Début octobre, alors que l’odeur sucrée des fleurs de kinmokuseki embaumait les rues de Tokyo, annonçant l’automne, je commençais un voyage qui allait me mener de la capitale japonaise à la préfecture de Toyama. J’y ai exploré des coins de nature préservés : depuis la vallée de Todoroki et le sanctuaire Meiji-jingu, îlots de verdure au cœur de la bouillonnante ville de Tokyo, jusqu’aux côtes de la mer du Japon et au sommet des monts Tateyama à Toyama. Un voyage ressourçant, où l’immersion dans des espaces naturels s’est accompagnée de découvertes culturelles et gastronomiques.
- Tokyo : une ville plus verte qu’il n’y paraît
- Toyama : une préfecture entre mer et montagne
- Gokayama, l’autre village japonais classé pour ses maisons aux toits de chaume
- Les gorges de Kurobe, un paysage à découvrir à pied, en train, ou plongé dans un onsen
- La route alpine de Tateyama Kurobe, un périple à travers les Alpes japonaises
- La côte d’Amaharashi, mer et montagne réunies dans une des plus belles baies du monde
- Où se loger et se restaurer à Toyama
- Comment se rendre à Toyama depuis Tokyo
Tokyo : une ville plus verte qu’il n’y paraît
Quand on évoque Tokyo, on imagine souvent de hauts buildings, des foules denses, des enseignes lumineuses colorées… Une ville immense, hyperactive, fascinante. Mais on y trouve aussi des quartiers calmes, et des espaces de nature où il fait bon se réfugier avant de replonger dans l’enivrant bouillonnement urbain de la capitale japonaise. Ils sont bien plus nombreux qu’on pourrait le croire, à l’image des deux que j’ai pu visiter pendant ce voyage.
Le sanctuaire Meiji-jingu, une forêt au cœur de la ville
Le Meiji-jingu (明治神宮) est sans doute l’un des havres de paix les mieux connus de Tokyo. Il semble se tenir là de toute éternité, entouré d’une forêt dense qui étouffe les bruits de la ville, décuplant celui de nos pas sur le gravier des allées. Le prêtre qui guidait notre visite nous expliqua que le sanctuaire ne fut fondé qu’en 1920, et que 110 000 jeunes volontaires venus de tout le Japon ont planté les arbres de cette forêt. Depuis lors, les arbres ont poursuivi leur cycle naturel sans intervention humaine, pour devenir la magnifique forêt qui protège aujourd’hui les âmes de l’empereur Meiji et de l’impératrice Shoken, et un poumon vert pour Tokyo.
Accès libre du lever au coucher du soleil. Plus d’information sur le site officiel (en anglais). Il est recommandé de poursuivre avec la visite du Meiji Jingu Gyoen (500 ¥), un jardin créé par l’empereur Meiji pour que l’impératrice Shoken, qui était frêle, puisse s’y promener. |
La vallée de Todoroki, un interstice de verdure en plein Tokyo
Un petit vertige m’a pris en haut des escaliers qui mènent dans la vallée de Todoroki (等々力渓谷) : à quelques pas de la gare du même nom, après une quinzaine de minutes de train depuis Shibuya, je pouvais entrevoir sous mes pieds une vallée arborée, au fond de laquelle coulait une rivière. Cela semblait fabuleux, comme dans ces histoires où un passage secret mène dans un monde parallèle. Mais celui-ci est bien réel, offrant un cadre inattendu à Tokyo pour une promenade au son de l’eau et des chants d’oiseaux, dans la fraîcheur de l’ombre des arbres — ce n’est pas une image : il y a en moyenne 2°C de différence entre le fond de la vallée et les rues en surface.
Des surprises nous attendaient au bout de la promenade d’environ un kilomètre, la rendant encore plus envoûtante : le temple Fudoson (等々力不動尊), avec sa cascade sacrée et les escaliers bordés de lanternes vermillon qui mènent au bâtiment principal, et le jardin japonais Nihon Teien (日本庭園), où faire une pause avant de remonter en ville.
Accès libre 24h/24. Jardin japonais : 9h-17h (mars-octobre) 9h-16h30 (novembre-février). Plus d’informations sur cette page (en japonais) et sur notre article (en anglais). |
Où se loger et se restaurer à Tokyo
Je ne vais pas prétendre ici à une quelconque exhaustivité tant l’offre d’hébergements et de restaurants à Tokyo est riche et variée, mais voici quelques recommandations glanées au cours de mon séjour.
Restaurant de teppanyaki SAKURA : une expérience gastronomique à Shibuya
SAKURA (桜-SAKURA-) est un restaurant de teppanyaki haut de gamme, où le chef prépare des produits soigneusement sélectionnés dans un cadre élégant et intimiste. Du bœuf wagyu, clou du menu, mais aussi des légumes, des poissons et fruits de mer, et même des desserts. Écouter le chef expliquer la provenance des ingrédients avec passion, et le voir les cuisiner avec virtuosité, donne encore plus de saveur à cette expérience gastronomique.
Déjeuner : 6850-20 000 ¥, dîner : 18 650-37 300 ¥. Plus d’information sur cette page (en anglais). |
Barubora-ya : immersion dans le Tokyo nocturne du quartier de Golden Gai
Golden Gai est un quartier phare de la vie nocturne tokyoïte, avec ses centaines de minuscules bars et izakaya qui firent le bonheur de tout ce que la capitale japonaise comptait d’artistes et d’intellectuels dans les années 1960-70. Si certains établissements se sont modernisés, il fait bon se replonger dans cette ambiance nostalgique au comptoir du Barubora-ya (ばるぼら屋), un izakaya hors du temps, qui n’est pas sans rappeler vaguement le restaurant de La Cantine de minuit.
Lundi-samedi : 18h-6h. Carte en anglais. Boissons : 400-550¥, plats : 300-1100¥. Plus d’information sur cette page (en japonais). |
Hôtel sequence MIYASHITA PARK : chambre avec vue à Shibuya
Ouvert en 2020 à quelques pas de la gare de Shibuya, MIYASHITA PARK est vite devenu un point de rendez-vous populaire pour les Tokyoïtes. On y trouve un parc, un centre commercial, mais aussi, pour ce qui nous intéresse ici, des cafés, des restaurants et l’hôtel sequence.
Café VALLEY PARK STAND dans le lobby de l’hôtel sequence: 8h-22h (WiFi gratuit). Chambres à partir de 22 900 ¥ (en fonction de la saison). Plus d’informations sur le site officiel (en anglais). |
Toyama : une préfecture entre mer et montagne
De superbes côtes le long de la mer du Japon, des hautes montagnes dominées par les monts sacrés Tateyama, chers aux pèlerins comme aux randonneurs, des villages préservés, comme ceux de Gokayama, classés au patrimoine de l’UNESCO : voici quelques-uns des paysages de la préfecture de Toyama. Ils abritent des traditions locales, et un terroir riche en saveurs. Et comme la ville de Toyama se situe à seulement 2 heures de train de Tokyo, les possibilités d’escapades au grand air depuis la capitale japonaise sont nombreuses.
Gokayama, l’autre village japonais classé pour ses maisons aux toits de chaume
Un village niché dans les Alpes japonaises, hors du temps, avec ses hautes maisons presque entièrement recouvertes par des toits de chaume pointant vers le ciel. On pense tout de suite à Shirakawa-go en découvrant le hameau d’Ainokura à Gokayama. À raison. Les deux furent classés ensemble au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1995, pour leurs paysages préservés et leur style architectural gassho-zukuri, dicté par les conditions climatiques et le style de vie local.
Avec ses 23 chaumières classées, Ainokura (相倉) a un avantage sur son voisin : être moins connu, et donc ne pas avoir à souffrir les inconvénients qui accompagnent la célébrité. Ici, j’ai pu profiter de l’atmosphère tranquille qui plane sur le village, en me promenant sur ses sentiers de terre à la recherche des plus beaux points de vue.
Possibilité de séjourner et de se restaurer sur place, ainsi que de participer à un atelier d’initiation à la fabrication du papier washi. Plus d’information sur cette page (en anglais). |
Les gorges de Kurobe, un paysage à découvrir à pied, en train, ou plongé dans un onsen
J’ai ressenti une excitation enfantine, proche de celle qu’on éprouve dans le train d’un parc d’attractions, en prenant place sur les bancs d’un des wagons ouverts du petit train « torokko » qui longe les gorges de Kurobe (黒部渓谷), passant par des tunnels, des ponts, et des petites gares, le tout à flanc de montagne. Mais les paysages qui m’attendaient étaient bien plus excitants pour moi qu’un décor en carton-pâte. Et aussi plus surprenants : au cœur des paysages naturels grandioses, quelques barrages et centrales électriques apparaissaient régulièrement, témoignant que cette voie ferrée n’a pas initialement été conçue dans un but touristique.
Après 1h18 de ce parcours en train, arrivée au terminus : Keyakidaira (欅平). Une courte promenade m’a permis d’observer des macaques japonais et de me plonger dans un onsen brûlant, ouvert sur le paysage de ces gorges recouvertes d’arbres encore verts en ce début d’automne, au fond desquelles coule une rivière turquoise. Le temps nous a manqué pour explorer plus avant avant de prendre le train du retour, mais Keyakidaira abrite d’autres onsen, et offre de nombreuses possibilités de promenades et de randonnées.
Plus d’information sur le site officiel de Kurobe Gorge Railway (en anglais). Meiken Onsen Kurobe : onsen : 800¥, hébergement : 17 000-18 500¥ par personne, dîner et petit déjeuner inclus. Plus d’informations sur le site officiel (en japonais). Possibilité de déjeuner à Keyakidaira au Rest-in Keyaki, 10h30-15h30, 700-1100¥. |
La route alpine de Tateyama Kurobe, un périple à travers les Alpes japonaises
Dans le funiculaire, puis le bus qui me menaient à Murodo (室堂平), point culminant de la route alpine (2450 m), je guettais les feuilles rouges, ayant entendu dire que début octobre était le moment idéal pour admirer les couleurs de l’automne sur les monts Tateyama. Et en effet, elles n’ont pas tardé à remplacer le vert de la végétation, le long de cette route connue pour être bordée d’immenses murs de neige au printemps.
La route alpine traverse une partie des Alpes japonaises en passant par les vastes paysages volcaniques de Tateyama (立山), et par le monumental barrage de Kurobe (黒部ダム), construit après guerre grâce au travail de 10 millions d’ouvriers. Pour ce faire, on emprunte six moyens de transport successifs, dont des funiculaires et un téléphérique, avec la possibilité de s’arrêter à divers endroits pour une pause d’une heure ou d’une nuit, un encas avec vue, une promenade, ou une véritable randonnée.
La côte d’Amaharashi, mer et montagne réunies dans une des plus belles baies du monde
Arrivée sur la côte d’Amaharashi (雨晴海岸) par temps couvert, je n’ai pas eu la chance de pouvoir photographier ce qui fait la réputation de ce paysage : les monts Tateyama se détachant en arrière-plan du rocher Onnaiwa, dressé dans la mer du Japon. Mais ça ne m’a pas empêché d’admirer ce paysage marqué par les légendes de la mythologie locale, et faisant partie du club fermé des plus belles baies du monde.
À quelques pas de la côte, nous avons ensuite visité le temple Shoko-ji (勝興寺). J’ai été étonnée de découvrir ce temple, dont je n’avais jamais entendu parler malgré ses 12 bâtiments classés « biens culturels importants » — dont le principal construit à la fin du 18e siècle sur le modèle de l’Amida-do du Nishi Hongan-ji de Kyoto. Il n’a pas à pâlir devant d’autres, bien plus célèbres, et présente l’avantage appréciable de pouvoir se visiter paisiblement.
Plus d’information sur la côte d’Amaharashi sur cette page (en japonais). Temple Shoko-ji : 9h-16h, 500¥, plus d’information sur le site officiel (en japonais). |
Où se loger et se restaurer à Toyama
Tout comme pour Tokyo, ces recommandations ne constituent pas une liste exhaustive d’endroits où séjourner ou se restaurer à Toyama, mais ont été testées et approuvés lors de mon voyage.
Les sushis de la baie de Toyama : une fraîcheur qui fait toute la différence
Habitant au Japon depuis quelques années déjà, j’ai déjà eu l’occasion de déguster quelques sushis… mais ceux préparés sous mes yeux, et posés l’un après l’autre devant moi sur le comptoir par le chef d’un restaurant à Toyama sont de loin les meilleurs, à tel point que je n’y ai pas ajouté une goutte de sauce de soja. Cela est dû au savoir-faire et à la générosité du chef, ainsi qu’à la qualité des poissons et crustacés de la baie de Toyama. Les eaux profondes, étonnamment proches des côtes, renferment 500 des 800 espèces que compte l’archipel : la garantie d’une fraîcheur incomparable, et de sushis savoureux.
2500-11 000¥ selon le menu dans les restaurants listés sur cette page. Plus d’information sur les sushis de la baie de Toyama sur ce site web (en anglais). Une brochure (accessible en ligne) a été conçue pour faciliter la communication dans les restaurants pour les personnes ne parlant pas japonais. |
Enraku : un ryokan d’exception à Unazuki Onsen
Le ryokan Enraku (延楽), à quelques pas de la gare d’où part le petit train des gorges de Kurobe, offre la quintessence d’un séjour dans une auberge japonaise. J’y ai séjourné dans une chambre traditionnelle avec vue sur les gorges, où j’ai troqué jean et chaussures de marche pour un yukata, avant de me plonger dans ses onsen (dont un en bois de cyprès, exhalant un parfum envoûtant), et de savourer un dîner kaiseki mettant à l’honneur les produits locaux et de saison. Luxe, calme et volupté.
Plus d’informations sur le site officiel (en anglais). |
Hotel Morinokaze Tateyama : le luxe des meilleurs ryokan, adapté pour les familles
L’Hotel Morinokaze Tateyama (ホテル森の風立山) est idéalement situé près du départ de la route alpine de Tateyama Kurobe. Ses chambres, japonaises ou occidentales, sont spacieuses, et ses services adaptés aux familles. On y trouve un grand onsen public, mais aussi des onsen privés dans certaines chambres, et dans ses « villas ». J’ai pu y déguster un dîner kaiseki faisant la part belle aux saveurs automnales, avec notamment un dobin-mushi, bouillon d’automne au goût subtil, cuit et servi dans une théière.
Plus d’informations sur le site officiel (en japonais). |
Healthian-wood : architecture contemporaine, produits locaux, et aromathérapie
Healthian-wood est l’endroit rêvé pour faire une pause et prendre soin de soi : restaurant étoilé, villa-sauna, spa, bâtiments conçus par Kengo Kuma dans des matériaux naturels, au milieu de champs de lavande et d’aromates utilisés dans les cuisines du restaurant et l’atelier d’aromathérapie. Le lieu, créé par la société d’aromathérapie Taroma, prévoit de s’agrandir dans les prochaines années, notamment avec un hôtel.
Plus d’informations sur le site officiel (en japonais). |
Comment se rendre à Toyama depuis Tokyo
Toyama est accessible en Shinkansen depuis Tokyo en seulement 2 heures. Le trajet est couvert par le Japan Rail Pass ou le Hokuriku Arch Pass. Des trains et bus permettent ensuite de se rendre sur les différents sites présentés dans cet article.
Au-delà des paysages qui avaient éveillé mon envie d’escapade, ce voyage d’automne entre Tokyo et Toyama m’a permis de découvrir les ouvrages crées par les habitants de ces régions au fil du temps pour s’adapter à leurs besoins, des intemporelles maisons au toit de chaume de Gokayama, à l’ultramoderne complexe de MIYASHITA PARK, récemment inauguré à Shibuya, en passant par le monumental barrage de Kurobe, construit après-guerre. Ce fut aussi une excursion gastronomique, où j’ai pu goûter le meilleur des produits locaux, magnifiés par le talent de chefs passionnés. Une expérience à reproduire au fil des saisons.
Article écrit en partenariat avec le Tokyo Convention & Visitors Bureau