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Avec la capitale Tokyo comme point de départ, voici le récit d’un voyage en immersion dans les arts japonais, entre installation contemporaines à l’image de teamLab Planets ou des îles de Naoshima et d’Inuyama, et traditions japonaises, au musée Nezu de Tokyo, au Dogo Onsen ou à Kurashiki dans le quartier du Bikan.

Art ancien et contemporain à Tokyo

Plongeon dans l’art japonais, qu’il soit contemporain, voire technologique, ou empreint des siècles de traditions raffinées. Tout commence à Tokyo, l’immense capitale qui est le point de départ de notre voyage. Quel point de départ ! Les musées et installations artistiques sont innombrables.

teamLab Planets à Toyosu, jusque fin 2027

Je commence par une visite à l’exposition interactive teamLab Planets, dont le succès ne se dément pas : celle-ci est prolongée pour quatre ans et s’achèvera donc fin 2027. Voici une facette contemporaine de Tokyo, désormais incontournable.

art contemporain
teamLab,  Moss Garden of Resonating Microcosms – Solidified Light Color, Sunrise and Sunset , 2021, Interactive Digital Installation, Endless, Sound: Hideaki Takahashi © teamLab, courtesy Pace Gallery

Aux salles du début, les miroirs et les pluies de diodes, les carpes de lumière sur courant véritable ou les déluges de fleurs de saison, s’ajoutent des installations plus récentes, comme cette salle en pleine lumière naturelle dans laquelle les orchidées flottent de façon irréelle.

Devant teamLab, le restaurant Vegan Ramen Uzu Tokyo

Quelle surprise ! Ce restaurant de ramen intimiste et vegan est le prolongement naturel des salles d’exposition de teamLab Planets. Il se trouve immédiatement devant le bâtiment du musée interactif.

vegan ramen

Me voici en train de déguster un excellent bouillon dans une pénombre bienvenue (par rapport à l’été qui n’en finit pas à l’extérieur), le bol seul étant éclairé. Côté saveur, la richesse du plat est impressionnante.

Collections anciennes au musée Nezu

Après les LEDs et les fleurs, réelles ou projetées, direction un Japon plus ancien au musée Nezu. Ce superbe musée privé d’Omotesando abrite l’une des plus riches collections d’objets précieux du pays, celle de l’ancien président des chemins de fer Tobu, Nezu Kaichiro (1860-1940). Le site est aussi celui d’un incroyable jardin traditionnel, que l’on ne s’attend définitivement pas à trouver dans ce quartier du shopping et du luxe, à l’ouest du centre-ville de Tokyo.

musée Nezu
L’entrée du musée annonce le raffinement de ses salles d’exposition.

Le musée abrite une riche collection d’art et d’objets de toutes les périodes de l’histoire japonaise. Mais pas que : les pièces rassemblées remontent à l’âge du bronze chinois, et l’on peut admirer des artefacts âgés de près de 3000 ans. Pour se remettre de tant d’histoire, le musée possède aussi un superbe jardin traditionnel. En s’y promenant, vraiment difficile de s’imaginer être à deux pas des rues à la mode du quartier d’Omotesando.

Le Dogo Onsen, joyau de la préfecture d’Ehime

Après ces premières découvertes tokyoïtes, un court vol permet de rallier l’île de Shikoku depuis Tokyo Haneda en moins de 90 minutes. Ce qui fait de la capitale une première étape idéale avant de pousser plus loin l’exploration du pays.

Hamburgers, bains et art contemporain au Dogo Onsen

S’envoler de Haneda est tellement confortable, si près du centre-ville de Tokyo. Et sur un vol domestique, les compagnies nationales assurent un service excellent. En moins d’une heure et demie, me voici sur l’île de Shikoku, à Matsuyama, où se trouve l’une des sources chaudes les plus réputées du pays.

La première étape sur l’île est Matsuyama (préfecture d’Ehime), connue surtout pour le Dogo Onsen, l’une des plus anciennes sources thermales du pays. Mais la cité dynamique est aussi celle d’un programme artistique estival pointu, que nous nous plaisons à découvrir en allant déjeuner.

shotengai Dogo Onsen
Installation artistique en arc-en-ciel dans la rue couverte qui mène au Dogo.

Dans une rue couverte qui mène au Dogo Onsen, ce bain si célèbre dont je vais bientôt m’approcher malgré les travaux de rénovation, voici un établissement moderne servant de délicieux burgers dans un cadre ancien très bien mis en valeur. Le café est délicieux.

Le grand établissement de bain du Dogo sort d’une cure de jouvence – et il est de nouveau prêt pour un ou deux millénaires de détente. Comme tout n’est pas encore rouvert (ce sera le cas dès juillet 2024.), j’ai la chance de m’immerger à Asuka-no-yu, établissement au charme rustique, sensé rappeler l’ancienne période Asuka, aménagé en ville à l’occasion des travaux et désormais pérenne.

Surprise : ce grand bain et les alentours sont le cadre d’installations artistiques contemporaines, bien mises en valeur dans ce cadre classique. Les installations artistiques de Asuka no yu sont exposées jusqu’à la fin du mois de février 2024.

L’étonnant temple Ishite-ji à Matsuyama

J’ai ensuite la chance de découvrir le 51e temple du célèbre pèlerinage de l’île de Shikoku, celui des 88 temples. Celui-ci est un site étonnant, empli d’un ésotérisme populaire qui se traduit par une succession d’objets et d’installation qui me paraissent insolites.

La figure de Kukai (ou Kobo Daishi), le moine fondateur du bouddhisme Shingon, est omniprésente. Sa silhouette est bien là, et le temple Ishite-ji n’est pas sans lien avec légende. Il serait lié à la figure d’Emon Saburo, un riche personnage du 9e siècle, résident du territoire, qui refusa d’aider le moine avant de finalement le chercher tout autour de l’île – ce qui constitue l’origine du pèlerinage.

Statue d'Emon Saburo
Une statue d’Emon Saburo rappelle la légende locale de Kukai.

Une nuit au ryokan Funaya de Matsuyama

Après une nouvelle exploration vespérale de Matsuyama – pour voir la pendule animée du centre, et visiter la brasserie de saké Minakuchi, je prends la direction de mon hébergement pour la nuit.

Nous passons la nuit dans l’un des ryokan les plus réputés du Dogo Onsen. Funaya abrite à ce titre une collection d’objets et d’œuvres d’art laissés là par une longue lignée d’illustres clients. Le dîner est de haute volée et le bain du soir bienvenu.

cuisine kaiseki
Dîner kaiseki très raffiné au ryokan Funaya.

Naoshima et Inujima, deux îles artistiques de la mer intérieure de Seto

Mon voyage m’emmène désormais vers la préfecture voisine de Kagawa, dont les joyaux sont un ensemble d’îles tournées vers l’art contemporain. La plus connue est Naoshima, sur laquelle j’aurai la chance de passer une nuit au Benesse House, l’établissement luxueux au cœur des installations.

Une journée et une nuit sur l’île de Naoshima

Depuis Takamatsu, le ferry qui nous mène à Naoshima donne au voyage de faux airs de croisière en Méditerranée. Le paysage m’attire au point que je ne le quitte pas des yeux de toute la traversée, pendant une heure.

Rien de tel qu’un bento pour apprécier les bons produits d’un territoire, tout en ayant l’impression de manger comme un local. D’autant plus que le paysage qui défile est un chef d’œuvre sans cesse renouvelé.

Visite du ANDO MUSEUM

Sur l’île de Naoshima, une fois débarqué, je suis mené jusqu’à un hameau, un recoin de Japon rural pas si différent que cela au premier abord des autres villages que j’ai pu visiter dans cette région maritime de la mer intérieure de Seto.

Toutefois, au détour d’une rue, voici une première installation artistique. Puis une seconde. Et entre deux résidences converties en œuvres d’art, je découvre un mur refait selon les techniques anciennes. Sauf que derrière, ce n’est plus une bâtisse d’antan, mais bien un impressionnant musée souterrain, tout en béton, sur lequel a été reposée la charpente d’origine. Le lieu est dédié à Tadao Ando, l’un des grands acteurs de l’aménagement de Naoshima.

Ando Museum
Le musée ANDO MUSEUM s’intègre étonnamment bien au paysage rural de Setouchi.

Le Chichu Art Museum de Tadao Ando à Naoshima

Voici le chef d’œuvre de Tadao Ando sur Naoshima, ce grand musée géométrique qui se déploie dans une colline si méditerranéenne, sans altérer en rien le paysage. Ici, peu de lumière artificielle : les tableaux de Monet sont éclairés subtilement grâce aux nuances du jour. À noter : les photos y sont rigoureusement interdites.

Je pourrai y rester une journée entière pour suivre le cours du soleil et observer les tableaux sous ce jour toujours changeant. Mais Naoshima possède bien d’autres merveilles. Avant de rejoindre mon hébergement pour la nuit, je profite de la fin de journée pour revoir certaines installations emblématiques, dont la Pumpkin de Yayoi Kusama.

Une nuit au Benesse House

La Benesse House est l’hébergement officiel du programme, constitué de plusieurs hôtels proches au design impeccable. Des œuvres d’art parsèment les corridors et certaines chambres de ces hébergements haut de gamme.

Au repas, un dîner français tout aussi subtile que les architectures alentour. La ciabatta est l’une des meilleures que je n’ai jamais mangée et l’huile d’olive est évidemment locale, provenant de l’île proche de Shodoshima.

Hors de sentiers battus, mais remarquable : l’île d’Inujima à Okayama

Naoshima est incroyable, mais il ne faut pas oublier les autres îles : Teshima ou, dans la préfecture voisine d’Okayama, Inujima, pas encore touchée par le tourisme de masse malgré son grand musée ouvert sur le panorama.

ferry inujima

De toutes les îles de Benesse, les installations artistiques permanentes sont peut-être les plus modestes. Mais c’est précisément pour cette raison qu’elle vaut la peine d’être visitée. Tout comme le musée Inujima Seirensho, un site industriel devenu musée d’art, les maisons reconverties du village sont remarquables dans ce paysage irréel. La traversée finale depuis Teshima en vaut la peine.

Okayama : poterie à Bizen et panorama préservé au Bikan

De retour sur Honshu via Inujima, j’entame la dernière séquence du voyage. Je vais déjà découvrir la poterie Bizen-yaki puis je profiterais du quartier historique de Bikan à Kurashiki, où se trouvent plusieurs boutiques d’artisanats haut de gamme.

L’expérience de la poterie à Bizen

J’apprécie la poterie depuis que je vis au Japon : toutes les régions du pays ont leur tradition spécifique et cet art est immanquable dans tous les quartiers où l’on rencontre des artisans. Mais l’un des noms qui revient le plus est celui de Bizen, la localité d’Okayama dans laquelle je viens d’arriver.

Une raison à cela : la qualité de l’argile local. J’ai plaisir à la manipuler, avec des gestes timides qui cherchent à imiter ceux du maître qui nous reçoit. Le but de l’activité est bien de créer un bol : si tout va bien, je l’utiliserai chez moi pour manger le riz.

Le temps passe rapidement et j’ai grandement apprécié de mettre les mains à la pâte. L’expérience à laquelle j’ai pu m’essayer comprend une boisson dans le beau coffee shop ouvert par le studio en contrebas : le café MuGenAn+.

coffeeshop
Ambiance contemporaine dans le coffee shop MuGenAn+.

Soirée à l’izakaya puis nuit à l’hôtel Granvia d’Okayama

Direction désormais la capitale de la préfecture, la ville homonyme d’Okayama. Je dîne dans le centre-ville dans un izakaya populaire, Toriyoshi.

Les serveurs slaloment entre les tables débordantes de ce restaurant populaire du centre-ville d’Okayama. Spécialité de poulet, de poisson et belle sélection d’alcool pour se détendre après une nouvelle journée riche en découvertes.

Directement connecté à la gare JR d’Okayama, l’hôtel Granvia est mon hébergement du jour. Situé au cœur de la métropole, l’hôtel offre une grande variété de chambres, de sorte qu’il vous sera impossible de ne pas y trouver votre bonheur – La version premium de l’hôtel permet aux visiteurs d’accéder à la piscine et au bar. L’hôtel accueille également des concerts de jazz tous les soirs et offre une vue panoramique sur la ville.

bar
L’un des bars très bien achalandés de l’hôtel Granvia à Okayama.

Bikan, le superbe quartier historique de Kurashiki

Le quartier Bikan ne déçoit jamais. C’est mon deuxième passage ici, mais j’apprécie toujours autant les entrepôts noirs et blancs si bien conservés. Cette fois, j’ai la chance de les voir défiler depuis le canal, à l’occasion d’un tour en barque qui ajoute encore au pittoresque.

Après cela : un excellent parfait à la pêche pour déguster cette spécialité de la région d’Okayama.

parfait pêche
Les pêches sont la spécialité emblématiques de la préfecture d’Okayama.

Après le goûter, je découvre mon dernier hébergement du voyage.

Le mot « Toutou » fait référence à l’écoulement d’une rivière, le temps qui se poursuit dans la continuité. Le concept est celui d’une galerie d’art utilisant de vieux bâtiments, et d’une auberge dans des maisons de ville et des entrepôts rénovés incorporant des objets d’artisanat d’artistes locaux qui ont ouvert ici et là à Kurashiki.

En y passant une nuit, vous aurez non seulement l’impression d’avoir remonté le temps, mais vous serez également plongé dans une atmosphère de sophistication rustique.

Je finis le voyage en beauté avec un dîner à la Trattoria Takenoya. Attention : point de spaghettis dans cette trattoria, mais des sobas délicieuses utilisant la farine de sarrasin hiruzen, particulièrement réputée. Je comprends pourquoi après différentes déclinaisons de mets japonais typiques, dans le cadre chaleureux d’un entrepôt subtilement rénové.

dîner assiette
Le voyage a été une succession de mets succulents.

Le lendemain, en à peine plus de trois heures, me revoici à Tokyo. Que le temps passe vite dans le confort du shinkansen qui file dans les paysages japonais.

Cette semaine de voyage au départ de Tokyo a constitué un plongeon dans l’art japonais, qu’il soit ancien, presque immuable, ou actuel, et le fruit de traditions populaires, ou bien que les paysages du pays servent d’écrin à la création contemporaine. Je ne m’attendais pas à tant de richesses partout, et Ehime, Kagawa et Okayama si faciles d’accès depuis Tokyo m’ont montré à quel point le Japon était fait de trésors sur l’ensemble de son territoire, au niveau de sa capitale et au-delà.

Circuler entre Tokyo et les sites visités

Tout les transports convergent vers Tokyo, ce qui laisse de nombreuses options pour s’éloigner temporairement de la ville le temps de quelques explorations.

Pour ce voyage, j’ai pris l’avion depuis Tokyo Haneda, avec un vol opéré par ANA, ce qui m’a permis de rejoindre l’aéroport de Matsuyama (Ehime) en 90 minutes. Au retour, encore plus simple : je me suis confortablement installé dans un shinkansen en gare d’Okayama, et j’étais de retour à Tokyo moins de 3h plus tard.

Article écrit en partenariat avec TokyoTokyo.
#CHUGOKU+SHIKOKUxTOKYO

Julien

Julien

Freelance travel consultant based in Tokyo, I have been living in Japan for a couple of years. In France, I have published three books about Japanese destinations and culture, the first one being the description in texts and photos of a hundred views in Japan. I am deeply interested in sustainability and a more human-based way of traveling.