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Niveau cascade je suis plutôt du genre sceptique. Lorsque je fais des recherches sur Google Maps, je tombe souvent sur des cascades indiquées comme à voir absolument, et me viennent aussitôt à l’esprit des images de magnifiques chutes d’eau cristalline. Puis je clique sur les photos et… mouais.

Alors pardonnez moi si je n’étais pas particulièrement enthousiaste lorsque je me dirigeais vers les chutes de Nabegataki. Cette cascade fait partie des plus belles vues de la préfecture de Kumamoto. Mais cette région est dotée de tant de paysages magnifiques, comment cette cascade pourrait être plus belle que n’importe quel autre lieu des alentours ?

Feu et pluie, les chutes de Nabegataki

Ces chutes apparurent il y a 90 000 ans, lorsqu’une super éruption forma la caldeira du mont Aso, l’une des plus grandes caldeira du monde, qui attire les touristes au nord de la préfecture de Kumamoto. Les eaux de source ont lentement érodé la roche derrière la cascade, créant une cavité qui caractérise Nabegataki. Les visiteurs peuvent ainsi photographier la cascade des deux côtés des chutes d’eau en passant dans cet espace, et apprécier une vue qui change au cours des saisons.

Il faut payer 300 yens pour accéder à la cascade, de l’argent qui sert à l’entretien du chemin qui mène du parking aux chutes. Un chemin qui se compose principalement d’escaliers en bois qui descendent le long d’une falaise abrupte. Ce qui rend la cascade accessible à la plupart des personnes valides.

L’incroyable beauté des chutes de Nabegataki au eu raison du sceptique que je suis. Comme si les écailles m’étaient tombées des yeux, j’étais émerveillé devant cette modeste mais envoutante œuvre d’art de la nature. Des rayons de soleil se frayant un passage entre les feuilles encore vertes des érables, se reflétaient sur une partie de la cascade, donnant naissance à autant d’étincelles qu’un forgeron travaillant sur une lame. Même les touristes qui allaient et venaient dans mes photos n’arrivaient pas à distraire mon attention devant la beauté de cette cascade.

La vue depuis l’intérieur de la cascade est rendue possible par un renfoncement plutôt profond, assez profond pour ne pas être mouillé lorsqu’on passe d’un côté à l’autre de la cascade. Il y a suffisamment d’espace pour permettre aux photographes d’installer un trépied, outil nécessaire pour obtenir cet effet caractéristique de l’eau qui se transforme en douces trainées blanches.

Les chutes de Nabegataki sont merveilleuses pour contempler la beauté de la nature, mais j’avais rendez-vous avec un certain ryokan de luxe. Et avant ça, je voulais satisfaire la curiosité qu’avait éveillé en moi un café que j’avais croisé en bord de route qui se targuait de servir un dessert exceptionnel.

Crème glacée exquise au restaurant Couple

Ce petit café rustique qui arbore un adorable logo se trouve sur la route nationale 387. Si l’enseigne ne vous a pas convaincu de vous y arrêter, peut-être y ferez vous un tour pour leur crème glacée maison.

Le café-restaurant Couple appartient à Umeda-san, dont la ferme laitière, qui compte 70 vaches, se trouve un peu plus loin sur la route. Dans la production de lait depuis 60 ans, il commença lorsqu’il avait 6 ans, alors en âge d’aider à la ferme. Aujourd’hui sa famille s’implique aussi dans l’entreprise ; il m’a présenté à sa fille et à ses petits-enfants qui passaient justement lorsque j’étais au café.

Umeda-san élève des vaches Jersiaises, une race de vache courante aux États-Unis mais rare au Japon où elles ne produisent que 0,4% de la production de lait du pays. Les Jersiaises sont connues pour produire un lait crémeux riche en matières grasse. Elles furent introduites au Japon après la seconde guerre mondiale par Paul Rusch, un professeur américain chrétien, qui aida également à lever des fonds pour construire l’hôpital St. Luc à Tokyo. Voyant que le Japon d’après guerre avait du mal à offrir aux enfants les nutriments dont ils avaient besoin, Rusch fit venir des vaches Jersiaises dans l’archipel car elles pouvaient produire un lait riche même avec un régime alimentaire pauvre. L’initiative de Rusch participa à changer l’idée que les japonais se faisaient du lait, qui finit par devenir un aliment de base dans les écoles. Quand au lait des vaches Jersiaises, au Japon il est devenu un ingrédient populaire dans les desserts, et tout particulièrement dans les glaces.

Vaches Akaushi paissant dans les paysages du nord de Kumamoto
Des vaches Akaushi rencontrées durant mon voyage, ce ne sont pas des vaches Jersiaises !

La ferme d’Umeda produit du lait, des yaourts, de la crème, et bien sûr des glaces. Et en cette après-midi inhabituellement chaude pour un jour d’automne, c’est cette glace qui me fit venir ici. On trouve de nombreuses glaces sur la carte, mais j’ai simplement demandé au charmant personnel de me servir celle qui avait le plus de succès. On m’amena une coupe surmontée de glace au lait de Jersiaise, avec de la sauce chocolat au centre et un pudding incroyablement crémeux en dessous.

Pour l’américain que je suis, ces saveurs me firent retourner en enfance, quand je visitais la ferme des grand-parents de mon meilleur ami en Californie, où on trouvait toujours du lait frais dans le frigo. Pendant que je mangeais, perdu dans mes souvenirs, Umeda-san vint m’apporter un échantillon de son yaourt. Le yaourt est assez populaire au Japon, pour ses bienfaits sur la santé, et je compris tout de suite pourquoi il faisait partie des produits phare de Couple, une saveur pure et purement délicieuse.

J’avais quelques questions techniques à propos de la ferme laitière. Nous sommes allés dans la boutique où Umeda-san a sorti son traducteur électronique. Après quelques tentatives infructueuses pour le faire fonctionner, la fille d’Umeda-san est arrivée en voiture et il lui demanda de l’aide. Elle demanda à son tour de l’aide à ses enfants qui furent trop timides pour pratiquer leur anglais avec moi.

Plus tard, lorsque je repartis vers mon ryokan, ils surmontèrent leur timidité pour me dire « See you again ! »

Luxe et raffinement au Zenzo Ryokan

En arrivant au Yamagawa Zenzo Ryokan, vous emprunterez une route pavée sortie tout droit de l’ère Edo. Au dessus de vous, en haut d’un mur de pierres, vous pourrez apercevoir la façade du Zenzo, qui surplombe les environ à la manière d’un château féodal. Difficile de faire meilleur effet lorsqu’on arrive sur un lieu.

Avant même d’avoir eu le temps de me garer, un membre du personnel est sorti du grand noren du ryokan pour m’accueillir et m’indiquer un emplacement. Tout en s’occupant de mes bagages, il m’accompagna à ma chambre, m’indiquant au passage le lieu du diner, du petit-déjeuner, et l’onsen public — malheureusement fermé. Évidement, chaque chambre du Zenzo possède son propre onsen privatif, ça ne serait donc pas un désagrément majeur.

Les chambres du Zenzo ne se trouvent pas toutes dans un grand et unique bâtiment, mais se répartissent dans une série de bâtiments plus petits, donnant l’impression de séjourner dans un cottage privé en pleine forêt. Les bâtiments sont séparés par des bains extérieurs, cloisonnés par des palissades en bois, garants de l’intimité des clients. La chambre en elle-même était chaleureuse, il y avait assez de place pour une petite table, une télé, et un coin où déplier le futon pour la nuit (ce dont le personnel se charge discrètement pendant que vous dinez). Dans un espace séparé par une porte coulissante shoji, on trouve une salle de bain et un vestiaire qui mène vers le bain extérieur, où l’on trouve également un coffre-fort et un mini-frigo.

Mais la vraie raison pour laquelle vous êtes là, mis à part les repas copieux, c’est pour cet onsen privatif. Il n’existe pas deux chambres ayant le même onsen. Celui de ma chambre était creusé dans un gros rocher qui se trouvait dans le petit jardin. Puisqu’il se trouve dans la continuité de votre chambre, vous pourrez en profiter autant de fois que vous le désirerez sans avoir à prendre avec vous quoi que ce soit d’autre qu’une serviette. On retrouve un coin douche, avec shampoing et savon, à l’extérieur, à quelques pas du bain.

Le diner du Zenzo est une véritable expérience, et un test d’endurance pour votre estomac. Selon la manière de compter, le diner se compose en 12 à 15 plats, donc certains pourraient presque être un repas en soi. Lorsque je suis arrivé à l’heure qui m’avait été indiquée, le personnel avait déjà commencé à faire griller du poisson, du tofu, du pain, et différentes viandes autour d’une pile de braises disposée en face de mon siège.

Pendant que tout ça cuit lentement sous vos yeux, les serveurs commencent à amener d’autres plats pour stimuler votre appétit. Arrivèrent d’abord quelques tranches de sashimi de saumon, un nigiri sushi de saumon, et une salade de gombo et de pois verts. Vint ensuite une des spécialités de Kumamoto, le basashi, des tranches de viande de cheval crue. Étonnamment, la viande crue de cheval n’a pas vraiment de goût en soit, elle est donc accompagnée de diverses sauces et de condiments comme du gingembre et des tranches d’oignon frais pour donner des saveurs au plat.

Quand les brochettes sont prêtes, elles sont servies sur une assiette accompagnées des condiments adéquats. Du bœuf Akaushi avec du negi grillé. De la langue de veau. Une autre tranche de viande de cheval, du dos de l’animal cette fois. Une des brochettes était composée d’un long morceau de pain assaisonné de fromage et servi avec de l’huile d’olive. Une autre était composée de nama-age, du tofu frit, croustillant et délicieux lorsqu’on le trempe dans sa sauce au gingembre. Une brochette de légumes composée de shimito (poivron vert), d’une tomate enroulée dans du bacon, et de deux morceaux de nasu (aubergine), servie avec une sauce à base de konbu dashi, de vinaigre et de gingembre.

La dernière brochette est très populaire lors des matsuri : de l’ayu, un petit poisson salé et assaisonné avec du citron, un plat qu’on retrouve dans les stands lors des festivals au Japon. À ma grande surprise, on me servit un autre plat à base de viande de cheval ; « partie inconnue » cette fois-ci. Le goût était légèrement sucré, délicieux, mais je ne pouvais pas m’enlever de la tête que j’étais incapable d’identifier les diverses parties de l’animal que je mangeais (ou peut-être que je le pouvais, ce qui me mettait encore plus mal à l’aise).

La nourriture continuait à arriver, bien au-delà de ce que mon pauvre estomac pouvait encaisser. Un sympathique bol d’udon me fut apporté pour être mis à mijoter au dessus des braises. Les légères notes de citron qui s’échappaient du plat finirent par me convaincre d’en prendre au moins quelques bouchées. Enfin, et heureusement, le personnel vint me demander si j’étais prêt pour le dessert. Un gâteau rhum-raisin accompagné d’un café. Ne me demandez pas ce que j’en ai pensé, parce que cela faisait trop longtemps déjà que je n’avais plus faim.

Le lendemain matin, le petit déjeuner fut servi dans une autre salle du ryokan, avec vue plongeante sur une vallée boisée baignée par les lumières du soleil levant. Un petit déjeuner agréablement léger, s’équilibrant parfaitement avec le dîner riche en viandes de la veille. De nombreux légumes, des pâtes, un jus de pamplemousse fraichement pressé et du café moulu.

Le nord de la préfecture de Kumamoto et la région de Waita Onsen sont couverts de paysages somptueux, de stations thermales appelées onsen, et de restaurants exceptionnels. Le confort que peut offrir une voiture de location vous permettra de passer quelques jours à conduire dans la région, en faisant des pauses relaxantes dans des bains d’eau thermale, ou pour déguster des repas concoctés avec les produits de Kumamoto, et de séjourner dans l’un des nombreux ryokan et auberges du coin. Et vous vous trouverez bien entendu à quelques minutes seulement de la caldeira d’Aso, la principale attraction touristique de la région.

Se rendre à Waita Onsen

La région de Waita Onsen s’avère très facile d’accès depuis les grandes villes de Kyushu (et donc facile d’accès en shinkansen ou à l’aide de vols intérieurs). Je me suis rendu compte que j’avais parfois mis plus de temps à me rendre à certains endroits en voiture depuis Tokyo que le temps qu’il faut pour atteindre Fukuoka ou Kumamoto par les airs puis pour conduire jusqu’au nord de Kumamoto. Le principal atout de cette région est dû à ses paysages uniques façonnés par l’activité volcanique et l’abondance de ses villages d’onsen.

Être véhiculé s’avère nécessaire pour profiter de la préfecture de Kumamoto, où les différents lieux d’intérêts peuvent être séparés par de longues distances. Il est très facile de conduire dans la région, avec peu de feux de circulation et ces routes agréables et sinueuses qui sont une invitation à ouvrir les vitres pour prendre une bouffée d’air frais. Des voitures de location sont disponibles dans toutes les grandes villes, et à proximité des aéroports et des gares principales. Vous aurez simplement besoin d’un permis d’une traduction de votre permis de conduire ou d’un permis international.

Les chutes de Nabegataki

Adresse : Kurobuchi, Oguni, Aso District, Kumamoto 869-2502
Horaires d’ouverture : 9h00 – 17h00
Tarif : 300 yens (adultes) 100 yens (enfants)
Site Internet : https/www.town.kumamoto-oguni.lg.jp/q/aview/143/273.html (uniquement en japonais)

Café-Restaurant Couple

Adresse : 2053-204 Nishizato, Oguni, Aso District, Kumamoto 869-2504
Horaires d’ouverture : 9h00 – 17h00 en semaine, 9h00 – 18h00 le week-end et en période de vacances

Yamakawa Zenzo Ryokan

Adresse : 1426 Kitazato, Oguni, Aso District, Kumamoto 869-2505
Réservation en ligne (en japonais)

Accès à Waita Onsen en voiture depuis les aéroports les plus proches

Depuis l’aéroport de Fukuoka : environ 1h40
Depuis l’aéroport d’Oita : environ 1h20
Depuis l’aéroport de Kumamoto : environ 1h20

Article original écrit par Todd Fong
Traduction par Joachim Ducos

Article réalisé en partenariat avec le siège administratif de la région Nord de Kumamoto.

Todd Fong

Todd Fong

Freelance writer, photographer, and mentor. Japan-based, Oaktown (Oakland, California) born. Freelance writing and photography work includes Lonely Planet, Voyapon, Metropolis Japan, and many regional tourism websites around Japan.

https://www.toddfong.com

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