La préfecture de Kochi, au sud de l’île de Shikoku, est traversée par une rivière qui est souvent qualifiée de « plus belle rivière du Japon » (ou du moins de Shikoku) : la Niyodogawa (仁淀川). Elle est connue pour sa pureté et son eau d’un bleu turquoise, le « Niyodo Blue » vanté par les brochures touristiques.
Ayant très envie de voir ça, et comme un hôtel situé en pleine nature dans le village de Niyodogawa était en recherche de volontaires sur le site Workaway, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai donc eu la chance de passer deux semaines à arpenter les alentours, à pied, en voiture, seule ou avec les employés de l’hôtel, les autres volontaires ou encore des habitants heureux de nous faire découvrir leurs coins préférés.
Voici donc quelques endroits à ne pas manquer si vous voulez vous aussi venir à Niyodogawa pour vérifier que l’eau est bien aussi bleue que sur les photos (la réponse est : oui !).
Premières visites : le sanctuaire Akiba et la vallée d’Iwayakawa
Le sanctuaire Akiba (秋葉神社), tout proche de l’hôtel où je logeais, a été la destination de ma première visite. Ce petit sanctuaire perché dans la montagne est le plus important de la région. Le 11 février de chaque année, depuis plus de 200 ans, s’y tient un matsuri (festival) impressionnant, lors duquel des jeunes hommes en tenue traditionnelle performent une danse unique, avec des bâtons de bambou hauts de plus de 6 mètres.
C’était la première fois que je découvrais un amphithéâtre dans un sanctuaire shinto. Le public prend place sur ces gradins lors de l’acmé du festival.
La balade est courte mais superbe : la rivière coule au milieu d’une végétation dense et de rochers. Il faut parfois escalader des roches, monter des échelles ou se faufiler dans des failles, mais avec une bonne paire de chaussures ce n’est ni difficile, ni dangereux : un sentiment d’aventure à la portée de tout le monde.
Et c’est là que j’ai pu voir pour la première fois le fameux « Niyodo Blue ». L’eau est incroyablement transparente, et d’un bleu turquoise magnifique.
Se ressourcer au contact de la nature dans la vallée de Yodo
Le deuxième endroit où j’ai pu m’émerveiller du bleu de la rivière Niyodo est la vallée de Yodo (安居渓谷). L’endroit est magnifique, et l’on peut y sentir la puissance de la nature.
On peut s’y prélasser sur la berge caillouteuse, se baigner quand il fait chaud, et s’enfoncer dans la forêt en remontant la rivière jusqu’à une très belle cascade (quelques minutes suffisent pour l’atteindre).
Balade spirituelle à Nakatsu, la vallée des Sept Divinités du Bonheur
La vallée de Nakatsu (中津渓谷) est beaucoup plus mise en scène que celle de Yodo. L’aspect de la rivière y est donc moins naturel, mais elle n’en est pas moins belle. Le circuit aménagé réserve de belles surprises et offre des espaces parfaits pour se détendre en admirant la rivière.
Tout au long du parcours dans la vallée, on peut voir des statues de pierre se détacher des parois rocheuses : elles représentent les Sept Divinités du Bonheur — ces divinités, provenant des cultes shinto, bouddhiste, taoïste et hindouiste, sont très ancrées dans la mythologie japonaise. On peut regretter l’artifice, mais elle apportent une atmosphère sacrée au lieu et marquent les étapes de la balade tout en incitant à être attentif au paysage pour n’en manquer aucune.
Au bout du parcours, on arrive à une magnifique cascade sacrée — comme l’indique la corde de paille de riz shimenawa. Elle n’est pas particulièrement haute, mais il s’en dégage une atmosphère très puissante… On peut sans doute qualifier cet endroit de « power spot » selon le terme en vogue au Japon.
Le Niyodo Blue accessible en ville : Ino
Tous les endroits dont j’ai parlé sont magnifiques, mais malheureusement difficiles d’accès sans voiture. Cependant la rivière Niyodo passe aussi tout près de la ville de Kochi : à Ino (いの町). Cette petite ville, connue notamment pour sa production de Tosa Washi — papier artisanal auquel un musée est consacré — est à seulement 10 minutes de train de Kochi.
La rivière est ici large et calme, elle est aussi – et surtout – bordée par une immense plage. L’eau était encore fraîche lors de ma visite en mai, mais c’est un endroit idéal pour une baignade rafraîchissante en été. L’eau y est bien sûr très pure, avec une belle vue sur les montagnes, un jardin ombragé sur une rive et le centre ville ancien très agréable à explorer sur l’autre.
L’autre facette de la région de Niyodogawa : les champs de thé
En venant à Niyodogawa, je recherchais l’eau turquoise de la rivière, mais j’ai découvert une autre spécificité du paysage : les champs de thé en terrasse. Ils sont omniprésents, et dès qu’on se balade dans la montagne on en croise tout au long du chemin, petits ou grands, soigneusement cultivés ou abandonnés depuis longtemps, aux abords des hameaux ou au milieu de la forêt. Il semblerait que la plupart ne soient aujourd’hui cultivés que pour l’usage privé de leurs propriétaires. J’indique l’endroit où les photos ont été prises dans la carte au bas de l’article.
J’ai été également très impressionnée par les villages, parfois minuscules, perchés à flanc de montagne. Cette région, où la densité est très faible (et la population vieillissante), est dotée d’une nature puissante et merveilleuse, qui semble la couper du reste du monde. Le retour en ville, après deux semaines immergée dans la montagne, m’a donné l’impression d’être passée de l’autre côté du miroir.
Plus d’informations
Si vous voulez tenter l’expérience comme volontaire à l’hôtel Akiba no Yado, voici le lien vers sa page sur le site Workaway (l’inscription est payante). L’expérience est testée et totalement approuvée.
Si vous n’êtes que de passage, vous pouvez séjourner à l’Akiba no Yado, qui surplombe le barrage d’Odo. Le paysage est magnifique, notamment pendant la floraion des cerisiers. Réservation en ligne sur Rakuten Travel ou Airbnb.
Pour un budget plus conséquent, vous pouvez séjourner au Yu no Mori (ゆの森), un ryokan situé dans la vallée de Nakatsu. Réservations sur Rakuten Travel. Même sans y loger, il est possible de prendre un bain dans l’onsen de l’hôtel.
Plus d’informations pour préparer un séjour dans la préfecture de Kochi sur le site Visit Kochi Japan (en anglais), et aux alentours de la rivière Niyodo sur le site officiel de Niyodo Blue (en anglais).
Comment s’y rendre ?
La ville de Kochi est accessible en avion (1h20 depuis Tokyo, 45 minutes depuis Osaka), en train (3h15 depuis Osaka ou Hiroshima via Okayama) et en bus (4h50 depuis Osaka, 4h depuis Hiroshima, 2h50 depuis Tokushima).
Mis à part Ino, à 10 minutes en train depuis Kochi, les abords de la Niyodogawa sont difficilement accessibles en transports en commun, et la voiture reste le meilleur moyen d’explorer la région.