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Situé dans la préfecture japonaise de Nara, le village d’Asuka (飛鳥村, Asuka-mura) est une destination encore méconnue des amoureux du Japon. Il faut dire que la popularité de la ville voisine de Nara et de ses daims sacrés lui fait de l’ombre. Et pourtant, nous aurions tort de bouder Asuka, considéré comme l’un des berceaux historiques du pays. Rien que ça ! Moi même, j’ignorais tout de ce charmant village avant de m’y rendre et de m’y balader en vélo. Mais après quelques heures à flâner en deux-roues parmi les vestiges et les rizières, me voilà déjà sous le charme du village. Ce musée à ciel ouvert nous enchante par son ambiance attachante. On y prolongerait bien son séjour !

Asuka, une destination imprégnée d’histoire

Aujourd’hui paisible village de campagne, Asuka occupe pourtant une place spéciale dans l’histoire du pays. Son rôle clé a façonné le Japon que l’on connaît aujourd’hui. Explications.

Un berceau historique du Japon

Le village d’Asuka est considéré comme l’un des berceaux historiques du pays. Il y a environ 1400 ans, lorsque l’archipel commença à se structurer en tant que nation, Asuka devint le siège du pouvoir impérial. Niché dans un écrin de nature luxuriante, ce lieu chargé d’histoire a ainsi joué un rôle clé dans la mise en place de l’administration, de l’économie monétaire et des relations diplomatiques du pays. Asuka est connu des amateurs pour ses nombreux vestiges archéologiques et monuments historiques qui témoignent de son rôle central dans l’Antiquité japonaise. Cependant, peu de ces bâtiments ont survécu. Ils étaient, à cette époque, construits principalement en bois, un matériau qui s’est facilement détérioré avec le temps.

En se baladant à vélo, dans ce cadre bucolique, on peut ainsi apprécier les fondations et les traces archéologiques de plusieurs palais, ayant appartenu aux premiers empereurs japonais, qui subsistent encore. Ces sites offrent un vibrant aperçu du mode de vie de l’époque. Il faut bien entendu faire un travail d’imagination. Mais se retrouver au cœur des vestiges du village et se représenter la vie à cette époque est une expérience fascinante (on vous conseille l’application Virtual Asukakyo). Plusieurs sites emblématiques ponctuent la visite. Ce qui nous aide, au fil des coups de pédale, à s’immerger en profondeur dans l’histoire du pays. A commencer par la période… du même nom.

La période Asuka, une ère clé de l’histoire japonaise

La période Asuka (飛鳥時代, Asuka Jidai), qui s’étend de 538 à 710, marque une phase charnière dans l’histoire du Japon ancien. Située après la période Kofun, elle constitue la dernière partie de l’époque Yamato. Cette période est caractérisée par une intensification des contacts avec d’autres puissances régionales, notamment la Chine et la Corée, et par l’introduction du bouddhisme, qui deviendra un élément central de la culture japonaise. Des figures importantes comme le prince Shotoku et le puissant clan Fujiwara émergent durant cette ère, jouant un rôle clé dans les transformations sociales et politiques.

L’Asuka Jidai est aussi marquée par le développement d’un État centralisé et par des réformes administratives influencées par les modèles continentaux. Elle ouvre la voie à la période Nara (710-794), où ces évolutions se consolideront. Notons également l’essor de l’urbanisme et de l’architecture monumentale. Les premiers temples bouddhistes, tels que le Horyu-ji (considéré comme l’une des plus anciennes structures en bois au monde), furent construits à cette époque. Flâner dans le village d’Asuka permet donc de se plonger dans l’histoire de la période éponyme. Cette destination attachante plaît autant aux amateurs d’histoire qu’aux amoureux de nature. Une combinaison d’atouts qui confère à Asuka une grande valeur touristique. Quel plaisir de découvrir cette destination authentique à taille humaine au gré de ses envies !

Asuka, des sites historiques entourés de rizières

Sites archéologiques, tumulus, temples et mégalithes témoignent de la riche histoire de la région d’Asuka. Partir à leur découverte, c’est également arpenter la nature luxuriante de la campagne de Nara. De quoi mettre ses sens en éveil.

Une histoire qui se dévoile au fil des vestiges

Difficile de se rendre compte de la richesse du patrimoine et des vestiges d’Asuka avant de descendre à la gare du même nom. C’est en se rendant à l’Association touristique, à deux pas de là, que l’on prend conscience de l’étendue des choses à découvrir. Parmi elles, le Kameishi, une mystérieuse pierre sculptée en forme de tortue, qui illustre l’art mégalithique local. Les kofun, ou tertres funéraires, comme ceux de Takamatsuzuka et de Kitora, abritent des fresques et des cartes astronomiques fascinantes. Quant au tumulus d’Ishibutai, il dévoile une structure mégalithique exceptionnelle dont l’intérieur est accessible aux visiteurs. Avec ses 54 mètres de long, ce tombeau est la plus grande structure mégalithique recensée au Japon. Impressionnant.

Le tumulus d'Ishibutai à Asuka
Photos : Julien Loock

Les temples et sanctuaires de la région, dont Asuka-dera (considéré comme le plus ancien temple bouddhiste du Japon), Oka-dera (célèbre pour ses fleurs de rhododendrons au printemps) et Kashihara-jingu, font partie des immanquables de toute visite. Bien que leurs structures actuelles datent souvent de périodes ultérieures, ces lieux conservent des artefacts précieux qui ne demandent qu’à être contemplés. Rendez-vous également à Imaicho, une ville remarquablement préservée, qui offre une immersion dans l’atmosphère de la période Edo. Ce quartier historique abrite encore environ 500 maisons et magasins traditionnels, répartis sur une surface de deux kilomètres, idéale pour une exploration à pied. Surprise : ce lieu vivant est encore habité, ce qui en fait un véritable témoin du passé.

Une nature luxuriante remarquable

A l’approche du village d’Asuka en train, les paysages de campagne japonaise défilent sous nos yeux. L’excitation est alors à son comble. Je ne peux que conseiller aux voyageurs de louer sur place un vélo (électrique ou non) afin de parcourir la nature environnante, libres comme l’air. Asuka Rental Cycling fait partie des compagnies disponibles. Les tarifs sont très compétitifs et il est possible de louer un vélo avec siège enfant. La beauté traditionnelle du Japon rural s’offre alors à nous. Armé d’une carte (ou de Google Maps), on se met à chevaucher notre monture à travers Asuka, le sourire aux lèvres. Les collines verdoyantes, les rizières en terrasses (quel spectacle !) et les cours d’eau sinueux offrent un cadre paisible et intemporel.

En toutes saisons, la nature d’Asuka se dévoile, proposant un panorama unique. Les cerisiers en fleurs au printemps, les champs dorés en été et les érables rougeoyants en automne sont autant de raisons de (re)venir dans le village. Ces paysages, qui ont inspiré de nombreux poèmes et récits anciens, invitent à la contemplation. Ils se complètent à merveille avec les vestiges historiques disséminés dans la région. Envie de rester une nuit de plus ? Plusieurs minshuku (maisons d’hôtes) permettent de poser ses valises. La minshuku Kitamura est l’une des plus centrales, idéale pour prolonger son séjour dans la campagne de Nara. Le cadre paisible du village contraste avec les grandes villes japonaises modernes. Cela fait un bien fou !

Se rendre à Asuka

Pour partir à la découverte du village d’Asuka, rien de plus simple depuis Osaka. La gare d’Osaka Abenobashi relie directement celle d’Asuka en 40 minutes environ, via la ligne Kintetsu-Minamiosaka-Yoshino. Depuis Kyoto, il faut compter entre 1h et 1h30 avec un changement à Kashiharajingu-mae, via les lignes Kintetsu Kashihara et Kintetsu-Minamiosaka-Yoshino. Le changement est idéal, car il permet de visiter le très beau sanctuaire Kashihara-jingu. Aussi surprenant soit-il, partir de Nara n’est pas chose aisée. Deux changements (Yamatosaidaiji et Kashiharajingu-mae) sont obligatoires.

Asuka est le cas typique de la destination à garder dans un coin de la tête pour agrémenter un prochain voyage d’une expérience authentique, encore « confidentielle ». La sérénité des lieux, la nature environnante et les rizières en terrasse sont de véritables bouffées d’air frais, loin de l’effervescence des villes. L’histoire d’Asuka fascine autant qu’elle impressionne et les moyens de transport proposés, le vélo en tête, rendent le tout mémorable. La campagne japonaise se prête alors au jeu et nous révèle ses plus beaux atouts.

Julien Loock

Julien Loock

Après des années d’allers-retours entre Paris et Tokyo, je décide, fin 2016, de poser ma valise pour de bon dans la capitale nippone. Grâce à la liberté du journalisme freelance, je prends plaisir à arpenter régulièrement l’Archipel en train, avec ma plume et mon carnet griffonné, pour assouvir ma soif de découverte et élargir mes connaissances sur ce pays si fascinant.