Article réalisé en partenariat avec l’île de Sado.
Le théâtre Nô, une forme de dramaturgie traditionnelle japonaise, occupe une place toute particulière dans l’histoire de l’île de Sado, la sixième plus grande île du Japon. Utilisée par le passé comme terre d’exil, l’île accueillit au 15ème siècle le dramaturge Zeami, figure illustre de ce type de théâtre. De passage dans le village d’Hamochi pour son festival annuel, j’ai eu la chance d’assister à une représentation de théâtre Nô sur l’une des scènes les plus emblématiques de l’île. En voici un petit résumé.
Un peu d’histoire
Le théâtre Nô puise son inspiration du côté de la religion, puisqu’il était à l’origine destiné à célébrer les divinités lors de danses en costumes et en masques. Avec les années d’autres inspirations plus profanes vinrent compléter ces célébrations par des acrobaties ou des textes comiques.
Mais ce fut véritablement au cours de l’ère Muromachi (1336-1573) que le théâtre Nôh tel qu’il est encore représenté aujourd’hui pris sa forme définitive, plus codifié et raffiné. C’est également à cette époque là qu’il s’éloigna d’une forme d’art populaire pour devenir un divertissement prisé de l’élite japonaise, notamment chez les shoguns et samouraïs.
Parmi les règles codifiant le théâtre Nô, tout d’abord celle d’une trame narrative qui se doit de rester simple, s’attachant à transmettre une émotion forte. Un autre exemple de ces règles : les acteurs se répartissant en deux groupes. Avec l’acteur principal d’un côté, le shite, qui est au coeur de l’action et revêt un masque, et les acteurs secondaires de l’autre, appelés waki, restant sur le côté et ne portant pas de masque. La scène reste très épurée, avec pour seul décor une peinture murale dans le fond, le plus souvent un pin.
Et si les costumes et masques jouent un rôle central dans le théâtre Nô, la musique est elle aussi très présente, venant rythmer les actions du héros.
Pour la petite anecdote, et pour prendre la mesure de la richesse de la culture Nô, il s’agit d’une des première formes d’art à avoir été inscrite au Patrimoine Immatériel de l’UNESCO depuis 2008. Rien que ça !
L’exception culturelle de l’île de Sado
Comme je l’évoquais plus haut, la richesse du théâtre Nôh fut importée une première fois sur l’île de Sado avec l’exil du dramaturge ayant contribué à codifier et parfaire cet art, Zeami. Mais c’est finalement un peu plus tard, sous l’ère Edo, que cette forme d’art gagna vraiment en popularité sur l’île, sous l’impulsion du député et ancien acteur Nagayasu Okubo. Des scènes dédiées au théâtre Nô furent installées un peu partout sur l’île, le plus souvent dans l’enceinte de temples. Au plus fort de sa popularité, l’île de Sado regroupait à elle seule plus de 200 scènes ! Malgré ce nombre redescendu à 30 aujourd’hui, l’île comprend malgré tout un tiers des scènes de théâtre Nô du Japon. Chaque année des performances y sont données de Juin à Août et il est même possible de suivre des ateliers d’initiation.
Assister à une pièce de théâtre Nô
C’est pour ma part dans le village d’Hamochi, dans l’enceinte du sanctuaire Kusakari que j’assistais pour la toute première fois à une pièce de théâtre Nô. Et il ne s’agit pas de n’importe laquelle des scènes, puisque celle-ci est considérée comme étant l’une des premières à avoir accueilli des représentations sur l’île de Sado.
Le cadre à lui seul est un spectacle ! Ayant passé l’après-midi dans une ambiance de célébration lors du festival annuel du village d’Hamochi, je me retrouvais après quelques minutes de marche dans un tout autre environnement, en pleine nature, dans le plus grand des calmes. C’est ici que prendra fin le festival, sur une pièce de théâtre Takigi Nô, présentant la particularité d’être éclairée au flambeau.
Une fois dans l’enceinte du temple, je découvre la magnifique scène de théâtre Nô et son épais toit de chaume.
Quelques planches sont installées dans l’herbe face à la scène où les acteurs sont déjà en train de réciter leurs vers. Il ne s’agit pas encore de la pièce principale, qui n’aura lieu qu’à la tombée de la nuit, mais je peux déjà me rendre compte de la discipline et des codes propres à cet art. Plusieurs groupes d’acteurs non masqués se succèdent, se livrant à des danses et chants répétés à l’identique, très millimétrés. L’ambiance est quasi religieuse, l’audience étant extrêmement silencieuse et concentrée.
Devant partir un peu plus tard rejoindre mon ryokan, je n’aurai malheureusement pas l’occasion d’assister à la représentation principale de la soirée. J’assisterais néanmoins à l’un des interludes comiques propres au théâtre Nô pour faire retomber la tension et la concentration. Malgré la barrière de la langue, la gestuelle est simple, universelle et le comique de situation opère très vite.
C’est alors un tout autre public que je laisse derrière moi, riant aux éclats sous leurs plaids tout en profitant d’un petit en-cas.
Se rendre sur l’île de Sado
Depuis Tokyo : D’abord rejoindre Niigata. Le trajet Tokyo-Niigata se fait très facilement en train via la ligne de Shinkansen Joetsu. Compter environ 2 heures. Il vous faudra ensuite emprunter un ferry depuis le port de Niigata, situé à seulement 3km de la gare.
Les ferrys de Sado Kisen font le trajet depuis Niigata jusqu’au port de Ryotsu sur l’île de Sado plusieurs fois par jour. Vous pourrez opter pour un ferry express pour un trajet d’une petite heure ou pour le ferry classique effectuant la liaison en 2h30 environ. Voici leur site internet (disponible en anglais) pour plus d’informations sur les horaires et tarifs.
Vous pourrez également vous munir du Sado Niigata pass, comprenant un pass bus d’un jour dans Niigata, le trajet aller-retour de la gare de Niigata au départ du ferry, le trajet aller-retour en ferry pour rejoindre l’île de Sado ainsi qu’un pass bus de 3 jours sur l’île. Le tout au tarif avantageux de 4000 yen par adulte et 2000 par enfant. Retrouvez plus d’informations par ici. Pour se déplacer sur l’île, il est bien sûr également possible de louer une voiture sur place ou d’emprunter un taxi.
Depuis Kanazawa : Rejoindre le port de Naoetsu via la ligne de Shinkansen Hokuriku puis un bus local, avant de prendre le ferry pour rejoindre le port d’Ogi. N’hésitez pas à consulter le site internet de la compagnie de ferry pour plus de détails.
Vous pouvez également profiter du Sado Joetsu Pass comprenant un ticket avec usage illimité pendant 2 jours de la ligne de train Echigo Tokimeki, un trajet en bus aller-retour de la gare JR Joetsu-Myoko jusqu’à l’embarcadère du ferry Sado Kisen Naoetsu ainsi que les tickets aller-retour en ferry. Le pass est à 7000 yen par adulte et 3500 yen pour les enfants. Pour se déplacer sur l’île, il est bien sûr également possible de louer une voiture sur place ou d’emprunter un taxi.
Plus de détails sur les transports dans un précédent article Voyapon juste ici.
Informations pratiques
Pour en apprendre plus sur le théâtre Nô et les autres traditions de l’île de Sado, rendez-vous sur le site internet de l’office du tourisme de Sado.
Besoin de plus d’informations ? Vous pouvez retrouver toutes les informations à jour sur l’histoire de Sado, les sites touristiques, les hébergements, la gastronomie et les transports ici.
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