Lorsque l’on parle de bois sculpté et laqué, le Japon jouit d’une des plus grandes réputations auprès de celle de son voisin Chinois. Possédant de nombreuses spécificités et outils uniques, les artisans nippons sauront faire découvrir de nouvelles choses tant aux novices qu’aux amateurs de cet art millénaire. Du tsutsu pour saupoudrer les poudres d’or ou d’argent au hake, pinceau large en passant la hera, spatule ou encore le muro, l’espace de travail dont l’artisan doit prendre le plus grand soin en respectant température, humidité et propreté pour accomplir le plus précis du travail dans les meilleures conditions possibles, les ateliers Urushi factory jem et Urusho ohtaki à Murakami sont deux indispensables pour tous ceux qui souhaitent s’initier ou approfondir leur goût pour l’art de la sculpture sur bois et de la laque.
Urushi factory jem 漆工房じえむ
Discrètement nichée à quelques mètres d’une des principales rues de la ville de Murakami, facilement accessible à pied comme en bus depuis la gare ferroviaire, l’atelier Urushi factory jem ouvre ses portes aux visiteurs souhaitant mettre leur dextérité à l’épreuve pour sculpter une paire de baguettes.
Après avoir fait coulisser la porte d’entrée, vous serez immédiatement accueillis par la délicate décoration ainsi que par la calme mais néanmoins chaleureuse gérante de l’établissement travaillant elle-même la laque, fille de sculpteur sur bois, nièce de laqueur et ainsi de suite. Ayant grandi dans cet environnement, elle a fait le choix naturel de réunir ces deux arts afin de transmettre aux différents visiteurs son amour de l’artisanat familial.
Touche-à-tout, les dix doigts de notre hôte ont pu fabriquer une pléiade d’objets d’une impressionnante diversité : baguettes, statuettes, bijoux, figurines, assiettes et tant d’autres.
Les amateurs apprécieront autant que l’auteure en était fier l’une des pièces maîtresses de sa collection : une statuette Gundam en plastique, dont les épaules sont sculptées de manière traditionnelle, le tout entièrement laqué à la main. Un vrai bijou ayant nécessité des centaines d’heures de travail.
L’artisane a également eu la très bonne idée d’exposer certains articles non terminés tels que cette assiette laissée sans laque, vous laissant apprécier toutes les étapes de la fabrication. Une esquisse du travail extrêmement minutieux, de la patience nécessaire.
L’une des particularités du catalogue de cette touche-à-tout : des origamis en feuille de cuivre. Le pliage d’une simple feuille de papier relevant déjà du défi, tous ceux qui se sont aventurés dans la confection d’une simple grue lèveront au moins un sourcil en constatant la remarquable précision de cet animal fait de cuivre.
Passons du côté de l’établi ! La boutique propose quatre-vingt-dix minutes de formation à la sculpture sur bois, en l’occurrence sur les manches d’une paire de baguettes. Ici une planche d’entraînement, avec les lignes du maître puis quelques essais d’un précédent novice sur la ligne devant, vous montrant le contraste étonnant.
Vous devez en premier lieu sélectionner le motif de votre choix, en fonction de vos goûts, de vos capacités et aussi de votre courage, pour ne pas dire de votre témérité tant certains sont complexes.
Le travail commence avec votre paire de baguettes pour le moment maintenue dans un petit étau. Et avant de vous munir de votre urajiro, petit scalpel de découpe unique au monde, seulement présent dans les artisanats de la ville de Murakami, vous devez commencer par tracer les lignes de coupe au crayon à papier à mine sèche.
Ici, un dessin adapté du motif de vague japonaise type seikaiha, connu à travers le monde entier, sans la courbe, bien trop ardue à sculpter pour un novice.
Le vocabulaire pouvant parfois s’avérer quelque peu technique, il est tout à fait possible de communiquer avec quelques dessins (qui valent comme tout le monde le sait mieux qu’un long discours). Ici, une précision quant à l’angle, la profondeur et l’espacement des différentes rainures à sculpter.
Pour les motifs encore plus complexes, la direction et les conseils seront permanents et précieux.
Si vous ne parvenez pas à achever certains détails demandant une dextérité inaccessible pour quelqu’un n’ayant pas l’entraînement nécessaire, l’hôte n’hésitera pas à vous donner un petit coup de pouce.
Une fois la sculpture terminée, vous aurez une idée du produit fini après laquage avec une paire terminée que la gérante a déjà en stock. Votre paire de baguette sera ensuite laquée puis envoyée depuis Murakami par voie postale.
Urushi Ohtaki ウルシ・オータキ
Avec une devanture moins discrète mais tout aussi élégante, Urushi Ohtaki ravira d’abord les amateurs de Piet Mondrian par sa façade détonnant de l’homogénéité architecturale de la ville.
A nouveau immédiatement plongés dans la douce et calme ambiance des artisanats de laque, vous pourrez là aussi admirer des centaines de pièces toutes plus remarquables les unes que les autres avant de passer en arrière-boutique pour vous remettre derrière un petit bureau de travail.
Parmi les objets que l’artisan vous propose de concevoir, il est notamment possible de fabriquer ces petits sous-plats carrés d’une dizaine de centimètres de côté. D’un noir laqué envoûtant, vous serez amenés à composer le petit dessin de votre choix avec différents outils.
La première étape est de choisir un motif, tâche plus ardue qu’il n’y paraît tant le choix offert par les quelques ouvrages laissés à votre disposition est grand et multiple. Motifs abstraits, natures, animaux, des milliers d’options toutes plus élégantes et poétiques les unes que les autres s’offrent à vous.
Une fois le choix effectué, au travail ! En un instant, vous êtes transporté dans un véritable plan de travail professionnel, accroupi sur un zabuton, oreiller japonais traditionnel, juste en face de votre hôte qui vous guidera tout au long de la tâche, tout en vous laissant une grande autonomie et bienveillance dans vos choix.
La première étape du motif choisi et dessiné accomplie -ici un singe épouillant son petit et une feuille d’arbre- vous devrez redessiner la silhouette de votre motif une seconde fois puis la couper afin d’en créer un pochoir pour appliquer la couche de fond de votre composition.
Celle-ci sera composée de la sève du urushi, arbre appelé vernis du Japon – que l’on retrouve d’ailleurs dans les noms des deux boutiques – dont l’encre est extraite du tronc. L’arbre met près de huit ans à pousser pour être ensuite régulièrement tailladé pour en extraire le maximum d’encre possible. Un maximum bien faible puisque ces huit ans de patience n’apportent au final qu’un simple bol, avant que l’arbre ne soit abattu par la suite. Chaque goutte est donc précieuse.
Tout au long de la confection, le maître-artisan vous montrera comment utiliser les différents pinceaux ainsi que les petits tampons de sa propre fabrication pour délicatement appliquer la matière sur votre plaque laquée. A vous de juger bon de suivre ses conseils quant à la composition des couleurs, classique, ou d’être plus audacieux dans vos choix.
Après quatre-vingt-dix minutes délicieuses de travail et de calme ponctuées d’un thé frais servi par l’épouse du maître, vous pourrez contempler votre oeuvre avant qu’elle ne soit finalisée par l’hôte puis envoyée par voie postale.
Se rendre à Murakami
Murakami est situé à seulement 3 heures de Tokyo en train (avec une correspondance). Retrouvez tous les détails de ce trajet dans un précédent article de Voyapon.
N’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’office du tourisme pour plus de renseignements.
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Informations pratiques
Urushi factory jem 漆工房じえむ)
Adresse : 〒958-0842 Niigata-ken, Murakami-shi, Ōmachi, 3
Prix : 2000 yens pour 90 minutes, environ 700 yens pour l’envoi postal au Japon
Urushi ohtaki (ウルシ・オータキ)
Adresse : 2-32 Kamikatamachi, Murakami, Niigata Prefecture 958-0873
Prix : 2500 yens pour 90 minutes, y compris envoi postal au Japon
Article réalisé en partenariat avec la ville de Murakami
