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Fin novembre, alors que les érables arboraient des couleurs rougeoyantes, j’ai entrepris un voyage entre Tokyo et l’île de Kyushu. J’ai d’abord exploré l’effervescence de la capitale japonaise, qui regorge de lieux d’exception, tant pour les amateurs de culture populaire que traditionnelle, notamment le Sumida Hokusai Museum ou encore Small Worlds. J’ai ensuite exploré les splendeurs de Kyushu, comme la « ville des enfers » où s’élèvent les grands nuages de vapeur des eaux thermales, ou encore le plus grand volcan actif du Japon, le mont Aso.

La région du Grand Tokyo est le point de départ de tout globe-trotter, grâce à ses deux aéroports internationaux, et dispose d’un grand choix d’activités culturelles, gastronomiques, et de divertissement. Après avoir visité les incontournables, Tokyo est également une porte d’entrée sur les régions plus reculées du Japon, qui cachent bien des richesses, ainsi qu’une authenticité intacte.

Le monde de l’Ukiyoe au Sumida Hokusai Museum

Mon voyage commença au Musée Sumida Hokusai. Situé près du Ryōgoku Kokugikan (hall de sport national), ce musée d’art retrace la vie du l’artiste ukiyoe japonais Hokusai, mondialement connu grâce à la Grande Vague de Kanagawa au 19e siècle. Il s’adonne à sa passion jusqu’à son dernier souffle, avant de s’éteindre à 88 ans.

Estampes d'Hokusai dans le Sumida Hokusai Museum à Tokyo
Katsushika Hokusai, La Grande Vague de Kanazawa, de la série Trente-six vues du mont Fuji, The Sumida Hokusai Museum Collection

L’AURORA (salle d’exposition permanente), qui est également présentée en anglais par ordre chronologique, m’a donné un aperçu de l’évolution du style de Hokusai et de ses estampes au fil du temps.

Veuillez noter que pour des raisons de conservation, les estampes exposées sont des reproductions à l’échelle et en haute définition.

Retrouver son âme d’enfant à Small Worlds

Non loin de la Statue de la Liberté à Odaiba, la célèbre île artificielle de Tokyo, se trouve Small Worlds, un musée qui suscite l’émerveillement. Qui ne s’emballerait pas à l’idée d’admirer des centaines de miniatures qui reproduisent des univers fantastiques ? J’ai été transportée dans différents mondes imaginaires, où certains objets s’animent en actionnant les boutons. Les trains passent, les lumières clignotent, les fusées filent, les manèges tournent à ne plus en savoir où donner de la tête. À la fin du parcours, j’ai pu comprendre le travail colossal effectué sur ces miniatures en observant les artistes fabriquer chaque décor. Une attraction qui ravit les petits comme aux grands.

Après cette virée urbaine et culturelle à Tokyo, je suis partie explorer Kyushu, la troisième plus grande île du Japon, qui recèle bien des surprises. À 1h30 de vol de Tokyo, l’avion est le moyen le plus facile et rapide de rejoindre cette terre du sud. Elle regorge de paysages naturels impressionnants, comme les imposants nuages de vapeur des eaux thermales de Beppu, d’anciens temples sacrés, ou encore de chemins de randonnée pittoresques.

Oita : une préfecture au charme irrésistible

Le bain des enfers, l’étang du sang… Que de noms effrayants pour décrire la grandeur des eaux thermales de Beppu Onsen. Eaux bleutées, rouges, riches en fer, en sodium… une multitude d’eaux thermales ponctuent les abords de la ville par des nuages de vapeur ; un paysage saisissant. Mais j’ai été enchantée de découvrir bien d’autres surprises dans la préfecture d’Oita qui m’était encore méconnue.

La ville d’Usuki : un havre de paix

Usuki a conservé son charme d’antan avec ses rues traditionnelles, sa brasserie de saké, et ses anciennes boutiques, à l’exemple du plus vieux magasin de sauce soja de la région vieux de plus de 400 ans. J’y ai goûté à la glace au miso, un mélange sucré-salé surprenant !

Mais ce qui m’a subjuguée se trouve un peu plus loin du centre : des Bouddhas sculptés dans la pierre (臼杵石仏 Usuki sekibutsu). Considérés comme un trésor national, il s’agit de plus de 61 statues, qui tiennent en place depuis plus de 1000 ans malgré l’érosion due aux conditions météorologiques, comme protégées par une énergie divine. Un lieu sacré et mystérieux.

Kintsugi, la finesse de la vaisselle japonaise

Non loin, se trouve USUKIYAKI, l’atelier d’un passionné de céramique où j’ai pu m’essayer au kintsugi (金継ぎ), un véritable coup de cœur. Il s’agit d’un artisanat délicat et raffiné, qui dévoile toute la beauté du travail manuel japonais. Au lieu de jeter la vaisselle cassée ou fissurée, elle est réparée avec une élégance indescriptible, en soulignant ses fissures à l’aide de poudre d’or.

L’une des plus belles manières de combiner art et écologie ! Gros plus : le très sympathique artisan parle couramment anglais et propose même un kit pour s’adonner au kintsugi chez soi.

Randonnée mystique dans la péninsule de Kunisaki

À 40 minutes en voiture de l’aéroport d’Oita, se trouve un chemin de randonnée nommée Minemichi, utilisé par les moines lors de leurs pratiques religieuses depuis des centaines d’années. Nous n’en avons foulé qu’une petite portion, mais qui s’avérait déjà d’une grande richesse : des statues de divinités, un grand regroupement d’édifices en pierre appelés des gorintō (五輪塔), ainsi que les ruines de l’ancien temple Sentōji (旧千燈寺跡). Un des points culminants révèle un temple encastré dans la roche Itsutsuji Fudoso (五辻不動尊). Apercevoir la mer intérieure de Seto, les îles environnantes et une immense forêt inhabitée, m’a donné le sentiment d’être coupée du monde l’espace d’un instant.

Veuillez noter qu’il vous faudra une voiture de location pour y accéder.

La saison des kakis en automne se remarque dans la préfecture de Fukuoka ! Outre quelques grandes villes de la région, comme Kitakyushu ou Fukuoka, la préfecture reste une région verdoyante où se cultive un certain nombre de fruits et légumes. C’est là que j’ai pu participer à la cueillette des kakis, mais également découvrir l’une des meilleures qualités de thé vert du Japon. 

Teruzushi, une expérience sushi hors norme

Le premier arrêt au restaurant Teruzushi était mémorable. Qui aurait cru pouvoir rencontrer une star internationale du sushi dans la périphérie de la ville de Kitakyushu ? Le charismatique Takayoshi Watanabe, troisième de sa génération, nous a offert un véritable spectacle privé afin de nous présenter tous les ingrédients de haute qualité de Fukuoka.

Takayoshi Watanabe, un chef de sushis au Japon
Takayoshi Watanabe, chef sushi à Teruzushi, Kitakyushu

Il accorde une attention toute particulière à la provenance du poisson, aux méthodes de pêche et à la découpe, dans un souci de perfection. D’où son prix qui n’est pas à portée de toutes les bourses. Une chose est sûre : impossible de repartir d’ici le ventre à moitié vide !

Le château de Kokura et son jardin, une peinture vivante

J’ai visité deux châteaux lors de ce périple, notamment le château de Kumamoto, le plus connu de Kyushu. Mais il existe un autre château au centre de Kitakyushu qui est plus calme, offrant le cadre idéal pour une promenade agréable. À l’intérieur du château de Kokura, il est possible d’essayer les costumes des seigneurs féodaux, de faire des jeux interactifs, et de profiter de la vue depuis le dernier étage.

Le jardin adjacent, Kokura-jo teien (小倉城庭園) arbore une magnifique vue traditionnelle avec ses érables momiji, un pont en bois, des pins, et le reflet de ceux-ci dans l’étang. Telle une toile animée, chaque nuance est comme une palette de délicates variations de couleurs.

Des plantations de thé de haute qualité

La petite ville de Yame, quie compte environ 60 000 habitants, est à l’origine des meilleurs thés produits au Japon.

Plantation de thé au Japon, à Yame, sur l'île de Kyushu
Yame Central Tea Garden

Le thé vert gyokuro 玉露 est ombré pendant 20 jours puis récolté à la main, et certifié d’une AOP. Protéger les feuilles du soleil permet de les enrichir d’acides aminés, ce qui enrichit leur saveur umami, riche et subtile. Visiter le jardin de thé Oishi m’a permis d’en apprendre plus sur l’univers passionnant des thés au Japon. Le meilleur moment pour voir ce paysage est au moment de la récolte, chaque mois d’avril.

Tasses de thé et friandises à base de thé vert produit à Kyushu, au Japon
Thé et gâteaux du jardin de thé Oishi

La dernière étape du voyage fut la préfecture de Kumamoto, qui est doté d’une riche histoire. La capitale est surtout connue pour son château, qui fut le lieu de nombreuses batailles. Le château a malheureusement été ravagé par un séisme en 2016 et si le donjon a été restauré, il faudra compter plusieurs décennies pour replacer les pierres des murs effondrées à leur emplacement d’origine. Kumamoto a également créé la mascotte la plus populaire du Japon, Kumamon. Il est même possible d’assister à un spectacle quotidien avec cette star. Mais il y a bien plus à découvrir à Kumamoto.

Se mettre dans la peau d’un samouraï

L’esprit des samouraïs propre à son histoire imprègne Kumamoto. En plus de son château, la ville est associée au plus grand épéiste japonais de tous les temps, Musashi Miyamoto, alors qu’il écrivait son célèbre traité sur la stratégie des arts martiaux. Le lieu idéal, donc, pour se mettre dans la peau d’un samouraï. J’ai revêtu le hakama (袴), un large pantalon traditionnel, et je me suis adonnée à leur art martial nommé « iaidō » (居合道).

Tetsunori Matsunaga, maître de l'épée japonaise
Tetsunori Matsunaga, le 18e chef du « Niten Ichiryu », l’école fondée par Musashi Miyamoto.

La maîtrise du sabre est difficile, mais impressionnante à voir. Avoir pu l’expérimenter avec des maîtres de l’épée perpétuant les enseignements de Musashi Miyamoto était une chance inestimable.

Vous retrouverez plus d’informations et la possibilité de faire des réservations sur le site internet Attractive Japan.

Un repas dédié à l’acquisition des bonnes manières

Lors d’un voyage au Japon, il est normal de vouloir apprendre les règles et les coutumes du pays pour éviter les faux pas. Enlever les chaussures avant de fouler le tatami, ne pas planter ses baguettes dans le riz… Mais, saviez-vous par exemple, qu’il est impoli de se servir soi-même lors des événements sociaux ? De même qu’il faut éviter de marcher sur les longs tissus qui délimitent les tatamis, les tatamiberi (畳縁) ?

Table à manger d'un restaurant traditionnel japonais

Dans le restaurant Okumura, les maîtresses de maison en kimono m’ont appris toutes les règles de bienséance lors d’un banquet à la japonaise, tout en dégustant un succulent repas qui met en valeur les ingrédients de saison.

Se sentir tout petit en longeant le mont Aso

Pour finir ce périple, je suis partie à la découverte de la région montagneuse d’Aso, que les locaux m’avaient vivement recommandé. Plusieurs volcans y crachent leur lave depuis des centaines de milliers d’années, ce qui donne une région avec de vastes plaines et des végétations aux couleurs chaudes. Situé au Japon, le mont Aso est l’un des plus grands volcans actifs du monde. La plaine de 20 km de long, une caldeira spectaculaire formée par l’activité volcanique du mont Aso, est spectaculaire.

Paysage de montagne depuis le mont Aso au Japon

Dans la partie sud du mont Aso, un train local avec les portraits des personnages du manga One Piece circule pour une durée limitée. La préfecture de Kumamoto compte également 10 statues des célèbres personnages du manga.

Je suis donc rentrée de ce voyage éblouie par ce que la nature et la culture japonaise ont à nous offrir.

Article écrit en partenariat avec TokyoTokyo.

L’article a été rédigé par Jade Nunez.