Tout près de la ville de Kochi, au Sud de l’île de Shikoku, se trouve une petite ville nommée Ino. On peut y flâner au bord de la rivière Niyodo et dans des rues charmantes, bordées de maisons de marchands et d’entrepôts datant des ères Edo et Meiji. Ceux-ci témoignent de l’activité commerciale de la ville et de sa prospérité passée. Le commerce qui a rendu Ino célèbre est celui du papier Tosa Washi (papier washi de l’ancienne province de Tosa, située dans l’actuelle préfecture de Kochi), fabriqué dans la région depuis plus de 1000 ans.
Sa qualité exceptionnelle est due aux techniques artisanales utilisées mais aussi aux éléments qui rentrent dans sa composition, dont l’eau de la rivière Niyodo, connue pour sa pureté. Lors de l’ère Meiji, Genta Yoshii (1826-1908), descendant d’une longue lignée de fabricants de papier, a développé à Ino de nouvelles techniques, de nouveaux types de washi et a publié un traité sur le sujet : le Nihon Seishiron.
Le Musée du Papier Tosa Washi, vitrine d’un artisanat local
Pour découvrir ce fameux Tosa Washi, rien de mieux que de se rendre au Musée du Papier. L’exposition y présente l’histoire de ce papier, des objets anciens, les techniques de fabrication et leur évolution. On peut également y participer à un atelier pour fabriquer notre propre papier, à des démonstrations, et se faire plaisir dans la boutique, témoin de la vitalité de cet artisanat, qui sait préserver la tradition sans oublier de se renouveler.
Une collection surprenante d’objets traditionnels en papier
Le papier est très présent dans les intérieurs traditionnels japonais : il recouvre les shoji et les fusama (parois coulissantes séparant les pièces) et adoucit la lumière des lampes. Il sert également pour fabriquer des objets décoratifs et comme support pour peindre, calligraphier, ou imprimer des estampes. On le retrouve encore dans des accessoires usuels : parapluies, éventails, etc. Et même dans les rites religieux : bandes de papier shide utilisées lors des rites shinto et suspendues dans les sanctuaires, omikuji (prédictions), etc.
La première salle du musée expose une belle collection d’objets anciens en papier. Il y en a de toutes sortes : certains sont superbes et techniquement impressionnants, témoins amusants ou émouvants du Japon d’antan… d’autres sont étonnants. Bien que sachant que les parapluies traditionnels sont faits de papier enduit, j’ai été notamment surprise de découvrir des manteaux de papier, appelés kamiko.
Un aperçu des techniques de fabrication du papier washi
Le suite de la visite se concentre sur les techniques traditionnelles de fabrication du Tosa Washi, de la culture des plantes dont il est fait au séchage des feuilles de papier. C’est un long processus, et les étapes sont nombreuses avant d’obtenir la pâte à papier qui sera façonnée à l’aide d’un écran de soie. 5500g de branches sont nécessaires pour fabriquer 220g de papier. Il est entre temps passé à la vapeur, raboté, bouilli, blanchi, lavé, débarrassé des impuretés…
On peut voir tous les outils utilisés, comme des kirihon, planches servant à couper le papier à différents formats standard, des écrans de soie utilisés pour le façonnage, et toutes sortes de bacs, de paniers et d’outils.
Le savoir faire s’est transmis et perfectionné de génération en génération depuis plus de 1000 ans. Aujourd’hui encore des artisans fabriquent du papier suivant ces techniques ancestrales.
Le Tosa Washi se décline en de nombreux types. La texture du papier varie sensiblement selon la plante utilisée pour le fabriquer. Un espace de l’exposition permet de toucher différents types de papier pour s’en rendre compte.
Faire son propre papier washi à l’atelier du musée
Si vous avez envie de faire votre propre papier washi, c’est possible au musée d’Ino. Le premier dimanche de chaque mois, pour 400¥, vous pourrez participer à un atelier d’une heure et façonner 8 cartes postales et deux feuilles de Tosa Washi.
Il est également possible d’assister gratuitement à des démonstrations, aux heures d’ouverture du musée.
Malheureusement pour moi, j’ai visité le Musée du papier d’Ino en semaine, juste avant la fermeture. Je n’ai donc pas pu m’essayer à la fabrication, ni voir de démonstration. Je me promets de revenir un dimanche lors d’un prochain voyage dans la région.
Informations pratiques
Plus d’informations sur le site du Musée du papier d’Ino (en anglais).
Plus d’informations pour préparer un séjour dans la préfecture de Kochi sur le site Visit Kochi Japan (en anglais).
Comment s’y rendre ?
Le musée est situé à 10 minutes à pied de la gare JR d’Ino ou du tramway Tosaden Kotsu (terminus). Depuis la ville de Kochi, compter 10 minutes de train par la ligne JR (260¥) ou 45 minutes de tramway depuis l’arrêt Harimayabashi (460¥).
La ville de Kochi est accessible en avion (1h20 depuis Tokyo, 45 minutes depuis Osaka), en train (3h15 depuis Osaka ou Hiroshima via Okayama) et en bus (4h50 depuis Osaka, 4h depuis Hiroshima, 2h50 depuis Tokushima).
Un parking gratuit est à accessible si vous vous y rendez en voiture.
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