Article réalisé en partenariat avec l’Association de tourisme de Kyushu.
L’île de Kyushu, la plus au Sud des quatre îles principales constituant l’archipel japonais, n’est pas souvent choisie comme point de passage lors d’un premier voyage au Japon. JR pass et jours de congés limités obligent, on privilégie plutôt les plus classiques Tokyo, Kyoto, Osaka ou encore Hiroshima. S’il s’agit néanmoins de votre second voyage au Japon ou que vous vous sentez d’humeur aventurière, un petit détour hors des sentiers battus ne devrait pas vous décevoir. Avec sa nature sauvage et omniprésente, son histoire et patrimoine culturel si riches, ses habitants accueillants et ses spécialités culinaires savoureuses, l’île de Kyushu recèle de trésors à découvrir.
Et si visiter la totalité des sept préfectures de l’île n’est sans doute pas envisageable sur quelques jours seulement, il est tout à fait possible de se concentrer dans un premier temps sur la moitié Nord en rayonnant autour de la ville de Fukuoka. À commencer par la préfecture d’Oita, dont voici une sélection (non exhaustive) de choses à faire et à voir sur place.
Avant de démarrer cet itinéraire de découvertes, précisons tout de même qu’il est possible de se déplacer en transports en commun sur l’île de Kyushu, mais qu’il ne s’agit sans doute pas du mode de transport le plus pratique ni le plus flexible. Afin de profiter au mieux de votre séjour, et notamment du circuit proposé ci-dessous, l’idéal est de louer une voiture sur plusieurs jours afin d’explorer la région à votre rythme. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet au lien suivant.
Note: toutes les informations pratiques concernant les diverses adresses données ci-dessous sont à retrouver en fin d’article, sur la carte.
Visiter Kitsuki en kimono
Démarrons donc cet itinéraire par une douce et paisible plongée dans le passé avec la visite de la petite ville de Kitsuki. Si vous prévoyez un trajet de l’aéroport d’Oita jusqu’à la fumante Beppu, ne manquez pas de faire un arrêt par Kitsuki, qui abrite aujourd’hui encore d’anciennes demeures de samouraï. Mais avant de se lancer dans l’exploration de cette ville typique de l’époque d’Edo, un petit changement de tenue s’impose… L’attraction principale ici n’est pas simplement de se promener dans la ville, mais de le faire en kimono ! La ville encourage ainsi les voyageurs de passage à faire l’expérience du Japon d’autrefois en proposant aux personnes ayant loué un kimono pour la journée de visiter gratuitement tous les établissements publics alentours (château de Kitsuki, musée de la ville, résidences de samouraï…).
Direction donc la boutique de location de kimono Warakuan, juste en face de la mairie, pour commencer la journée. Avec une sélection de plus de 300 modèles, il y en a pour tous les goûts et toutes les tailles; des yukata plus légers et informels pour les chaudes journées d’été, aux plus traditionnels et épais kimono. Couleurs, motifs, mais aussi manière de nouer la ceinture (obi), il y a beaucoup à choisir !
Le personnel, bienveillant et de bon conseil, vous aidera à affiner vos choix avant de passer en cabine pour ajuster votre tenue. Enfilant un kimono pour la première fois, je découvrais un véritable rituel tout aussi minutieux que fascinant. Les couches s’empilent et les attaches se resserrent dans un savant jeu de nouage qu’il semble difficile à effectuer seule, sur soi-même ! Quelques accessoires vous seront également fournis pour compléter le tout: barrettes à cheveux (qu’il faudra attacher s’ils sont longs), sac à main et ombrelle. Une fois les claquettes japonaises – ou geta – enfilées, c’est partie pour une promenade dans les rues pittoresques de Kitsuki.
Depuis la boutique de location de kimono, démarrez votre promenade en partant à gauche sur l’allée commerçante de Kitsuki.
On remarque alors très vite l’organisation assez particulière de la ville dite “en sandwich”, avec cette petite rue commerçante surplombée de chaque côté par une colline. Seigneurs et samouraï avaient élu domicile sur les hauteurs tandis que les boutiques et artisans se trouvaient déjà en contrebas. Une topographie très hiérarchisée, typique de l’époque d’Edo.
Pour rejoindre le sommet de ces collines et les résidences de samouraï qui peuvent y être visitées, deux rues en pente se font face. On trouve d’un côté la “pente du fabricant de vinaigre” ou “Suya no Saka”, et de l’autre la “pente du fabricant de sel” ou “Shioya no Saka”. Pour la petite anecdote, cette vue particulièrement atypique est souvent utilisée comme décor pour feuilletons ou publicités japonaises ! C’est probablement la vue la plus connue de Kitsuki et mérite bien d’être immortalisée.
Après avoir gravi la “pente du sel” à petits pas – et oui je suis en kimono ! – il est très facile de rejoindre le Musée historique de la ville féodale de Kitsuki. Malheureusement de passage dans la ville un lundi (jour de fermeture du musée), j’ai pu néanmoins accéder à la plateforme panoramique Minamidai un peu plus loin. Le point de vue offre un panorama dégagé sur la mer qui entoure la ville et surtout sur le tout petit château de Kitsuki au loin, le plus petit du Japon !
En grimpant la “pente du vinaigre” de l’autre côté, on remarque l’accès qui se resserre à mesure que l’on progresse, vestige de stratégies de défense de l’époque.
Au sommet, les anciennes résidences de samouraï se suivent et ne se ressemblent pas toujours: toit en chaume pour certaines ou en tuiles pour d’autres, espace intérieur conservé comme à l’époque ou réaménagé en salon de thé…
En poussant les portes de la résidence Ohara, on découvre un intérieur très minimaliste, avec peu de meubles. Le tout est très bien conservé et les nuances d’une pièce à l’autre sont subtiles, comme le tatami tressé plus ou moins finement selon les pièces. De pièce en pièce, le mode de vie de ces guerriers de haut rang se dévoile un peu plus: face à l’autel où il était possible de s’entraîner au tir à l’arc et prouver ses compétences aux ancêtres, dans la salle à manger où l’on découvre non pas une grande tablée mais des petites tables individuelles pour la prise des repas, ou encore dans la salle de bain où un système ingénieux permettait de récupérer les eaux usées afin de les recycler.
Après un tour dans le charmant jardin japonais attenant, vous pourrez vous installer dans la demeure d’à côté, celle de la famille Nomi, pour une tasse de thé et une petite douceur. Une harpe japonaise, ou koto, est même laissée à disposition des visiteurs les plus curieux.
Le temps semble s’être arrêté à Kitsuki, où il fait bon déambuler dans les ruelles si bien conservées et préservées de tout équipement trop moderne. Des anciennes demeures de samouraï en passant par le château sans oublier de rendre visite aux commerçants locaux (fabricant de miso, pâtisseries…), il y a de quoi passer la journée sur place !
Astuce #1 : Si vous ne l’avez pas déjà récupérée au Centre d’informations, commencez votre journée par faire un saut à la mairie, juste en face de la boutique de location de kimono, pour prendre une brochure de la ville… disponible en Français ! Vous y trouverez même un petit QR code pour accéder à un guide audio qui vous accompagnera durant votre visite. Vous pourrez d’ailleurs vous connecter au Free Wifi de la ville afin de charger le site internet. Une brochure en anglais est également disponible au lien suivant.
Astuce #2 : Si vous ne louez pas de kimono, il vous faudra payer les entrées aux différents sites touristiques. Notez qu’il est possible d’acheter un pass d’un montant de 800 yens vous donnant accès à tous ces établissements pendant la journée plutôt que de les payer à l’unité.
Pousser les portes d’une brasserie de saké
Et puisque j’en viens à parler des commerçants et artisans locaux, l’heure est venue de prendre une petite pause saké ! Si durant l’ère Edo la très prospère Kitsuki disposait de nombreuses brasseries de saké, une seule d’entre elles à su traverser les époques et reste active aujourd’hui: la maison Nakano-shuzo. Installée depuis plus de 100 ans, l’établissement en est aujourd’hui à sa sixième génération de brasseurs.
Et si la production de saké vous intéresse, sachez que la brasserie peut être visitée ! Une fois passés les rideaux à l’effigie d’une femme japonaise, emblème de la maison, vous tomberez dans un premier temps sur la boutique.
Sur votre gauche, vous apercevrez les bureaux de la brasserie et sur la droite, une salle exposant prix reçus, articles de presse, photographies ou encore tenue traditionnelle de brasseur.
Mais c’est au fond de la cour que vous serez guidés, du côté de la cuverie. Vous y découvrirez les différentes étapes de fabrication de cet alcool japonais; de la sélection d’un riz de qualité et d’une eau pure – ici puisée à 200 mètres de profondeur sous la brasserie – à la mise en bouteille, en passant d’abord par la fermentation et la purification.
Une petite dégustation vous permettra de goûter aux différents sakés de la maison, et notamment celui ayant tout récemment reçu le prix du président lors du concours français de sakés japonais Kura Master. Tandis qu’il me serre un verre, le propriétaire de la brasserie m’explique que si le saké du Nord du Japon est sans doute le plus connu, le saké de Kyushu est quant à lui en train de devenir de plus en plus recherché.
Cette institution familiale, où seulement six personnes travaillent, ne produisant pas des quantités énormes de saké et n’exportant pas non plus, vous n’aurez d’autre choix que de venir y goûter en personne…
Goûter aux spécialités locales au restaurant Wakaeya
Afin de poursuivre votre plongée dans le Japon d’autrefois, direction le restaurant Wakaeya à l’heure du déjeuner, un établissement qui a ouvert ses portes en 1698 ! Vous pourrez goûter ici à un plat typique de Kitsuki, préparé depuis la période Edo et très apprécié des seigneurs de l’époque: le tai chazuke Ureshino.
Si le chazuke est à l’origine un plat très simple à base de riz et de thé vert, sa version plus haut de gamme, revisitée par l’établissement, inclut quelques morceaux de dorade fraîchement pêchée ainsi qu’un assaisonnement à base de sésame dont la recette reste un secret bien gardé. Accueilli par M. Goto, le 16ème maître des lieux, vous serez guidé jusqu’à votre table située dans une petite pièce privée si vous êtes peu nombreux, ou bien dans la salle à manger décorée d’une scène de théâtre Nô si vous venez en groupe.
Si vous pouvez goûter ici à de nombreux plats locaux (dorade grillée, viande de porc cuite à la vapeur…), le tai chazuke Ureshino est un incontournable ! Un délicat bol de porcelaine bien garni de riz et de poisson sera placé devant vous, avant qu’un thé vert fumant y soit versé en guise de bouillon.
Recouvrez votre assiette du petit couvercle prévu à cet effet pendant trois secondes, et c’est prêt à être dégusté. Un plat très léger et digeste, aux parfums subtils de sésame et de thé vert accompagnant le poisson qui fond en bouche. Un délice ! Pour finir sur une touche sucrée, commandez quelques warabi mochi avant de reprendre votre balade dans Kitsuki.
Difficile après cette parenthèse si paisible et authentique de poser son kimono, rechausser ses baskets et laisser derrière soi celle que l’on surnomme la petite Kyoto de Kyushu… Mais reprenons plutôt la route pour continuer à explorer la préfecture d’Oita !
Parenthèse au vert dans le parc national d’Aso-Kuju
Direction le parc national d’Aso-Kuju, à cheval sur les préfectures d’Oita et de Kumamoto, pour une immersion en pleine nature. Ce parc créé dans les années 30 tire son nom du Mt Aso, le plus grand volcan actif du Japon, et du massif montagneux de Kuju. Si le Mt Aso et sa caldera se situent plus au Sud, dans la préfecture de Kumamoto, vous pourrez rejoindre le Nord du parc en environ 1h30 de voiture depuis Kitsuki. Une route par ailleurs magnifique, bordée de sommets recouverts d’une végétation dense, de laquelle s’échappent de temps à autre quelques fumerolles laissant trahir l’activité volcanique souterraine. Tandis que l’on enchaîne les lacets et que l’on prend de la hauteur, le panorama qui se dévoile est de plus en plus impressionnant !
Kuju Winery
Et si l’endroit est bien entendu réputé pour ses sentiers de randonnée, ses onsen magnifiques et sa végétation, une visite d’un tout autre genre vous attend également sur place: celle d’un vignoble ! N’ayant pas connaissance de l’existence de domaines viticoles au Japon avant ma visite, j’étais encore plus surprise d’en découvrir un dans un tel environnement montagneux.
Ce domaine viticole familial, en activité depuis 2002, comprend non seulement plusieurs hectares de vignes et une cuverie, mais également un espace boutique et dégustation ainsi qu’un restaurant proposant des pizzas cuites dans un véritable four en pierre.
Et c’est par une dégustation et quelques explications que l’expérience commence. Plusieurs appellations, notamment françaises, sont reproduites ici: Merlot, Pinot noir, Chardonnay… Mais l’on m’explique que les conditions météorologiques du massif montagneux de Kuju sont loin d’être optimales pour faire pousser tous les raisins – il leur est notamment impossible de récolter du Cabernet Sauvignon – et les encourage à développer leur propres appellations, telle que le Kushifuru no yume. Vin rouge, vin blanc, rosé ou vin pétillant, l’offre est variée et on en trouve pour tous les goûts (même du jus de raisin, sans alcool).
Et si le vin dégusté est très bon, c’est plutôt à l’extérieur que se trouve le clou du spectacle. Visitant le domaine par une belle après-midi ensoleillée de septembre, en pleines vendanges, c’est un cadre magnifique qui s’offre à mes yeux. Les rangs de vignes au premier plan, chargés de raisins bien mûrs que l’on m’invite à goûter, sur fond de montagnes majestueuses se détachant sur le ciel bleu.
De la verdure à perte de vue et une atmosphère très calme et reposante. Après un tour dans les vignes, auprès des vendangeurs silencieux et minutieux, filez vous installer en terrasse pour profiter de la vue et de l’air pur. Agrémentez ce décor de carte postale d’une assiette de charcuterie fumée ou bien d’une pizza croustillante servie avec un verre de vin pétillant, et vous n’aurez plus jamais envie de repartir !
Resonate Club Kuju Resort
Et puisqu’il est si agréable de passer du temps au coeur du parc national d’Aso-Kuju, pourquoi ne pas y passer la nuit? À quelques minutes seulement du vignoble Kuju Winery se trouve l’établissement hôtelier Resonate Club Kuju.
En pleine nature, les chambres spacieuses de cet hôtel se présentent sous la forme de petits bungalows auxquels on accède via un patio extérieur couvert. Les chambres disposent toutes d’une magnifique vue sur la nature environnante tout en préservant l’intimité de chacun. Impossible depuis ma chambre de voir ou d’être vue par mes voisins de droite ou de gauche.
Vous trouverez sur place de quoi vous détendre et recharger vos batteries après une journée passée à explorer le parc: des onsen en intérieur ou en extérieur, commun ou privatif, deux restaurants, l’un de style occidental et l’autre de style japonais, une petite boutique de souvenirs, un espace lecture et bien évidemment des chambres tout confort, que vous pourrez là aussi choisir dans un style occidental ou japonais.
Bien que l’établissement soit relativement grand et dispose de nombreuses chambres, il y règne un calme très reposant. À la tombée de la nuit comme au lever du soleil, seuls les bruits des insectes et le chant des oiseaux se font entendre. Côté restauration, le dîner de style occidental vous fera goûter aux spécialités de la région dans des plats aux saveurs raffinées.
Quant au petit-déjeuner sous forme de buffet, il vous permettra de composer votre assiette selon vos goûts et votre appétit.