La préfecture de Tottori, sur l’île de Honshu, est nichée entre la mer du Japon et le mont Daisen. Facile d’accès par avion, bus ou train, Tottori a été élue meilleure destinations touristiques par le site GaijinPot en 2019. La préfecture n’est pourtant pas la plus visitée. La plupart des touristes qui se rendent à Tottori se rendent aux Dunes de Tottori et à la Mizuki Shigeru road. Le reste de la préfecture est encore confidentiel et en fait une destination idéale pour les personnes qui souhaitent sortir des sentiers battus.
Mon séjour dans la station thermale de Misasa (三朝), connue pour les bienfaits de ses eaux, fut mon point de départ pour une ascension spirituelle bien connue des habitants du coin. Cette ascèse vous mènera jusqu’au Temple de Mitokusanbutsuji (三徳山仏寺), situé sur le mont Mitoku, où vous pourrez grimper jusqu’au Temple Nageiredô, construit à flanc de falaise. Après la randonnée, rendez-vous dans la charmante ville commerçante de Kurayoshi (倉吉), où vous pourrez déambuler à travers d’anciens entrepôts blancs datant de l’ère Meiji, reconvertis en café et restaurants.
Purifier ses sens à Tottori dans les sources thermales de Misasa
Depuis 900 ans, la station thermale Misasa est un des lieux de passage incontournables pour les nombreux pèlerins qui se rendent au Mont sacré de Mitoku. Depuis l’ère Heian (794 – 1185), ils se prêtent à un rituel de purification dans les eaux chaudes de Misasa afin de purifier leurs six sens (la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe, le gout et l’esprit). Car on trouve, dans les eaux de cette petite station thermale, le taux de radon le plus élevé du monde. Selon les habitants, cette forte concentration aurait des effets thérapeutiques sur tout le corps.
La légende de Misasa raconte qu’un vassal de Minamoto no Yoshitomo, un célèbre samouraï et chef de guerre de la période Heian et Kamakura, aperçut un vieux loup blanc lors d’un pèlerinage vers le Mont Mitoku. À cette période, les animaux sauvages étaient considérés comme les réincarnations des personnes âgées, et le vassal laissa le loup s’en aller sans lui faire de mal. La même nuit, l’homme fit alors un rêve où Myoken Bosatsu, une divinité bouddhiste, lui apparut et lui indiqua l’emplacement d’une source chaude pour le remercier d’avoir laisser la vie sauve au vieux loup blanc.
Séjourner dans un ryokan à Misasa
À Misasa, vous trouverez de nombreux ryokan le long de la rivière. La plupart disposent d’onsen, des bains publics d’eau thermale où vous pourrez relaxer votre corps et votre esprit. Le Misasakan (三朝館), un des ryokan de la ville où j’ai pu séjourner, est une auberge parfaite pour ceux qui veulent faire l’expérience d’une nuit dans un ryokan.
À l’arrivée, vous pouvez commencer par enfiler le yukata que vous trouverez dans votre chambre pour aller prendre votre premier bain.
Le dîner, servi assez tôt, est un repas kaiseki. La cuisine la plus raffinée pour les japonais, où plusieurs plats sont servis pour égayer vos papilles (sashimis, tempura, poisson grillé). Les plats varient selon la saison et la région dans laquelle se trouve le ryokan.
Après le repas, si le temps est clément, la plupart des japonais se promènent dans les stations thermales, toujours vêtus de leur yukata. Ayant séjourné là-bas en janvier, par temps de pluie, j’ai préféré me promener en gardant mes vêtements !
La ville de Misasa a le charme des villes d’antan, de celles qui ne connaissent pas la frénésie des marques et des chaînes de magasins. Ici, pas de konbini, mais de petites échoppes qui partent en désuétude, tenues par des petites mamies qui nous accueillent avec le sourire. En rentrant, n’hésitez pas à retourner au bain. N’y voyez pas un simple geste hygiénique, mais plutôt un moment de détente et de relaxation. Pour les plus spirituels d’entre vous, c’est aussi une manière de préparer son corps à la pratique ascétique associée au pèlerinage du Mont Mitoku.
N’hésitez pas à faire un tour sur le site de tourisme de Misasa, des informations sur l’accès à la station thermales et au mont Mitoku y sont disponibles en français.
Ascèse dans la montagne sacrée de Tottori : Mitoku
Le Mont Mitoku (三徳山), autrefois calligraphié (美徳山) signifiant la montagne de la beauté, est un lieu de pèlerinage menant au temple Nageiredô, construit à flanc de falaise à 900 mètres de hauteur. Marchant sur des chemins escarpés, entouré par une nature abondante, les pèlerins pratiquent la voie du Shugendô (修験道), durant laquelle ils purifient leur corps et leur esprit depuis l’ère Heian.
Difficile d’appréhender le shugendô, que l’on pourrait résumer grossièrement comme un syncrétisme religieux apparu au VIIIe siècle, soit trois siècles après l’introduction du bouddhisme au Japon. Principalement bouddhiste avec des influences shinto et animiste, le shugendô fut aboli à l’ère Meiji en 1868 par une loi qui fit du shinto la religion d’état, exigeant une stricte séparation des religions dans les temples shugendô. Après la Seconde Guerre mondiale, la loi sur la liberté des cultes permit à nouveau aux temples shugendô d’exister.
Arrivés devant la montagne par une journée d’hiver froide et pluvieuse, nous découvrons les premières marches de cette montagne sacrée. Nous passons devant le temple Rinkoin (輪光院), complètement recouvert de neige et apercevons la mention shukubô (宿坊), signifiant que vous pouvez y passer la nuit. Dans certains shukubô, les moines proposent aux invités de participer aux activités du temple (méditation, prière ou chants matinaux), une belle manière de s’imprégner de la philosophie bouddhiste. Le chemin enneigé que nous prenons nous mène au temple principal Sanbutsu-ji (三仏寺). Littéralement le « temple aux trois bouddhas », il fut nommé ainsi en 849 après que Jikaku Daishi, un bonze, y fabriqua trois bouddhas (Siddhârtha Gautama, Amida et Vairocana) et les plaça à l’intérieur du temple.
Le chemin menant jusqu’au temple Nageiredô étant déconseillé en temps de pluie, notre ascension s’arrêta malheureusement au temple Sanbutsu-ji. Pour ceux qui souhaitent aller jusqu’au temple Nageiredô, considéré comme le Trésor national le plus difficile d’accès du Japon, prévoyez de bonnes chaussures de marche ! Le chemin est escarpé, mais l’expérience est, paraît-il, inoubliable.
Pour vous rendre au Mont Mitoku, vous pouvez prendre un bus local depuis la ville de Misasa (15 minutes de trajet) qui vous amènera à l’entrée de la montagne.
Promenade dans le vieux quartier de Kurayoshi
La ville de Kurayoshi (倉吉市), située au milieu de la préfecture de Tottori, fût une ville au commerce florissant durant l’ère Edo, où se sont construits une centaine d’entrepôts le long de la rivière Tamagawa. Nommés les shirakabe Dozogun Akagawara (白壁土蔵群赤瓦), littéralement « ensemble d’entrepôts aux murs blancs et tuiles rouges« , ces entrepôts témoignent du riche passé de Kurayoshi. Certains poursuivent les mêmes activités que dans le temps (notamment les brasseries de saké), et d’autres ont été transformés en café, galeries d’art, restaurants… Le long de la rivière vous apercevrez également des carpes koï remonter le courant.
Moudre son café chez Kura
Au Café Kura, situé dans le centre ville de Kurayoshi, essayez vous à ce moulin en pierre rétro, avec lequel pourrez moudre les grains de votre café. Le café y est doux, servi avec de l’an (pâte de haricots rouge) à la place du sucre. D’autres douceurs japonaises y sont servies, comme des brochettes de dango, des petites boules de riz sucrées et grillées.
Déjeuner Kaiseki à Manyoshi
À quelques pas du quartier des entrepôts blancs, se trouve l’excellent restaurant Kitatei Manyoshi (喜太亭万よし), spécialisé dans la cuisine washoku (和食) et les sushis. Derrière une façade assez modeste, se cache un jardin japonais dont les clients peuvent apprécier la beauté durant le repas. Un petit havre de délicatesse et de poésie à la japonaise, qui séduisit notamment le peintre Shikô Munakata (1903-1975). Habitué de l’établissement, certaines de ses œuvres sont visibles à Manyoshi. Pour le déjeuner, laissez vous tenter par le menu du jour où produits locaux et de saison vous seront servis en plusieurs petits plats à la manière d’un kaiseki.
Pour se rendre à Kurayoshi :
Depuis Tokyo : Environ 1h20 en avion depuis Haneda jusqu’à l’aéroport de Tottori, puis 45mn de bus jusqu’à Kurayoshi.
Depuis Osaka : Environ 50mn depuis l’aéroport du Kansai jusqu’à la gare Shin-Osaka avec train JR Limited Express Haruka. Puis depuis Shin-Osaka, prenez le Express Railway Limited Express Super Hakuto en direction de Chizu (compter 2h50)
Article sponsorisé par la préfecture de Tottori