Article réalisé en partenariat avec Nakaumi Shinjiko Daisen DMO
Si vous prévoyez de visiter Matsue, dans la région de San’in Chuo, il serait dommage de se limiter à son célèbre château, classé Trésor National. Cela vaut la peine de pousser jusqu’aux rives de la Mer du Japon, à l’extrême pointe de la péninsule de Shimane, pour découvrir le village de pêcheurs de Mihonoseki (美保関町). Ce port charmant est chargé d’histoire et de spiritualité : un endroit idéal pour se plonger dans l’ambiance du Japon d’antan et apprendre à mieux connaître les croyances shintoïstes.
Un village de pêcheurs tout droit sorti de l’ère Edo
C’est très tôt le matin que je me rendais dans la baie où se niche le petit port de Mihonoseki. Nous ne voulions pas manquer le rituel matinal au sanctuaire de Miho, et cela nous a permis de découvrir le village dans une lumière qui lui donnait une aura mystérieuse.
Difficile d’imaginer aujourd’hui en découvrant ce village minuscule, pris en étau entre la Mer du Japon et le Mont Bachakusan, qu’il n’a pas toujours été ce havre de paix. Pendant l’ère Edo, c’était un port animé, où avaient lieu de nombreux échanges commerciaux avec le reste de l’Asie, et où les marins se pressaient dans des tavernes bruyantes.
Si les marins d’aujourd’hui sont bien moins nombreux et bien plus calmes que leurs ancêtres, l’atmosphère d’Edo n’a pas disparu de Mihonoseki. En parcourant l’étroite ruelle Aoishidatami dori (青石畳通り), pavée de grosses pierres et bordée de bâtiments anciens, on a vraiment l’impression de faire un saut dans le temps.
On y trouve plusieurs auberges traditionnelles, et à voir ces bâtiments chargés d’histoire (le noren de la photo ci-dessous indique que cet établissement à ouvert en 1717), où l’on peut séjourner dans une pièce traditionnelle, déguster une cuisine raffinée préparée avec le produit de la pêche du jour et prendre un onsen en admirant la mer… je n’avais qu’une envie : y rester pour la nuit et prolonger mon séjour pour profiter de l’atmosphère douce et hors du temps de Mihonoseki.
De plus, de début juillet à fin novembre, la rue est éclairée le soir par des lanternes, ce qui doit lui donner un air mystérieux et romantique.
Il est bien sûr possible de faire son marché en poisson extra-frais à Aoishidatami dori, l’occasion de découvrir des spécialités locales comme le nodoguro (のどぐろ, littéralement « gorge noire »), un poisson qui a connu une vague de popularité après qu’un joueur de tennis natif de Matsue mondialement connu, ait dit l’apprécier.
En remontant vers le Nord, au pied de la montagne, on trouve le petit temple Bukkoku-ji, dont le trésor renferme des statues bouddhistes anciennes.
Le rituel matinal au sanctuaire Miho-jinja
Une des raisons principales qui m’ammenaient dans le port de Mihonoseki était d’assister au rituel matinal du Miho-jinja (美保神社). Ce sanctuaire shinto est dédié à deux kami (divinités) : Kotoshironushi, mieux connu sous le nom d’Ebisu — l’une des sept divinités du bonheur, protecteur des pêcheurs et des marchands —, et Mihotsuhime, qui sont respectivement le fils et l’épouse d’Okuninushi, le kami du grand sanctuaire d’Izumo.
Ce sanctuaire renferme donc deux divinités : une féminine et une masculine. Mon guide m’a appris qu’on pouvait connaître le genre de la divinité à la forme des épis de faîtage qui surmontent le honden — le bâtiment principal, interdit au public, où réside le kami. Une coupe horizontale signifie que la divinité est féminine, tandis que si la coupe est verticale, elle est masculine.
Le Miho-jinja est d’une grande importance, car il est à la tête de tous les sanctuaires du pays dédiés à Ebisu. Et comme il s’agit du fils d’Okuninushi, les pèlerins qui viennent se recueillir au sanctuaire d’Izumo sont nombreux à se rendre également à celui de Mihonoseki.
À 8h30, des coups frappés sur un grand taiko (tambour japonais) sortent le sanctuaire de la torpeur matinale. Ils marquent le début du rituel Asamike sai (朝御饌祭), qui a lieu au Miho-jinja tous les matins. Les officiants pénètrent dans le haiden, un vaste bâtiment ouvert sur trois côtés, situé devant le bâtiment principal. Les prêtres et les miko (« servantes » du sanctuaire) entonnent une psalmodie.
Ensuite, deux musiciens, un flûtiste et un joueur de tambour se joignent à eux, pour ce que j’attendais avec impatience : la danse des miko. Elles dansent toutes deux ensemble, portant dans une main une branche de sakaki et dans l’autre un kagurasuzu.
Pour quelqu’un qui s’intéresse aux rituels japonais ou aux arts de la scène traditionnels, assister à cette danse est un moment très émouvant, où l’on voit des mouvements semblant tout droit sortis de temps mythiques s’incarner, comme ils le font encore chaque matin dans le sanctuaire de Miho.
Un autre rituel a lieu chaque jour à 15h30 au Miho-jinja et le sanctuaire et la baie sont aussi le cadre de grands matsuri, les 7 avril et 3 décembre de chaque année.
Panorama sur la Mer du Japon depuis le phare de Mihonoseki
Nous avons ensuite pris la direction de la pointe du cap Jizô, pour voir le phare de Mihonoseki (美保関灯台) et le panorama sur la Mer du Japon. Nous n’avions malheureusement pas assez de temps, mais il est possible de s’y rendre par un chemin de randonnée qui part du temple Bukkoku-ji. Ce joli phare blanc, à la tour étonnamment peu élevée, date de 1898. On peut y faire une pause au restaurant, avec vue imprenable sur la mer.
Par beau temps, il est possible de voir les îles Oki, situées à une soixantaine de kilomètres, et le Mont Daisen… mais une fois encore, c’était raté pour moi.
Derrière le phare, se trouve un torii tourné vers la mer à l’endroit où, selon la légende, Ebisu venait pêcher, à l’extrême pointe de la péninsule de Shimane : une terre où les kami sont décidément très présents, et semblent familiers.
Vous trouverez plus d’informations sur le site Internet de l’Office du tourisme de Mihonoseki et sur celui du sanctuaire de Miho (tous deux en Japonais).
Plus d’informations
Pour plus d’informations et préparer votre voyage dans la région du cœur de San’in Chuo, consultez ce site Internet (en Anglais). Vous y trouverez des informations sur les lieux à visiter, des idées d’itinéraire, et des informations concernant les transports.
Vous pouvez également télécharger l’application enmusubi-smart navi (縁ナビ) sur l’App Store et Google play (disponible en Anglais).
Vous pourrez aussi trouver des informations pratiques concernant les transports sur le site Internet de l’office du tourisme de San’in Chuo (en Anglais).
Pour venir à Matsue depuis Hiroshima, des tickets de bus express à prix réduit sont proposés aux visiteurs étrangers. Sur présentation de votre passeport, le ticket ne vous coûtera que 500¥, alors il serait dommage de se priver d’un détour par la région de San’in Chuo lors d’un séjour à Hiroshima / Miyajima ! Ils sont vendus sur place, le jour du trajet ou la veille. Vous trouverez les informations pratiques sur ce document.