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Lors de mon séjour à Tamana, dans le nord de la préfecture de Kumamoto, j’ai eu la chance de visiter deux fabriques qui, malgré leurs différences, ont a cœur une chose commune : tirer le meilleur des ressources naturelles locales, grâce à un savoir faire unique et à une passion pour les belles choses. Il s’agit de l’usine de Yamachiku, spécialisée dans les baguettes en bambou, et d’Issakigama, l’atelier ou la famille Yamaguchi produit des céramiques dans le style appelé « Shodai yaki ».

Ces deux ateliers réalisent de beaux objets utiles dans la vie quotidienne. Je suis donc rentrée de ce voyage avec des souvenirs dont je pourrai me servir tous les jours, en repensant à l’endroit d’où ils viennent, et à la passion qui leur a donné vie.

Yamachiku : rien que des baguettes en bambou

Nous utilisons au quotidien un très grand nombre d’objets et d’ustensiles, mais on prend rarement la peine de se demander d’où ils viennent et comment ils ont été fabriqués. Il y a dans ma cuisine des baguettes que l’on trouve dans beaucoup de foyers au Japon et partout dans le monde, puisque je les ai achetées dans la boutique d’une grande enseigne nippone. Leur prix me faisait imaginer qu’elle viennent d’une grande usine quelque part en Chine. Et pourtant… elle sont fabriquées avec passion et éthique par l’entreprise Yamachiku, dans une usine que j’ai eu la chance de pouvoir visiter.

La politique de Yamachiku (ヤマチク) se résume dans cette devise : 「竹の、箸だけ。」 (take no hashi dake), pouvant se traduire par : « rien que des baguettes en bambou ». Et en effet, c’est bien la seule chose qu’on y fabrique depuis 1963. L’entreprise souhaitait alors résister à l’invasion du plastique, à une époque où il remplaçait le bambou pour la fabrication de nombreux objets, et où les techniques ancestrales se perdaient.

M. Yamazaki, le directeur, nous a accueillis et fait visiter l’usine. Tout y est fait, de la découpe des bambous à l’emballage. Sa passion était communicative lorsqu’il nous parlait de baguettes et de son admiration pour le bambou, ce matériau aux qualités surprenantes.

Le bambou utilisé par Yamachiku est exclusivement japonais. Du matériau à la fabrication, leurs baguettes sont donc 100% « made in Japan ». L’entreprise développe son image de marque sur ces trois axes : fabrication japonaise, qualité et écoresponsabilité.

M. Yamazaki nous a expliqué que les chutes et la poussière de bambou sont brûlées pour produire de l’énergie, et que même les cendres sont fournies à un fabriquant de konnyaku (konjac). Il affirme chercher à réduire au maximum les déchets et l’impact écologique de l’usine. Une baguette de cuisine présentant des imperfections sera par exemple retaillée en baguette classique, et celles qui ne peuvent pas l’être seront brûlées plutôt que jetées.

Visite de l’usine de baguettes en bambou de Yamachiku

En pénétrant dans l’usine, nous sommes plongés dans un univers industriel, rythmé par le bruit mécanique des nombreuses machines et dégageant une forte odeur de poudre de bambou. En effet, la fine poudre blanche recouvre tout, sol et machines. Les ouvriers, principalement des femmes, s’affairent à leur poste, concentrés et attentifs aux moindres détails. Si les machines sont omniprésentes, les baguettes sont loin de se fabriquer toutes seules et l’expertise humaine est ici la clef. Je dois dire avoir été surprise par le nombre d’étapes nécessaires et la variété dans les finitions d’un objet en apparence si simple.

M. Yamazaki nous a ensuite guidés dans un autre bâtiment, où l’odeur de bambou laisse place à celle des solvants : c’est là que les baguettes sont enduites et parfois peintes, voire même laquées. Des centaines de baguettes s’alignent sur des étagères, en train de sécher. Là encore, si les machines aident à améliorer la productivité et la précision, c’est avant tout le geste expert des ouvrières qui est la clef de la qualité.

Yamachiku réalise aussi des impressions sérigraphiques sur ses baguettes. Certaines mettent en avant la région : l’incontournable mascotte Kumamon, le donjon du château de Kumamoto, ou encore un poisson rouge, emblème de la ville proche de Nagasu. D’autres sont des demandes personnalisées pour des clients. M. Yamazaki nous a expliqué que certains font par exemple réaliser des baguettes au nom des invités de leur mariage, pour servir de marque-place.

Nous avons enfin visité l’atelier où sont emballées les baguettes après vérification de leur qualité, toujours dans le même bâtiment.

L’usine n’est généralement pas accessible au public ; des visites peuvent néanmoins être organisées pour des groupes, sur réservation préalable. Mais n’hésitez pas à faire un détour pour vous y rendre si vous passez par la région de Tamana : un petit stand de vente a été installé dans l’entrée.

Si les fameuses baguettes que j’évoquais en début d’article sont d’une simplicité en accord avec l’enseigne, ici les formes et les couleurs sont variées, certaines étant de véritables produits de luxe. Il est même possible de les essayer, la prise en main variant de manière significative selon les modèles. Aucun doute, vous pourrez trouver les baguettes de vos rêves à Yamachiku !

Vous pouvez voir ici une vidéo produite par Yamachiku, qui montre les différentes étapes de production :

*Vous pouvez également acheter des baguettes de Yamachiku sur ce site Internet.

Issakigama, l’atelier de céramique Shodai yaki de la famille Yamaguchi

Toujours à Tamana, j’ai eu la chance de visiter un atelier où sont fabriqués d’autres objets du quotidien, réalisés avec les ressources naturelles locales : des céramiques. Celles fabriquées ici par les membres de la famille Yamaguchi appartiennent au style emblématique de la région nord de Kumamoto, le « Shodai yaki ».

L’atelier Issakigama se trouve en pleine campagne, au bout d’une allée étroite signalée par un panneau de bois sur lequel son peut lire « Shodai yaki » (小代焼). Il est ouvert au public, que ce soit pour participer à un atelier ou pour admirer et acheter quelques pièces au sein de l’atelier même où les artisans, père et fils, travaillent derrière leur tour.

M. Yamaguchi a commencé à étudier l’art de la céramique à l’âge de 18 ans, et son apprentissage l’a mené dans diverses préfectures célèbres pour leurs ateliers de poterie : Miyagi, Okayama, Hiroshima, et bien sûr Kumamoto, où il a finalement installé son propre atelier : Shodai yaki Issakigama (小代焼一先窯).

Ce type de poterie, né au pied du mont Shodai il y a plus de 400 ans, tire partie de la terre de la région pour créer des objets simples et beaux, utiles au quotidien. Ceux que M. Yamaguchi façonne ont un aspect authentique et intemporel, à l’émail brillant. Son fils réalise des pièces au design plus moderne, souvent très arrondies et mates.

Un atelier pour s’initier aux bases de la poterie japonaise Shodai yaki

J’ai toujours eu envie de participer à un atelier de poterie au Japon, et je suis heureuse d’en avoir enfin du l’occasion, dans l’ambiance conviviale d’un petit atelier familial.

C’est enveloppée par la stridulation des insectes et l’odeur si particulière de l’encens anti-moustiques que j’ai pu suivre mon premier atelier de poterie. Mme Yamaguchi m’a aidée à façonner une tasse avec la plus simple des techniques, qui ne nécessite pas de tour. Il s’agit tout simplement de modeler des « boudins » d’argile, puis de les empiler en cercles successifs sur une base en forme de disque, tout en prenant bien soin de les amalgamer au fur et à mesure.

Cette technique est déconcertante de simplicité, mais il faut tout de même rester très attentive pour que la forme reste relativement régulière, et corresponde (plus ou moins) à l’image que l’on a en tête. Mme Yamaguchi, toujours chaleureuse et souriante, prodigue ses conseils et montre l’exemple. Elle n’est cependant intervenue qu’au minimum sur ma pièce. Après l’atelier, M. Yamaguchi se charge de cuire et d’émailler les réalisations des participants, qui sont envoyées environ deux mois plus tard par voie postale.

C’était un vrai plaisir de malaxer l’argile, et de créer de mes mains un objet qui pourra servir ensuite au quotidien, me rappelant à chaque fois Tamana et la famille Yamaguchi. Ce type d’atelier est aussi l’occasion de mesurer le savoir-faire inestimable des artisans, qui consacrent leur vie à perfectionner leur art pour créer ces pièces qui apportent de la beauté dans notre vie de tous les jours.

Accès et informations pratiques

Yamachiku, fabrique de baguettes en bambou

Vous trouverez des informations sur l’entreprise Yamachiku sur ce site Internet (uniquement en japonais) sur lequel vous trouverez également une boutique en ligne.

L’usine est située à environ 50 minutes en voiture depuis Kumamoto et 1 heure depuis Fukuoka. Comptez environ 15 minutes en voiture depuis la gare de Shin-Omuta.

Shodai yaki Issakigama, atelier de céramique

L’atelier de céramique de la famille Yamaguchi est présent sur Instagram. Vous trouverez les informations concernant l’atelier sur cette page Internet (uniquement en japonais). Comptez 1500 yens par personne (frais d’envoi compris), l’atelier a lieu pour au minimum 2 participants.

L’atelier est situé à environ 1 heure de voiture depuis Kumamoto et 1h20 depuis Fukuoka. Comptez environ 6 minutes en voiture et 30 minutes à pied depuis la gare la plus proche de Nagasu (長洲駅).

Accès à Tamana en voiture depuis les aéroports les plus proches :
Depuis l’aéroport de Kumamoto : 50 minutes
Depuis l’aéroport de Fukuoka : 1 heure 10 minutes
Depuis l’aéroport d’Oita : 2 heures 30 minutes

Article réalisé en partenariat avec le siège administratif de la région Nord de Kumamoto.

Clémentine Cintré

Clémentine Cintré

En septembre 2017, je quittai la France et mon travail dans un centre de danse contemporaine pour m'installer au Japon. Quelques jours plus tard, je séjournais dans une ferme à Oita pour écrire mon premier article pour Voyapon — dont j'allais devenir rédactrice en chef deux ans plus tard. Si vous visitez Kyoto en août, il est probable que vous me croisiez lors des fêtes de Bon Odori. Deux autres de mes passions sont les îles et les chats, et ça tombe bien : le Japon a de quoi me combler dans ces deux domaines. 

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