Article réalisé en partenariat avec le Bar Yokocho Akasaka.
L’Akasaka Bar Yokocho a définitivement fermé.
Quand la convivialité des tapas espagnols rencontre la promiscuité des yokocho japonais – ces petites allées enfumées ayant vu le jour peu après la Seconde Guerre Mondiale regroupant de minuscules comptoirs de bars où se retrouvent autour d’un verre (ou deux) les salarymen après une longue journée de travail – cela donne un lieu fusionnant les deux cultures dans un concept unique en son genre : le Bar Yokocho Akasaka (la fumée en moins, les cigarettes y étant interdites).
Pour la petite histoire
Mais avant de commencer, revenons rapidement sur l’origine des yokocho. Les yokocho (横丁) étaient à l’origine des marchés clandestins appelés yamiichi (闇市), qui apparurent comme une forme de résistance de la culture japonaise si unique dans un contexte de pénurie alimentaire et d’occupation américaine sous l’ère Showa, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. Le kanji ‘丁(cho)’ signifie littéralement « rencontrer » ou « croiser« , ce qui n’est pas sans évoquer le concept de tapas en Espagne, où des gens de tous les âges et tous les genres se mêlent les uns aux autres dans une ambiance propice aux échanges.
Itinéraire gourmand
Au Bar Yokocho Akasaka, on retrouve sous un même toit neuf petits restaurants aux styles singuliers et aux menus originaux, offrant une multitude de saveurs à découvrir. On ne vient d’ailleurs pas ici pour s’installer à la même table pendant deux heures. On y vient pour déambuler, se laisser guider par les effluves sortant des cuisines ouvertes et se lancer dans un parcours culinaire qui vous mènera de comptoir en comptoir. Ajoutez à cela une déco moderne, une lumière légèrement tamisée et des prix tout doux, et vous savez déjà où vous passerez votre prochaine soirée à Tokyo ! Voici en résumé et en images notre itinéraire gourmand dans sept de ces neufs restaurants (deux d’entre eux sont amenés à changer bientôt et ne figurent donc pas ici).
Shirogane Kidor
À commencer par un classique de la cuisine japonaise, les brochettes de viande grillée, ou yakitori. La particularité ici : tout est préparé à partir de viande de poulet exclusivement.
Et tout est cuit et assaisonné à la perfection. Je recommande particulièrement les brochettes de cuisse de poulet (« thick chicken thighs » sur le menu anglais), servies avec une sauce légèrement sucrée, pour seulement 250 yens la brochette. Vous pourrez accompagner le tout d’un cocktail à base d’alcool de prune ou bien d’un Hoppy, boisson rafraîchissante au goût de bière.
Chop Shop
Changement de restaurant, changement d’ambiance ! Au comptoir de Chop Shop, on sert des côtelettes d’agneau avec au menu pas moins de douze assaisonnements différents parmi lesquels choisir : sauce au poivre, au vinaigre de framboise, au fromage de chèvre… Pour ma part, je goûtais aux côtelettes coriandre/citron vert et marinées aux algues konbu au léger goût salé. Côté prix, comptez entre 480 et 880 yens par côtelette.
Au menu également, salades, ceviche, tacos et autres tapas à partager. N’hésitez pas à demander au personnel de vous recommander le meilleur vin pour accompagner le tout.
Tregion
Si vous êtes plutôt amateur de fruits de mer et de poisson, filez au comptoir du restaurant Tregion. On vous servira ici des produits de la mer en provenance de la région de Tohoku, au nord du Japon.
Coquille Saint-Jacques cuite ou en sashimi, huîtres, poulpe, tartare de thon… tout est frais, de saison et servi accompagné de délicieux sakés locaux.
Pour les plus viandards, notez que l’on y sert également de la langue de boeuf et des saucisses (les seuls plats au menu dépassant légèrement les 1000 yens).
Teppan Yakiyasai
En grande fan de fruits et légumes frais, le comptoir de Teppan Yakiyasai a sans doute été mon préféré ! Le restaurant offre une sélection de légumes japonais de saison issus de l’agriculture biologique, préparés avec simplicité pour en conserver toutes les saveurs. Le menu évolue donc au fil des saisons et des récoltes du moment pour n’offrir que les ingrédients les plus frais.
Ne manquez pas l’une des spécialités de la maison, des tranches de radis daikon grillées, servies avec une sauce sucrée/salée. Les plats au menu sont compris entre 380 et 880 yens et peuvent être accompagnés d’un jus de fruits et légumes frais ou d’un verre de vin bio.
Gyoza 365
Le nom du restaurant suivant, Gyoza 365, semble annoncer la couleur. Pas de surprise a priori, ici on mangera des gyozas, ces raviolis japonais à la viande de porc. Mais c’était sans compter sur la créativité du chef qui s’amuse à les revisiter entièrement en s’inspirant de recettes du monde entier !
Si vous trouverez bien sûr la version classique, vous pourrez également goûter à leur version déclinée frite et fourrée au guacamole (un régal !), au boeuf et au poivre ou encore façon arrabbiata. Comptez entre 480 et 980 yens pour les gyozas, 980 yens pour une bière artisanale et 580 yens pour un verre de vin naturel.
editor’s fav Rurubu kitchen
Au menu du restaurant editor’s fav, ce sont les spécialités régionales du Japon qui sont mises à l’honneur. Des produits sélectionnés par le magazine de voyage Rurubu Travel auxquels il est possible de goûter parmi les plats du menu principal, mais aussi du menu éphémère changeant chaque mois ou encore parmi ceux qui sont mis en vente au comptoir.
Je goûtais pour ma part à un assortiment de cinq petits plats (mention spéciale pour les rillettes !) pour un total de 1780 yens, le tout servi avec un verre de Chardonnay.
Good Spice Curry Sakaba
Le temps de vous déplacer jusqu’au comptoir du restaurant Good Spice Curry Sakaba et vous voici transporté en Inde ! Il y en a ici pour tous les goûts, pour les fans comme les moins fans d’épices. Parmi les plats les plus doux, le poulet au beurre est un délice – d’autant plus s’il est accompagné d’un cheese nan.
Côté boisson, vous pourrez vous laissez tenter par le grand classique des yokocho, le lemon sour, servi ici avec sa tour de rondelles de citron, ou par un plus exotique et sucré lassi à la crème de cassis.
Ici non plus pas de mauvaise surprise côté prix, avec le poulet tandoori à 680 yens, les cheese nan à 450 yens et le lemon sour à 480 yens.
Les petits plus du Bar Yokocho Akasaka
Les yokocho ont la réputation d’être des endroits très conviviaux mais aussi très enfumés par les cigarettes comme par les cuisines ouvertes. Le Bar Yokocho Akasaka quant à lui offre un environnement plus agréable et accueillant pour les non fumeurs puisque, comme mentionné plus haut, les cigarettes y sont interdites, attirant ainsi une clientèle plus jeune et féminine. Les convives sont plutôt invités à utiliser une cigarette électronique Iqos, ne produisant pas de fumée ni d’odeur désagréable.
Autre petit plus, vous y trouverez une borne pour imprimer gratuitement vos photos Instagram prises sur place. Pour cela rien de plus simple, il suffit d’utiliser le hashtag #baryokocho lorsque vous postez votre photo sur le réseau social pour que celle-ci apparaisse sur la borne. Une idée astucieuse dans un endroit à fort potentiel instagramable comme celui-ci…
Comment s’y rendre ?
Le Bar Yokocho Akasaka est situé comme son nom l’indique dans le quartier d’Akasaka, non loin des quartiers de Roppongi et d’Aoyama. Il est très facile et rapide de rejoindre le bar depuis les stations de métro Akasaka, Akasaka-Mitsuke ou encore Nagatacho. Il ne vous faudra pas plus de 4 minutes à pieds depuis ces dernières. Situé au niveau de la rue, il vous sera facile d’en reconnaître la devanture à son enseigne aux lettres jaunes ainsi qu’aux guirlandes lumineuses suspendues au plafond.
N’hésitez pas à vous rendre sur le site internet du Akasaka Bar Yokocho (en japonais) pour en découvrir d’avantage.
Un mot de l’établissement Bar Yokocho
Si la naissance des yokocho remonte aux marchés noirs de l’après guerre, ils sont aujourd’hui encore très fortement ancrés dans la culture japonaise et sont toujours implantés dans tout le pays. Les yokocho ont longtemps été le repère quasi exclusif d’hommes japonais quarantenaires avant de s’ouvrir depuis quelques années à une clientèle plus jeune, féminine et même internationale, appréciant tout autant de passer une soirée à se déplacer de comptoir en comptoir. Une tendance qui avait d’ailleurs été repérée par l’entreprise « Recruit » en 2016, annoncée comme une année de renaissance pour les yokocho. Ce vent nouveau soufflant sur les yokocho fait ainsi se mélanger une clientèle d’habitués, les fameux hommes quarantenaires, ravis de pouvoir discuter avec leurs nouveaux voisins de table, jeunes femmes ou touristes occupés à prendre le lieu en photo avant de le poster sur les réseaux sociaux. Les lieux hybrides que sont les neo yokocho contribuent à alimenter cette tendance, en recréant l’ambiance chaleureuse des yokocho de l’époque, tout en proposant une carte plus élaborée et un accueil plus moderne, que ce soit à Tokyo ou ailleurs.
L’enseigne Bar Yokocho peut être considéré comme le chef de fil du mouvement, après avoir ouvert trois établissements du genre coup sur coup : un premier à Kamata (downtown Tokyo), un second à Akasaka (dans le quartier des affaires de Tokyo) et un autre à Karasuma (quartier des affaires de Kyoto). Des lieux mêlant les concepts de bars espagnols et japonais sous un même toit, où il fait bon s’installer en fin de journée. En Espagne, les soirées sont souvent passées à naviguer de bar en bar pour profiter des menus spéciaux proposés en soirée. Un concept qui ne manque pas de plaire aussi au Japon.
En Japonais, le « cho » de « yokocho » signifie d’ailleurs « rencontrer », mais aussi « aller et venir », d’où le nom de bar yokocho. Un lieu dans lequel on peut donc se déplacer de comptoir en comptoir et de discussion en discussion pour une soirée inoubliable !
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