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Yame, au sud de la préfecture de Fukuoka, est surtout célèbre pour être l’un des berceaux du thé japonais. Mais parmi ces montagnes parcourues de plantations de thé, la petite ville de Yame cache bien d’autres merveilles. Artisanat, brasseries de saké… En visitant la région vous pourrez vous rapprocher des racines de la culture japonaise dans ce qu’elle a du plus traditionnel. Sans oublier de profiter des agréables eaux thermales en séjournant dans un ryokan niché dans les montagnes.

Kitaya : visite d’une brasserie de saké haut de gamme

Kitaya (喜多屋) pourrait se traduire par « la boutique pleine de bonheur ». Un bonheur mis en bouteille par des brasseurs passionnés qui produisent un saké exceptionnel depuis 200 ans.

Des efforts qui ont permis à la brasserie de se forger une renommée internationale. Kitaya exporte 12% de sa production à l’étranger : Chine, États-Unis, France… Les sakés produits ici sont régulièrement primés lors de foires au vin. En 2013, l’un des saké de Kitaya remporta même le prix du meilleur saké, toutes catégories confondue, lors de l’IWC (International Wine Challenge).

Pour en apprendre plus sur les méthodes de production du saké, vous pourrez visiter la brasserie Kitaya. Des visites qui peuvent se faire en anglais, sur réservation.

Lors de notre visite, Kinoshita-san, le gérant de Kitaya, se fit un plaisir de nous faire découvrir sa brasserie. Avant de pénétrer à l’intérieur il fut fier de nous présenter son immense sugidama. Ces boules d’aiguilles de cèdre sont traditionnellement accrochées à l’entrée des boutiques de saké pour annoncer l’arrivée d’un nouveau saké fraichement pressé. Mais il s’agit également de l’une des formes du dieu du saké. Ces boules ont généralement un diamètre d’une vingtaine ou d’une trentaine de centimètres. Si la brasserie Kitaya accroche elle aussi ces petites boules lorsque la production d’un saké vient de se terminer, le sugidama qui se trouve à l’entrée des ateliers de la brasserie serait le plus grand du Japon et sert plutôt à s’attirer les faveurs du dieu du saké.

La brasserie Kitaya limite au maximum l’intervention des machines dans la chaîne de production de son saké. Pour faire du saké, il faut d’abord produire du koji de riz. Le koji résulte de la culture d’un champignon microscopique dans du riz. Le koji est très utilisé au Japon, outre le saké, on le trouve entre-autre à la base du miso ou de la sauce soja.

À Kitaya, le koji est obtenu de manière traditionnelle. La culture des champignons se fait dans une salle chauffée à 31°C. Le riz est placé dans de petites boîtes en bois qui sont régulièrement remuées à la main pour une répartition homogène de la température. Il existe des machines qui simplifient la production du koji, mais Kinoshita-san tient à produire son koji selon les méthodes traditionnelles, il nous explique que le koji produit de cette manière permet d’obtenir un saké de bien meilleure qualité.

La brasserie Kitaya possède 31 cuves à l’intérieur desquelles le saké est produit. Les cuves de petite taille sont réservées aux sakés les plus haut de gamme. A l’intérieur de ces cuves, le riz entre en fermentation. Un processus qui demande un contrôle rigoureux de la température.

Lorsqu’on ouvre une cuve, on découvre un liquide blanchâtre et mousseux. Kinoshita-san nous fit goûter ce saké en pleine fermentation. Très doux, les saveurs typiques du saké sont déjà bien présentes mais le liquide est plus dense, presque crémeux.

Car il reste encore une étape avant que la production du saké ne soit complète. Il faut filtrer et clarifier le saké pour retirer tous les restes de riz qui donnent cette couleur laiteuse au saké qui n’est pas encore pressé. Le saké devient alors transparent et se pare de toutes ses saveurs.

Le saké de Kitaya est une production 100% locale. Le riz utilisé vient de Yame et d’Itoshima, et les brasseurs eux-mêmes sont originaires de Kyushu. Une composante essentielles aux yeux de Kinoshita-san qui tient à ce que son saké puisse se marier aux saveurs de la cuisine locale.

Une visite passionnante au cœur d’une tradition familiale qui n’a pas dit son dernier mot. La fille de Kinoshita-san s’apprête à rentrer dans l’entreprise, devenant ainsi la huitième génération des brasseurs de Kitaya. En 2020, Kitaya fêtera ses 200 ans d’existence. L’occasion de développer un nouveau saké !

Les bouteilles de saké de la brasserie Kitaya à Yame

L’artisanat de Yame, entre tradition et innovation

Le Centre de l’Artisanat Traditionnel de Yame porte le nom très poétique de « Unagi no Nedoko« , ce qui pourrait se traduire par « la chambre de l’anguille ». Ce nom lui fut donné en raison du bâtiment dans lequel s’est installé le centre. Un bâtiment étroit mais profond qui témoigne des contraintes architecturales de l’époque. Il fut un temps où la taxe d’habitation japonaise dépendait de la largeur des bâtiments indépendamment de leur profondeur. On construisait donc des bâtiments étroits mais longs. Cette architecture convient parfaitement à ce centre de l’artisanat, lui conférant des airs de caverne d’Ali baba.

Les gérants de l’Unagi no Nedoko parcourent les alentours de Yame et l’île de Kyushu à la recherche d’artisans talentueux auxquels ils offrent une place dans leur boutique. Et on peut dire qu’ils ont réussis à dénicher de véritables talents. Les artisans de Kyushu perpétuent les techniques traditionnelles mais savent également innover pour répondre aux besoins et aux contraintes de la vie moderne. Les cuillères en bois côtoient des pailles en bois, belle alternative écologique au plastique ; des chaussures traditionnelles en tissus inspirent des chaussons étanches en matières recyclées qui se remplissent d’eau chaude pour se transformer en bouillottes pour pieds… Le centre regorge de ce genre de petits trésors fascinants.

À l’image de ces artisans qu’ils représentent, les gérants du centre sont plein d’imagination et ne manquent pas de projets pour faire évoluer leur entreprise. Ils ont déjà ouvert un deuxième bâtiment qui expose de l’artisanat venu des quatre coins du Japon. A l’étage, un espace d’exposition leur permet de mettre régulièrement en avant le travail d’un artisan ou certaines techniques traditionnelles.

Plusieurs personnes parlent anglais à l’Unagi no Nedoko, et ils se feront un plaisir de vous guider dans les différentes boutiques, l’occasion d’en apprendre plus sur l’artisanat japonais !

Pour terminer votre plongée dans l’artisanat de Yame, vous pourrez vous rendre au Musée de l’artisanat de Yame. Une grande salle expose les différentes spécialités de la région. Tissage de bambou, fabrication de petits temples traditionnellement installés dans les habitations japonaises pour vénérer les ancêtres… La production de Yame est riche et variée.

Le wagashi produit à Yame (papier japonais fait à la main) est utilisé pour faire des éventails ou de magnifiques lanternes peintes à la main sur deux niveaux. Le musée propose des ateliers durant lesquels vous pourrez apprendre à confectionner vous même du papier japonais.

Ikenoyamaso, un ryokan dans les montagnes de Yame

Pour profiter encore un peu de Yame le temps d’une nuit, nous avons séjourné au ryokan Ikenoyamaso. Ce petit complexe hôtelier perdu dans les montagnes, éloigné de la lumière des villes, est connu pour les ciels étoilés d’une incroyable beauté qui sont visibles par temps clair.

Les chambres de l’Ikenoyamaso sont de spacieuses chambres traditionnelles japonaises, avec futon et sol en tatamis. Depuis les fenêtres des chambres vous pourrez admirer les montagnes de la région, et les érables japonais qui se couvrent de magnifiques couleurs lorsque vient l’automne.

Confortablement installé dans ce cocon de réconfort, vous aurez tout le loisir de découvrir les saveurs de la région au cours d’un dîner gastronomique composé d’une myriade de petits plats. Les eaux de la rivière Higashinogawa, qui se trouve à proximité du ryokan, sont les eaux les plus pures de Fukuoka. Les poissons pêchés dans cette rivière tout comme les légumes sauvages ramassés à proximité sont donc réputés pour leurs qualités aussi bien nutritives que gustatives. Des produits frais et de saisons qui prennent la forme de tempura, de tofu, de soba au thé vert, de sashimis de poisson…

Un véritable festin pour lequel de nombreux clients font le déplacement. Car il n’est pas nécessaire de séjourner au Ikenoyamaso pour profiter de son excellente cuisine, il suffit de penser à réserver à l’avance.

Et pour parfaire le tout, vous aurez accès aux onsen de l’hôtel. De grands bains d’eau thermale qui permettent de se détendre complètement avant d’aller se coucher. Le bain extérieur est bordé d’érables japonais qui créent de véritables tableaux lorsqu’ils prennent les couleurs de l’automne.

Vous seriez bien avisé de faire à nouveau un tour au onsen au petit matin pour profiter de l’incroyable paysage qui s’offre à vous depuis les bains. Un paysage de montagne qui se dévoile peu à peu sous les premiers rayons de soleil.

Comment est-il possible de mieux débuter sa journée ? Peut-être en savourant les plats variés d’un petit déjeuner japonais. Un petit déjeuner à la hauteur du dîner. Un excellent tofu cuit sous vous yeux pendant que vous dégustez votre assiette de poisson grillé, d’algues, de légumes, et de toute autres petits plats concoctés avec soin dans les cuisines de l’hôtel.

Pour ceux qui voudraient tenter une nuit immersive dans les montagnes de Yame, l’Ikenoyamaso propose également un terrain de camping sur lequel vous pourrez planter votre tente.

Informations pratiques

Brasserie Kitaya

Adresse : 374 Motomachi, Yame, Fukuoka 834-0031, Japon
Téléphone : +81 943-23-2154
Site internet : https://www.kitaya.co.jp/
Horaires d’ouverture : 9h – 17h30 (fermé le week-end et les jours feriés)
Visite guidée en anglais disponible sur réservation via le formulaire de contact du site internet.

Unagi no Nedoko

Adresse : 267 Motomachi, Yame, Fukuoka 834-0031, Japon
Téléphone : +81 943-22-3699
Site internet (en japonais) : http://unagino-nedoko.net/
Horaires d’ouverture : 11h30 – 18h (fermé le mardi et le mercredi)

Musée de l’artisanat de Yame

Adresse : 2-123-2, Moto-machi, Yame-shi, Fukuoka-ken
Téléphone : +81 943-22-3131
Site internet (en japonais) : https://yamedentoukougeikan.jimdo.com/
Horaires d’ouverture : 9h – 17h (fermé le lundi)

Ikenoyamaso

Adresse : 10780-58 Hoshino Village, Yame City, Fukuoka Prefecture
Téléphone : +81 943-52-2082
Site internet : http://www.hoshinomura-ikenoyama.com/en/

Article écrit en partenariat avec le Bureau des Transports de la Région de Kyushu

Joachim Ducos

Joachim Ducos

Passionné par le cinéma japonais, j'ai voulu découvrir la vie quotidienne de ce pays que je ne connaissais qu'à travers la fiction. En 2017 je quittais ma France natale pour poser mes valises à Tokyo sans savoir que j'y resterai si longtemps. Après presque deux années à poursuivre mes activités de photographe et de vidéaste en parcourant l'archipel japonais, le Japon exerce toujours sur moi une mystérieuse fascination qui me pousse à vouloir en explorer chaque recoin.

tokidokiyuki.fr/

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