Et si je vous disais qu’au sein même de la Préfecture de Tokyo se cachent plusieurs véritables paradis tropicaux ? Il faudra oser vous aventurer aux confins de l’océan Pacifique pour découvrir les merveilles que les sept îles Izu ont à offrir. Cet archipel propose aux citadins de se ressourcer au plus proche de la nature. Explorons l’île de Ôshima (大島, littéralement « grande île »), à seulement 120km de Tokyo, sur laquelle vous pourrez sans conteste vous égarer.
Que faire à Ôshima ?
Le Mont Mihara
Situé à 705m d’altitude, le volcan toujours en activité de l’île constitue la randonnée immanquable de tout séjour sur l’île. Vous pouvez partir depuis la vallée pour la journée entière et emprunter les chemins rocheux formés par les coulées de lave, ou bien traverser les dunes de sable noir de l’Ura Sabaku Desert, le seul endroit qualifié de « désertique » au Japon.
Depuis le port, vous pouvez aussi prendre les bus qui circulent tous les jours jusqu’au départ des sentiers, au plus proche du cratère. Deux restaurants vous proposeront de déjeuner copieusement pour un prix très correct, avec une vue imprenable sur l’île. Il vous faudra 30-45min pour rejoindre le cratère et de là, vous pourrez admirer un vue somptueuse sur l’île et l’océan, et même distinguer le Monf Fuji par temps exceptionnel.
Le tour du cratère s’effectue rapidement et offre une belle rencontre avec la nature et la géologie. De la vapeur d’eau s’échappe en continu du cratère et le sol est chaud. La dernière éruption date de 1986, et avait forcé les habitants à évacuer temporairement l’île. Mais pas d’inquiétude, le volcan est sous perpétuelle surveillance des géologues.
Pour compléter votre escapade, le Izu Ôshima Volcano Museum (uniquement en japonais) offre davantage d’informations sur la formation de l’île.
De la plongée sous-marine
Le paradis des passionnés de plongée ! Seul ou encadré, partez à la découverte des richesses des fonds marins tout autour de l’île. Les spots de Nodahama, Akinohama et Ounohama sont très appréciés pour leur facilité d’accès et pour leur variété. Plusieurs établissements louent du matériel et proposent des initiations et des sorties. Vous pouvez aussi admirer cette richesse sans vous mouiller au Palais de la mer (Ôshima Seashell Museum), qui accueille une collection de 50000 coquillages.
En outre, l’île possède de très belles plages de sable noir. Sur la côte ouest, de nombreux spots vous permettront d’admirer un coucher de soleil dans une atmosphère particulière due au contraste des couleurs.
Se détendre au Onsen
Deux onsen à retenir pour la vue exceptionnelle qu’ils offrent.
- Le Hama no Yu est un petit onsen en plein air, à 5 minutes du port de Motomachi et d’où vous pourrez suivre les allées et venues des bateaux. L’établissement est mixte, et le maillot de bain obligatoire.
- Le Miharayama Hot Spring, plus retiré dans la forêt, est un onsen traditionnel avec une vue magnifique sur le Mont Mihara.
Le port de Habu
A l’extrême sud de l’île, on l’oublie trop souvent car le ferry ne le dessert pas, le troisième et dernier port vous séduira pour son charme d’antan préservé. Ces ruelles étroites aux maisons en bois traditionnelles sont dignes d’une autre époque.
Découvrir la Nature
Amoureux de la faune et de la flore, il faudra vous rendre au Ôshima Park, un ensemble aussi étendu que varié. Vous y trouverez un vaste zoo, ainsi que le Sakura Kabu, le plus grand et le plus ancien des cerisiers d’Ôshima. L’île est également très réputée pour sa fleur de camélia (tsubaki, 椿), qui en est le symbole. La pleine floraison a lieu de début janvier à mi-mars, et vous pourrez les admirer au Camellia Garden, ou au Camellia Tunnel de 100 mètres de long. Ensemble, ces différents lieux réunissent près de 1000 variétés de camélias. Les habitants récoltent les graines pour en faire une huile pure, tsubaki abura, riche en acide oléique, que l’on peut consommer ou utiliser en soin de la peau et des cheveux.
Près de la plage de Sanohama, au sud, vous pourrez admirer sur 800 mètres de long et 30 mètres de haut la Senba Stratum Section, des strates qui se sont formées il y a plus de 15000 ans suite aux éruptions volcaniques du Mont Mihara.
De nombreux festivals et activités ont lieu toute l’année. Avant de partir, pensez à demander les brochures des îles aux offices du tourisme.
Où se loger à Ôshima ?
Pour les petits budgets et les amoureux de la Nature, le camping Umi no Furusato Mura (site en japonais uniquement) propose plusieurs formules abordables (emplacements avec ou sans tentes, bungalows). Situé à l’est de l’île, il reste un peu excentré des centres et des ports, ce qui peut le rendre difficile d’accès sans véhicule. Une navette réservée aux campeurs peut être affrétée sur réservation. Le Toshiki Campground, plus au sud, vous permet de planter gratuitement votre tente au milieu d’une Nature sauvage.
Autre solution « petit budget », loger en guesthouse avec Caravan Flake, un lieu jeune et convivial, plutôt bien conçu. Le confort y est minimal, le petit-déjeuner frugal (notez qu’il est offert), mais vous pourrez rencontrer et échanger avec les voyageurs, stocker des provisions et manger à vos frais si vous le souhaitez (établissement équipé d’une petite cuisine en libre accès), louer des vélos pour 2.000 yens la journée, improviser un barbecue… le staff parle anglais et est toujours de bons conseils.
Entre autre, vous trouverez beaucoup de minshuku (chambres d’hôtes) pour loger chez l’habitant et plusieurs hôtels.
Où se restaurer à Ôshima ?
Le rythme de vie à Ôshima peut surprendre, surtout en basse saison. Pour faire simple, les habitants vivent au rythme du soleil qui se lèvent tôt et se couchent très tôt. Lorsque les jours sont courts, les magasins et les restaurants ferment TRÈS tôt, dès la nuit tombée donc au milieu de l’après-midi (les bus cessent de circuler également). Attention à ne pas vous laisser surprendre au risque de rater un dîner… Je vous recommande deux belles adresses, plébiscitées.
-
Sushikou (寿し光) Ôshima Bussan : un lieu typique, où la spécialité du chef réside dans les délicieux sets de sushis et préparations à base de poissons frais. Ne tardez pas, car il y a souvent une file d’attente pour goûter à ces délices.
-
Zakoya Kiyoumaru (雑魚や紀洋丸) : recommandé par l’office du tourisme, ce restaurant propose une cuisine japonaise traditionnelle. Tellement prisé qu’il vaut mieux réserver votre table à l’avance.
L’île regorgent de bons restaurants… A vous d’oser pousser la porte d’une échoppe. Ôshima est également connu pour sa culture d’ashitaba, une plante aux pouvoirs de régénérations stupéfiants, que l’on mange cuite, crue, ou en tempura. Vous retrouverez aussi la spécialité des îles Izu : le Kusaya. Dérivé du mot kusai (臭い, littéralement « nauséabond »), il s’agit de poissons marinés puis séchés au soleil pendant des heures… À essayer !
Comment s’y rendre et s’y déplacer ?
Au départ de Tokyo
Le plus rapide (mais le plus onéreux) reste l’avion, très pratique pour aller d’île en île, mais le peu de vols vous obligera à planifier votre séjour en avance. Sinon, il faudra 1h45 en Jet Ferry pour gagner Ôshima, ou environ 6h de nuit en Ferry classique (les horaires sont ici). Pour le retour, la traversée s’effectue en 4h30 environ.
N’hésitez pas à vous renseigner auprès de la compagnie Tokai Kisen qui gère les transports (le personnel du bureau tokyoïte de Takeshiba parle anglais). L’île d’Ôshima est également accessible facilement depuis Atami, Kurihama et Tateyama. Étant la plus proche des îles depuis la capitale, elle est aussi la plus visitée pendant les week-ends et jours fériés. Privilégiez peut-être une île un peu plus reculée si vous souhaitez goûter à la tranquillité en haute saison.
Le réseau de bus
Comme toujours, vous trouverez des enseignes de location de vélos en centre-ville, mais la topographie de l’île et ses 91km² vallonnés pourraient bien vous en décourager…
Un réseau de bus qui relie tous les points touristiques de l’île et peut dépanner. Mais sachez que les tarifs sont un peu chers (nous sommes toujours à Tokyo) et que les horaires restent assez contraignants. Il existe des Pass de transports illimités pour un ou deux jours, ce qui constitue une bonne option.
En basse saison (d’octobre à avril), louer un véhicule motorisé vous fera gagner du temps, car la fréquence est d’environ un bus par heure et le service s’arrête vers 17h30… En haute saison (de mai à septembre), la fréquence est un peu plus étendue et adaptée. Les offices du tourisme pourront vous expliquer au mieux le fonctionnement du réseau, mais sachez que celui-ci dépend beaucoup de l’arrivée des ferry au port. Pour résumer, selon les conditions climatiques, les ferry accostent soit au port de Okata (par mauvais temps) soit au port de Motomachi (par beau temps). Il faut consulter tous les matins, à partir de 7h30, le site web japonais de Tokai Kisen pour connaître quel port sera utilisé dans la journée (cela vaut également si vous devez quitter l’île en bateau). Pour rejoindre le Mont Mihara, un bus fera la liaison seulement à partir du port en question.
Quelques règles de sécurité
L’activité sismique et volcanique de l’archipel contraint la population a être « préparée ». C’est pourquoi des centres d’évacuations sont implantés un peu partout dans les îles Izu, et le plus souvent en hauteur pour prévenir des tsunamis. Si vous ressentez un fort séisme, restez calme, suivez les instructions des autorités qui vous demanderont de rejoindre sans attendre le centre sécurisé le plus proche, indiqué au sol sur les routes.
Découvrez également l’île de Niijima par ici, une plus petite île de l’archipel.