Au milieu des immeubles modernes du centre actif de Shizuoka, dans un recoin de la ville laborieuse, se cache une contre-allée aux nombreuses lanternes rouges. Comme un voyage dans le temps, une plongée dans le Japon de l’Après-Guerre, celui des maisonnettes de tôle, des petits comptoirs et des rues sombres aux nombreux restaurants populaires. La rue Aoba Yokocho est spécialisée dans les oden, ces aliments variés et mijotés dans un bouillon riche. Et cette déclinaison locale, très particulière et savoureuse, est célèbre dans le tout le Japon.
Les oden de Shizuoka à Aoba Yokocho
Ne pas hésiter à rentrer dans l’allée , parfois encombrées de vélos, de parapluie et de fûts de bière vides. Plus de trente petits restaurants – souvent un simple comptoir et au mieux une dizaine de places – s’y trouvent. La lanterne est allumée quand le lieu est ouvert, parfois dès 15h et souvent jusque tard dans la nuit.
Si les oden étaient avant servis directement dans la rue, depuis des chariots populaires de type yatai – les ancêtres des food-trucks modernes, les cuisiniers et les clients sont rentrés dans les petits restaurants depuis les années 1960 et de nouvelles lois d’hygiène. La plupart des intérieurs sont restés inchangés depuis cette époque, ce qui leur confère une vraie touche rétro. Beaucoup de propriétaires-cuisiniers sont également les mêmes, avec des dizaines d’années de souvenirs à raconter.
Les restaurants d’oden de Aoba Yokocho sont plutôt des petites izakaya populaires, servant uniquement des oden. La plupart des clients ne commandant qu’après un premier verre, en prenant leur temps.
Les oden sont une nourriture célèbre du Japon – que l’on retrouve à la caisse des combinis de tout l’archipel. Chaque région a ses particularités. Le bouillon de ceux du Kanto est réputé plus sombre et plus fort, ce qui vient de la sauce soja et des différentes viandes utilisées.
Et ceux de Shizuoka sont réputés être encore plus sombre, et marinés longuement. Ce qui explique une autre de leurs particularités : ils sont tous embrochés sur un pique pour pouvoir les sortir et les observer facilement avant de choisir, le bouillon étant trop opaque. Les autres spécificités locales se retrouvent dans l’assaisonnement ultérieur, qui utilise de la moutarde et des copeaux de bonites séchées.
Un repas de oden
Un des bons côtés des oden est qu’il s’agit d’une nourriture populaire et abordable. Le mieux étant de commander à la suite plusieurs assortiments pour s’essayer aux différentes saveurs. C’est aussi un plat idéal pour l’hiver, pour se réchauffer.
La variété locale par excellence, qui se retrouve aussi en amont dans le bouillon, est le bœuf. Donc ne pas hésiter à en commander pour commencer.
Les autres ingrédients sont communs à toutes les régions, mais deviennent plus foncés à Shizuoka, dans le bouillon sombre d’Aoba Yokocho. S’y croisent notamment des œufs durs savoureux, des pommes de terre (elles-aussi bouillis au préalable puis plongées dans de l’eau glacée pour éviter qu’elles ne se désagrègent), du tofu, du daikon et du konnyaku.
Le daikon est le long radis japonais, préparé ici comme les pommes de terre, et le konnyaku est cet ingrédient courant dans la cuisine japonaise, une gelée dure, translucide et fibreuse, qui est fabriqué à partir d’une plante, le Konjac.
Il ne vous reste désormais plus qu’à déguster les oden, lors d’un prochain passage à Shizuoka !
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