Au fin fond de la préfecture de Tokushima se trouve l’un des lieux les plus reculés du Japon. Un lieu sauvage et mystérieux que l’on ne peut rejoindre qu’en empruntant d’étroites et sinueuses petites routes de montagne. Un lieu indompté, presque impénétrable, où le temps semble s’être arrêté. Mais surtout un lieu offrant de somptueux paysages naturels qui vous marqueront à jamais. Je vous invite aujourd’hui à découvrir la vallée d’Iya, sur fond de végétation flamboyante à l’arrivée de l’automne.
Légendes et secrets de la vallée d’Iya
Avant de vous conduire aux célèbres ponts suspendus en plante grimpante de la vallée, laissez moi tout d’abord vous poser le cadre. Car si la vallée d’Iya est si intrigante, ce n’est pas simplement par ses paysages uniques en leur genre, mais aussi par les légendes et mystères qui l’enveloppent.
On raconte notamment que les montagnes de la vallée d’Iya furent le refuge de soldats vaincus du clan Heike lors de la guerre de Genpei. Les ponts suspendus en plante grimpante seraient d’ailleurs nés de cette époque, permettant aux soldats de traverser la rivière plus rapidement et surtout, de les couper en cas de poursuite par des ennemis. Légendes ou faits historiques, toujours est-il que ces récits de soldats vaincus venus protéger leur secret en se réfugiant au coeur de la vallée ont été transmis de génération en génération depuis des siècles, laissant le mystère flotter aujourd’hui encore…
Traversée mémorable des ponts en plante grimpante
Et si la vallée d’Iya est un lieu encore relativement préservé des touristes, elle est pourtant connue pour ses fameux ponts en plante grimpante mentionnés un peu plus haut, ou kazurabashi. Celui de Nishi Iya, le plus imposant et le plus facile d’accès, ainsi que les deux ponts d’Oku Iya, plus reculés encore, auxquels je me rendais.
Treize d’entre aux auraient été installés entre l’ère Edo et l’ère Meiji pour traverser la vallée, avant d’être tous détruits. Les trois ponts visibles aujourd’hui en sont des reconstitutions bien plus stables (malgré les apparences !) et consolidées à l’aide de câbles en acier. Ils sont d’ailleurs totalement reconstruits tous les trois ans pour plus de sécurité.
Et si je commence par vous parler sécurité, c’est qu’il faut en toute honnêteté un brin de courage pour les traverser ! Si les premiers pas se font timidement, en fixant la rivière qui apparait à travers les lattes de bois sous vos pieds, votre côté explorateur prendra sans doute le dessus pour vous conduire de l’autre côté non sans quelques ballotements et grincements…
Si vous le pouvez, quittez le sol des yeux un moment pour observer le cadre exceptionnel qui vous entoure. La végétation dense, et colorée lors de ma visite à la fin du mois d’octobre, l’eau transparente de la rivière en contrebas, les amas naturels de rochers.
Pas une trace de la route ou des habitations lointaines. On semble être ici seul en plein coeur de la nature japonaise.
Le pont du singe sauvage
En choisissant de vous rendre aux ponts en plante grimpante d’Oku Iya, vous éviterez non seulement les autres touristes de passage mais aurez également droit à une petite surprise avec un autre type de pont à emprunter : le pont dit du singe sauvage…
Plutôt utilisé à l’origine pour transporter des marchandises, ce pont se présente comme une petite cabine en bois accrochée à des câbles, que l’on peut déplacer grâce à un système de poulie.
Vous n’aurez donc cette fois-ci pas besoin de vos jambes mais de vos bras pour avancer, puisque l’on doit s’assoir dans ce petit habitacle puis tirer sur l’un des deux câbles pour avancer.
Une expérience toute aussi mémorable que la traversée des ponts suspendus, dans un cadre toujours aussi magnifique.
Notez qu’il est également possible d’observer ces trois ponts depuis le bas, en descendant jusqu’à la rivière. De quoi prendre la mesure de ce que vous venez de traverser !
À visiter aux alentours
Quitte à faire le déplacement jusque dans cette région aussi reculée du Japon, autant en profiter pour explorer les alentours. Vous pourrez ainsi vous rendre au tout proche centre d’accrobranche Forest Adventure pour une traversée de la vallée en tyrolienne !
Pour un autre point de vue tout aussi impressionnant sur la vallée d’Iya, direction la statue du petit garçon urinant à plus de 200 mètres d’altitude. Une sorte de Manneken Pis japonais qui a de quoi donner le vertige…
Pour tous ceux qui auront eu leur lot de sensations fortes, dirigez vous plutôt du côté de Kakashi no Sato, connu comme le village des épouvantails (plus de 200 au total !). Sans doute le terme de simple épouvantail est-il un peu réducteur mais je vous laisse découvrir ça par vous même.
Enfin les amateurs de cuisine pourront participer à un atelier de confection de nouilles soba selon des techniques traditionnelles, avant de déguster le fruit de votre travail.
Se rendre dans la vallée d’Iya
Voici à titre indicatif une idée des temps de transport nécessaires pour rejoindre la vallée d’Iya depuis quelques unes des principales villes touristiques du Japon :
Depuis Tokyo : Environ 5h en train jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda ou 1h20 d’avion depuis Haneda jusqu’à l’aéroport de Takamatsu complété par 1h15 de route jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda
Depuis Osaka : 2h30 de train depuis la gare de Shin-Osaka jusqu’à la gare d’Awa-Ikeda ou 3h50 en bus
Depuis Kobe : 2h30 en voiture, 3h en bus
Une fois arrivé en gare d’Awa-Ikeda, il vous faudra compter encore plusieurs minutes de route pour rejoindre les différentes attractions de la vallée d’Iya. Comptez par exemple plus de deux heures pour rejoindre les deux ponts en liane d’Oku Iya.
Si le plus simple est de s’y déplacer en voiture (mieux vaut être habitué aux routes de montagne !), une ligne de bus locale telle que la Kotobus Iya Valley propose des trajets de Takamatsu jusqu’aux attractions phares de la vallée.