En France, on peut avoir tendance à penser que le tatouage est plutôt mal vu au Japon. Il est cependant important de rappeler que les tatouages tels qu’ils sont le plus souvent pratiqués en France, et dans le reste du monde, sont très éloignés des tatouages traditionnels japonais, qui eux, peuvent avoir une image assez négative dans l’archipel. Même si l’accès à certains lieux ou bâtiments spécifiques peut être interdit lorsque l’on est tatoué, voyager au Japon est tout aussi gratifiant, que l’on ait des tatouages ou pas. La question qu’il faut se poser avant de venir au Japon serait plutôt : « quels sont les lieux spécifiques auxquels on n’a pas accès lorsqu’on est tatoué ? »
Mais puisqu’il est tout à fait légal de se faire tatouer au Japon, pourquoi avoir des tatouages peut-il poser problème ? Une partie de l’histoire du tatouage japonais est liée aux yakuzas, ce qui, avec le temps, a peu à peu éclipsé son aspect traditionnel. Depuis les années 1990, le tatouage au Japon étant facilement associé à la mafia du pays, certains lieux et certaines enseignes interdisent leur accès aux personnes tatouées, afin d’empêcher les yakuzas d’y entrer. Malheureusement, les Japonais ou les étrangers tatoués sans être aucunement liés aux yakuzas se retrouvent également impactés par ces décisions.
Mais avant de rentrer dans les détails, pour répondre simplement à la question posée par cet article, oui, il est parfaitement possible de voyager au Japon avec des tatouages.
Que dit la loi concernant le tatouage au japon ?
Par le passé, la loi était relativement complexe en ce qui concerne le tatouage. C’était une zone grise, ni légale ni illégale, le tatouage était considéré comme une procédure médicale et non comme une forme d’artisanat. On recense quelques rares cas de tatoueurs ayant dû payer des amendes pour avoir pratiqué leur métier.
Cependant, en septembre 2020, la loi relative au tatouage a changé, et la Cour suprême du Japon a déclaré qu’il n’était plus nécessaire de posséder une licence médicale pour tatouer une personne, rendant ainsi le métier de tatoueur parfaitement légal.
Mais en réalité, la loi n’a pas une grande importance sur la pratique du tatouage dans le pays. Depuis des centaines d’années, les gens se font tatouer dans l’archipel, et que la loi considère le tatouage légal ou pas ne change absolument rien. Les personnes voulant un tatouage le pouvaient avant la modification de cette loi et continueront après. Ce changement n’aura sûrement aucun impact sur la vie des tatoueurs, ni sur l’image négative que le tatouage véhicule auprès d’une partie des japonais.
De quelles activités et de quels les lieux est-on privé lorsqu’on visite le Japon avec des tatouages ?
Voyager au Japon en étant tatoué sera, à peu de choses près, la même expérience que si l’on ne possédait pas de tatouages. Il est tout de même important de connaître les lieux dont les personnes tatouées sont privées d’accès avant de se rendre dans le pays.
Se rendre dans un onsen ou un sento quand on est tatoué
Les lieux les plus prisés concernés par cette interdiction sont sans conteste les onsen, les sources thermales japonaises. Par le passé, les propriétaires d’onsen qui voulaient interdire l’entrée aux yakuza sans s’attirer de possibles représailles ont choisi d’interdire l’accès aux personnes tatouées. Cette interdiction a perduré, jusqu’à devenir l’une des plus grandes inquiétudes des touristes étrangers visitant le Japon.
Dans les faits, la réalité est quelque peu différente de l’image qu’on peut avoir de cette règle sans être dans le pays. De nombreux onsen sont accessibles aux personnes tatouées, il suffit de se renseigner au préalable. Si certains refusent strictement l’entrée à toute personne tatouée, d’autres acceptent les tatouages s’ils sont couverts ou bien cachés.
Il reste également la possibilité de profiter d’un onsen privatif où personne ne viendra regarder si vous êtes tatoué. C’est possible dans certains hôtels traditionnels, soit avec un bain privé directement dans votre chambre, soit via un système de réservation, d’autres lieux offrent la possibilité de privatiser un onsen le temps d’un bain pour des prix très raisonnables.
Si vous ne trouvez aucun onsen pouvant accepter vos tatouages, vous pourrez toujours vous rendre dans un sento pour y vivre une expérience similaire. Les sento sont les bains publics japonais, qui, contrairement aux onsen, ne sont pas des lieux de loisir, mais servent à des fins sanitaires et hygiéniques. Autrefois, tous les Japonais ne possédaient pas de moyen de se laver chez eux, et devaient donc se rendre chaque jour au sento. Cet aspect d’utilité publique demeure aujourd’hui rattaché aux sento, ce qui leur garantit d’être accessibles à toutes les personnes tatouées. Ces bains se comptent par dizaines dans toutes les villes et sont très populaires parmi les Japonais. On y trouve des douches assises, où l’on se lave avant de pouvoir profiter, selon les installations du sento, de bains d’eau froide et chaude, d’un jacuzzi, d’un bain électrique, d’un sauna ou d’un bain de radon.
Attention cependant à ne pas confondre avec les super sento, de grands complexes dédiés à la détente et au divertissement et comportant souvent plusieurs sortes de bains et d’autres services comme des restaurants, qui eux interdisent généralement les tatouages.
Quels autres lieux peuvent être difficiles d’accès au Japon pour les personnes tatouées ?
La plage peut également devenir inaccessible lorsqu’on est tatoué (les petits tatouages ne posent généralement aucun problème). Afin de pouvoir profiter des plages où les tatouages sont prohibés, il est possible d’acheter des habits de plage munis de manches longues pour les dissimuler. À noter qu’au Japon il est courant de se baigner avec des vêtements afin de se protéger du soleil. L’interdiction des tatouages sur les plages est généralement liée à l’image qu’ont les tatouages dans la région où vous vous trouvez. Vous aurez plus de chance d’être refusé sur une plage à Kobe ou à Osaka que sur une plage à Okinawa, où les tatouages sont perçus de manière radicalement différente et ne posent aucun problème, même lorsqu’on en a beaucoup.
Les derniers lieux où l’on peut rencontrer des difficultés lorsqu’on est tatoué sont les salles de sport et les piscines. Il ne s’agit normalement pas d’établissements primordiaux quand on se rend au Japon en tant que touriste, mais il reste important de le souligner. Généralement, les salles de sport demandent simplement de les cacher pendant votre séance de sport. Dans ce type d’établissements, c’est au cas par cas, selon les franchises, et il faut donc se renseigner au préalable.
En résumé, vous pourrez voyager au Japon, même tatoué !
Vues de l’étranger, les restrictions auxquelles font face les personnes tatouées au Japon peuvent paraître relativement contraignantes, mais la réalité n’est pas aussi terrible que ce que l’on peut croire. Ayant vécu au Japon avec les trois quarts de mon corps tatoué, je n’ai rencontré aucune difficulté au quotidien à cause de mes tatouages. J’ai pu me rendre dans tous les lieux cités dans l’article sans aucun problème. On s’habitue rapidement au fait de vérifier à l’avance les règles en vigueur dans les lieux où l’on souhaite se rendre. Certes, les onsen sont une expérience à vivre, mais le Japon regorge de paysages et de lieux à visiter où la question du tatouage ne se pose pas. Vous pouvez donc venir visiter le Japon et profiter des merveilles que le pays a à offrir, avec ou sans tatouages.