À moins de 3 heures de Tokyo, les élégants wagons rouges de l’Akita Shinkanshen traversent les forêts enneigées et les vallées glacées de la ville de Semboku (仙北市). Le lac le plus profond du Japon, Tazawako, offre un spectacle tout en contraste, entre ses eaux bleu cobalt et l’épais manteau de neige qui l’entoure. L’accueil réservé par les habitants est aussi chaleureux que l’hiver est froid : tous m’accueillirent à bras ouverts. Durant ma visite, j’ai pu profiter des classiques de l’hiver japonais – onsen, sports d’hiver, gastronomie locale – mais j’ai aussi eu la chance d’assister à un festival de ballons en papier qui illuminait le ciel nocturne.
Durant mon périple de trois jours, j’ai eu le temps de me familiariser avec les territoires de Tazawako et Kakunodate.
- Shin-Tamagawa Onsen à Akita : monter sur une autoneige, faire des raquettes, se réchauffer dans des eaux thermales, et bien plus encore
- Un pot-au-feu à l’igname : goûter à la spécialité de Tozawako à Nyuto Onsen
- Le festival des ballons en papier de Kamihinokinai : traditions du Nouvel An lunaire et feu d’artifice
- Séjour à Farm Stay Iori : immersion rurale, cuisine maison et chiens Akita Inu
- Kakunodate : louer un kimono dans le quartier samouraï
- Kitagura : un café dans une authentique résidence samouraï
- L’office du tourisme de Kakunodate
- Comment se rendre à Semboku, dans la préfecture d’Akita
Shin-Tamagawa Onsen à Akita : monter sur une autoneige, faire des raquettes, se réchauffer dans des eaux thermales, et bien plus encore
Une fois arrivés en gare de Tazawako Station (田沢湖駅), nous sommes montés dans un bus qui prenait la direction du nord, vers les montagnes, au-delà du lac Tazawa, jusqu’à atteindre la station thermale de Shin-Tamagawa Onsen. De chaque côté de la route, la neige formait des murs déjà hauts de 2 mètres. En arrivant à l’entrée de l’établissement, nous avons découvert deux igloos traditionnels, appelés kamakura, et une rangée de statues de neige. C’est une coutume locale qui pousse la station thermale à sculpter chaque année des kamakura et des bonhommes de neige à l’aide de la neige fraichement tombée. À la tombée du jour, ces créations sont mises en valeur par des illuminations, que l’on peut admirer depuis le restaurant, à l’étage.
Une fois installés, nous sommes partis pour une première aventure sous la neige, en montant à bord d’une autoneige pour aller faire des raquettes dans une forêt de hêtres. La station thermale possède deux autoneiges, l’une dotée de grandes vitres permettant de profiter du panorama. Nous avons remonté les pistes couvertes de neige à une vitesse moyenne de 14km/h, jusqu’à atteindre un bout de forêt que nous allions explorer à pied. Ce fut une randonnée facile, car la neige était bien tassée. Le guide de la station thermale Shin Tamagawa Onsen, qui nous accompagnait, partagea avec nous ses intarissables connaissances, nous montrant quelques pieds de vigne de montagne, et même des nids d’écureuils volants. Enfin, nos efforts furent récompensés par un verre de jus de pomme chaud que nous prépara notre guide avant de retourner à la station thermale.
Le buffet de Shin Tamagawa Onsen est l’une de ses fiertés, car on peut y déguster des plats sains préparés à partir de produits locaux. Lors du dîner, vous retrouverez donc un assortiment de légumes d’hiver, de fruits de mer et de viandes régionales. La spécialité hivernale de la préfecture d’Akita est aussi au rendez-vous : le kiritanpo, un plat composé de gâteaux de riz cylindriques cuits dans une petite marmite.
La plupart des voyageurs qui séjournent à Shin Tamagawa Onsen viennent ici pour profiter des vertus thérapeutiques de ses eaux thermales. L’eau sort de terre à une température de 98°C, et possède l’un des pH les plus bas de tout le Japon, d’à peine 1.2, ce qui en fait l’une des eaux les plus acides du pays. Cette température élevée est idéale pour chauffer son bain de pierres chaudes : un lit de pierres plates sous lequel coule l’eau, et sur où il est possible de s’allonger pour se détendre. L’occasion de soulager son mal de dos ou ses douleurs musculaires, au cours d’un moment de détente si relaxant qu’il n’est pas rare de voir quelqu’un s’endormir dans le bain de pierres chaudes.
Dans les bains, l’eau thermale est légèrement refroidie afin qu’il soit possible de s’y immerger. Pour permettre au corps de s’acclimater au pH inhabituel de ces eaux thermales, les bassins possèdent une zone dont l’eau est diluée à 50% en complément d’une zone approvisionnée à 100% par les eaux thermales. Un rotemburo, bain extérieur, est aussi présent, depuis lequel il est possible d’observer le paysage enneigé.
Je ne voulais plus partir après ma nuit à Shin-Tamagawa Onsen, mais je savais qu’il me reste tant de merveilles à découvrir. Nous étions d’ailleurs sur le point de nous rendre dans un autre onsen particulièrement réputé : Nyuto Onsen.
En savoir plus : Tazawako : le plus bel endroit où profiter de la poudreuse japonaise
Un pot-au-feu à l’igname : goûter à la spécialité de Tozawako à Nyuto Onsen
Nyuto Onsen est considéré comme l’un des meilleurs onsen du Japon, et beaucoup de voyageurs du monde entier s’y rendent toute l’année durant. Le lieu le plus représentatif de Nyuto Onsen est sans doute Tsuruno Yu, avec ses corridors couverts de chaume menant aux bains des hommes, des femmes, et aux bains mixtes. J’ai cette fois séjourné dans un établissement plus confidentiel, appelé Yama no Yado, tout près de Tsuruno Yu. Des bains privatifs y sont disponibles, et le lieu est célèbre pour sa spécialité de Yama no Imo Nabe, un pot-au-feu à l’igname. Il s’agit du plat identitaire de ce terroir de lac Tazawa, fait à partir d’igname râpé, pétri en boulettes, puis mis à mijoter avec des champignons, des oignons jeunes et de la viande.
Après être entrés à Yama no Yado, nous suivîmes les longs corridors menant à nos chambres, toutes équipées d’un irori, le feu intérieur japonais aménagé au cœur des pièces. Nous nous sommes installés pendant qu’un membre du personnel mit le pot-au-feu à cuire avant de nous apporter du poisson grillé. Ce repas était le bienvenu après notre journée au grand air.
Le festival des ballons en papier de Kamihinokinai : traditions du Nouvel An lunaire et feu d’artifice
Chaque année, le 10 février, les habitants de Kamihinokinai se rassemblent pour le lancement de plusieurs grands ballons de papier dans le ciel, qui prennent leur envol grâce à l’air chaud, de la même manière que le font les montgolfières. La tradition se transmet de génération en génération pour célébrer le Nouvel An lunaire, afin de faire vœu de bonnes récoltes, de sécurité, et de bonne santé. Les ballons mesurent entre 3 et 10 mètres de haut, et leur fabrication demande environ deux mois de travail.
Pour rejoindre Kamihinokinai, j’ai d’abord pris le Shinkansen entre Tazawako et Kakunodate. En sortant de la gare du Shinkansen, il faut prendre immédiatement à droite pour trouver la gare du réseau Akita Nairiku Railway. Cette petite société ferroviaire dessert le nord de la région en traversant les belles forêts d’Akita, et arrive à Kamihinokinai en environ 30 minutes. Tout le wagon est décoré aux couleurs du Akita Inu, l’une des races de chiens japonais – que l’on découvre sur de nombreuses photos.
En descendant en gare de Kamihinokinai, j’ai tout de suite remarqué l’odeur du feu de bois – ici entretenu par le personnel de la gare pour accueillir et réchauffer les visiteurs. Quelques minutes de marche nous menèrent au Paper Balloon Museum, autour duquel s’alignaient les incontournables stands de street-food indissociables des festivals japonais. Mais surtout, il y avait là des habitants de la région, occupés à préparer les ballons qui allaient bientôt décoller.
Bien que la plupart des ballons soient préparés à l’avance par les habitants, les visiteurs peuvent prendre part au festival de deux façons différentes : en inscrivant leurs vœux, soit sur un ballon gigantesque de 10 mètres de haut, soit sur de petits ballons individuels. L’un des moments les plus touchants du festival est le lâcher de ballons par les enfants, regroupés par classes et établissements. Avec l’aide des adultes, ces jeunes enfants, âgés de seulement 4 ans pour certains, libèrent leurs ballons colorés en sautant de toute leur force. À la nuit tombée, les plus grands ballons, richement ornés de motifs japonais locaux, sont à leur tour lâchés, assortis d’un beau feu d’artifice. Voici un événement que je n’oublierai pas de si tôt, à même de me réchauffer le cœur par le plus froid des hivers.
Séjour à Farm Stay Iori : immersion rurale, cuisine maison et chiens Akita Inu
Les séjours à la ferme sont de très bonnes manières de s’essayer à la vie rurale japonaise, dans un cadre des plus traditionnels. Une immersion qui permet de bien nouer des liens avec les territoires que l’on visite et les gens qui y vivent. Accueilli au cœur de la communauté, on peut alors prendre part aux traditions et participer à leur sauvegarde.
Farm Stay Iori se trouve au nord du quartier de samouraïs de Kakunodate. L’hébergement est tenu par la souriante Chieko-san, qui tient à ce que ses hôtes se sentent ici comme chez eux. En entrant dans la maison, j’eus presque l’impression d’arriver chez mes grands-parents. L’annexe transformée en chambres d’hôtes possède une grande cuisine/salle à manger, un salon et une chambre sur tatami. Un éventail de thé et de café est mis à disposition, et les clients pourront également profiter d’une petite bibliothèque documentant la vie à la ferme. Le décor de la maison est bien pensé, entre objets d’artisanat et petits bonsaïs. J’avais plus l’impression de me trouver dans un foyer que dans un hébergement touristique. Chieko-san avait même prévu de nombreuses couvertures et vestes chaudes à utiliser au cas où. Son sens de l’hospitalité était vraiment omniprésent !
Le lendemain, ma journée commença par un délicieux petit-déjeuner maison. Un repas sain et équilibré tout aussi savoureux, voire davantage, que la cuisine servie dans les ryokan. Le riz et les légumes sont cultivés ici même, à côté de la maison. Après le repas, j’ai enfin eu le temps de faire connaissance avec un pensionnaire de la maison, surnommé Komachi, un chien de la race locale des Akita Inu. Chieko-san me donna des friandises à offrir à Komachi qui se fit un plaisir de me montrer ses capacités à s’assoir ou à sauter pour obtenir ses précieuses récompenses.
Le temps fort de mon séjour fut la préparation d’un damako nabe avec Chieko-san. Il existe une coutume propre à Akita, appelée niwa-arai. Après avoir fait cuire du riz, celui-ci est pétri pour en faire des boulettes, que l’on fait ensuite griller à la poêle avant d’être mises à mijoter dans un pot-au-feu avec du poulet et des légumes ; un plat que l’on nomme damako nabe. Apprendre à cuisiner une spécialité locale directement chez l’habitant fait partie de ce qui rend un séjour à la ferme si inoubliable. J’eus bien du mal à quitter Chieko-san et sa merveilleuse ferme, mais ces souvenirs resteront gravés dans ma mémoire.
Sur le même sujet : Les délices de la ferme dans vos assiettes à Semboku, Akita
Kakunodate : louer un kimono dans le quartier samouraï
Au Japon, lorsqu’on visite un quartier historique comme celui de Kakunodate, il est courrant de revêtir la tenue japonaise traditionnelle : le kimono. Dans le Tomachi Historical Museum Tatetsu, vous pourrez trouver une boutique de location de kimonos appelée Kimonotabi Shanari. Vous pourrez faire votre choix parmi une quarantaine de kimonos, et le personnel vous aidera à y assortir la ceinture obi et les accessoires qui se portent avec le kimono. Rien de tel pour s’immerger dans le passé de ce quartier de samouraïs et pour prendre de belles photos dans un cadre pittoresque.
Kitagura : un café dans une authentique résidence samouraï
Le quartier de Kakunodate compte plusieurs résidences ouvertes au public, comme celle de Nishinomiya, qui abrite le restaurant Kitagura. Construit en 1919, il s’agissait à l’origine de l’un des entrepôts alimentaires de la résidence. On y sert aujourd’hui des plats préparés à partir de légumes et de riz de la région. Le restaurant est doté d’une verrière où l’on prend du plaisir à déguster un thé, un café ou un chocolat chaud tout en admirant le jardin. Le cadre se révèle particulièrement agréable par une journée d’hiver ensoleillée, quand la neige scintille de l’autre côté des grandes baies vitrées.
Juste à côté du restaurant Kitagura, vous trouverez une boutique et un petit lieu d’exposition. En février, une collection de poupées Hina Matsuri était exposée sur ses deux étages, et quelques objets d’artisanat local au second niveau, témoignant du dynamisme des communautés locales. La boutique du rez-de-chaussée proposait de belles productions d’artisanat traditionnel japonais.
L’office du tourisme de Kakunodate
Je voudrais enfin vous présenter une destination trop souvent oubliée : l’office du tourisme de Kakunodate. Elle se trouve à la sortie de la gare JR Kakunodate, sur la droite, près des arrêts de taxi. Vous y trouverez les informations habituelles sur les destinations touristiques des environs, mais pas seulement. Il est possible d’y emprunter une tablette le temps de faire quelques recherches, d’y emprunter gratuitement des chaussures de neige pour enfants ou d’y laisser temporairement ses bagages, ce qui peut être très utile si vous venez par exemple pour visiter le quartier des samouraïs dans la journée. J’ai particulièrement apprécié la fiche bilingue anglais / japonais permettant aux visiteurs d’indiquer les besoins spécifiques de leurs régimes alimentaires dans les restaurants japonais.
Comment se rendre à Semboku, dans la préfecture d’Akita
Pour rallier la ville de Semboku, dans la préfecture d’Akita, il est possible de monter à bord d’un Shinkansen en la gare de Tokyo jusqu’aux gares de Tazawako ou de Kakunodate. Comptez environ trois heures de trajet. Se munir d’un pass JR Tohoku pourrait s’avérer rentable si vous prévoyez de voyager dans la région.
La ville de Semboku parvient toujours à me séduire. Il s’agissait déjà de ma troisième visite, mais je reviens toujours avec un profond désir d’y retourner pour explorer encore cette ville de la préfecture d’Akita. Entre son festival des ballons en papier, ses sources thermales au cadre idyllique, ses séjours à la ferme et sa cuisine succulente, les habitants de Semboku vivent en harmonie avec leur culture et leur histoire, au cœur d’une nature qu’on ne se lasse pas d’admirer.
Article écrit en partenariat avec la ville de Semboku
Traduit de l’anglais par Julien