De quoi faire la tournée des onsen et satisfaire tous les goûts ! L’établissement compte aussi des bains privés (3300 yens pour une heure), et un sauna aux pierres chaudes.

Base de loisirs pour pêche et camping

La base de loisirs Osakana River Base se trouve à mi-chemin entre Takayama et Gero. Compter 2000 yens par personne la journée de 10h à 15h. Au programme : pêche, cuisson du poisson et grillade de marshmallows autour d’un feu de joie, virée en forêt… Sur réservation au 080-9093-6439. Prévoir des vêtements chauds.

tente dans une base de loisir au Japon
Osakana River Base

Visites guidées

La Kanayama Tourist Association propose des formules de découverte des mégalithes de Kanayama ou de Kinkotsu Meguri, et de dégustation de bœuf de Hida. Sur réservation au 080-3637-2201.

Se restaurer dans un « drive-in »

Dans la zone commerçante de Hida-Kanayama, le Drive-In Hizan (ドライブイン飛山) est un établissement qui fait cafétéria. On y sert les spécialités régionales : udon, bœuf de Hida, hoba miso, hoba sushi (sushis roulés dans des feuilles de magnolia)…

plats régionaux d'un drive-in japonais

Fait amusant : en japonais, l’onomatopée ゲロゲロ, gero gero, qui évoque le coassement de la grenouille, rassemble comme deux gouttes d’eau à la prononciation du nom de la ville thermale. À la faveur de ce jeu de mots, le batracien est devenu un symbole de Gero Onsen. Une mascotte que l’on retrouve dans le paysage urbain de Gero : sur les plaques d’égouts, au bord des fontaines, sur les plaques votives ema, et bien sûr en effigie de nombreux souvenirs.

Gero Onsen a fait en sorte de devenir une destination touristique durable, dans le respect de la nature, de l’histoire et la culture locales. Elle propose à ce titre des formules et activités dans l’esprit de l’écotourisme et du slow travel.

Article réalisé en partenariat avec Hida Regional Tourism Council

Marie Borgers

Marie Borgers

Après une préparation intense, la lecture de dizaines de livres et des centaines d'heures d'étude du japonais, j'ai tout quitté pour venir m'installer au Japon, à Nagoya. En tant qu'éditrice et rédactrice, j'aime partager les émotions suscitées par l’évasion, et transmettre la connaissance d'autres cultures, berceau de la tolérance.

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