Skip to main content

Les origines du thé japonais restent assez incertaines, mais c’est à Kyushu que les premières plantations de thé seraient apparues. C’est autour de la petite ville de Yame, à Fukuoka, que certains des premiers arbres à thé furent plantés par des moines ayant ramené des graines d’un pèlerinage en Chine. Aujourd’hui encore, le thé de Yame fait partie des meilleurs thés produits au Japon. Située au nord de Kyushu, cette région rurale est un véritable paradis pour les amateurs de thé.

Des plantations de thé à perte de vue au Yame Central Tea Garden

Le Yame Central Tea Garden est l’une des plus vastes étendues de plantations de thé du Japon. Ce ne sont pas moins de 70 hectares de thé qui s’étendent à perte de vue dans les montagnes. Un spectacle à couper le souffle qui concentre une grande partie de la production du thé de Yame, l’un des meilleurs thé verts du Japon.

Dans ces vastes étendues de thé on ramasse du thé gyokuro, le thé vert le plus haut de gamme des thés japonais. Le thé gyokuro de Yame a en effet été désigné meilleur thé japonais par le ministère de l’agriculture durant 12 années consécutives.

Tout est fait pour obtenir des feuilles de thé d’une qualité irréprochable. Les plantations sont parcourues d’étranges ventilateurs qui servent à faire circuler l’air en hiver pour éviter la stagnation de masses d’air froid qui viendraient altérer la qualité du thé. Les nouvelles feuilles sont régulièrement retirées pour permettre aux plus grandes de grandir encore. Des feuilles de thé plus grandes permettent en effet d’obtenir un thé de meilleure qualité.

En été, les plantations sont recouvertes de paille de riz. Ainsi privées de lumières, les feuilles de thé développent une plus grande concentration de caféine et de chlorophylle, et produisent des acides aminés qui adoucissent le goût du thé. Après 20 jours passées à l’ombre, les feuilles de thé sont récoltées à la main. Un travail de fourmis que vous pourrez observer si vous vous rendez au Yame Central Tea Garden à la bonne période.

Le thé dans tous ses états au Tea Culture Hall

Au Tea Culture Hall de Yame vous pourrez découvrir ce que deviennent les feuilles de thé une fois récoltées dans les vastes plantations de Yame. Des ateliers ludiques qui plairont autant aux adultes qu’aux enfants vous permettront de découvrir les différentes méthodes de préparation de thé qui ont été développées au Japon.

Le thé hojicha est préparé à partir de la dernière récolte de thé de la saison. Les feuilles sont très développées et sont d’une qualité plus faible que les feuilles issues des premières récoltes. Mais une fois torréfiées, ces feuilles offrent des saveurs insoupçonnées. Un thé léger, souvent consommé le soir car il contient peu de caféine.

De nos jours la production d’hojicha est largement automatisée. Mais au Tea Culture Hall il est possible de s’essayer aux méthodes de torréfaction traditionnelles des feuilles de thé. Les feuilles de thé sont remuées à l’intérieur d’un torréfacteur en argile, chauffé au préalable sur une petite gazinière. Très vite une agréable odeur du thé grillé emplit la salle. Il ne reste plus qu’à faire glisser le thé par la poignée creuse du torréfacteur, et voici votre hojicha torréfié à la main, prêt à être infusé !

De la même manière, il est possible de moudre soi même son thé matcha. Le thé matcha est probablement le thé japonais le plus connu à l’étranger. Contrairement à l’hojicha, on utilise des feuilles de thé d’une qualité supérieure. Le feuilles séchées sont introduites entre dans sorte de petit moulin manuel. Lorsqu’il est moulu, le thé se transforme en très fine poudre d’un vert éclatant : le thé matcha.

Au Japon le thé est aussi utilisé dans la cuisine. La glace au matcha est probablement mon dessert japonais préféré. Mais le restaurant du Tea Culture Hall propose des plats moins conventionnels à base de thé. En fait, tous les plats du restaurant contiennent du thé. Soba au thé, curry au thé, pâtes au thé, tofu au thé… La carte déborde d’imagination. Même le sel de table est mélangé à des fragments de thé séché !

Si le goût reste subtil, la présence de thé dans les plats colore tous les aliments en vert, leur donnant un aspect surprenant ! Un repas d’autant plus agréable que la baie vitrée du restaurant permet d’admirer le magnifique panorama des montagnes de la région. Et lorsque vient l’automne, les arbres se parent de couleurs flamboyantes que l’on ne se lasse jamais d’admirer.

Le temple Reiganji, lieu de naissance du thé de Yame

Après avoir découvert les plantations du thé de Yame, avoir appris à faire du matcha et avoir dégusté le thé sous toutes ses formes, il est temps de remonter aux origines.

Perché dans les montagnes, le temple de Reiganji fut fondé en 1423 par le moine Eirin Shuzui. En rentrant d’un pèlerinage en Chine il ramena avec lui des graines de thé qui furent à l’origine du fameux thé de Yame.

Un arbre taillé en forme de boule pousse près de la porte d’entrée du temple Reiganji. Il s’agit en réalité d’un arbre à thé de plus de 300 ans. Il fut un temps où il était plus grand qu’aujourd’hui, mais lorsqu’une tempête brisa sa partie supérieure, les moines décidèrent de lui donner cette forme harmonieuse.

Ce temple historique, qui marqua durablement la région et la culture japonaise, propose des initiations à la méditation zen. Les monastères zen sont parfois fermés et réticents face aux étrangers. Mais le moine vivant dans le temple Reiganji accueille à bras ouvert quiconque voudrait découvrir le zen, quelle que soit sa religion ou ses origines.

En une seconde, ce moine parvint à briser l’image austère que j’avais des pratiques zen. Souriant et décontracté, il nous demanda de retirer nos chaussettes et de nous séparer de tous nos appareils électroniques le temps de la méditation. Il nous expliqua ensuite avec une simplicité désarmante comment prendre la position du lotus, position qui consiste à s’assoir en tailleur, les pieds calés dans le creux des genoux, paumes des pieds vers le haut, et à laquelle j’étais bien incapable de parvenir malgré mes efforts. Mais nul besoin de prendre cette position complexe pour découvrir la méditation zen. Il est même possible de méditer assis sur une chaise.

Après nous avoir expliqué le déroulement de la méditation, notre maître alluma un bâton d’encens et le moment fut venu d’entamer la méditation à proprement parler. Les instruments mécaniques et électroniques étant bannis durant la méditation, le bâton d’encens permet au moine de mesurer le temps. Pour une première approche, il choisit un bâton d’encens qui devait se consumer en 5 minutes.

Le dos droit et les yeux fermés, l’attention portée sur sa respiration, le méditation zen est un voyage intérieur qui amène un instant de profond apaisement. Lorsque le moine sonna les coups de la fin de la méditation j’avais du mal à croire que 5 minutes s’étaient déjà écoulées et j’aurais voulu prolonger ce moment de calme.

Si 5 minutes furent courtes pour moi, je serais bien incapable de me plier à la semaine de méditation que les moines zen pratiquent une fois par an. Une semaine entière passée à méditer où seules quelques pauses sont autorisées pour permettre aux moines d’aller aux toilettes, de manger, et de dormir (un peu). En écoutant notre professeur nous parler de ses semaines de méditations, je compris à nouveau pourquoi le zen se trainait une image de grande austérité. Mais l’initiation proposée au temple Reiganji est totalement accessible à tous. Que vous ayez déjà une pratique de la méditation ou que vous soyez absolument novice, le moine de Reiganji saura s’adapter à vous pour que ces quelques minutes de méditation vous soient bénéfiques. L’initiation se fait en japonais mais des fiches en anglais sont distribuées aux étrangers, reprenant toutes les différentes étapes de la méditation.

Mais Yame ne se limite pas au thé vert. L’artisanat de Yame, entre tradition et innovation, est tout aussi fascinant. Vous pourrez également découvrir les secrets de fabrication d’un saké d’exception et vous détendre dans un fabuleux ryokan au milieu des montagnes. La suite de mon périple à Yame est à lire dans cet article.

Informations pratiques

Tea Culture Hall

Adresse : 10816-5 Hoshinomura, Yame, Fukuoka 834-0201, Japon
Téléphone : +81 943-52-3003
Site internet (en japonais) : http://www.hoshinofurusato.com/tea/
Horaires d’ouverture : 10h – 17h (fermé le mardi)
Prix : 500 yens pour une initiation à la fabrication du matcha ou de l’hojicha

Horaires du restaurant : de 11h à 14h30 (fermé le mardi)
Prix : autour de 1000 yens

Temple Reiganji

Adresse : 9731 Kurogimachi Kasahara, Yame, Fukuoka 834-1222, Japon
Téléphone : +81 943-42-4311

Article écrit en partenariat avec le Bureau des Transports de la Région de Kyushu

Joachim Ducos

Joachim Ducos

Passionné par le cinéma japonais, j'ai voulu découvrir la vie quotidienne de ce pays que je ne connaissais qu'à travers la fiction. En 2017 je quittais ma France natale pour poser mes valises à Tokyo sans savoir que j'y resterai si longtemps. Après presque deux années à poursuivre mes activités de photographe et de vidéaste en parcourant l'archipel japonais, le Japon exerce toujours sur moi une mystérieuse fascination qui me pousse à vouloir en explorer chaque recoin.

tokidokiyuki.fr/

Leave a Reply