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Les konbini, ces fameuses supérettes nippones ouvertes 24h/24, sont le dénominateur commun de la vie quotidienne au Japon, que l’on soit un voyageur de passage ou un résident, un adulte ou un enfant. Véritable icone du paysage journalier, les konbini, de l’anglais convenience store (コンビニエンスストア), ponctuent littéralement la vie des habitants. Le fait que ces commerces de proximité se retrouvent quasiment à chaque coin de rue dans les grandes villes (mais aussi dans des endroits improbables en pleine campagne) accentue l’attachement que l’on peut éprouver envers ces magasins qui nous rendent la vie plus pratique… voire plus !

Konbini Lawson à Okinawa

Dire que l’on y trouve de tout est presque un euphémisme. Avec un marché dominé par les trois grandes chaînes principales, 7-Eleven, FamilyMart et Lawson, qui représentent environ 70% des magasins, les konbini sont aujourd’hui, plus que jamais, des acteurs de l’économie du pays. Il sont indispensables, pratiques, mais également tendance, comme le montrent les collaborations qui se développent et la dernière hype en date avec les supérettes de la ville de Fujikawaguchiko, au pied du mont Fuji. Les konbini ne finiront donc jamais de faire parler d’eux. Ce concentré de praticité, ouvert le jour et la nuit, est définitivement un élément indissociable de la vie au Japon.

Un besoin ? Direction le konbini du coin

Affirmer que le konbini peut répondre à tous nos besoins serait un peu présomptueux… quoique ! En me remémorant mes premiers voyages dans l’Archipel, je repense à ces moments réconfortants à fouiller les rayons de ces supérettes à la recherche d’un onigiri ou d’une boisson fraîche originale. Et maintenant, après sept ans de vie au Japon, je me remémore le nombre incalculable de fois où l’un de ces magasins m’a dépanné. Mal à la gorge ? Konbini ! Un papier pour l’administration à imprimer ? Konbini ! Un coup de chaud ? Konbini ! Et le grand classique : besoin urgent d’un parapluie… Konbini ! Il faut dire que ces commerces de proximité ont tout compris en proposant moult produits et services (du WiFi aux toilettes en passant par… les poubelles !) qui nous rendent la vie plus facile.

Ambiance de rue tokyoïte

Les Lawson, 7-Eleven, FamilyMart et cie ont plus d’un tour dans leur sac. Outre les denrées alimentaires qui font le bonheur des gens pressés et les produits du quotidien, allant du liquide vaisselle aux couches en passant par les cigarettes et la papeterie, l’offre des konbini est absolument gargantuesque. Le fait qu’un nombre important de services fassent partie du menu rend ces lieux de vie immanquables. On y paie nos factures, on y retire de l’argent liquide (avec des machines toujours plus modernes qui acceptent les cartes internationales), on y imprime nos photos de vacances, on y envoie nos valises par TA-Q-BIN (prononcé takkyubin) et on y achète le dernier tome de son manga favori. La liste est longue et les konbini n’ont pas fini de nous surprendre.

Des as du marketing, créateurs d’envie

Les konbini ne se limitent plus à de simples supérettes pour dépanner ou pour rendre un précieux service, ce sont aujourd’hui de véritables machines spécialisées dans un marketing en perpétuelle évolution qui ne cesse de venir taquiner ma faible résistance à l’achat compulsif. A coups de collaborations, loteries et produits exclusifs, les konbini savent surfer sur les tendances et s’entourer des franchises les plus grisantes de la culture populaire. Je me suis donc un jour retrouvé à acheter une fine serviette en coton tenugui aux couleurs de Stranger Things au FamilyMart, des boissons (aux goûts… intrigants) pour obtenir les casquettes de Mario et de Luigi au 7-Eleven ou encore des tickets de loterie pour des figurines exclusives Final Fantasy au Lawson. Et le pire, c’est que j’en redemande.

Chaque annonce d’une collaboration avec un konbini est suivie d’une certaine excitation et d’une nouvelle date marquée dans le calendrier. Il faut être aux aguets en permanence, car certains produits sont très vite indisponibles et peuvent ensuite se retrouver sur les sites de revente… à prix d’or ! Les FamilyMart ont agrandi leurs offres vestimentaires censées satisfaire un besoin urgent ? Oui, mais pour mieux nous proposer des produits toujours plus sympas et invraisemblables, comme des chaussettes aux couleurs de leur poulet Famichiki, des tenugui Fuji Rock Festival ou encore des serviettes de bain d’un Pikachu qui dort… Que dire aussi des loteries Ichiban Kuji, qui, très régulièrement, viennent prendre d’assaut les konbini, proposant aux clients de tenter leur chance pour remporter des produits exclusifs d’une licence phare pour moins de 900 yens. Premier arrivé, premier servi ! La tentation est partout, tout le temps.

On retrouve ainsi toujours les produits basiques qui ont fait la renommée de ces commerces de proximité, mais les rayons des konbini ne cessent de varier les plaisirs, à tel point qu’il n’est pas rare d’en ressortir avec un produit supplémentaire qui n’était pas prévu au programme. On y vient pour acheter un bento et une boisson fraîche, on en repart avec les nouvelles chaussettes aux couleurs de Lawson, chaîne qui a également intégré des machines à pince dans certains de ses établissements. Les quatre saisons japonaises sont, par ailleurs, autant de raisons de sortir des collections et l’été n’échappe pas à la règle, comme avec FamilyMart et son frappé Pokemon. Et après le partage de rayons avec des marques comme Daiso et Muji, on se demande quelles autres idées traînent dans les tiroirs des décideurs.

Les konbini savent aussi s’adapter à leur temps

Les konbini savent satisfaire nos besoins, c’est une évidence. Mais ces commerces de proximité omniprésents ont aussi su s’adapter aux évolutions de nos sociétés pour continuer de proposer aux clients un service toujours plus idéal. Pour répondre aux problématiques actuelles et aux nouveaux besoins de la société, les grandes chaînes de konbini au Japon ne cessent d’innover et de réfléchir aux moyens de lutter contre une conjoncture qui n’est pas toujours favorable. La logistique de ces lieux ouverts 24h/24, 7 jours sur 7, est aussi une belle prouesse. Ce sont des villes dans la ville. Il faut dire que la livraison des plats préparés a lieu généralement trois fois par jour, une fois pour les produits non périssables. Il est donc assez rare, en journée, de tomber sur des rayons vides, sauf, peut-être, après le passage des nombreux employés de bureau à l’heure du déjeuner !

On le sait aussi, ces commerces regorgent de plastique, bento en tête. C’est pourquoi plusieurs chaînes ont commencé à opter pour des emballages en papier pour certains plats, par exemple. Ces efforts ne sont encore que de petites gouttes d’eau dans un océan d’améliorations vitales, mais ils démontrent déjà un changement graduel des consciences. La technologie du paiement sans contact a aussi permis à certains konbini d’opter pour des caisses sans caissier, offrant ainsi aux clients les plus pressés la possibilité de payer en un clin d’œil. Ces petits magasins que l’on aime tant sont autant de reflets des évolutions de nos sociétés, qui savent proposer des services en adéquation avec leur temps… même si le manque de main d’œuvre dans certaines zones du pays oblige des magasins à restreindre leurs horaires d’ouverture. 

Konbini Lawson dans les rues de Tokyo

Comment faisions-nous avant sans konbini ? Une question qu’il est légitime de se poser, tant la place des konbini dans nos vies quotidiennes au Japon (ou lors d’un séjour dans l’Archipel) est omniprésente. Ces commerces de proximité simplifiaient déjà nos vies en répondant à nos nombreux besoins, voilà à présent que les konbini deviennent des commerces tendance à l’offre saisonnière toujours plus attirante. On peut bien essayer de se contenter d’un onigiri, d’utiliser uniquement le DAB ou encore de simplement prendre son café, mais il faut garder en tête qu’aujourd’hui, les konbini sont plus que jamais des lieux de proximité et de services, mais aussi… de tentations.

Julien Loock

Julien Loock

Après des années d’allers-retours entre Paris et Tokyo, je décide, fin 2016, de poser ma valise pour de bon dans la capitale nippone. Grâce à la liberté du journalisme freelance, je prends plaisir à arpenter régulièrement l’Archipel en train, avec ma plume et mon carnet griffonné, pour assouvir ma soif de découverte et élargir mes connaissances sur ce pays si fascinant.