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Pour profiter de la Golden Week, nous avons eu une idée en or. Nous avons réalisé en famille le vieux rêve de goûter au paradis tropical d’Okinawa. Je rêvais depuis longtemps de cet archipel au nom évoquant d’agréables eaux turquoise caressant un sable blanc. Mais mon séjour m’a réservé d’autres surprises encore. Après avoir goûté à l’éden balnéaire de l’île d’Ishigaki, nous avons laissé tongs et tubas pour une excursion sur l’île voisine d’Iriomote, une virée riche en émotions dans la jungle japonaise. Cap sur Iriomote pour une expérience digne d’aventuriers en herbe dans une nature à l’état brut.

L’écosystème de la jungle subtropicale d’Iriomote

Iriomote est la deuxième plus grande île de l’archipel d’Okinawa après l’île principale. C’est l’île la plus grande de l’archipel de Yaeyama. Le parc national d’Iriomote-Ishigaki s’étend sur les deux îles dont il porte le nom. Des montagnes coiffées de jungle sont irriguées de rivières.

Le climat subtropical d’Okinawa donne à l’île d’Iriomote une multitude de sources d’eau jaillissantes et de cascades grondantes. La saison des pluies, appelée tsuyu (梅雨), intervient avec un mois d’avance par rapport aux îles principales de l’archipel nippon, soit en mai et juin.

forêt de mangroves sur Iriomote à Okinawa
La végétation s’adapte aux conditions de la mangrove d’Iriomote.

Arborant un paysage subtropical, Iriomote est couverte à 90% de forêts d’arbres à feuilles persistantes. Au pied de montagnes de faible altitude, l’île arbore la plus grande couverture forestière de mangrove du Japon. Les palétuviers poussent aux embouchures des rivières et le long des côtes, dans des écosystèmes marécageux. Leurs racines sont dotées d’un judicieux système de filtrage de l’eau. Ce système racinaire leur permet de s’adapter aux conditions changeantes des environnements saumâtres.

La biodiversité d’Iriomote : faune et flore

Sous les bosquets de pins et de palmiers, entre les fougères, s’épanouissent toutes sortes de plantes à fleurs : rhododendrons, orchidées, bougainvilliers, hibiscus… Certaines essences végétales sont endémiques, comme le Yaeyama-kan-aoi, un gingembre sauvage, et l’Iriomote-gaya, une herbe asiatique. Invités privilégiés dans cet univers hors du temps, les randonneurs enjambent les étonnantes racines de l’arbre Sakishima Suonoki (Heritiera littoralis), qui prennent la forme de contreforts ondulés.

Riche d’une incroyable biodiversité, Iriomote abrite aussi un large éventail d’espèces sauvages, endémiques pour certaines. Ses forêts, rivières et rivages sont un refuge pour la vie sauvage. Citons oiseaux, lézards, tortures marines, mille-pattes, serpents, singes, aigles huppés des serpents, papillons et lucioles endémiques des îles Yaeyama. Dans la seule rivière Urauchi, la plus longue d’Okinawa, on recense près de 400 espèces de poissons , ce qui en fait l’une des rivières japonaises à la biodiversité la plus riche ! Il est d’ailleurs possible de partir en excursion sur le fleuve Urauchi.

palétuvier dans une mangrove sur l'île d'Iriomote au Japon
Palétuviers dans la mangrove d’Iriomote

Star de l’île, le chat d’Iriomote est une espèce de chat sauvage endémique. En danger critique d’extinction, elle est protégée, et figure sur la « liste rouge » de l’Union internationale pour la conservation de la nature. La population est estimée à une petite centaine d’individus seulement. On a eu beau ouvrir l’œil au bord des routes et au cœur de la jungle, nous n’avons malheureusement croisé ce jour-là aucun de ces félidés locaux.

Éco-excursion à la journée entre jungle et mangrove

Osons vivre l’expérience de la jungle subtropicale ! Pour devenir aventuriers d’un jour, nous avons opté pour une excursion à la journée. Au programme : circuit en kayak dans la mangrove, et randonnée guidée dans la forêt tropicale. Parce qu’une sortie dans la jungle ne s’improvise pas, mieux vaut éviter de partir seul. L’expérience de terrain d’un guide accompagnateur est une précieuse garantie de sécurité dans cet environnement onirique, mais aussi peuplé de dangers. Les guides connaissent le terrain et la faune. Ils savent par exemple réagir en cas de piqûre ou de morsure. Dans tous les cas, on reste sur les sentiers, afin de préserver l’écosystème.

excursion en canoë sur la rivière Nishida à Iriomote
Groupe de kayakistes dans un méandre de la rivière Nishida

Levés dès potron-minet, nous avons embarqué vers 8h30 sur un ferry au port d’Ishigaki, au sud de l’île. La traversée elle-même restera mémorable. Dans l’habitacle du bateau, nous sommes étourdis par le ronronnement assourdissant du moteur et les mouvements incessants du bateau qui n’en finit plus de tanguer.

Une heure plus tard, nous débarquons sur Iriomote, assommés et plus au moins nauséeux. Sur le quai du port d’Uehara, une hôtesse nous accueille. Deux jeunes couples japonais nous accompagnerons pour l’excursion.

Un van nous conduit en 10 minutes jusqu’au camp de base de Nishitagawa de l’agence Iriomote Duck Tours, à l’orée de la jungle. Nous prenons place autour de tablées en plein air, mais abritées. On nous présente le programme de la journée, le matériel, et un récapitulatif des règles de sécurité, puis l’équipement est distribué.

Canoë-kayak sur la rivière Nishida, le long de la mangrove

Depuis le camp de base, nous rejoignons la mangrove en quelques minutes. Des pontons de bois surplombent les marécages. Ils donnent accès aux berges où sont arrimés les canoës-kayaks.

pontons en bois sur l'île d'Iriomote
Des pontons de bois enjambent la mangrove jusqu’au point d’embarquement des canoës-kayaks.

Notre petite troupe largue enfin les amarres, par équipes de deux pagayeurs par canoë. Nous remontons la paisible rivière Nishida, longeant la mangrove de Yaeyama Hirugi, dans un paysage digne de l’Amazonie.

excursion en canoë dans la jungle à Okinawa
Sur la rivière Nishida, les kayakistes se suivent tranquillement.

La rivière se situe au niveau de la mer. Le dénivelé est faible et le débit de la rivière très doux. Les pagaies plongent dans des eaux placides. À proximité des berges, des crabes violonistes s’ébattent dans les vasières. Des cris d’oiseaux s’élèvent, résonnent de loin en loin entre les pitons couverts de forêts.

un homme faisant du canoë sur l'île d'Iriomote à Okinawa, au Japon
Kayakiste sur la rivière Nishida

L’axe du bateau déviant en permanence, on rame en duo pour le redresser et le maintenir droit. Pour tourner dans une direction, on pagaie de l’autre côté. C’est le pagayeur assis à l’arrière qui joue un rôle de gouvernail. Les kayakistes avertis se baladent, mais les novices se régalent tout autant, car le parcours ne présente aucune difficulté technique. Le rythme du groupe est déterminé par l’avancement de la dernière embarcation.

Trek dans la jungle de l’île d’Iriomote

Tout le monde débarque ! Mais attention : nous ne sommes pas vraiment à pied sec. Alors que la saison des pluies a déjà débuté dans l’archipel d’Okinawa, le sol gorgé d’eau ressemble à un terrain de boue. Nous quittons les berges et la mangrove pour nous enfoncer, un peu plus en amont, dans la forêt tropicale.

Visiter la jungle japonaise, c’est découvrir une facette du Japon plutôt méconnue et souvent insoupçonnée. Au fil d’un sentier de montagne, nous évoluons dans une jungle préservée, sous un ciel de feuillages, les pieds dans la boue. Pendant près d’une demi-heure, nous marchons prudemment sur des sentiers de terre détrempée. Nos pas s’enfoncent dans le sol meuble et font gicler les mares de boue. Nous glissons sur les racines et les rochers qui entravent le sentier. Nous prenons appui sur les pierres et nous nous accrochons aux lianes qui passent au-dessus de nos têtes. La bande-son de la forêt tropicale – crissements de grillons, cris d’oiseaux – nous enveloppe. Mystique !

Univers inconnu et hostile, la jungle nous éloigne de notre zone de confort et nous fait flirter avec nos limites. Elle nous rapproche, aussi : nous voici seuls, isolés du monde et tous unis. Notre guide nous raconte qu’elle a quitté sa ville natale et la vie urbaine pour la jungle, sans aucun regret. Elle est ici dans son élément. Nos compagnons de voyage, comme la plupart des Japonais, ne prennent que très peu de jours de congés dans l’année. Ils ne passeront que deux ou trois jours dans l’archipel d’Okinawa. Citadins eux aussi, ils vivent leur toute première expérience dans la jungle, et leur aventure de l’année. Quant à nous, nous sommes partagés : certains ont envie de retrouver au plus vite le confort de la plage, quand d’autres sont touchés par l’appel de la forêt tropicale, littéralement exaltés par ce parfum d’aventure. Pour ma part, c’est un peu des deux…

Les cascades de Sangara et sa piscine naturelle

Au terme d’une marche précautionneuse, les feuillages s’ouvrent finalement sur les cascades de Sangara (サンガラの滝). On s’en approche en s’immergeant dans le bassin naturel situé au pied de la chute d’eau. Les adultes ont alors de l’eau jusqu’à mi-hauteur. Hautes de 4 mètres et larges de près de 30 mètres, les cascades de Sangara ont la particularité de pouvoir être vues de l’intérieur. On peut en effet passer derrière le rideau d’eau !

une cascade dans la jungle au Japon sur l'île d'Iriomote
On peut passer derrière le rideau d’eau des cascades de Sangara, et ainsi admirer le site sous un autre angle.

L’air est empli d’ions négatifs aux multiples effets bénéfiques sur la santé et l’humeur : bénéfices cardiovasculaires et respiratoires, oxygénation des tissus, amélioration de la tonicité, réduction du stress, lutte contre les troubles du sommeil, les migraines…

Longue cascade en pleine jungle dans l'île japonaise d'Iriomote, dans l'archipel d'Okinawa
L’eau des cascades de Sangara chute de 4 mètres dans un bassin naturel.

Les cascades de Sangara se jettent dans un bassin. C’est un spot idéal pour une baignade dans une piscine naturelle délicieusement rafraîchissante. On s’y adonne à des jeux d’eau entre cascade et bassin. Le débit reste modéré, et nous profitons de notre baignade en toute tranquillité.

cascade au Japon dans l'archipel d'Okinawa
Le site des cascades de Sangara est riche en ions négatifs, aux multiples effets bénéfiques sur la santé.

On franchit le rideau d’eau pour passer derrière, sous la cascade, dans une pluie d’éclaboussures. Les moins aventureux et ceux qui craignent de ressortir trempés se frayent un passage sur le côté de la cascade. Le grondement de l’eau nous pousse à parler plus fort. Nos voix, partiellement masquées par le souffle de l’eau qui chute, résonnent entre les roches.

Plateau de roche au sommet des cascades à Iriomote
Au sommet des cascades de Sangara, le plateau rocheux invite à une agréable pause nature.

Après le bain, nous empruntons un chemin de terre sous les arbres pour monter au sommet de la cascade. Un plateau rocheux nous accueille pour une pause bento. C’est le moment de déguster les délicieux onigiri qui se trouvent dans nos boîtes en osier.

Quel équipement prévoir pour une excursion dans la jungle ?

Voici l’équipement que l’aventurier en herbe devra prévoir en amont de l’excursion. Avant tout, on ne manquera pas d’enfiler son maillot de bain avant le départ, car il n’est pas aisé de se changer in situ. Ne pas oublier non plus la serviette de bain.

Il est conseillé de porter des vêtements couvrants (manches longues et pantalon), pour se protéger d’éventuelles piqûres ou éraflures. On préfèrera des vêtements peu fragiles et qui ne craignent pas l’eau. Il est également recommandé d’avoir de la crème solaire, un chapeau et des lunettes de soleil pour la croisière sur la mangrove, ainsi qu’un répulsif antimoustiques.

L’agence fournit l’équipement spécialisé pour le canoë-kayak : gilet de sauvetage et pagaie double. Pour le trek dans la jungle, elle prête aussi des chaussures amphibies avec semelles antidérapantes, particulièrement utiles pendant la saison des pluies. Enfin, chacun se voit remettre un sac à dos marin étanche. On y range une boîte à bento et un thermos de thé vert.

La tenue de rechange est indispensable, car il n’est pas possible de monter dans le ferry avec des vêtements mouillés. On peut la laisser au vestiaire du camp de base.

Informations pratiques

Comment se rendre sur l’île d’Iriomote

On accède à Iriomote en ferry au départ de l’île d’Ishigaki. L’île possède deux ports : Uehara, au nord de l’île, et Ohara, au sud-est.

Depuis le port d’Ishigaki, nous avons embarqué au terminal 2 (terminal de ferries) avec la compagnie de bateaux rapides Anei Kankou. Elle propose 6 aller-retours par jour, avec des départs d’Ishigaki de 07h10 à 16h40. Après une traversée de 45 à 50 minutes, on débarque dans le port d’Uehara (sur Iriomote), le plus proche de notre terrain d’excursion, ou au port d’Ohara. L’aller-retour Ishigaki-Uehara coûte 4570 yens par personne (2300 yens pour les enfants de 6 à 11 ans).

Autre possibilité, la compagnie Yaeyama Kanko Ferry propose également 6 allers-retours quotidiens entre Ishigaki et Uehara ou Ohara, pour les mêmes tarifs, et sur la même plage-horaire (départs d’Ishigaki de 07h30 à 16h30, départs d’Uehara de 8h30 à 17h30).

Excursion dans la jungle avec l’agence Iriomote Duck Tours

L’agence Iriomote Duck Tours propose le Sangara Waterfall Tour, une excursion guidée à la journée avec kayaking jusqu’aux chutes de Sangara, accompagnés par un ou une guide anglophone. Au programme : canoë-kayak dans la mangrove (30 à 40 minutes), trek dans la jungle (compter 30 minutes de marche du point de débarquement des canoës jusqu’aux chutes de Sangara), pique-nique au sommet de la cascade, et retour par le même chemin.

Au total, l’excursion dure environ 4 heures. On quitte le camp de base vers 10h, et on y revient vers 14h.

Cette excursion n’est pas très exigeante physiquement. L’aventure reste accessible à tous, y compris aux randonneurs occasionnels et aux familles avec enfants à partir de 6 ans.

Si vous arrivez d’Ishigaki pour passer la journée sur Iriomote, le ou la guide vous attendra au terminal de ferries. Si vous logez sur Iriomote, il ou elle viendra vous chercher à votre hébergement entre 8h40 et 9h.

L’excursion coûte 9000 yens par personne (8000 yens pour les enfants de 6 à 11 ans). Ce tarif comprend le prêt d’une partie du matériel : équipement pour le canoë-kayak (gilet de sauvetage et pagaie), chaussures amphibies avec semelles antidérapantes, sac à dos marin étanche, et boîte à bento. Sur le camp de base, des vestiaires avec cabines de douche (avec eau chaude) et toilettes sont à disposition.

Autres agences et activités

Les agences Iriomote Osanto Kibun et Kazaguruma, proposent des excursions similaires, avec trekking et canoë-kayak.

Parmi les autres activités à faire sur Iriomote, des excursions du même type sont possibles aux cascades Pinaisara ou aux cascades Mariyudu.

Pour une aventure un peu plus tranquille, il est également possible de remonter le fleuve Urauchi en bateau avant d’entreprendre une randonnée au cœur de la jungle.

Peut-on séjourner sur l’île d’Iriomote ?

Oui ! L’île compte une dizaine d’établissements dans lesquels il est possible de séjourner.

Repas à base de poisson pêché sur Iriomote à Okinawa
Du poisson frais pêché sur l’île pour le dîner à Uminoie Painukaji, une auberge d’Iriomote. Photographie : Joachim Ducos

N’ayant pas séjourné sur l’île, je ne saurais vous conseiller à ce propos, mais Joachim, l’un de nos rédacteurs, a eu l’occasion de passer la nuit dans une auberge d’Iriomote, Uminoie Painukaji (海の家南ぬ風). Il nous a vanté les mérites de leur délicieuse cuisine familiale servie pour le dîner, préparée à base de poisson frais pêché le jour même par le fils de la gérante. L’établissement propose d’ailleurs des initiations à la pêche et à la plongée, de quoi parfaire le programme de votre périple à Iriomote !

Derrière les clichés de plages paradisiaques d’Okinawa, l’île d’Iriomote est un terrain d’exploration idéal pour vivre une aventure en pleine nature. On peut y faire du canoë-kayak dans la mangrove et des randonnées en pleine jungle. Iriomote permet de découvrir un écosystème unique tout en partageant des émotions fortes au contact de la nature. D’un point de vue plus personnel, vaincre sa peur d’un environnement inconnu et hostile est aussi une belle occasion de se dépasser.

Marie Borgers

Marie Borgers

Après une préparation intense, la lecture de dizaines de livres et des centaines d'heures d'étude du japonais, j'ai tout quitté pour venir m'installer au Japon, à Nagoya. En tant qu'éditrice et rédactrice, j'aime partager les émotions suscitées par l’évasion, et transmettre la connaissance d'autres cultures, berceau de la tolérance.

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